Jacques Derrida est sans contredit le philosophe qui s'est le plus passionné pour la littérature, sous toutes ses formes (impossibles à formaliser) et en tous genres (impossibles à assigner). Dès les commencements de son oeuvre philosophique, il s'est non seulement engagé à penser la question de l'écriture en tant qu'elle avait toujours été marginalisée et abaissée dans la tradition occidentale, il s'est aussi inlassablement tourné vers la littérature pour élaborer ses propres questions touchant le secret, le témoignage, la promesse, le mensonge, le pardon et le parjure, pour en nommer quelques-unes.
À la littérature, on ne saurait imposer, selon Derrida, des règles, des prescriptions ou des fonctions. Les essais réunis ici s'emploient à examiner plusieurs des propositions du philosophe au sujet de la « littérature sans condition », à commencer par celles qui concernent la souveraineté poétique et qui relient, de manière indissociable, la littérature comme « droit de tout dire » à la démocratie (à venir). Derrida insiste en effet sur la « puissance » du « principe » littéraire, qui permet à la littérature de s'affranchir en interrogeant ses propres règles, voire la loi même, dans une performativité sans précédent.
L'expérience littéraire s'avère aussi le lieu par excellence pour expérimenter toutes les modalités de la représentation et de la délégation sur lesquelles se fonde la démocratie. La littérature est ainsi associée pour Derrida à une certaine (ir)responsabilité, à une manière singulière de penser la question de l'éthique en la dégageant de toute morale et de toute instrumentalisation et, il va sans dire, de tout préjugé.
S'appuyant sur Kafka, Bartleby et Abraham, Derrida souligne avec force l'importance que cette question d'une éthique autre revêt pour lui et il n'hésite pas à donner une préséance - préférence encore - à la littérature en ce qu'elle s'avance vers la loi pour en comprendre l'origine. De manière significative, il place la question de l'invention poétique et du langage - de ce qu'il appelle l'idiome, irréductible à toute traduction - au coeur de sa réflexion au sujet de la différence sexuelle et de l'hospitalité. C'est à cette passion de Derrida pour la littérature que sont consacrés les essais réunis dans cet ouvrage.
Jacques Derrida est sans contredit le philosophe qui s'est le plus passionné pour la littérature, sous toutes ses formes (impossibles à formaliser) et en tous genres (impossibles à assigner). Dès les commencements de son oeuvre philosophique, il s'est non seulement engagé à penser la question de l'écriture en tant qu'elle avait toujours été marginalisée et abaissée dans la tradition occidentale, il s'est aussi inlassablement tourné vers la littérature pour élaborer ses propres questions touchant le secret, le témoignage, la promesse, le mensonge, le pardon et le parjure, pour en nommer quelques-unes.
À la littérature, on ne saurait imposer, selon Derrida, des règles, des prescriptions ou des fonctions. Les essais réunis ici s'emploient à examiner plusieurs des propositions du philosophe au sujet de la « littérature sans condition », à commencer par celles qui concernent la souveraineté poétique et qui relient, de manière indissociable, la littérature comme « droit de tout dire » à la démocratie (à venir). Derrida insiste en effet sur la « puissance » du « principe » littéraire, qui permet à la littérature de s'affranchir en interrogeant ses propres règles, voire la loi même, dans une performativité sans précédent.
L'expérience littéraire s'avère aussi le lieu par excellence pour expérimenter toutes les modalités de la représentation et de la délégation sur lesquelles se fonde la démocratie. La littérature est ainsi associée pour Derrida à une certaine (ir)responsabilité, à une manière singulière de penser la question de l'éthique en la dégageant de toute morale et de toute instrumentalisation et, il va sans dire, de tout préjugé. S'appuyant sur Kafka, Bartleby et Abraham, Derrida souligne avec force l'importance que cette question d'une éthique autre revêt pour lui et il n'hésite pas à donner une préséance - préférence encore - à la littérature en ce qu'elle s'avance vers la loi pour en comprendre l'origine. De manière significative, il place la question de l'invention poétique et du langage - de ce qu'il appelle l'idiome, irréductible à toute traduction - au coeur de sa réflexion au sujet de la différence sexuelle et de l'hospitalité.
