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«Je suis une mouette. Non, ce n'est pas ça... Vous vous souvenez, vous avez tiré une mouette ? Survient un homme, il la voit, et, pour passer le temps, il la détruit... Un sujet de petite nouvelle... Ce n'est pas ça... (Elle se passe la main sur le front.) De quoi est-ce que je ?... Je parle de la scène. Maintenant, je ne suis déjà plus... Je suis déjà une véritable actrice, je joue avec bonheur, avec exaltation, la scène m'enivre et je me sens éblouissante. Et maintenant, depuis que je suis ici, je sors tout le temps marcher, je marche et je réfléchis, je réfléchis et je sens que, de jour en jour, mes forces spirituelles grandissent...» Le motif de la pièce tout entière est contenu dans cette réplique de Nina : comme le soulignent les traducteurs, ce qui domine là, c'est «l'illusion, la déception, l'essor, la désillusion, le fait d'être tourné vers le futur et d'attendre l'irréel, ou de regarder vers le passé et d'attendre que ce passé découvre un espoir d'y voir ce qui n'y était pas, une réconciliation possible».
C'est la version originale de la pièce, plus longue, écrite en 1895, qui est donnée ici. En annexe, la version académique, stanislavskienne, toujours jouée depuis 1896.
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A son retour de Paris, Lioubov Andreevna doit se rendre à l'évidence et, "ne serait-ce qu'une fois dans sa vie, regarder la vérité en face". Il lui faut vendre son domaine et, avec lui, la cerisaie qui en fait le raffinement et la beauté.
La Cerisaie offre un tableau de l'aristocratie russe de la fin du XIXe siècle, vieillissante et inadaptée au monde moderne des marchands. Avec son écriture légère, son style enlevé - dont la nouvelle traduction d'André Markowicz et Françoise Morvan rend toute la saveur et le naturel -, c'est à la fois une partition théâtrale et une petite musique bouffonne, tragique, qu'a composées Tchekhov. Par cette oeuvre incisive, Lopakhine le parvenu, Trofimov l'éternel étudiant sont devenus de véritables types de la littérature russe et du théâtre européen.
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Le vieux professeur Sérébriakov est venu se retirer à la campagne, dans la maison de sa première épouse. Cette arrivée perturbe la vie paisible de Sonia, la fille du professeur, et d'oncle Vania, qui à eux deux exploitent tant bien que mal le domaine. D'autant que l'attention des proches, y compris celle de Vania, se cristallise bientôt sur Eléna, la seconde et très désirable épouse.
Dans ce drame, la capacité de Tchekhov à reproduire des atmosphères, sa langue même signalent l'essentiel : que la beauté vient de la simplicité et que les personnages puisent dans le quotidien, même trivial et résigné, le sens de leur existence.
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Recluses dans leur maison familiale, Olga, Macha et Irina n'ont qu'un rêve : retourner à Moscou. La présence d'une batterie et de ses officiers dans leur petite ville de province change, pour un temps, le cours de leur vie : Macha, victime d'un mariage précoce, s'amourache du commandant, Olga trouve un regain d'énergie et Irina se fiance à un lieutenant. Mais bientôt, avec le départ des troupes et la mort en duel du fiancé d'Irina, la solitude revient, d'autant plus pesante qu'elle est dépouillée d'illusions. Et, de surcroît, la maison a été hypothéquée, à l'insu des trois soeurs.
Le drame de Tchekhov apparaît comme l'emblème d'une Russie au bord du gouffre dans une fin de siècle en proie à une immense détresse.
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La toute première pièce de Tchekhov (1860-1904), écrite autour de 1878, jamais jouée de son vivant, est ici présentée dans sa version intégrale, pour la première fois traduite en français par André Markowicz et Françoise Morvan, et leur a valu de recevoir en 2006 le Molière de la meilleure adaptation.
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En 1887, Tchekhov écrit sa première grande pièce, Ivanov, qui reprend les thèmes du Platonov de son adolescence. C'est une pièce violente, qu'il achève en deux semaines. Cet emportement se retrouve dans la crudité étonnante du style et dans la progression dramatique inéluctable qui se clôt sur la scène de la noce, presque insoutenable. La pièce provoque un esclandre qui laisse Tchekhov persuadé de n'avoir pas su se faire comprendre.
En 1889, effaçant les côtés comiques et modifiant le dénouement jugé trop étrange, il en donne une version assagie qui est jouée avec un grand succès. Cette seconde version sera la seule traduite, et même la seule répertoriée en France.
Nous publions ici, pour la première fois, l'Ivanov initial, brutal, novateur, et sa version académique, comme deux étapes passionnantes d'une réflexion sur la dramaturgie qui serait aussi la meilleure des introductions au travail de Tchekhov.
Traduction d'André Markowicz et Françoise Morvan.
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de même que tchekhov est l'auteur de nouvelles qui sont devenues les modèles du genre, il a composé des "petites" pièces qui, étudiées par tous les élèves des conservatoires et écoles de théâtre, sont parmi les plus grandes du répertoire mondial.
il les a écrites pour la plupart en 1888 et 1889, soit entre la première et la deuxième version d'lvanov, au moment où il s'interrogeait avec le plus d'acuité sur le théâtre. exemples de finesse et de légèreté, ces courtes pièces sont souvent des transpositions de nouvelles d'une densité particulière, comme dans le cas de sur la grand-route (1884), "étude dramatique" qui est un véritable chef-d'oeuvre.
