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Pierre Drieu La Rochelle
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«Maintenant, il savait tout le prix de Dorothy. Au fond de lui-même, il croyait qu'il avait gardé un pouvoir sur elle et qu'il pouvait la reprendre, si enfin il s'en donnait la peine. Et il ne pouvait pas croire que l'émoi qu'il ressentait ne fût pas communicatif. Elle avait l'air si bon, sur cette photo. Sa bouche répétait ce que disaient les yeux : une tendresse timide. Ses seins frêles disaient encore la même chose, et sa peau qui fuyait sous ses doigts, ses mains friables.»L'Adieu à Gonzague qui sert de conclusion au volume a été trouvé dans les archives de Pierre Drieu la Rochelle après sa mort. Le feu follet a été porté à l'écran par Louis Malle.
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«- Je ne puis plus aimer une femme. Je vais partir.Torrents de larmes, sanglots, spasmes, râles, agonie, mort, autre veillée funèbre.Femmes mortes. Dora, au loin, qu'étaient ses jours et ses nuits ? Assez. Femmes mortes. Il était mort aux femmes.Il attendit une heure. Le sanglot de Berthe ne finissait pas. Il se raidissait pour ne rien dire. Pas un mot. Il regardait autour de lui ce charmant décor, mort comme celui de sa chambre avec Pauline.»
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Les cahiers de la NRF : Trois lettres aux surréalistes
Pierre Drieu la Rochelle
- GALLIMARD
- Les Cahiers De La Nrf
- 18 Avril 2024
- 9782073057174
En août 1925, moins d'un an après la parution du Manifeste du Surréalisme, Pierre Drieu la Rochelle publie «La Véritable erreur des surréalistes» dans La Nouvelle revue française. C'est la première des trois lettres ouvertes que Drieu adresse au groupe d'avant-garde dont il est le témoin attentif depuis 1916, et sa rencontre décisive avec Louis Aragon. En sa compagnie, le futur auteur de Gilles et du Feu follet participe à l'aventure Dada à Paris, à celle de la revue Littérature, et à la naissance du surréalisme. Ses Trois lettres aux surréalistes révèlent qu'il a failli tout miser sur le mouvement d'André Breton, au coeur de ses «Années folles» qui furent des années de crise. Mais vingt ans avant son suicide, une première déception l'attendait : la «petite bande» qui avait pris une position littéraire radicale préparait son ralliement au communisme. En 1927, les faits lui ayant donné raison, Drieu compose deux autres lettres magistrales pour sa revue polémique, Les Derniers jours. Entre argumentation et méditation, pamphlet et supplication, les Trois lettres établissent, pour la première fois, les préoccupations qui seront au coeur de son oeuvre et de sa vie : la question de la solitude et de l'amitié, celle de la pensée et de l'action. Elles affirment la véritable quête idéaliste de Pierre Drieu la Rochelle, celle d'une esthétique littéraire permettant «d'agir à fond» dans son époque. Une quête qui s'affrontera aux dilemmes de l'Histoire.
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Récits romans et nouvelles
Pierre Drieu la Rochelle
- GALLIMARD
- Bibliotheque De La Pleiade
- 20 Avril 2012
- 9782070118854
Drieu assignait à l'intellectuel le devoir «d'essayer les chemins de l'Histoire». Le jeu est risqué, il le savait. Mais prévoir le risque d'égarement n'est pas tout. Une erreur est une erreur, une faute est une faute ; il faut en répondre. Il savait cela aussi. Peu avant la fin, il fit le bilan: «nous avons joué, j'ai perdu. Je réclame la mort.» Il fut son propre procureur, son propre juge, son propre exécuteur. «Il était sincère, dira Sartre ; il l'a prouvé.» Il fut aussi son propre avocat, non sans talent, mais sans grande conviction. Sa nature le poussait plutôt à l'autodénigrement (la critique le suivit sur cette pente), au doute, aux contradictions réelles ou apparentes: «Un artiste doute, en effet, de lui-même ; il est en même temps sûr de lui.» Il savait qu'il appartient à la postérité de juger en appel, voire en cassation, mais il ne s'y fiait pas trop. Préservé de toute certitude par une inquiétude foncière, il doutait autant de son élection future que de sa condamnation définitive. «Et pourtant la cohérence de ma sensibilité et de ma volonté apparaît à qui me fait la justice de relire dans leur suite une bonne partie de mes ouvrages», écrivait-il au moment de rééditer Gilles.