C'est à cette passion de Derrida pour la littérature que sont consacrés les essais réunis dans cet ouvrage.
La littérature aura été pour Maurice Blanchot et Jacques Derrida le lieu par excellence du secret.
L'un et l'autre posent en effet qu'il y a dans le secret un " il est impossible de dire " qui ne peut être levé même lorsqu'il est dévoilé ou rompu. Comment, dès lors, présenter ce qui, dans ce secret sans contenu et non caché, se refuse à toute présentation et, surtout, comment en parler sans déchirer sa nuit propre et privée ? Cet essai se propose de suivre cette aporie dans le récit de Maurice Blanchot, L'Instant de ma mort, texte testamentaire d'une inépuisable réserve paru en 1994, et dans la lecture minutieuse, pas à pas, que lui consacrait Derrida dans Demeure-Maurice Blanchot.
Prenant appui sur plusieurs séances inédites du Séminaire de Derrida intitulé " Répondre du secret "", qui se tint en 1991, cet essai cerne dans un premier temps l'originalité de l'approche derridienne en retraçant les choix que fait le philosophe de sémantiques et de logiques qui le portent à puiser à un fond plus mystérieux et même étranger au secret freudien ou (post-) psychanalytique. Dans un second temps, cette pensée hétéronomique du secret est saisie tant dans le récit de Blanchot, qui en offre une exemplaire mise en oeuvre, que dans les " effets de secret " qui viennent se déposer et se sceller en retour dans la propre lecture de Derrida.
Forme de célébration de la parution de Demeure il y a quelque dix ans (et faisant constamment place à cette question de la date), ce livre tente de prendre la mesure de l'événement du secret qui s'est trouvé noué entre ces textes de Blanchot et de Derrida. Plutôt que d'interprétation ou d'herméneutique, c'est d'une autre expérience de la lecture qu'il sera aussi question une lecture qui souhaiterait elle-même " demeurer ", loin de toute évidence, de toute explication et de toute certitude, une " expérience secrète au sujet d'un secret ", comme y appelait Derrida dans Donner la mort.
Depuis la parution de Voiles en 1998, qui a réuni pour la première fois « Savoir » et « Un ver à soie » dans un même ouvrage et donné lieu à une première contresignature explicite entre l'écrivain et le philosophe, de multiples entrecroisements se sont produits entre les oeuvres de Jacques Derrida et d'Hélène Cixous. Plus que d'un simple repérage thématique et formel, il s'agit, dans cet essai, de suivre ce qui fait événement d'écriture et de pensée entre ces oeuvres, également travaillées mais depuis leur « versant » propre, philosophique pour Derrida, littéraire pour Cixous, appelées par la « toute-puissance » de la littérature. Ces échanges textuels, qui prennent souvent la forme de chiasmes, donnent à lire le « point de rencontre » qui se produit entre eux : dans Voiles d'abord, où l'opération poétique prend corps pour une « première » fois inaugurale ; dans la figure du « monstre d'innocence », dans Le jour où je n'étais pas là de Cixous, figure qui permet de saisir au vif ce que Derrida nomme la « pervertibilité » de la littérature et aussi sa puissance, sa potentialité, sa virtualité phantasmatique infinies ; dans les résonances profondes qui ont cours entre Mal d'Archive et L'Ange au secret au sujet de l'archive et du secret littéraire.
Le second volume, Comme en rêve, est pour sa part consacré aux oneirographies de Jacques Derrida et d'Hélène Cixous. Dans ces scènes d'hyperlecture, les grandes questions du rêve, de la puissance de la fiction et du phantasme, de même que le débat autour de « la vie la mort » se trouvent constamment convoqués et relancés. Entre Hélène Cixous et Jacques Derrida, il s'agit désormais désormais : un autre des cryptonymes de Derrida plus que jamais d'apprendre à lire « depuis la vie de Jacques Derrida », comme le dit bien son amie.
Avec trois entretiens de Jean-Luc Nancy Cosa volante : l'art n'est ni un objet, ni un ensemble de composantes formelles, encore moins schème et substance. L'art les arts plutôt, dans leur pluralité différentielle élève la question d'une forme en formation. Cette forma formans traverse de part en part la pensée des arts de Jean-Luc Nancy où importe surtout l'approche de ce qui, dans l'art, fait sens (sensibilité, intelligence, sensation, sensualité). À travers touches, intensités, vibrations, timbres, tonalités, colorations, grains, résonances, rythmes, il s'agit de voir comment les arts donnent forme au monde.
