Sur une île méditerranéenne écrasée de soleil et hérissée de montagnes, Efisia est devenue, comme son aïeule, gardienne des grandes nacres, les précieux coquillages fichés dans les profondeurs cristallines. Depuis qu'elle a prêté serment, elle entonne la prière à la mer et plonge inlassablement pour récolter leurs longs filaments qu'on appelle byssus. Puis elle file, tisse et façonne la soie marine, auréolée de mythes.
Rosalia a toujours vu Efisia, sa grand-mère, laver, teinter, sécher et faire danser le byssus entre ses doigts. Dans son atelier, elle a appris les gestes et les légendes. Mais comment continuer de protéger les grandes nacres quand la folie des hommes menace ?
Fresque familiale à l'incroyable souffle romanesque, Mississippi, la Geste des ordinaires charrie près de deux siècles d'Histoire, porté par les voix particulièrement incarnées de ses personnages. Traversant les époques, les drames et les bouleversements sociétaux, cette généalogie mêle la petite et la grande histoire, du XIXe siècle jusqu'au XXIe, de la colonisation à l'ouragan Katrina en passant par la Commune, les chasses aux sorcières, les guerres mondiales... Questionnant la violence sociétale et la manière dont elle innerve les familles au fil des générations, Sophie G. Lucas dresse les portraits d'êtres qui courent après leurs rêves, qui tentent de prendre des chemins de traverse et d'émancipation, et dont les existences sont comme une mythologie de vies ordinaires.
?A Rome, Ottavia Selvaggio a décidé à quinze ans d'être maîtresse de son destin.
Ni ses histoires d'amour, ni le mariage, ni même la maternité ne la font dévier de sa route. Pendant que son mari s'occupe de leurs enfants, elle invente dans son restaurant une cuisine qui ne doit rien à personne. En robe noire et sans frémir, Ottavia avance droit, jusqu'au jour où un homme surgit du passé avec un aveu qui la pousse à douter de ses décisions. Comment être certaine d'avoir choisi sa vie ?
Le désir a-t-il une fin ?
Fabrice Chillet se fait voler un livre dans une brasserie, 'L'Été, deux fois', publié aux Éditions de Minuit, fin des années 1980. Notre auteur part en quête pour retrouver ce roman qui se révèle aussi évanescent que fascinant. Entre portes closes et chausse-trappes, tout semble un temps se dénouer grâce au mystérieux Daban. Gardien du temple et ultime détenteur d'un roman unique et introuvable dont l'auteur semble sans cesse se dérober. Ainsi naît une fascination littéraire, ainsi naissent les fétiches dans ce jeu de mise en abyme.
« Je veux lui raconter des histoires avec de la terre, des racines profondes et des cris d'animaux. Des paroles d'estuaires. Des phrases tressées comme des joncs, des paniers de fleurs fraîches qui soignent nos ventres lourds et nos coeurs secs. Des reverdies. Des verts pluriels, fragiles, exubérants, cosmopolites. Des récits qui décentrent et dépolluent. Je t'écris ça sur mon téléphone dans un message sans ponctuation, appuyée contre l'évier, les doigts encore pleins de savon. » Louise tombe amoureuse d'un homme et d'une couleur en même temps. Dans sa quête obsessionnelle pour libérer le vert des slogans publicitaires, elle attrape au vol les petites lumières du quotidien et passe au sécateur les âpretés d'une vie de femme. Des accords lancés sur nos corps vieillissants, le désir, le vivant, les séparations, l'amour persévérant. Une bouffée de verdure et de littérature pour habiter le monde avec audace.
C'est l'histoire d'un homme, metteur en scène de théâtre, qui apprend un matin que sa future mise en scène de la "Tempête" de Shakespeare ne se fera pas. Sa femme, qui l'a toujours soutenu, lui explique qu'ils vont devoir, le soir, discuter argent, car il ne rapporte plus rien à la maison depuis longtemps. Et elle lui indique qu'il doit garder leur fille car la crèche est en grève. L'action va se dérouler sur une journée, dans un seul lieu, l'appartement. Et l'homme va se mettre à jouer avec sa fille, et va lui jouer sa mise en scène de la "Tempête".
A quoi servent les artistes ? A quoi sert l'art ? A quoi servent ceux qui ne font pas des métiers sérieux ? Que laissent-ils à leurs enfants, à nous, aux autres, au monde ?
Cholet, Maine-et-Loire.
Elliot, bientôt trente ans, revient chercher du travail dans la ville de son enfance et s'installe en périphérie, dans la maison vide de son grand-père.