Cette édition propose, précisément, «une bonne partie» de ses oeuvres romanesques : des romans, des nouvelles et des textes dans lesquels le récit tourne à l'essai ou à l'autobiographie. Au reste, les idées de Drieu et sa propre histoire («je n'ai qu'elle à raconter») sont présentes partout, avec une intensité variable. Lui-même parlait de «fiction confessionnelle», mélange de confession et d'invention, de sincérité et d'affabulation, de mémoire et de rêve. La richesse du cocktail n'est pas pour rien dans le charme qu'exercent ses livres et que renforcent encore des alliances peu fréquentes, entre désinvolture et gravité, lucidité et aveuglement, espoir et désarroi.
Hantée par l'idée de décadence, l'oeuvre de Drieu est, comme sa vie, dominée par la mort, qui est l'informe, c'est-à-dire l'envers de l'art. Peut-on, par et dans les livres, donner forme à l'informe? Selon Drieu, qui avait le culte de l'échec (en art, en amour, en politique...), «l'oeuvre d'art la plus réussie est une déception pour qui a tenu dans ses mains la misérable vérité». Mais le lecteur qui lui fera «la justice de relire dans leur suite» ses ouvrages ne sera sans doute pas de son avis. Il découvrira l'une des plus fortes analyses romanesques du cynisme, la satire d'une époque qui pèse encore sur la nôtre, et une forme inédite de diatribe, dans laquelle l'écrivain retourne à tout instant ses armes contre soi. Toujours incertain de lui-même, Drieu s'est mis à la merci de ses contemporains. C'est peut-être cette même incertitude de soi qui permet qu'aujourd'hui l'on s'attache à lui.
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La partie la plus secrète de l'oeuvre du romancier.
Proche des surréalistes, ami de Malraux, écrivain, critique littéraire, directeur de La Nouvelle Revue française, Pierre Drieu la Rochelle (1893-1945) a joué un rôle considérable dans la vie intellectuelle française de l'entre-deux-guerres et de l'Occupation.
Accompagnés d'un dictionnaire inédit, les six romans rassemblés pour la première fois dans ce volume offrent autant d'éclairages sur la personnalité complexe d'un grand témoin de son temps. L'Homme couvert de femmes raconte une partie de campagne qui donne lieu à une méditation sur la vacuité des relations amoureuses. Une femme à sa fenêtre met en scène l'un des plus beaux personnages féminins de Drieu. L'auteur y combine l'exaltation de la passion et l'engagement politique. Dans Drôle de voyage, un jeune mondain passe sans enthousiasme d'une conquête à l'autre. La fantaisie orientale Beloukia est une véritable lettre d'amour située dans une Bagdad imaginaire. Conçu autour de l'opposition entre l'homme d'action et l'artiste, L'Homme à cheval est un authentique roman d'aventures moderne. Enfin, Les Chiens de paille confronte un industriel gaulliste, un garagiste communiste, un médecin collaborateur, un patriote à la tête d'un chantier de la jeunesse et un trafiquant du marché noir.
" La contradiction des sentiments individuels et des idées générales est le principe même de toute humanité ", écrivait Drieu dans son Journal. Le présent volume permet de redécouvrir ce paradoxe qui est au coeur d'une oeuvre controversée. -
La comédie de Charleroi
Pierre Drieu la Rochelle
- GALLIMARD
- L'imaginaire
- 13 Septembre 1996
- 9782070745869
«Je me rappelle deux ans plus tard, en face de moi, ce grand diable d'officier allemand debout dans la tourmente, à Verdun, Fritz von X..., qui était debout, et appelait, et m'appelait. Et je ne lui répondais pas, je le canardais de loin. Dans cette guerre, on s'appelait, on ne se répondait pas. J'ai senti cela, au bout d'un siècle de course. On a senti cela. Je ne faisais plus que gesticulailler, criailler. Je n'avançais plus guère. Je trébuchais, je tombais. Ils trébuchaient, ils tombaient. Je sentais cela. Je sentais l'Homme mourir en moi.»
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"Écrit après une tentative de suicide en août 1944, Récit secret est le dernier texte achevé par Drieu la Rochelle. Six mois après l'avoir rédigé, il met fin à ses jours.