Cet ouvrage explore plusieurs motifs du travail de Nancy : sa réflexion sur l'iconologie « chrétienne » au sein de sa « déconstruction du christianisme », la question de ses « étranges corps étrangers », les modalités de ses ekphraseis, sa poétique cinétique, entre autres. Trois entretiens avec le philosophe constituent des moments privilégiés de cet échange autour de la question de l'art.
Prenant pour point de départ le séminaire inédit « Le parjure et le pardon » de Jacques Derrida, cet essai propose une lecture des trois séances qu'il a données à l'École des hautes études en sciences sociales, à Paris, en 1998- 1999. Après avoir rappelé les principales apories du pardon élaborées par le philosophe, Ginette Michaud souligne les implications performatives de ce geste d'« offrande oblique » du point de vue du témoignage poétique auquel le pardon doit se mesurer, ainsi que l'importance des enjeux de traduction à l'endroit de l'idiome du pardon. Elle analyse en profondeur la question de la différence sexuelle et du genre dont Derrida a traité en s'attachant non seulement à la question spécifique du viol, mais également à celle du témoignage et, au-delà, à la violence extrême, la « pire violence ».
Ce séminaire ouvre aussi de nouvelles perspectives sur le texte testamentaire de Jacques Derrida du 16 août 2004, où il accorde une place déterminante à la parole des femmes - de Sarah Kofman et Antjie Krog en passant par celles qui ont témoigné devant la Commission Vérité et Réconciliation jusqu'à la figure de la Justice aux yeux bandés de la cathédrale de Strasbourg - pour penser autrement la question du pardon.
Pédagogie, éducation, psychiatrie, psychanalyse... des Écoles aux pratiques, s'étend un champ où la certitude du savoir ne peut servir de boussole. L'école buissonnière est une nécessité pour qui veut décentrer son approche, rencontrer et écouter les enfants, les fous, les marginaux de tout bord. Écouter, cependant, ne suffit pas, il faut dessiner sur ce chemin des lieux et des espaces de communication qui questionnent la rigidité institutionnelle des Écoles. C'est ce que savaient tous les précurseurs auxquels ce livre rend hommage, des colonies de Makarenko à la grande cordée de Deligny, de Summerhill aux clubs d'enfants ou d'adultes à l'hôpital psychiatrique, une même volonté libertaire est à l'oeuvre qui tente de déjouer les pièges du conformisme social. On sait, depuis Freud, que la psychanalyse n'a pas vocation éducatrice, qu'elle est une méthode pour que se dise le désir et qu'il émerge du piège de l'institutionnel. Ainsi, les textes regroupés dans ce recueil jalonnent-ils le parcours de l'auteur, écolière toujours en rupture d'école qui préfère ignorer qu'elle rythme le bruit de ses pas.
Laborde n'est pas une utopie, ni seulement un « établissement » de soins pour malades mentaux : c'est un lieu où se pratique la « psychothérapie institutionnelle » depuis 1953. Mais pour que le lieu s'accorde à l'« institution », il faut plus que la bonne volonté (même antipsychiatrique) des « soignants » et la présence des « soignés ». Le pari théorique est aussi nécessaire : « j'ai voulu montrer, dans ce texte, que la définition du concept d'institution devait, pour garder une valeur particulière être une définition fonctionnelle, que l'institution était un système de médiation en vue d'assurer un échange inter-humain et cela pour que la société où cet échange trouve place puisse « fonctionner » en satisfaisant à cette exigence de la culture ». Historique, théorique, militant : n'est-ce pas trop pour un seul texte ? Non... si on comprend que cet écrit est fait de ce tissu multiple qui est celui de toutes les réalités fragiles auxquelles on tient. Parier : c'est un acte qui exige la constance d'un désir qui doit avoir pour expression privilégiée l'affirmation. « Laborde se prépare à lutter ou à disparaître, à moins que tous ceux pour qui ce lieu a compté agissent pour le défendre. D'où ce livre, 20 ans après, acte militant, pari nécessaire... lui aussi ».
