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Prix
Jean Jullien
-
L'anguille
Valentine Goby
- Éditions Thierry Magnier
- Thierry Magnier Romans Jeunesse
- 26 Août 2020
- 9791035203467
Camille est née sans bras. Avant son déménagement cela ne posait de problème à personne mais dans ce nouveau collège, le regard des autres ne la quitte plus. C'est vrai qu'elle est impressionnante avec sa bouche et ses pieds d'une rare dextérité. Quand ils la voient nager comme un poisson, ses camarades n'en croient pas leurs yeux. Enfin, acceptée, l'enthousiasme de Camille l'anguille va gagner Halis, cet élève que l'on chahute à cause de son poids.
Une magnifique réécriture de Murène par Valentine Goby qui traite du handicap et de la différence avec humour et intelligence. -
Bossu et porté par des béquilles.A la bosse d'esprit et le cerveau flamboyant d'idées rénovatrices.N'est pas Niçois, mais vient depuis longtemps à Nice, s'y est fixé, est inscrit au barreau, a suivi assidument le mouvement socialiste pendant ces dernières années.A collaboré dans divers journaux de la capitale, notamment à l'Aurore et au Journal du Peuple, a collaboré aussi à la Lutte Sociale. Par la culture intellectuelle qu'il a reçue, par sa persévérance et par le concours éclairé qu'il apporte, Louis Malaquin est un des éléments les plus précieux parmi nos militants niçois.Fruit d'une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.
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Vivre de paysage : ou l'impensé de la raison
François Jullien
- Gallimard
- Folio essais
- 13 Janvier 2022
- 9782072971341
« En définissant le paysage comme « la partie d'un pays que la nature présente à un observateur », qu'avons-nous oublié ? Car l'espace ouvert par le paysage est-il bien cette portion d'étendue qu'y découpe l'horizon ? Car sommes-nous devant le paysage comme devant un « spectacle » ? Et d'abord est-ce seulement par la vue qu'on peut y accéder - ou que signifie « regarder » ?
En nommant le paysage « montagne(s)-eau(x) », la Chine, qui est la première civilisation à avoir pensé le paysage, nous sort puissamment de tels partis pris. Elle dit la corrélation du Haut et du Bas, de l'immobile et du mouvant, de ce qui a forme et de ce qui est sans forme, ou encore de ce qu'on voit et de ce qu'on entend... »
F.J. -
Un soupçon s'est insidieusement levé, un matin : que la vie pourrait être tout autre que la vie qu'on vit. Que cette vie qu'on vit n'est plus peut-être qu'une apparence ou un semblant de vie. Que nous sommes peut-être en train de passer, sans même nous en apercevoir, à côté de la « vraie vie ».
Car nos vies se résignent par rétractation des possibles. Elles s'enlisent sous l'entassement des jours. Elles s'aliènent sous l'emprise du marché et de la technicisation forcée. Elles se réifient, enfin, ou deviennent « chose », sous tant de recouvrements.
Or, qu'est-ce que la « vraie vie » ? La formule, à travers les âges, a vibré comme une invocation suprême. De Platon à Rimbaud, à Proust, à Adorno.
La « vraie vie » n'est pas la vie belle, ou la vie bonne, ou la vie heureuse, telle que l'a vantée la sagesse.
Elle n'est surtout pas dans les boniments du « Bonheur » et du développement personnel qui font aujourd'hui un commerce de leur pseudo-pensée.
La vraie vie ne projette aucun contenu idéal. Ce ne serait toujours qu'une redite du paradis. Elle ne verse pas non plus dans quelque vitalisme auto-célébrant la vie.
Mais elle est le refus têtu de la vie perdue ; dans le non à la pseudo-vie.
La vraie vie, c'est tenter de résister à la non-vie comme penser est résister à la non-pensée.