Envahi par un immense dégoût du monde et de lui-même contre lequel il avait toujours dû lutter, convaincu qu'il ne pourrait que déchoir en admettant ses fautes et ses errements - humains, intellectuels, politiques -, Drieu revient dans Récit secret sur son rapport à la mort et au suicide, aussi bien pendant l'enfance que dans les tranchées de la Première Guerre mondiale, dans le Paris brillant des Années folles ou dans le naufrage cauchemardesque de la fin des années 30.
Il tente dans Récit secret d'atteindre au plus profond de lui-même - pour en retirer la certitude qu'il n'a plus d'autre voie que celle qu'il a choisie."
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Ce roman est le dernier de Drieu la Rochelle. Il l'écrivit de 1943 à 1944. À propos d'une intrigue assez simple, qui pourrait être celle d'un roman d'aventures - la lutte, autour d'un dépôt d'armes caché dans une demeure mystérieuse, de petits groupes de français activistes (gaullistes, collaborateurs, communistes, nationalistes) -, Drieu a imaginé un roman qui transcende de très haut les drames de ces années. Constant, dernière incarnation des héros de Drieu - un Gilles vieilli -, qui a tout connu, tout éprouvé, tout lu, bien qu'encore profondément attaché à un jeu politique dont il occupe le centre, regarde d'un oeil de plus en plus absent les fureurs et les intrigues de ces hommes de proie. Pour lui qui, depuis des années, médite sur Judas et la signification de son prodigieux destin, le temps de Dieu et le temps de la mort sont venus.
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«Pendant que je me déshabillais, je vis Antoine qui fixait mon dos. Il me convoitait, encore, toujours, et il se méfiait de moi. Avec son regard, je me regardai : j'étais belle et menteuse. Je ne me regardai pas au visage, je regardai mon corps. J'avais un beau corps, je l'ai encore. Peu de femmes ont de beaux seins : je suis de ces femmes. Encore moins de femmes ont des seins beaux et émouvants : je suis de ce peu de femmes. Mon corps avait des liens avec cet appartement, et avec Antoine ; il s'était façonné à tout cela. J'avais le corps soigné, aisé, épanoui d'une belle femme riche, de plus flattée par les caresses d'un homme qui avait de belles dents, de la fougue, de l'adresse.»
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L'homme couvert de femmes
Pierre Drieu La Rochelle
- GALLIMARD
- L'imaginaire
- 5 Avril 1994
- 9782070737444
Un jeune homme, Gille, est invité à la campagne par une veuve assez libre, Finette. Il veut se lier avec elle, mais d'abord il joue avec ses amies ; ensuite il sent de la répugnance pour son entourage et les maximes qu'elle affecte. Il s'éloigne, mais il revient bientôt, après une débauche à Paris. Alors, comme elle lui fait des avances et qu'il songe à y répondre, il se montre médiocre et galant. Cette déconvenue l'engage dans des confidences égarées. Mais rien ne décourage Finette qui devient amoureuse. L'arrivée de Jacqueline, qu'il a aimée autrefois, apporte à Gille de nouvelles raisons de se détourner de son hôtesse. Pourtant il devient son amant et le prestige d'un amour ancien est bientôt détruit. Mais Finette ne parvient pas à prendre place dans le coeur de Gille. Rebelle dès le début à tout ce qui lui paraît stérile au fond d'une telle liaison, ce débauché s'enfonce dans une méditation sur l'amour où se joignent la raison et la mystique, qui à la fin l'entraînent, vers le mariage peut-être, loin de cette maison où l'opprimait un des trop nombreux exemples de la misère sexuelle de ce temps.
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«Jaime Torrijos était lieutenant dans le régiment de cavalerie d'Agreda, qui tenait alors garnison à Cochabamba. Il était admiré et aimé des officiers et des soldats parce qu'il y avait dans son corps une force et une audace extraordinaires. Il était aimé des femmes pour la même raison. Quand je le connus, sa renommée commençait à se répandre hors du régiment et de la ville. Il en jouissait insoucieusement. J'étais guitariste et je m'attachai à Jaime qui me voulait dans ses orgies. Il manquait toujours d'argent à cause des cartes et de l'amour...»