L'écriture philosophique de Sarah Kofman a eu pour enjeu « la vie comme texte ». De L'enfance de l'art (1970) à L'imposture de la beauté (1995, posthume), la philosophe a exploré cette question dans un geste de lecture audacieux par lequel elle confronte philosophes anciens (Empédocle, Héraclite, Platon), modernes (Descartes, Kant, Rousseau, Kierkegaard, Comte, Marx) et contemporains (Sartre, Blanchot, Derrida). Sarah Kofman convoquait aussi dans toutes ses analyses deux interlocuteurs privilégiés, Freud et Nietzsche. La littérature, l'idéologie, le féminin, le rire, les rapports à l'art et à la psychanalyse, l'autobiogriffure furent les « voies de traverse » par lesquelles celle qui, enfant, avait survécu à la Shoah, reconduisit la philosophie « au coeur de la vie ». Plus de vingt-cinq ans après la parution de Rue Ordener, rue Labat et du Mépris des Juifs en 1994, n'est-il pas temps de prendre la mesure de cette oeuvre philosophique ?
Cet ouvrage réunit, dans une perspective transdisciplinaire et internationale, philosophes, littéraires, historiens, historiens de l'art et psychanalystes autour du travail de la philosophe. Multipliant les approches et les interprétations, faisant droit aux questions historiographiques et archivistiques liées à son oeuvre, ces lectures entendent donner toute son actualité critique à la voix unique de Sarah Kofman.
Depuis la parution de "Voiles" en 1998, qui a réuni dans un même ouvrage "Savoir" d'Hélène Cixous et "Un ver à soie" de Jacques Derrida, donnant ainsi lieu à une première contre-signature explicite entre l'écrivain et le philosophe, de multiples entrecroisements se sont produits entre leurs oeuvres.
Au-delà d'un simple repérage thématique et formel, cet essai interroge ce qui fait événement d'écriture et de pensée entre ces deux oeuvres appelées par la « toute-puissance » de la littérature. À partir des textes qui témoignent des nombreux échanges entre Derrida et Cixous, deux lecteurs se lisant l'un l'autre, on suit ici à la trace quelques-uns des traits les plus caractéristiques et singuliers de chaque lecteur/lectrice, de « Fourmis » à "Genèses, généalogies, genres et le génie", en passant par" H. C. pour la vie, c'est à dire., du côté de Derrida", et par le "Portrait de Jacques Derrida en Jeune Saint Juif, Insister. À Jacques Derrida et Hyperrêve", du côté de Cixous.
Dans toutes ces scènes, il s'agit peut-être d'une seule chose : faire droit au même rêve de littérature et apprendre à lire - « il me faut vous apprendre à m'apprendre à me lire », comme le prédisait Jacques Derrida dans « Circonfession » -, lire, donc, ce qui s'appelle lire, à la hauteur de leurs inventifs et bien-nommés apprentissages.
La première visée de cet essai consiste à affirmer, à réaffirmer, selon le « oui, oui » de Nietzsche, la force de l'oeuvre philosophique de Derrida, sans conteste l'une des plus importantes du XXe siècle. Non seulement cette oeuvre traverse-t-elle un demi-siècle d'histoire, mais elle poursuit toujours une double tâche, recueillant l'héritage de la tradition philosophique tout en le déplaçant pour y frayer l'ouverture d'un espacement, d'un questionnement neuf que Derrida aura désigné sous le terme, lui-même impossible à stabiliser, de « déconstruction ». Plus qu'aucune autre peut-être, cette oeuvre philosophique s'est résolument engagée dès ses commencements dans une relecture minutieuse de tous les grands textes, canoniques ou non, de la tradition philosophique et de la littérature, mais elle ne s'est pas contentée de cette relecture, aussi radicale fût-elle : elle a toujours voulu tenter un saut, « un pas au-delà », contresigner de la manière la plus forte et la plus audacieuse, pour l'avenir chacune de ces oeuvres qu'elle lisait - d'où son invention, la création de scènes d'écriture et de dispositifs textuels inédits, et la puissance poétique d'une écriture toujours attentive au ton, au rythme, à la voix et aux gestes du corps. Avec Derrida, c'est non seulement l'histoire de la pensée, les concepts, la réflexion spéculative qui sont radicalement revisités, mais aussi la langue et l'écriture, lieux privilégiés d'une expérimentation affectant tous les registres de la pensée : philosophique, politique, religieux, éthique, esthétique, littéraire.