En quoi elle est bien l'enjeu crucial - mais si souvent délaissé - de la philosophie. -
Raviver de l'esprit en ce monde : un diagnostique contemporain
François Jullien
- Éditions de l'Observatoire
- Hors collection
- 27 Septembre 2023
- 9791032930038
Il est une menace dont tout le monde s'émeut - à juste titre - parce qu'elle est spectaculaire : la Terre se réchauffe et la vie pourrait s'y tarir. Mais il en est une autre qu'on évite de remarquer. Cela parce qu'elle touche à l'invisible et nous implique peut-être encore davantage - d'ailleurs comment la nommer ? Ses effets cependant sont des moins contestables : "d'un clic", on croit que tout est à portée, qu'il n'y a plus à accéder. Ou l'on fait du Livre un "produit" comme un autre. L'écran fait écran et l'événement de la présence est perdu. Et, d'abord, les médias distillent leur coïncidence idéologique à notre insu. Ne sommes-nous pas en train de devenir des sujets inertes sans plus d'élan - d'essor - qui nous mobilise ? J'ai choisi de nommer de l'"esprit" cette autre perte qui nous menace. Et donc, à l'encontre de la vie qui ne vit pas, de la non-vie menaçant nos vies, d'appeler à la défense et l'illustration de l'"esprit", une fois celui-ci décapé de tout spiritualisme. Dans le monde de la Connexion généralisée, de la Communication et de la Consommation gérées par le numérique, où font loi la Commodité et le Marché, quel écart et quel espacement reste-t-il encore où de l'esprit puisse se déployer ? Or rien ne sert de dénoncer cet état de fait et le renverser est impossible. Mais j'appelle à en dé-coïncider : en fissurant la chape invisible sous laquelle nos vies se laissent enfermer.
-
Si l'on commence par «Dieu est...», que pourra-t-on dire de plus que Dieu «est dé-coïncidence»? Au risque, sinon, de rabattre Dieu dans de l'«être», dans du dogme et de l'idéologie.
Or, en avançant que Dieu ne saurait «être» que dé-coïncidence, on ré-entendra du même coup, dans l'Évangile de Jean, l'inouï de la Nouvelle faisant dé-coïncider le vivant du vital et promouvant l'intime du sujet.
S'il faut dé-coïncider du monde pour la vie du monde, c'est dans cette dé-coïncidence que se déploie l'«esprit».
Façon aussi de laver «Dieu» des re-coïncidences qui l'ont fait verser aujourd'hui dans l'indifférence, pire que sa «mort» proclamée.
La dé-coïncidence est un concept de terrain fissurant les blocages installés - aussi pour «Dieu».
F. J. lturel, il n'a eu cesse de traverser les seuils entre -
Rouvrir des possibles
François Jullien
- Éditions de l'Observatoire
- Essais
- 18 Janvier 2023
- 9791032926949
Aujourd'hui où l'on ne peut plus tracer de plan de la Cité idéale et où les lendemains «?ne chantent plus?», peut-on faire autre chose que défaire ce qui bloque l'état présent des choses pour y rouvrir des possibles ? Or, qu'est-ce qui bloque si ce n'est des coïncidences idéologiques installées et paralysant la société ? Ne pouvant les renverser (comment en aurait-on la force ?) et les dénoncer ne s'entendant pas, on ne peut que les fissurer?: localement, sur le terrain, chacun en ayant l'initiative là où il est. Mais ces dé-coïncidences se relient et se relaient, elles se répondent et peuvent s'associer. Une Association en est née. Car «?c'est quand même avec des fissures que commencent à s'effondrer les cavernes?». F. J.