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On ne peut pas dire qu'on connaisse bien Drieu sans avoir lu le Journal d'un homme trompé. Dans les douze nouvelles qui composent ce livre, Drieu a dépeint de la manière la plus nue et la plus triste la réalité contemporaine de l'amour. Qu'est-ce que l'amour aujourd'hui, passé la tempête physique des premiers jours ? Et qu'est-ce que des hommes et des femmes qui ne pensent qu'à des conquêtes, qu'à prendre et à se dérober, connaissent de l'amour ?
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Lettres d'un amour défunt 1929-1944
Victoria Ocampo, Pierre Drieu la Rochelle
- Omnia
- 13 Février 2020
- 9782841006878
Dans l'autobiographie de Victoria Ocampo, le texte consacre´ a` son aventure amoureuse avec Drieu e´tait accompagne´ de quelques lettres, tire´es de leur correspondance, qui donnaient envie d'en savoir plus sur cette bre`ve rencontre entre « deux enfants fascine´s et perdus ». Rencontre qui saura s'inscrire dans la dure´e, puisque leur passion initiale se changera en une longue amitie´ amoureuse, a` laquelle la mort de Drieu pourra seule mettre un terme.
Voici maintenant l'inte´gralite´ des lettres qui nous ont e´te´ conserve´es. On y voit Drieu prolixe en confidences sur les multiples difficulte´s d'une vie sentimentale intense et complique´e, que Victoria conside`re avec une bienveillance distante. S'ouvre l'atelier de l'e´crivain, engage´ dans la re´daction du Feu follet, de la Come´die de Charleroi, de Re^veuse Bourgeoisie, de Gilles. Et c'est aussi, lorsque Victoria, brillante directrice de la revue litte´raire Sur, se trouve en Argentine, une chronique tre`s personnelle de la vie artistique et litte´raire parisienne.
L'affrontement des deux e´pistoliers sur le fascisme est un moment fort de cette correspondance. Peu soucieuse de politique dans l'absolu, Victoria re´agit spontane´ment en de´mocrate pour condamner les positions de Drieu, tout en saluant son courage et son inte´grite´, «me^me s'il dit ou fait des folies ou des stupidite´s».
De Victoria Ocampo, les e´ditions Bartillat ont publie´ Drieu (2007) et Le Rameau de Salzbourg (2008).
Professeur de litte´rature compare´e, Julien Hervier a notamment e´dite´ et pre´sente´ le Journal 1939-1945 de Drieu la Rochelle (Gallimard, 1992) et re´cemment Notes pour un roman sur la sexualite´ (Gallimard, 2008).
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«Saurai-je un jour raconter autre chose que mon histoire ?» demande Drieu la Rochelle au début de ce livre, un de ses premiers, en 1921. Il y raconte son enfance, son adolescence, ses tourments déjà et la quête des idées qui vont mener sa vie.
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«Fallait-il publier ? Ne pas publier ? Devant ce journal de guerre explosant de la haine de Drieu contre tous et tout, les femmes, les juifs, ses meilleurs amis et lui-même, c'est la question que beaucoup se poseront et que se sont posée tous les responsables de sa publication.Il suffira cependant d'en prendre connaissance et de lire, par exemple, le plaidoyer final où Drieu se place lui-même devant le jugement de l'histoire pour comprendre qu'en toute conscience la publication ait paru s'imposer.Non seulement par crainte de publications pirates, mais aussi et surtout par l'importance de l'écrivain et le puissant intérêt de ce témoignage.Drieu la Rochelle a été exonéré de l'opprobre où sont tombés la plupart des fascistes français par la séduction qu'il a exercée sur beaucoup de ses contemporains comme sur la génération d'après guerre. Son personnage est devenu mythique. On l'acquitte sans trop y aller voir.Eh bien, allons-y ! Ce journal en donne l'occasion. À chacun d'y vérifier son jugement.»Extrait de l'Avertissement de l'éditeur.