" C'est pour contribuer à donner des points de repère aux praticiens qui, comme moi, se confrontent à la psychose que j'ai entrepris cet ouvrage.
Mon objectif est de montrer comment les psychotiques, et les schizophrènes en particulier, vont nous amener à comprendre, à travers leur souffrance, que les symptômes qu'ils mettent en avant et qui sont si "fous" sont des constructions qu'ils échafaudent pour résister à une désorganisation psychique. Celle-ci priverait leur vie de tout sens, de toute humanité, et les conduirait à une mort psychique.
Ces constructions traduisent un défaut de leur structure qui les condamne à toujours réagir de cette façon folle à chaque phénomène nouveau venant bouleverser leur équilibre. Lorsqu'on peut avoir accès, par l'analyse, aux mécanismes de défense que ces malades mettent en place, on peut approcher le défaut de structure qui semble la cause de toute leur organisation psychique. Alors, on peut pallier ce défaut par des dispositifs que la théorie psychanalytique nous permet d'imaginer.
" GM
Psychanalyste de renom, René Major est l'auteur d'une remarquable oeuvre de pensée qui a ouvert, notamment grâce aux Cahiers Confrontation, un espace de dialogue entre la psychanalyse, la philosophie et la littérature, en élargissant ces échanges aux discours des sciences humaines. Selon le voeu formulé lors de la création en 2003 de l'Institut des hautes études en psychanalyse qu'il a présidé jusqu'en 2017, ses travaux ont relancé l'étude de la psychanalyse dans toutes ses composantes : cliniques, théoriques, éthiques.
Lecteur éclairé des oeuvres de Freud, Lacan et Derrida, René Major se distingue par la portée politique de sa réflexion qui analyse les symptômes individuels et sociaux, les nouvelles formes de violence et de cruauté dans la société. Accordant une attention particulière à la pulsion de pouvoir, sa réflexion s'est incarnée dans des engagements concrets, qu'il s'agisse de la politique de la psychanalyse face à la dictature et la torture au Brésil, de la guerre au Moyen-Orient, des maux de de l'économie néolibérale ou de l'organisation des États généraux de la psychanalyse en 2000.
Cet ouvrage réunit pour la première fois autour de cette oeuvre unique psychanalystes, philosophes, historiens et critiques littéraires, qui entendent saluer le travail et l'enseignement de René Major, mais surtout penser avec lui cette « psychanalyse à venir » telle qu'il la rêve et l'imagine.
Avec les contributions de :
Isabelle Alfandary - Alan Bass - Philippe Beck - Geoffrey Bennington - Sergio Benvenuto - Anne Bourgain - Danielle Cohen-Levinas - Jacques Derrida - Jean-Luc Evard - Stéphane Habib - Elias Jabre - Henri-Pierre Jeudy - Georges Leroux - Claude Lévesque - Michel Lisse - Per Magnus Johansson - René Major - Catherine Malabou - Pierre Marie - Ginette Michaud - Michael Naas - Manuel Pérez Rodrigo - Michel Plon - Warren Poland - Jean-Michel Rabaté - Henri Rey-Flaud - Chantal Talagrand - Sophie Wahnich - Daniel Wilhem
Le numéro hivernal de la revue Spirale propose une « Traversée intempestive » de ces archives des 40 dernières années. Six textes initialement publiés entre 2002 et 2014 sont regroupés dans ce dossier qui cherche à dégager quelques lignes de force théoriques, à mettre de l'avant le parcours dans lequel s'inscrit la revue. Relisez Ginette Michaud (2009), Pierre l'Hérault (2005), Mathieu Arsenault (2006), Michaël La Chance (2002), Catherine Mavrikakis (2014) et Nicolas Lévesque (2007). Le numéro comprend aussi une critique de la critique au théâtre, une carte blanche de Gabrielle Giasson-Dulude et plusieurs essais sur des ouvrages récemment parus (poésie, essais, romans). Lisez également des critiques du film La femme de mon frère de Monia Chokri et des pièces de théâtre La Meute de Catherine-Anne Toupin, Le brasier de David Paquet, Ombre Eurydice parle d'Elfriede Jelinek et un portfolio de Clément de Gaulejac.