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50 plantes qui résistent à tout ! Sécheresse, canicule, gel tardif, vent fort, maladies
Jérôme Jullien, Elisabeth Jullien
- Eyrolles
- 19 Octobre 2023
- 9782212462517
Les plantes sont les premières à pâtir du changement climatique et ses aléas : sécheresse, canicule, gel tardif, vent fort et maladies s'invitent dans tous nos jardins et rendent la culture et la survie des végétaux de plus en plus incertaine. Heureusement, certaines plantes sont plus robustes que d'autres et permettront à votre jardin d'être plus résilient tout en étant moins contraignant à entretenir ! Retrouvez au fil des pages ces 50 plantes résistantes aux bouleversements climatiques et faites votre sélection selon les critères de votre choix : rusticité, origine (locale ou exotique), type d'utilisation (ombrage, haie de séparation...), récoltes (légumes, herbes aromatiques, bouquets...), écologie (plantes mellifères, attirant les oiseaux et autres auxiliaires naturels...), en passant par des conseils de permaculture et de bonne culture. Chaque plante est présentée sous forme de fiche illustrée pour vous permettre de retrouver toutes les informations utiles en un coup d'oeil ! En somme, un ouvrage pour simplifier votre vie et le développement d'un jardin plus durable.
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Quand on avance dans la vie, il est une question qu'on ne peut plus, peu à peu, ne pas se poser : pourquoi est-ce que je continue de vivre ?
Cette question, on peut la maintenir au niveau bas du développement personnel, affublé en « sagesse », et du marché du bonheur.
Ou bien l'affronter philosophiquement pour y chercher une issue plus ambitieuse qui soit la promotion d'une « seconde » vie.
Une seconde vie est une vie qui, du cours même de la vie, se décale lentement d'elle-même et commence de se choisir et de se réformer.
Pour y accéder, il faudra penser ce que sont des vérités, non pas démontrées, mais décantées à partir de la vie même ; ou comment, de l'expérience accumulée, on peut à nouveau essayer ; ou comment la lucidité est ce savoir négatif (de l'effectif) qui nous vient malgré nous, mais qu'on peut assumer ; ou comment la vie peut ouvrir, non sur une conversion, mais sur une vie dégagée.
Ou comment un second amour, fondé, non plus sur la possession, mais sur l'infini de l'intime, peut débuter.
Puis-je, non plus répéter ma vie, mais la reprendre, et commencer véritablement d'exister ?
F.J. -
Altérités ; de l'altérité personnelle à l'altérité culturelle
François Jullien
- Gallimard
- Folio essais
- 11 Mars 2021
- 9782072901478
"Comment empêcher que la présence, en s'instaurant, s'installe ? Qu'elle s'enlise de ce qu'elle se réalise et s'abîme dans la durée ? Les Amants en sont menacés.
Je proposerai de penser cet "être près" de la présence, non pas dans les termes de l'"être", donc de la détermination ; mais dans les termes de l'entre laissant passer indéfiniment l'intime entre des sujets respectant leur altérité.
De sorte que la présence ne sombre pas dans la fatalité de l'être-là qui, s'étalant dans son "là", se désactive et désapparaît.
N'est-ce pas ce qui d'abord importe pour vivre à deux, se tenant "hors de soi", et véritablement exister ?
Or n'en va-t-il pas de même touchant l'altérité qu'on dit culturelle ?
Une mission aux confins du Vietnam - des flancs de Sapa aux bras du Mékong - m'a conduit à reconsidérer du plus loin ce qui nous occupe aujourd'hui de si près ; ainsi qu'à sonder, dans le sort de minorités brutalement exposées à la mondialisation, la déculturation planétaire qui menace.
Ou comment articuler dans les termes à la fois de l'entre et de l'autre ce qui paraît s'opposer : le local et le global, la connivence et la connaissance, l'entretien du Divers et la promotion d'un universel, mais qui ne soit pas universaliste ?"
