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Prix littéraire des lycéens de la région pays de la Loire : sélection 23-24
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Il y a un moment, dans une vie, où l'écrivain abat ses cartes, pris par une sorte d'urgence. Le déclencheur de ce récit bouleversant, c'est un appel téléphonique d'un frère perdu de vue, annonçant que leur mère est au plus mal, à l'hôpital de Lomé. La mère qui lui a dit vingt ans plus tôt : « Va vivre. Va vivre ailleurs et ne reviens plus. » Qui se déplace une bassine sur la hanche, colportant des morceaux de pain, jusqu'au jour où des soldats interceptent son menu commerce, et où il arrive ce qui doit arriver. La mère qui chante pour exorciser « les choses dures ». Qui l'a porté sur son dos bien au-delà de l'âge habituel, prétendant que son garçon avait « les os fragiles ». Qui lui a donné, enfin, le goût des parures, des vêtures et des bijoux, transgressant la frontière des genres. « Plus je vieillis, plus je ressemble à ma mère. » De ce portrait d'une femme joyeuse, inspirée et aimante, d'une mère courage dans un monde d'absolu dénuement, surgit une grâce mystérieuse qui se confond avec la genèse d'une vocation d'écrivain.
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La couleur des choses
Martin Panchaud
Coup de cœur des libraires- Éditions çà et là
- 9 Septembre 2022
- 9782369903086
Simon, un jeune anglais de 14 ans un peu rondouillard, est constamment l'objet de moqueries de la part des jeunes de son quartier, et il est recruté pour toutes sortes de corvées. Un jour où il fait les courses pour une diseuse de bonne aventure, celle-ci lui révèle quels vont être les gagnants de la prestigieuse course de chevaux du Royal Ascot. Simon mise alors secrètement toutes les économies de son père sur un seul cheval, et gagne plus de 16 millions de livres. Mais quand il revient chez lui, Simon trouve sa mère dans le coma et la police lui annonce que son père a disparu. Étant mineur, Simon ne peut pas encaisser son ticket de pari. Pour ce faire, et pour découvrir ce qui est arrivé à sa mère, il doit absolument retrouver son père. Au terme d'une aventure riche en péripéties et en surprises, Simon, l'éternel perdant, deviendra un gamin très débrouillard.
La couleur des choses de l'auteur suisse Martin Panchaud bouscule les habitudes des lecteurs et lectrices de bandes dessinées ; le livre est intégralement dessiné en vue plongeante sans perspective et tous les personnages sont représentés sous forme de cercles de couleurs. La couleur des choses oscille entre comédie et polar avec une technique graphique surprenante, mêlant architecture, infographies et pictogrammes à foison, qui font de ce roman très graphique un livre étonnant et captivant. -
L'art du dressage
Christel Périssé-Nasr
Coup de cœur des libraires- Éditions du Sonneur
- La Grande Collection
- 12 Janvier 2023
- 9782373852707
Marceau, trop jeune pour avoir connu la Seconde Guerre mondiale, trop âgé pour avoir « fait l'Algérie », tient sa descendance comme deux équidés au bout d'une longe et lui inculque les principes fondamentaux des moeurs soldatesques et de la virilité : Gilles, destiné à l'école militaire, et son cadet, « le Collectionneur », désireux d'inscrire son nom dans l'histoire de l'aéronautique.
Las, la guerre est loin : c'est sur le champ de bataille économique que l'on se bat désormais. Les deux frères cherchent leur place et leur identité, se répartissant réussites professionnelles, échecs personnels et humiliations intimes. Mais peut-on s'émanciper d'une tutelle paternelle aussi impérieuse, pourvoyeuse d'aversion pour les femmes, d'instincts racistes et de goût de la mort ? Comment devenir un homme lorsque le modèle familial de virilité est devenu hors de portée ? On rêve de combats épiques mais on tue des petits animaux. On rêve de panache mais on soumet des enfants. Quant à la guerre, on ne la fait plus que sur des maquettes de petits garçons.