Lulu, bientôt soixante ans, est employée de caisse chez Carrefour.
Ils vont se lier d'amitié.
Au rythme des moments-clefs d'une galerie commerciale - Nouvel An, Saint-Valentin, Pâques, été, rentrée scolaire, Noël -, Plexiglas capture le quotidien de ceux qui font tourner les boutiques de cette ville dans la ville, ce quasi huis clos situé en bord de route. La communauté de ces travailleurs se retrouve catapultée en première ligne d'une année qui ne va pas leur faire de cadeau.
Dans un territoire peu présent en littérature, l'auteur met en scène des personnages humains, dont on se sent immédiatement proche, affrontant la violence du monde du travail. Un roman lumineux, porté par une lucidité mordante.
Le second roman de l'auteur du Démon de la Colline aux Loups (35 000 lecteurs) ? Un road movie gitan.
Écoutez bien ce que je vais vous dire parce que dans l'instant c'est la nuit qui parle pas moi et c'est une voix pure, alors je serai pas capable de la refaire ensuite.
Gio a vingt ans, peut-être un peu plus. Sa vie n'est plus la même depuis qu'un lâche lui a planté un tournevis dans le crâne. Désormais, Gio voit ce que peu de gens devinent. La beauté de la nuit. L'appel des chouettes. La grandeur de ses amis Papillon et Dolores. Étonnant road movie gitan, Le Chien des étoiles est le roman de leur destin, un périple cruel et doux dans le monde des humains.
On la surnomme Méduse depuis si longtemps qu'elle en a oublié son véritable prénom. Elle marche tête baissée, le visage caché derrière ses cheveux, pour épargner aux autres la vue de ses Difformités. Elle-même n'a jamais osé se regarder dans un miroir.
Placée dans un institut pour jeunes filles à la merci d'adultes peu scrupuleux, Méduse n'a de cesse d'accéder à la bibliothèque des lieux, seul moyen pour elle de s'ouvrir à la connaissance du monde. À force de ruse et de prise de conscience des pouvoirs de ses globes oculaires, qu'elle se garde longtemps de dévoiler, elle nous entraîne dans sa croisade contre l'oppression et la honte du corps.
Roman d'apprentissage, roman gothique féministe, conte cruel ? Méduse est tout ça à la fois, et surtout un ouvrage tellement finement brodé littérairement qu'on ne peut en manquer un mot ni un propos : Martine Desjardins, tout autant que Méduse, nous prend dans ses filaments.
«Il commence à chanter en arabe. Je saisis quelques mots comme benti, goulti ou jbel et, évidemment, tous les mots que la colonisation a influencés tels que Francia, musiqa, immigri, faliza, miseria, carta. Je devine, à ses yeux qu'il ferme de temps à autre, à la tonalité de sa voix, aux notes qui viennent du fond de sa gorge, aux voyelles qu'il étire à en perdre le souffle, qu'il parle de l'Algérie, de son village, de sa famille, de sa culture, de tout ce que la guerre l'a contraint à laisser loin derrière lui.» Après la guerre d'Algérie, après l'errance, les parents de la narratrice s'installent en Vendée, à Fontayne, dans un lotissement qui regroupe neuf familles. Les petits jouent, les grands s'interrogent sur l'avenir, les parents travaillent et aménagent leur maison pour oublier le passé. Chez les Benali, il reste des traces d'avant l'exil : les souvenirs incomplets du père, les portraits de proches inconnus, un uniforme de l'armée française, la langue arabe qui revient parfois. Enquête familiale et sociologique, La source des fantômes raconte une enfance des années 1980, sans cesse interrogée par la narratrice adulte.
Le lendemain matin, je me suis levé. Je devais aller à l'école. Mais j'avais un truc qui me chatouillait au-dessus de la bouche. J'ai touché. Ca piquait un peu. Mais c'était doux aussi. Je suis allé dans la salle de bain. Je suis monté sur le rehausseur pour voir dans la glace. Et je me suis vu. Avec une moustache. J'ai souri. Je n'avais plus l'air de ce que j'étais. Je me suis dit : "Jean, ça te va bien." Rosalie Pierredoux, 8 ans, sent toute la tristesse du monde peser sur ses épaules. Un matin, sans prévenir, Jean Rochefort et sa moustache vont changer son regard.
Poétique, inventif, drôle, J'ai 8 ans et je m'appelle Jean Rochefort est le premier roman d'Adèle Fugère.