F. J. -
Les transformations silencieuses Tome 1; chantiers
François Jullien
- Grasset
- essai français
- 18 Mars 2009
- 9782246754299
« Grandir, vieillir ; mais également l'indifférence qui se creuse, jour après jour, entre les anciens amants, sans même qu'ils s'en aperçoivent ; comme aussi les Révolutions se renversant, sans crier gare, en privilèges, ou bien le réchauffement de la planète : autant de modifications qui ne cessent de se produire ouvertement devant nous, mais si continûment et de façon globale, de sorte qu'on ne les perçoit pas. Mais on en constate soudain le résultat - qui nous revient en plein visage. Or si cette transformation continue nous échappe, c'est sans doute que l'outil de la philosophie grecque, pensant en termes de formes déterminées, échouait à capter cette indétermination de la transition. De là l'intérêt à passer par la pensée chinoise pour prêter attention à ce même : celui de « transformations silencieuses » qui, sous le sonore de l'événement, rendent compte de la fluidité de la vie et éclairent les maturations de l'Histoire tout autant que de la Nature. De notion descriptive, on pourra alors en faire un concept de la conduite, stratégique comme aussi politique: face à la pensée du but et du plan, qui a tant obsédé l'Occident, s'y découvre l'art d'infléchir les situations sans alerter, d'autant plus efficace qu'il est discret. » François Jullien
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Entrer dans une pensée ou des possibles de l'esprit ; l'écart et l'entre
François Jullien
- Gallimard
- Folio essais
- 12 Avril 2018
- 9782072792274
Comment entrer dans une pensée aussi extérieure à la nôtre que la chinoise? En présenter des notions ou y distinguer des écoles nous laisse toujours dépendant de nos perspectives implicites et de nos concepts. On n'a pas encore quitté sa pensée ni pu entrer dans l'autre.
François Jullien propose de lire les premiers mots du Yi-king sur le commencement. De les lire du dedans : dans leur énoncé et dans leur commentaire. S'érige alors progressivement un seuil qui fait entrer. Et surgit alors une tâche immense : concevoir une histoire de l'avènement de l'esprit qui ne relève plus de la seule Europe.
Une réflexion qui se prolonge dans L'écart et l'entre : comment s'ouvrir un chemin vers l'Autre ? Ce n'est pas à partir du semblable, comme on voudrait le croire, mais bien en faisant travailler des écarts, et donc en activant de l'entre, qu'on peut déployer une altérité qui fasse advenir du commun.
Qu'on s'en souvienne aujourd'hui où le danger d'assimilation, par temps de mondialisation, partout menace. -
La transparence du matin
François Jullien
- Éditions de l'Observatoire
- Essais
- 25 Janvier 2023
- 9791032927144
Dans son choix grec, la philosophie a pensé la vie, mais non pas vivre ; et le religieux, qui prenait en charge la question du vivre, est aujourd'hui en retrait. De là que vivre soit laissé en friche, abandonné au prêche ou bien au truisme ; et que prospèrent le Développement Personnel et le marché du Bonheur vendant vivre comme du "tout positif". Or vivre est paradoxal, s'étendant du vital au vivant. Il est à la fois la condition de toutes les conditions : être en vie ; et l'aspiration de toutes nos aspirations : vivre enfin ! Nous sommes en vie, mais nous n'accédons pas pour autant à vivre. Car la vie d'elle-même rabat la vie. De là que nous puissions être nostalgiques de la vie au sein même de la vie - ou que "la vraie vie est absente". Or, c'est à travers cette inanité même de "la vie" que nous pourrons voir transparaître à l'envers l'inouï de vivre débordant le déjà vécu et l'ouvrant à de l'"in-vécu", quitte à s'y heurter à de l'Invivable ; et, puisque vivre n'est, au fond, qu'ouvrir des possibles, nous pourrons alors rouvrir des possibles dans nos vies, au lieu de les laisser s'étioler. Car répéter qu'il faut "cueillir le jour", "profiter de la vie", n'a pas prise sur la vie. Traçons donc plutôt, pour nous y repérer, une carte de ces possibles intensifs entre lesquels décider vivre. Vivre y reparaît alors dans sa ressource, dans son essor, dans son "matin", dégagé de ce qui l'enlisait, au fil des jours, et l'emmurait. Telle est la "transparence du matin", en amont de tous les enseignements de la morale.