Authentique conte moral contemporain, L'art du dressage, tout en sondant les présupposés d'une introuvable masculinité, dresse le tableau d'un drame familial arrimé à la tragédie collective. -
Capital et idéologie en bande dessinée
Claire Alet, Benjamin Adam
Coup de cœur des libraires- Le Seuil
- 18 Novembre 2022
- 9782021469578
D'où viennent les inégalités et pourquoi perdurent-elles ? Pour répondre à ces questions, le livre propose une version accessible à tous du best-seller de Thomas Piketty, Capital et Idéologie.
Dans cette grande enquête historique, parfois teintée d'humour, Claire Alet et Benjamin Adam ont conçu une saga familiale. Jules, le personnage principal, né à la fin du XIXe siècle, incarne le rentier, figure privilégiée d'une société hyper inégalitaire où la propriété est sacralisée. Lui, sa famille et son entourage vont vivre l'évolution des richesses et des modèles sociaux. Huit générations se succèdent ainsi, traversant toutes les époques. Jusqu'à Léa, jeune femme contemporaine qui va découvrir le secret de famille à l'origine de leur patrimoine. La « petite histoire » de cette famille rejoint alors la « grande histoire ».
Diplo^me´e de Sciences-Po, Claire Alet, 44 ans, a travaillé comme journaliste à Alternatives Economiques pendant une dizaine d'années, avant d'en devenir rédactrice en chef adjointe de 2014 a` 2019. Elle a par ailleurs développé une activité d'autrice de films documentaires pour Arte et dirige depuis janvier 2022 une collection de littérature du réel chez Bayard.
Benjamin Adam né en 1983, est un auteur de bande dessinée et illustrateur jeunesse français. Il est diplômé de l'atelier d'illustration des Arts décoratifs de Strasbourg, et travaille régulièrement pour l'édition et la presse. Derniers ouvrages parus: Joker, La Pastèque, 2015 (scénario et dessin) et Soon, Dargaud, 2019 (coscénario avec Thomas Cadène et dessin). -
Ariane est une jeune femme en difficulté sociale et personnelle. Elle préfère rester cloîtrée chez elle, jusqu'au jour où Sandrine, sa meilleure amie d'enfance, l'invite à ses fiançailles. Pour l'aider à se repérer et lui permettre d'arriver à bon port, Sandrine partage sa localisation avec elle sur son téléphone. Guidée par le point rouge qui représente Sandrine dans l'espace du GPS, Ariane se rend donc aux fiançailles. Mais le lendemain, Sandrine a disparu. Elle ne répond plus au téléphone. Aucune trace d'elle. Aucune, sauf ce point GPS, qui continue d'avancer. Et qu'Ariane ne va plus quitter des yeux. Le GPS lui procure un sentiment de proximité avec Sandrine.
Comme si elles partageaient un secret. Jusqu'à la découverte d'un cadavre calciné au bord d'un lac où le point GPS de Sandrine s'est rendu. S'agit-il de son cadavre ? Mais le point bouge encore. Qui est derrière le point alors ? Ariane enquête, est-ce le fiancé de Sandrine qui anime le GPS ? Une ancienne amie ou Antoine, son compagnon ? Toutes les pistes sont des impasses. Plus troublant encore : le point sur le GPS persiste à conduire Ariane sur les lieux de leur amitié. Pour en avoir le coeur net, elle laisse un message vocal à Sandrine pour lui donner rendez-vous dans un lieu qu'elle seule peut connaître. Lorsque le GPS indique que Sandrine se rend dans ce lieu, Ariane est persuadée de s'être jusque-là trompée. Sandrine n'est pas morte ! Le point est bien son amie.
Mais elle commence à confondre le monde réel et le support numérique. La police révèle que Sandrine est bien morte, Ariane désactive la localisation partagée. Elle tente de reprendre le cours de sa vie et d'oublier le GPS.
Mais une nouvelle notification l'interrompt : Sandrine souhaite à nouveau partager sa localisation avec elle.