Il y avait très longtemps que le comité de rédaction de Spirale n'avait pas proposé de dossier. Le pluriel Insurrections signe ce retour. S'éloignant de la dimension macroscopique du concept afin de rejoindre les particularités des expériences qui touchent les vies minuscules, il était important pour Spirale d'insister sur la pluralité et la diversité du phénomène insurrectionnel, non pas pour le réduire aux affairements des individus plutôt qu'à la grande agitation collective, mais pour en marquer l'aspect continu et total dans la vie ordinaire, pour en pointer même la nécessité intime. Le titre Insurrections attirera immanquablement l'oeil. Il ne faudrait pas voir son traitement parfois indirect dans le dossier comme une désinvolture : les collaborateurs de ce numéro croient fermement que les soulèvements, les émeutes et les révoltes sourdent des livres, des films et des essais qu'ils ont lus, non pas comme des insurrections en puissance en attente d'actualisation mais des insurrections déjà en train de se faire.
Le jeune penseur québécois Pierre-Alexandre Fradet et l'écrivain français Tristan Garcia nous introduisent, avec ce dossier, dans la pensée du monde sans sujet, sans humain du « réalisme spéculatif ». Plus qu'un mouvement embryonnaire, ce mouvement dépasse aujourd'hui les frontières de la philosophie et s'exprime dans les domaines les plus variés: la politique, l'art, l'écologie, l'informatique. On évoque ici les noms de ses fondateurs Quentin Meillassoux, Graham Harman, Ray Brassier et Iain Hamilton Grant, mais aussi celui Bruno Latour, dont l'Actor-Neork Theory. Ce dossier inclut un article essentiel d'Érik Bordeleau sur la fulgurante mise en scène «hyperstitionnelle» qui a bouleversé l'imaginaire de la pensée spéculative contemporaine: Cyclonopedia du philosophe iranien, Reza Negarestani.
La censure est violente et elle frappe partout. Outre le fanatisme dans sa version la plus sanglante, tout près de nous les réseaux sociaux relaient tous les jours des cas de censure que nous n'aurions pas imaginé il y a quelques années. Mais si le sexe et le blasphème sont toujours en ligne de mire de la censure religieuse, une autre censure, bien-pensante celle-là, prend le relais et induit, au nom du respect de la foi de chacun, un recul des liberté de tous. Dans son dossier thématique consacré aux "nouveaux" enjeux de la censure, Spirale évoque des livres d'horizons différents, pas seulement ceux issus des suites des attentats à Charlie Hebdo, mais d'autres qui interrogent le droit, l'histoire, les sciences humaines, la littérature et qui, à défaut de donner des réponses, réaffirment avec force que toutes les questions sont bonnes à poser. Hors dossier, un superbe portfolio de l'artiste montréalaise d'origine vietnamienne Jacqueline Hoang Nguyen, des compte-rendus de Ninfa Fluida de Georges Didi-Huberman, 666 Friedrich Nietzsche de Victor-Lévy Beaulieu et Six degrés de liberté de Nicolas Dickner, entre autres.
Peut-on choisir ses formes de vie ? Telle est la question au coeur du dossier du numéro estival de Spirale. Manières d'agir et d'être communes à des individus, les gestes banals que nous faisons quotidiennement sans réaliser que nous les faisons tous en même temps, voilà ce qu'interrogent les auteurs de ce dossier en se penchant sur des récits, essais et pièces de théâtre « [qui] questionnent notre capacité d'avoir prise sur les séries de gestes que nous posons tous les jours ». Pour la chronique « Afterpop », Antonio Dominguez Leiva parle de l'empire du même, de la sérialisation, de la répétition et autre itération, au cinéma et ailleurs. Le portfolio, signé par Sonia Pelletier, présente quant à lui l'artiste interdisciplinaire Helena Martin Franco dont le travail se décline à travers l'art action, la fabrication d'objet et l'art numérique. Son oeuvre Autel-corps immaculé II illustre la couverture du numéro.