F. J. -
Dé-coïncidence ; d'où viennent l'art et l'existence
François Jullien
- Grasset
- essai français
- 13 Septembre 2017
- 9782246814375
On voudrait croire que, quand les choses en viennent enfin à s'accorder, c'est là le bonheur...
Or, c'est précisément quand les choses se recoupent complètement et coïncident que cette adéquation, en se stabilisant, se stérilise.
La coïncidence est la mort. C'est par dé-coïncidence qu'advient l'essor.
Dieu lui-même dé-coïncide d'avec soi, en mourant sur la Croix, pour promouvoir la vie vivante. Dans la faille de la dé-coïncidence une initiative est à nouveau possible se déployant en liberté.
Or, comme l'Âge classique a fait de l'adéquation la définition même de la vérité, ou de la coïncidence avec la Nature le grand précepte de l'art comme de la morale, il est revenu à la modernité de rompre avec ce confort de la pensée.
François Jullien fait jouer ici le concept de « dé-coïncidence » dans la Bible, la peinture, la littérature, la philosophie, pour montrer comment il est à la source de l'art et de l'existence. -
"Passer par la Chine est pour moi un moyen, un levier pour questionner. Au fond si j'ai appris le chinois c'est pour mieux lire le grec". Ainsi François Jullien interroge-t-il notre manière occidentale de penser. Qu'est-ce donc que l'efficacité ? Est-ce le mouvement volontariste qui porte au but recherché ? Ou au contraire, plutôt que de chercher à se pousser, selon la pensée occidentale, est-ce se laisser pousser selon la méthode chinoise ? Ici, deux visions s'opposent : ce que nous découvrons en Chine, c'est une conception de l'efficacité qui apprend à laisser advenir l'effet. Un traité qui questionne notre monde.
-
"Vivre nous tend entre l'un et l'autre : il dit à la fois l'élémentaire de notre condition - être en vie - et l'absolu de notre aspiration : "Vivre enfin !" Car que pourrions-nous désirer d'autre que vivre ?
Vivre est en quoi nous nous trouvons toujours déjà engagés en même temps que nous ne parvenons jamais - pleinement - à y accéder.
Aussi la tentation de la philosophie, depuis les Grecs, a-t-elle été de le dédoubler : d'opposer au vivre répétitif, cantonné au biologique, ce qu'on appellera, le projetant dans l'Être, la "vraie vie".
Refusant ce report et circulant entre pensée extrême-orientale et philosophie, j'envisagerai ici quels concepts peuvent faire entrer dans une philosophie du vivre : le moment, l'essor opposé à l'étalement, l'entre et l'ambiguïté ; ou ce que j'appellerai enfin, prenant l'expression en Chine, la "transparence du matin".
Je me demanderai, plus généralement, comment chaque concept, pour se saisir du vivre, doit s'ouvrir à son opposé. Car comment s'élever à l'ici et maintenant sans se laisser absorber dans cet immédiat, ni non plus le délaisser ?
Ce qui impliquera de développer une stratégie du vivre en lieu et place de la morale.
Le risque est sinon d'abandonner ce vivre aux truismes de la sagesse ; ou bien au grand marché du développement personnel comme au bazar de l'exotisme. Car cet entre-deux, entre santé et spiritualité, la philosophie ne l'a-t-elle pas - hélas ! - imprudemment laissé en friche ?"
François Jullien. -
Denise s'est entichée de Paul, le narrateur. C'en était gênant au début. Alors, malgré ses habitudes volontiers casanières, il n'a pas refusé. Ensemble, ils ont passé un an dans son appartement parisien, une année de routine sans tellement se divertir. Lui, le matin, se rend à son bureau quand elle ne sort pas, car Denise est un chien, de bonne taille, un bouvier bernois, une femelle, ancienne élève de l'école des chiens d'aveugle, un cancre recalé pour sa couardise urbaine. Jeune de quatre ans, elle avait de faux airs de Bakounine.
