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Pascale Robert Diard
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" Je veux être défendue par une femme ", a dit Lisa en se présentant à Alice Keridreux. Un face-à-face commence. Ni l'une, ni l'autre ne savent jusqu'où il va les mener.
Lisa a quinze ans.
C'est une adolescente en vrac, à la spontanéité déroutante. Elle a eu des seins avant les autres filles. Des seins qui excitent les garçons. Mais Lisa change et devient sombre. Elle est souvent au bord des larmes. Ses professeurs s'en inquiètent. Acculée, elle finit par avouer : un homme a abusé d'elle, plusieurs fois.
Les soupçons se portent sur Marco, un ouvrier venu faire des travaux chez ses parents. Marco n'a jamais été longtemps avec une femme, il a essayé les hommes, il boit trop. Il écrit des lettres rageuses pour sa défense, pleines de points d'exclamation. En première instance, sans hésitation, il est condamné à dix ans de prison.
Alice est avocate.
Après avoir furtivement assisté au procès de Marco, où Lise était défendue par un ténor parisien choisi par les parents de Lisa, Alice est surprise de recevoir la visite de la jeune femme. Alice est une avocate de province discrète, mère de deux grands enfants qu'elle a élevée seule.
Mais désormais majeure, Lisa l'a choisie pour le procès en appel, parce qu'elle " préfère être défendue par une femme ". Alice reprend le dossier de manière méthodique et découvre la vérité. Alors commence pour l'avocate le procès le plus périlleux de sa carrière : défendre une victime qui a menti.
Une construction en miroir.
Ce roman est une mécanique de précision, où l'histoire est déroulée à l'endroit, puis revisitée à l'envers avant d'être éclairée par de nouveaux éléments à l'audience. La vérité n'est jamais celle que l'on imagine et il faut toujours se méfier de notre intime conviction.
A l'ère de " Me too ", Pacale Robert-Diard raconte l'histoire une femme qui ment. Quand toutes les institutions sont décriées pour leur indifférence, elle montre des adultes remplis de bonnes intentions. Et alors que la littérature abonde en pénalistes retors ou flamboyants, " Les bonnes intentions " raconte la manière dont une avocate de province exerce avec finesse un métier vertigineux.
Le style Robert-Diard
C'est une des grandes plumes du " Monde ", sensible, vibrante, avec le sens du détail juste. Comme Colette, Pascale Robert-Diard écrit comme personne avec les mots de tout le monde. Depuis vingt ans, cette grande journaliste tient la chronique judiciaire et a couvert des centaines de procès.
Après un premier récit remarqué, " La déposition ", inspiré d'une affaire vraie, elle signe là une pure fiction, nourrie des interrogations qui l'habitent. Son livre rejoint la lignée prestigieuse des romans judiciaires, dans le sillage de " Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur " de Harper Lee, " Crime(s) " de Ferdinand von Schirach ou " Cour d'assises " de Georges Simenon. -
" Quand Guillaume Agnelet a quitté la barre, j'ai baissé la tête, je tremblais. Sur mon carnet j'ai griffonné mise à mort d'un homme. Deux jours après la déposition du fils, la cour d'assises a déclaré son père, Maurice Agnelet, 76 ans, coupable de l'assassinat de sa maîtresse et l'a condamné à vingt ans de réclusion criminelle. L'affaire avait trouvé son épilogue judiciaire. Mais une autre histoire était venue la culbuter, tout aussi dense et douloureuse. Elle se passait juste à côté, elle avait duré presque aussi longtemps et on n'en avait rien su, rien deviné. J'avais la scène sans les coulisses. La lumière, sans les ombres. J'ai voulu comprendre. "
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En septembre 1967, Gabrielle Russier fait sa rentrée au lycée Nord de Marseille. Jeune mère divorcée, elle enseigne le français, porte les cheveux courts, fume des gauloises. Quelques mois plus tard, Gabrielle et l'un de ses élèves, Christian, tombent amoureux. C'est le début d'une passion hors la loi. À l'heure où Mai 68 proclame l'amour libre, Gabrielle Russier est poursuivie pour détournement de mineur et incarcérée.
" Je ne te quitterai pas. Même si ces barreaux, ces murs, nous séparent. Même si la mort nous séparait. "
Gabrielle Russier se suicide avant son procès en appel. L'affaire déchire la France. Interpellé à ce
sujet lors d'une conférence de presse, le président Pompidou cite un poème de Paul Éluard, " Comprenne qui voudra "... -
Jours de crimes
Pascale Robert-Diard, ?Stephane ? Durand-Souffland
- Iconoclaste
- 17 Janvier 2018
- 9782378800086
" "Celui-là, je vais le tuer.'
L'accusé est un homme - plus rarement une femme - qui, un beau jour, s'est dit que la seule chose à faire pour rendre sa vie
meilleure était d'en supprimer une autre. Peu à peu, l'idée du crime s'est imposée, un
scénario s'est élaboré, la main s'est armée. "
Ici, tout est vrai. Les mots d'une fillette face à l'homme qui a tué sa mère, les confessions d'un fou, le vertige d'un aveu. On voit Guy Georges, Yvan Colonna, les
innocents d'Outreau, des juges, des avocats, des jurés. La gouaille des
voyous se mêle à la verve des grands
du barreau. On pleure et on rit, on éprouve de la colère ou de la tendresse, on est devant le nu de la vie. Car aux assises, la justice décape, même ceux qui n'ont rien à cacher. -
Le procès Carlton
Pascale Robert-Diard, François Boucq
- Lombard
- Hors Collection Le Lombard
- 3 Juillet 2015
- 9782803652648
«La sexualite releve de la sphere privee. Ni le procureur ni le juge n'ont le droit de s'eriger en gardien de l'ordre moral. [...] Nous travaillons avec le code penal, pas avec le code moral». Avec ces propos simples mais percutants, le procureur Frederic Fevre demonte, en quelques instants, le fragile echafaudage d'accusations accumulees contre l'ancien patron du FMI. Dominique Strauss-Kahn a faute, sans doute. Mais pas en regard de la loi.
C'est un proces presque surrealiste, aux airs de telefilm americain, qui se
tenait a Lille au debut de cette annee 2015. La conclusion de trois ans d'en- quete, d'acharnement mediatique, de revelations choquantes...
Les croquis de Francois Boucq decrivent, en quelques traits, l'apathie d'un Dominique Strauss-Kahn epuise par le deluge de scandales qui deferle depuis quelques temps sur ses epaules... Ou bien la levre pleine de Dodo la Saumure, maquignon sur de son droit qui bavarde avec insouciance avec le juge, en homme habitue des tribunaux. Des dessins realistes, mais qui se permettent aussi d'outrer certains traits. Comme le dit Francois Boucq « rendre excessifs certains aspects des personnages permet d'affirmer son
point de vue, de dire : moi, je choisis cet angle parce que je vois les personnages ainsi. Je ne suis pas neutre. J'assume ma position. »
Observatrice silencieuse mais a la plume efficace, la journaliste Pascale Robert-Diard, chroniqueuse au journal Le Monde, fut le temoin privilegie de cette saga judiciaire aux allures de huis clos. Elle livre ici, sans jugement, mais sans concession non plus, un compte rendu presque clinique du proces. Un recit que vient appuyer le talent de Francois Boucq a travers des dessins extremement expressifs et eloquents, donnant corps a des protagonistes que la presse a longtemps eu tendance a deshumaniser.