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Procès ou création ; une introduction à la pensée des lettrés chinois
François Jullien
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- Points Essais
- 7 Avril 2016
- 9782757858561
Que toute réalité soit conçue comme un processus en cours relevant d'un rapport d'interaction ; que tout réel ne soit donc jamais analysable comme entité individuelle mais comme relation ; qu'il y ait par conséquent à l'origine de tout phénomène non pas une mais toujours deux instances fonctionnant corrélativement (yin/yang, Terre/Ciel, paysage/émotion...) : c'est là une représentation de base de la culture chinoise, dont la lecture que François Jullien fait du philosophe Whang Fuzhi (1619-1692) permet ici de saisir les enjeux en profondeur.
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Nourrir sa vie - a l'ecart du bonheur
François Jullien
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- 12 Février 2015
- 9782757848784
La tradition occidentale se fonde depuis des siècles sur des oppositions qu'elle tient pour acquises : celles du corps et de l'esprit, du matériel et du spirituel. Ces clivages sont à la sources de certitudes dont nul n'imagine contester la pertinence : l'excellence de la vie humaine réside dans l'activité de pensée, chacun aspire au bonheur comme à son but ultime.
Fidèle à son souci d'interroger l'Occident depuis la Chine, François Jullien entreprend de déstabiliser ces certitudes européennes. Il puise chez Zhuangzi de nombreux motifs susceptibles de semer l'inquiétude dans nos schémas les plus anciens : où l'on découvre que la pensée chinoise s'est désintéressée de l'idée du bonheur comme elle a refusé de développer celle de finalité. Le sage est sans histoire, il se déprend des encombrements de la vie. Nul idéal héroïque dans le fait de bien vivre, mais plutôt une capacité à flotter « comme un poisson dans l'eau ».
Cette réflexion subtile sur l'alternative chinoise au bonheur, aussi éloignée de la révolte que de l'espoir, égratigne au passage la fascination suspecte de notre époque pour les recyclages de l'« Orient » opérés par les marchands de « développement personnel ».
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Un sage est sans idee. ou l'autre de la philosophie
François Jullien
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- 4 Avril 2013
- 9782757833223
Nietzsche demandait : pourquoi avons-nous voulu le vrai plutôt que le non-vrai (ou l'incertitude ou l'ignorance) ? la question se voudrait radicale, et même la plus radicale, mais elle est encore conçue du dedans de la tradition européenne, bien que la prenant à revers : elle ose toucher à la valeur de la vérité, mais sans sortir de sa référence : elle ne remet pas en question le monopole que la vérité à fait à la pensée.
Du point de vue de la sagesse, la question deviendrait : comme a-t-on pu - et fallait-il ? - faire une " fixation " sur la vérité ? et si, au lieu que ce soit la sagesse qui n'aurait pas accédé a la philosophie qui, en grèce, en se braquant sur le vrai, avait dérapé hors de la sagesse ? car si le sage est " sans idée ", comme il est dit le confucius, c'est que toute idée avancée est déjà un parti pris sur la réalité.
Aussi, en partant sur les traces estompées de la sagesse, souhaité-je revenir sur ce qui a pu échapper à la philosophie ; comme redonner consistance à son autre enfoui, expliciter sa cohérence.
Autrement dit, que faisons-nous aujourd'hui de la sagesse ?
Et que peut être une logique de la sagesse - une " logique " sans logos ?.
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La grande image n'a pas de forme ; à partir des arts de peindre de la Chine ancienne
François Jullien
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- 5 Mars 2009
- 9782757813232
" la conquête de l'objectivité est une avancée théorique de l'occident.
C'est à penser sa possibilité que s'est attachée la philosophie ; c'est elle qui a permis le succès vérifié de la science; c'est à sa représentation que s'est vouée passionnément, y quêtant l'illusion du vrai, la peinture classique. mais cette construction rationnelle de l'objet n'a-t-elle pas enseveli d'autres possibilités de cohérence ressurgissant génialement, par effraction, notamment dans la peinture moderne et dans la poésie ? c'est au désenfouissement d'une telle intelligence qu'invitent de leur côté, en toute sérénité, les arts de peindre de la chine ancienne que nous abordons ici: en traitant d'une image qui ne se laisse pas cantonner dans l'exiguïté de la forme, mais se transforme par respiration du vide et du plein, et écrit dans les polarités du paysage l'incitation qui tend la vie.
" fr j.
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Figures de l'immanence ; pour une lecture philosophique du Yi King
François Jullien
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- 6 Septembre 2012
- 9782757825310
Le Yi king est un livre déconcertant. Il est né du tracé de deux marques simples, un trait continu et un trait discontinu, expression de la polarité du réel, et à partir desquelles s'est développé un ensemble de commentaires qu'on connaît sous le nom de Classique du changement. En s'appuyant sur celui de Wang Fuzhi, grand penseur chinois du XVIIe siècle, François Jullien montre les effets de cohérence que crée le texte ainsi constitué, et la logique qui l'ordonne : celle de l'immanence. Car le Yi king prétend rendre le monde intelligible sans la médiation du mythe ou du discours. L'auteur cherche à soustraire le Yi king aux regards que son mystère a rendus suspicieux, tout en évitant l'écueil des fantasmes idéologiques que projette l'Occident, pour en faire un outil philosophique.