Entre eux, l'ordinaire des sempiternelles vadrouilles urbaines se limite à trois sorties quotidiennes dans une géographie relevant plus du pâté que du quartier, un pâté autour duquel ils tournent ensemble, sans varier, des flâneries au carré. Elle s'en contente, en bête, la langue souriante, le croupion au roulis, ses cuissots qui ressemblent tellement aux contours de l'Afrique. Un an de la sorte, Paul s'en fait une peine, tellement que, pour quatre jours, lui et la chienne s'offrent une escapade. Denise au Ventoux.
Mais que s'est-il passé à la descente entre Denise et son maître sur les gradins du grand Ventoux?? Subitement les voici face à face, comme jamais, rassemblés dans une calme éternité. -
Le débat de l'identité culturelle traverse l'Europe entière ; il concerne, plus généralement, le rapport des cultures entre elles en régime de mondialisation. Or on se trompe ici de concepts : il ne peut être question de « différences », isolant les cultures, mais d'écarts maintenant en regard et promouvant entre eux du commun ; ni non plus d'« identité », puisque le propre de la culture est de muter et de se transformer, mais de fécondités ou ce que j'appellerai des ressources. L'auteur ne défend donc pas une identité culturelle française impossible à identifier, mais des ressources culturelles françaises (européennes) - « défendre » signifiant alors non pas tant les protéger que les exploiter. Car s'il est entendu que de telles ressources naissent en un milieu et dans un paysage, elles sont ensuite disponibles à tous et n'appartiennent pas. Elles ne sont pas exclusives, comme le sont des « valeurs » ; elles ne se prônent pas, ne se « prêchent » pas, mais on les déploie ou l'on ne les déploie pas, et de cela chacun est responsable. Un tel déplacement conceptuel obligeait, en amont, à redéfinir ces trois termes rivaux : l'universel, l'uniforme, le commun, pour les sortir de leur équivoque. En aval, à repenser le « dialogue » des cultures : dia de l'écart et du cheminement ; logos du commun de l'intelligible.
À se tromper de concepts, on s'enlisera dans un faux débat, donc qui d'avance est sans issue.
-
Procès ou création ; une introduction à la pensée des lettrés chinois
François Jullien
- Seuil
- Des Travaux
- 25 Août 2013
- 9782021140545
Que toute réalité soit conçue comme processus en cours relevant d'un rapport d'interaction; que tout réel ne soit donc jamais analysable comme entité individuelle mais comme relation; qu'il y ait par conséquent à l'origine de tout phénomène non pas une mais toujours deux instances fonctionnant corrélativement (yin/yang, terre/ciel, paysage/émotion...) : c'est là une représentation de base de la culture chinoise, dont la lecture de Wang Fuzhi (1619-1692) permet ici de saisir les enjeux. Soit une régulation ininterrompue du cours (du monde comme de la conscience), un va-et-vient du visible et de l'invisible dans une essentielle corrélation, une affirmation des valeurs qui, inscrite dans l'ordre de la nature, ne débouche sur aucune rupture dualiste ni sur aucun "être" métaphysique.
La lecture de François Jullien se veut problématique en ce qu'elle propose entre "procès" et "création" (telle que l'entend l'occident) une alternative qui permet de percevoir le pli particulier pris par tout un contexte de civilisation, assimilé comme une évidence, et qui lui sert de forme (inconsciente) de rationnalité. Manière, aussi bien, de redécouvrir les partis pris enfouis dans notre propore cogito.
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L'Europe est en malaise de ne plus savoir que faire, aujourd'hui, du christianisme.
Or, si nous évitons la question du christianisme, c'est, je crois, que le clivage entre « celui qui croyait au ciel » et « celui qui n'y croyait pas » n'est plus pertinent.