Le GPS mènera la narratrice au point de rendez-vous final. Écrit comme un thriller, ce roman, sur l'amitié et la mort, sur les fragilités sociales et psychiques, traverse les illusions et l'impossibilité du deuil à l'aune de nos addictions numériques. -
Furieuse
Geoffroy Monde, Mathieu Burniat
Coup de cœur des libraires- Dargaud
- 14 Octobre 2022
- 9782205203226
Après « Le Mystère du monde quantique » et « Sous Terre », Mathieu Burniat revient avec « Furieuse », une pure fiction scénarisée par Geoffroy Monde (« Poussière », « Comment réussir » et « De rien »).
Le roi Arthur, celui de la légende ? Un vieil ivrogne décrépit qui passe ses journées vautré sur son trône. Sa gloire désormais bien lointaine, il la doit à l'épée magique que Merlin lui a forgée pour terrasser les hordes de démons venues envahir le royaume de Pendragon. Devenue témoin de sa déchéance, l'arme enchantée s'ennuie ferme tandis que la princesse Ysabelle fulmine car son débris de père l'a promise en mariage à l'ignoble petit baron de Cumbre.
Toutes deux bien décidées à se trouver un meilleur destin, Ysa et l'épée s'allient pour fuir le château et partir à la recherche de Merlin et de Maxine, la grande soeur disparue.
Mais le vaste monde peut se montrer bien cruel pour une princesse qui n'a connu que la vie de palais. Et les intentions de l'épée sont peut-être moins nobles qu'il n'y paraît... -
Contraint de quitter Beyrouth-Ouest dans un pays déchiré par la guerre civile, un adolescent s'installe avec sa mère et sa soeur dans un bungalow exigu d'une station balnéaire.
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Sillonnant Paris jour et nuit au volant de sa BMW à crédit, Nathan enchaîne les courses Uber pour subvenir aux besoins de ses frères et soeurs. Faisant littéralement corps avec son GPS, Nathan plonge dans un vide assourdissant quand son portable tombe en panne. Suite à un accident, Annie, sa dernière cliente, lui propose de partir vivre en forêt avec Zoé et Etienne au fin fond de l'Alaska.
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Se présentant comme un « texte terroir tout terrain », le recueil d'Aurélie Olivier développe une poésie de l'agroalimentaire, en forme de retour sur son enfance dans une ferme d'élevage. À l'histoire de l'industrialisation de la campagne se mêle celle, plus intime, de sa famille. À l'aune de son histoire particulière, Aurélie Olivier examine ce que l'industrie agro-alimentaire et les fermes qui en sont à la base disent du monde. Catholicisme, genre et sexualisation des corps, consommation, Aurélie Olivier dissèque l'enfance rurale qui a été la sienne dans une langue propre à son milieu d'origine : pudique, parcimonieuse, tout en étant chargée de références et de double-sens.
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Tenir sa langue
Polina Panassenko
Coup de cœur des libraires- Éditions de l'Olivier
- 19 Août 2022
- 9782823619591
« Ce que je veux moi, c'est porter le prénom que j'ai reçu à la naissance. Sans le cacher, sans le maquiller, sans le modifier. Sans en avoir peur ».
Elle est née Polina, en France elle devient Pauline. Quelques lettres et tout change.
À son arrivée, enfant, à Saint-Étienne, au lendemain de la chute de l'URSS, elle se dédouble : Polina à la maison, Pauline à l'école. Vingt ans plus tard, elle vit à Montreuil. Elle a rendez-vous au tribunal de Bobigny pour tenter de récupérer son prénom.
Ce premier roman est construit autour d'une vie entre deux langues et deux pays. D'un côté, la Russie de l'enfance, celle de la datcha, de l'appartement communautaire où les générations se mélangent, celle des grands-parents inoubliables et de Tiotia Nina. De l'autre, la France, celle de la materneltchik, des mots qu'il faut conquérir et des Minikeums.
Drôle, tendre, frondeur, Tenir sa langue révèle une voix hors du commun.