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Lorsque pour la première fois, en 1995, nous avons traduit L'Homme des bois, nous avons ressenti une grande tendresse pour cette pièce généralement considérée comme le brouillon d'Oncle Vania, ou plutôt comme une version manquée dont le seul intérêt était d'éclairer la genèse d'un chef-d'oeuvre.
Par la suite, travaillant avec des metteurs en scène qui partageaient notre prédilection, nous avons découvert que la première version de L'Homme des bois, telle que Tchekhov l'avait initialement pensée, n'avait jamais été traduite, ni même, du reste, publiée en Russie. Or, nous avons eu l'impression de voir émerger une nouvelle pièce en la traduisant. Ce sont donc deux versions de L'Homme des bois que nous donnons ici pour terminer notre traduction du théâtre complet d'Anton Tchekhov (1860-1904). Il l'écrivit en 1889, dans la période la plus heureuse de sa vie, en référence à la Russie légendaire, comme un monde d'enfance à la fois rassurant et angoissant.
Traduction du russe André Markowicz et Françoise Morvan. Edition revue et augmentée.
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Après deux ans d'absence, un comte alcoolique et déchu revient au village où il retrouve son ami, un juge d'instruction cynique et débauché. Tous deux s'éprennent d'une jeune fille en rouge rencontrée dans la forêt.
Récit d'une perdition qui préfigure celle de la Russie, réflexion sur l'écriture et sur le mal, cet unique roman policier de Tchekhov, publié en feuilleton entre 1884 et 1885, était jusqu'à présent tout à fait introuvable en France.
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Chroniques d'une fin d'après-midi : fragments
Anton Tchekhov
- ACTES SUD-PAPIERS
- 18 Juin 1992
- 9782869431522
Il s'agit bien d'une fin d'après-midi... Et d'une fin d'après-midi d'été. Mais d'une fin d'après-midi en Russie, au XIXe siècle. Il s'agit aussi de chroniques... fragments de l'oeuvre d'Anton Tchekhov : quelques scènes de plein air du Duel (sa plus longue nouvelle), de La Mouette et de La Cerisaie. Quant au décor - le Cloître du Palais Vieux - le lieu tel qu'il est, aussi réel et naturel que le sera la lumière... celle d'une fin d'après-midi d'été. Dans ce décor, lieu solitaire et abandonné d'une campagne lointaine, un groupe (la famille, les amis) vient, comme dans Le Duel, pique-niquer au crépuscule...
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Platonov ; le fléau de l'absence de pères
Anton Tchekhov
- ACTES SUD
- Babel
- 18 Novembre 2003
- 9782742746026
" La vie réelle de Tchekhov [...] montre quelle force de caractère le tenait ferme face à cette Russie décadente, cette Russie minée par le dégoût d'elle-même, peuplée d'êtres falots toujours entre les larmes et le rire d'auto-attendrissement. Etant moi-même - par ma mère et aussi par le milieu où s'est passée mon enfance - issu directement des restes de cette Russie en dérive, je crois pouvoir, à l'occasion de la transcription de cette pièce nommée un peu trop sommairement Platonov, témoigner de la vraie " couleur " du climat très spécial qui baigne les pièces aussi bien que les nouvelles d'Anton Tchekhov. Car, en décryptant son théâtre, jamais nous ne devons oublier que, grâce à l'écriture foisonnante de ses nouvelles, les personnages peuplant les pièces de Tchekhov entrent en scène pour ainsi dire déjà chargés. Dès qu'ils apparaissent, on sent qu'ils ont pas mal vécu avant - ce qui les rend d'une simplicité fragile, et donc d'une mortalité, je dirais familière, que jusqu'à Tchekhov le théâtre n'avait encore jamais connue. " (Extrait de la préface de Rezvani)
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Trois soeurs et un frère comme en exil dans un trou perdu, installés dans le rêve d'un retour à Moscou "paradis perdu". Une activité vaine et fébrile est substituée à "l'action" qui pourrait répondre à leurs aspirations.
9 hommes, 5 femmes / 2 h -
"Je suis une mouette. Non, ce n'est pas ça... Vous vous souvenez, vous avez tiré une mouette ? Survient un homme, il la voit, et, pour passer le temps, il la détruit... Un sujet de petite nouvelle... Ce n'est pas ça... (Elle se passe la main sur le front.) De quoi est-ce que je ?... Je parle de la scène. Maintenant, je ne suis déjà plus... Je suis déjà une véritable actrice, je joue avec bonheur, avec exaltation, la scène m'enivre et je me sens éblouissante. Et maintenant, depuis que je suis ici, je sors tout le temps marcher, je marche et je réfléchis, je réfléchis et je sens que, de jour en jour, mes forces spirituelles grandissent..." Le motif de la pièce tout entière est contenu dans cette réplique de Nina : comme le soulignent les traducteurs, ce qui domine là, c'est "l'illusion, la déception, l'essor, la désillusion, le fait d'être tourné vers le futur et d'attendre l'irréel, ou de regarder vers le passé et d'attendre que ce passé découvre un espoir d'y voir ce qui n'y était pas, une réconciliation possible".
C'est la version originale de la pièce, plus longue, écrite en 1895, qui est donnée ici. En annexe, la version académique, stanislavskienne, toujours jouée depuis 1896. -