Aussi aborderai-je le christianisme à titre de ressources. Celles-ci sont, disponibles, à qui les explore et les exploite. -
L'invention de l'idéal et le destin de l'Europe
François Jullien
- Gallimard
- Folio essais
- 17 Mai 2017
- 9782072724176
Idéal est un mot d'Europe : il s'y retrouve d'une langue à l'autre, seule diffère la façon de le prononcer.
Il n'est pas banal d'avoir isolé dans la vie de l'esprit cette représentation unitaire, séparée de l'affectif, qu'on appelle «idé -
L'incommensurable : un concept peut-il changer notre vie ?
François Jullien
- Éditions de l'Observatoire
- Essais
- 5 Janvier 2022
- 9791032919835
A-t-on encore besoin de l'idée de Dieu pour vivre pleinement ? Absolument pas, répond François Jullien. Car nous possédons un nouveau concept : l'incommensurable. Avec L'Incommensurable, François Jullien clôt son cycle d'essais à l'Observatoire, commencé par De la vraie vie, puis poursuivi par Ce point obscur et Moïse ou la Chine. Le grand philosophe tâche ici de définir une alternative moderne à l'idée de Dieu, grâce à un nouveau concept qu'il nomme l'incommensurable. Car si en Occident c'est Dieu qui a longtemps contenu cet incommensurable, il est sans doute temps de ne plus se le dissimuler. Il se pourrait bien que, dans le vertige qu'il provoque en nous, apparaissent de nouvelles traces de la vérité. Il se pourrait bien que ce nouveau concept - l'incommensurable - puisse changer la vie.
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Quelque part en Amérique du Sud, un pèlerinage en terrain équatorial. Chacun a son voeu, griffonné sur un bout de papier, et va cheminer sur des kilomètres jusqu'au terme de la procession où se campe une madone miraculeuse. Ils sont des milliers. La longue route de dévotion est parcourue d'une corde que l'on doit tenir d'une main sans jamais lâcher. Tomber, perdre la corde, s'en dessaisir ne serait-ce qu'une fraction de seconde, c'est voir son voeu brisé, remis d'un an. Deux étudiantes, Andrea et sa soeur Ezia, vont se mêler au ruban des pèlerins, prendre la corde, être des grandes bousculades. L'écriture baroque et intense de Michel Jullien nous porte, par une suite de plans larges et rapprochés, au coeur même de cette procession, dont il s'inspire librement, dans une espèce d'exotisme à rebours où se mélangent l'humour et la brutalité, l'outrance des foules et la tendresse qu'il nourrit pour ses deux personnages.
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Mai 1945, les troupes soviétiques hissent le drapeau rouge sur le toit du Reichstag, à Berlin. Trois années passent et partout dans les rues de Leningrad traînent des vétérans, héros déchus, patriotes aux bravoures affadies, des «?rabroués de l'armée?», une jeunesse physiquement injuriée qui ternit les lendemains de la victoire. Une partie de ces parasites sera reléguée à Valaam, une île de Carélie perdue sur le plus grand des lacs d'Europe. Le livre s'ouvre sur un travelling de la petite communauté insulaire avant de se fixer sur deux protagonistes, Kotik et Piotr, amis comme cochons. Tout les rapproche, les dates, leur âge, leurs médailles et blessures, l'élan soviétique, leur jeunesse avortée, leur pension de vétérans, la vodka, mais plus encore. Confinés sur l'île, les deux compères vouent un culte à Natalia Mekline, une aviatrice (1922-2005), une héroïne inaccessible et soeur. Ils connaissent ses bravoures, ils possèdent d'elle une photographie qu'ils déplient chaque soir?; un rituel. Après quatre ans de proscription sur l'île de Valaam, Kotik et Piotr nourrissent le projet de quitter la colonie, de traverser le lac pour aller lui rendre hommage. Leur équipée est prête, les voilà partis...