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Correspondance 1925-1944 ; nos relations sont étranges
Pierre Drieu La Rochelle, Jean Paulhan
- Claire Paulhan
- 11 Décembre 2017
- 9782912222534
« Parlerons-nous politique ? » demande Drieu à Paulhan, un jour de 1936, après dix années de promesses non tenues et de vagues reproches. Le dialogue sera vain, peut-être, mais il est sincère, bien que l'écart se creuse, jusqu'en 1943, entre le conseiller municipal du Front populaire et le thuriféraire de Doriot, entre le patriote qui en appelle à « l'espoir » et au « silence » en juin 1940 et le fasciste qui rêve de créer à Vichy un parti unique, entre l'ancien et nouveau directeur de La NRF imposé par Otto Abetz. Leur dialogue est même remarquablement direct : « Nos relations sont étranges, écrit Drieu à Paulhan le 12 décembre 1942 : j'ai pour vous une véritable dilection qui m'est venue assez tard, à l'usage, un peu avant 1939, et en même temps je pense que nous sommes ennemis et que nous nous combattons. » Ces 169 lettres échangées le montrent : Paulhan n'a jamais rompu intellectuellement avec Drieu, tentant de comprendre sa logique singulière. Paulhan n'a jamais rompu avec La NRF, non plus : après avoir refusé la codirection de la revue avec Drieu, à l'automne 1940, c'est lui qui fixe, en sous-main, les règles de cette cohabitation forcée, conscient que cette « anti-NRF » permet à la maison d'édition de Gaston Gallimard de perdurer sous l'Occupation. « Je crois que ma raison (personnelle) de ne pas écrire dans la nrf demeure valable, précise pourtant Paulhan en juin 1941 : je ne puis qu'être solidaire de ceux de nos collaborateurs que j'y avais invités et que l'on renvoie. » Entre Paulhan et Drieu la Rochelle, peut-on parler d'une amitié ? Y eut-il autre chose que les relations complexes entre un éditeur et un écrivain, les conseils avisés d'un directeur de revue à son successeur, et enfin leurs paradoxales discussions politiques ? Malraux l'affirmera : « Pour Drieu, Paulhan n'était pas un résistant, pour Paulhan, Drieu n'était pas un collaborateur ». Est-ce pour cela que, sans poser de questions, Drieu intervint auprès des autorités allemandes en mai 1941 pour faire libérer Paulhan, arrêté avec d'autres membres du réseau du Musée de l'Homme ? Est-ce pour cela que Paulhan a toujours gardé le contact, et plus encore, avec le directeur collaborationniste de La NRF ?
Si Drieu incarne la mauvaise conscience du milieu intellectuel, Paulhan ne voit cependant pas en lui le traître par excellence. De fait, la question de la fidélité est au coeur de cette correspondance (et ce n'est pas un hasard si elle s'ouvre sur la douloureuse rupture entre Drieu et Aragon, dont Paulhan est l'arbitre à son corps défendant) : fidélité à l'amitié, fidélité à soi-même et à ses convictions politiques, fidélité à la France, à la revue... Pour Jean Paulhan, comme pour André Malraux ou Emmanuel Berl, Pierre Drieu la Rochelle a certes failli gravement - en particulier lors de ses dernières années - mais il ne s'est pas trahi. Il aurait même été « loyal » jusqu'à sa mort par suicide, le 16 mars 1945. Paulhan ne signifiait déjà rien d'autre à Gide, trois ans plus tôt : « Drieu est à mon égard, en tout ceci, gentil et loyal. (Nous autres directeurs de revues, sommes corrects en de tels cas). A peine semble-t-il, de temps à autre, m'adresser quelque reproche secret. » (15 mars 1942).
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Gonzague bâclait, du reste, sa besogne et fuyant devant l'horreur de ce qu'il faisait, courait ailleurs, déjà dégoûté de ce qu'il allait faire, possédé par la fringale d'une seule sensation : passer d'une chose à une autre. Il avait imposé à son patron son style lunatique.
Il passait de longs moments entre le coiffeur, le manucure et le pédicure, au hammam, dans les bars où il pariait, téléphonait, buvait, retéléphonait et entretenait mille conciliabules.
Il déjeunait et dînait à droite et à gauche. Il faisait même quelques visites. Non pas qu'il eût beaucoup de points d'appui - il était trop nonchalant et trop timide - mais six ou sept maisons où l'on va au moins une fois tous les huit jours suffisent à remplir la semaine.
Nous n'avons pas vocation à publier les OEuvres complètes de Drieu la Rochelle... Mais ce texte vient à nous par le biais du surréalisme : publiée en 1923 dans la Nrf, cette version - bien différente de celle que l'on trouve dans Plainte contre inconnu - n'avait, depuis presque un siècle, jamais été publiée. La valise vide est l'image d'une trajectoire ratée à laquelle la fin même échappe puisqu'elle ne contient pas encore le suicide de Jacques Rigaut qui viendra huit ans plus tard.