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Tout désigne le Nu comme un phénomène qui a si bien collé à la culture européenne que nous n'en sommes jamais sortis. L'Église a pu rhabiller le sexe, mais elle a gardé le nu.
En revanche, s'il est un espace culturel où le nu est resté complètement ignoré, c'est bien en Chine. Donnée d'autant plus surprenante que la tradition artistique chinoise a largement développé la peinture et la sculpture des personnages.
Une absence aussi radicale renvoie à une impossibilité. Nous voilà donc conduits à nous interroger sur la condition de possibilité du nu : à quoi, d'un point de vue théorique, a-t-il dû de s'interposer entre la chair et la nudité, le désir et la honte ? Rouvrant un accès sensible à l'ontologie, François Jullien en fait le révélateur de notre quête de l'en-soi et de la présence, en même temps qu'il met au jour un nouvel objet, d''autant plus intéressant à penser qu'il est identifié par son absence : le « Nu impossible ».
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Le mal et le négatif désignent la même chose (la violence, la maladie, la mort, etc.), mais sous deux angles opposés: le mal fait l'objet d'un jugement, qui est d'exclusion ; tandis que le négatif fait l'objet d'une compréhension qui l'inclut de façon logique. Le mal nuit / le négatif coopère. Entre eux deux se choisit la sagesse ou la sainteté. Dans un monde aspirant au " tout positif ", François Jullien appelle à désenfouir le négatif pour lui retrouver une fécondité. Au mal, dont le bienfait est d'avoir découvert à l'homme sa liberté, François Jullien propose de substituer le laid (comme jugement immanent ne s'appuyant plus sur un ordre des valeurs) ; l'abject (comme réaction d'" humanité ") ; le douloureux (l'affect n'est pas à rejeter de la morale).
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De l'universel ; de l'uniforme, du commun et du dialogue entre les cultures
François Jullien
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- 14 Avril 2011
- 9782757815946
Y a-t-il des valeurs universelles ? Où situer le commun entre les hommes ? Comment concevoir le dialogue entre les cultures ?
Pour y répondre, il nous faut suivre l'avènement du politique à partir du commun ; en même temps que remonter dans l'histoire composite de notre notion d'universel : à travers l'invention du concept, la citoyenneté romaine ou la neutralisation de tous les clivages dans le salut chrétien. Mais il conviendra également d'interroger les autres cultures : la quête de l'universel n'est-elle pas la préoccupation singulière de la seule Europe ?
Il est temps, en effet, de sortir à la fois de l'universalisme facile et du relativisme paresseux : notamment, de requalifier, mais par leur versant négatif, un absolu des droits de l'homme ; de repenser le dia-logue des cultures en termes non d'identité, mais d'écart et de fécondité en même temps que sur le plan commun de l' intelligible ; d'envisager ainsi ces cultures comme autant de ressources à explorer, mais que l'uniformisation du monde aujourd'hui menace.
Car seul ce pluriel des cultures permettra de substituer au mythe arrêté de l'Homme le déploiement infini de l' humain, tel qu'il se promeut et se réfléchit en elles.
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La propension des choses. pour une histoire de l'efficacite en chine
François Jullien
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- 15 Janvier 2003
- 9782020573818
En suivant à la trace un mot chinois (che), François Jullien nous entraîne à travers les champs de la stratégie, du pouvoir, de l'esthétique, de l'histoire et de la philosophie de la nature.
Chemin faisant, on vérifiera que le réel se présente comme un dispositif sur lequel on peut et doit prendre appui pour le faire oeuvrer - l'art et la sagesse étant d'exploiter selon un maximum d'effet la propension qui en découle.
D'un mot embarrassant (parce que limité à des emplois pratiques et rebelle de toute traduction univoque), ce livre fait donc le révélateur d'une intuition fondamentale, véhiculée par la civilisation chinoise à titre d'évidence. S'éclairent du même coup, en regard, certains partis pris de la philosophie ou " tradition " occidentale : notamment ceux qui l'ont conduit à poser Dieu ou penser la liberté.
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Le détour et l'accès ; stratégies du sens en Chine, en Grèce
François Jullien
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- 18 Mars 2010
- 9782757815823
En politique comme en poésie, les Chinois privilégient l'expression allusive, la formulation détournée : au face-à-face, ils préfèrent la subtilité d'un abord de biais.
Ils "chinoisent ", dit-on d'eux, sans comprendre comment ils procèdent. Refusant de laisser enfermer cette différence dans les termes d'une nature ou d'une mentalité singulières, François Jullien nous montre sur quelle logique repose cette autre stratégie du sens et quelle est son efficacité. Dans les grands textes de la pensée chinoise ici revisités (Entretiens de Confucius, Mencius, Laozi, Zhuangzi), nous découvrons un discours de l'"indice " qui ne vise pas à la généralité des essences, mais intègre en lui toutes les perspectives, comme globalité, et aboutit ainsi à une variation continue.
C'est de là que naissent, en Chine, la richesse d'un sens implicite ainsi que la valeur de la sagesse. Avec Le Détour et l'Accès, François Jullien nous entraîne au plus loin du logos. Travaillant, chemin faisant. à cette question nouvelle : comment l'écart peut-il être source d'effet ? Autrement dit, en quoi le détour donne-t-il accès ?