Car, bien sûr, Gonzague c'est Rigaut, Rigaut c'est Alain du Feu follet. Mais le portrait de l'ami surréaliste est tracé au vitriol, conjugant vacuité et fascination : aucun échec n'est épargné et cette lucidité cruelle laisse deviner aussi ce que Drieu savait mépriser en lui.
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Les cahiers de la NRF : jouer Dantzig sur un match de football : carnets intimes 1909-1942
Pierre Drieu la Rochelle
- GALLIMARD
- Les Cahiers De La Nrf
- 14 Octobre 2021
- 9782072930713
Ces carnets inédits de Pierre Drieu la Rochelle, rassemblés par Julien Hervier, livrent les derniers secrets de l'un des écrivains les plus brillants et controversés du XX? siècle. D'une étonnante maturité à 16 ans, fasciné par Nietzsche qui oriente sa méditation sur l'art et la civilisation européenne, il semble avoir déjà tout lu. Il affine ses apprentissages intellectuels à Londres et à Paris; il y suit le cursus de l'Ecole des Sciences politiques tout en s'interrogeant avec angoisse sur l'authenticité de sa vocation d'écrivain. La morne expérience de la caserne est interrompue par la guerre où il participe à la désastreuse expédition des Dardanelles. Un séjour comme conférencier en Argentine lui permet de déployer un talent de grand reporter, et il s'y lie avec J.-L. Borges qui lui suggère le sujet de L'Homme à cheval; plus tard, nous entrons dans les coulisses d'Une femme à sa fenêtre, de Gilles ou de Charlotte Corday. Après la débâcle de 1940, le relevé de ses rendez-vous dessine l'équipe appelée à faire reparaître la Nouvelle Revue Française; on décèle sa tentation d'intervenir en sous-main dans la «Révolution nationale» de Vichy, jointe au souci d'obtenir la libération d'écrivains prisonniers. Le fragment final, «Le Dilemme», témoigne de la nature et de l'intensité du patriotisme de Drieu en 1942, alors même qu'il se compromet en publiant la NRF sous surveillance allemande.
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Histoires déplaisantes
Pierre Drieu la Rochelle
- GALLIMARD
- L'imaginaire
- 10 Novembre 1988
- 9782070714902
Publié pour la première fois en 1963, ce recueil posthume rassemble cinq nouvelles qui constituent un éventail tout à fait représentatif de l'art et des thèmes de Drieu la Rochelle. D'une poésie profonde et acide où le désespoir et l'élégance ne cessent de se croiser, ce livre révèle son auteur de manière étrangement présente, libre.
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«Depuis qu'il connaissait Beloukia, il ne s'était pas détourné tout à fait de la politique bien qu'on ne le vît plus jamais pérorer dans les cours du Palais. Même son jeu, pour être devenu moins apparent, y avait pris de l'acuité. Il était entré dans les conseils d'Abdul. Et il s'était trouvé dans des engagements bien plus définitifs qu'il n'aurait pu supporter quelques années auparavant. Or, ces engagements n'allaient pas dans le sens des intérêts de Mansour et de Beloukia.».
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Pierre Drieu la Rochelle a écrit les Mémoires de Dirk Raspe pendant le dernier hiver de la guerre. C'est son dernier roman. En novembre 1944, il écrivait à une amie : «Je travaille et cela devient une grande machine très importante. Cela va très bien, je suis en pleine forme et crois faire mieux que je n'ai fait jusqu'ici.» Quatre mois après, il se tuait. C'est la vie de Van Gogh qui a inspiré à Drieu les Mémoires de Dirk Raspe. Dans ces semaines où il est hanté par la mort, il voit dans Vincent Van Gogh un grand compagnon fraternel. Comme lui, Van Gogh a voulu voir le dessous des cartes, ce qu'il y a derrière l'écorce de la vie et, pour cela, il ne s'est pas épargné. Les Mémoires de Dirk Raspe, où Drieu et Van Gogh, se tenant par la main, descendent côte à côte vers la mort, sont le récit d'une ascèse, d'une lente marche vers la délivrance à travers les mirages et les miroitements de la vie : l'amour des femmes, la passion des pauvres, l'éblouissement de l'art. Pierre Drieu la Rochelle nous en dit plus long sur lui-même dans ce roman secret que dans tant d'autobiographies appuyées. L'oeuvre est inachevée. Drieu prévoyait d'écrire encore trois parties et, d'après la vie de Van Gogh, on peut assez aisément les imaginer. Tels que Drieu nous les a laissés, les Mémoires de Dirk Raspe sont cependant le livre qui éclaire le mieux la dernière démarche spirituelle du romancier du Feu follet.
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Il était écrit que le dernier roman de Drieu ne comporterait pas de politique, ou si peu, comme si, malgré les apparences, et comme il l'a écrit dans Récit secret, son autre grande oeuvre posthume, cela n'avait pas tant compté dans sa vie. Roman de formation d'un jeune peintre, Les Mémoires de Dirk Raspe est probablement le plus beau et le plus abouti des romans de Drieu. Prenant la vie de Van Gogh comme prétexte, d'une finesse étourdissante, ce roman qui traite de l'art, de la peinture, de l'artiste, des pauvres et des déshérités de Flandres, a parlé et paradoxalement comme aucun autre du Drieu intime, véritable, du Drieu essentiel qui, pour une fois, trouve une juste distance entre confidences de soi et récit romanesque. Les tensions et contradictions de l'artiste vis à vis des femmes, des pauvres, de la foi et de la politique, conduisent ce héros ascétique, affligé par sa laideur, au bout de lui-même et de la beauté du monde. Un grand roman, qui n'a pas fini de nous éblouir.
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Soutine par ses contemporains
Elie Faure, Pierre Drieu la Rochelle, Maurice Sachs, Paul Guillaume, Albert Barnes
- Paris
- Litterature
- 26 Août 2021
- 9782846213165
Selon Elie Faure : "Soutine est l'un des rares peintres 'religieux' qu'ait connu le monde, parce que la matière de Soutine est l'une des plus charnelles que la peinture ait exprimée." D'après Drieu la Rochelle : "Soutine a reçu le don de peindre en naissant, mais ce don lui a brûlé les yeux et le cerveau comme un fer rouge. Il aime son tourment... et il fait souffrir la toile, les couleurs, le monde de sa souffrance." Pour Maurice Sachs : "On aurait dit que Soutine peignait dans un état d'affolement lyrique. Le sujet débordait le cadre. Une si grande fièvre était en lui qu'elle déformait tout à l'excès." La figure et l'art de Soutine, sa matière et son expression irradiantes ont foudroyé à leur apparition ses contemporains les plus sensibles à un feu pictural inédit. Au temps où l'on redécouvre et célèbre l'oeuvre et l'influence du démiurge Soutine, il fallait remettre au jour les textes les plus marquants des écrivains l'ayant connu et aimé.
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Drôle de voyage
Pierre Drieu la Rochelle
- Castor Astral
- Escales Des Lettres
- 15 Septembre 2016
- 9791027800841
Gille Gambier a 35 ans. Un été, alors qu'il se repose chez les Cahen-Ducasse, en Béarn, il fait la connaissance de la famille Owen et de la jeune Béatrix, qu'il finit par convoiter autant pour l'argent que pour sa beauté. Gille se fiance rapidement avec Béatrix, mais il comprend que plus il voit Béatrix, moins il l'aime ; plus il voit les Owen, moins il se défend. Lucide sur sa condition et ses motivations, Gille ne se marie finalement pas. Sous cette apparente simplicité d'intrigue, Drieu la Rochelle dépeint avec malice sa propre inadaptation à la société de son temps.
Pierre Drieu la Rochelle (1893-1945) est un journaliste, romancier, essayiste, dandy et séducteur qui fut de toutes les aventures lit- téraires et politiques de la première moitié du XXe siècle. Ami de l'ambassadeur allemand Otto Abetz durant la Seconde Guerre mondiale, nommé à la tête de la NRF, il se déclare socialiste et fasciste tout en conservant de solides amitiés avec des écrivains tels que Jean Paulhan et André Malraux. Drieu est notamment le parrain du deu- xième fils de Malraux, né en 1943. À la fin de la guerre, dans un contexte de purge des milieux intellectuels collaboration- nistes, il se suicide. Les ouvres de Drieu ont pour thèmes la décadence d'une certaine bourgeoisie, l'expérience de la séduction et l'engagement dans le siècle. Le Feu Follet (1931), La Comédie de Charleroi (1934) et surtout Gilles (1939) sont généralement considérés comme ses ouvres majeures.