L'évolution de la justice, de l'Ancien Régime à nos jours, est le plus souvent présentée comme un processus de rationalisation, homogène et global, qui s'imposerait progressivement aux Français: l'Etat aurait monopolisé à son profit la violence, élargi son domaine d'intervention, reculé sans cesse les limites entre le privé et le public, et discipliné la population par des mécanismes d'obéissance. Cette vision, quant au fond inexacte, fait de l'Etat l'acteur principal. Or les modes de fonctionnement de la justice, depuis le XVIe siècle, s'expliquent d'abord par les demandes des justiciables. En outre, malgré l'apparent bouleversement de la Révolution, les continuités l'emportent sur les ruptures. S'il est une rupture essentielle, elle s'est produite à la fin du Moyen Age, avec l'affirmation de la justice de l'Etat, l'adoption de la procédure inquisitoire dans la justice pénale et du système des preuves dites " rationnelles ". Ces nouveautés créent la justice moderne; tout en évoluant, elles dominent jusqu'à l'époque contemporaine. Voilà qui offre à l'historien la possibilité de rendre compte de la " judiciarisation ", c'est-à-dire d'écrire une histoire à la fois de l'institution, des normes mais aussi des pratiques. En d'autres termes, une histoire sociale de la justice, de l'Ancien Régime à nos jours.
On peut mourir par amour, mais on peut aussi tuer. Comment expliquer ce type bien particulier de criminalité ? Le criminel passionnel est hors normes : il peut aussi bien être le fait d'un homme que d'une femme, d'un jeune que d'un vieux, d'un pauvre que d'un riche. Il ne trouve pas son explication dans les catégories et les différences sociales. C'est bien un crime à part.
L'ouvrage embrasse la longue durée, du Moyen Âge à l'époque contemporaine, en insistant sur le fait que de nos jours encore, le crime passionnel n'a pas d'existence juridique. Il formule surtout une thèse inattendue : ce que nous appelons « crime passionnel » n'a peut-être jamais existé. Ces histoires sanglantes trouvent leur source le plus souvent dans la soif de vengeance ou l'honneur bafoué.
Pourtant, le crime passionnel montre une hausse spectaculaire dans les dernières décennies. Comment l'expliquer ? L'auteur y voit la manifestation d'un ego blessé, et d'autant plus blessé qu'il est exalté ; il y voit aussi le signe d'un repli asphyxiant de la cellule familiale sur elle-même.
Hiérarchies sociales, mondes des campagnes et des villes, religions et croyances, déviances exutoires et révoltes, démographie, hiérarchie des apparences et des manières de vivre : pour chacun de ces thèmes, l'auteur offre une introduction à l'étude de la France de l'Ancien Régime.
Depuis des siècles les juges se sont constitués en un véritable corps social doté de valeurs propres, de solidarités et de revendications. C'est de ce groupe professionnel dont il est question dans cet ouvrage, de la fin du Moyen-âge à nos jours, tant dans son organisation interne que dans ses rapports avec la société environnante.
5 titres qui proposent un « moment choisi » de l'Histoire de France ou du monde, en lien avec les programmes d'Histoire enseignés au collège et au lycée.
Le récit historique pose trois questions centrales mis en perspective par la structure de chaque ouvrage :
- Le récit des temps forts : le rapport à l'événement ;
- Les acteurs en présence des évènements : le rapport au témoin (procédure où s'élabore la connaissance historique, par exemple l'observation des témoins) ;
- Les enjeux et les débats : le régime de vérité de cette connaissance.
Abolie en 1981, la peine de mort a été appliquée en France pendant des siècles, provoquant toujours réflexions et controverses. Partisans de la peine capitale ou de son abolition, philosophes, juristes et hommes d'État ont débattu, apportant des arguments religieux, moraux, philosophique, politiques voire, très prosaïquement, pratiques.
Cet ouvrage présente, sur plus d'un millénaire, les grands textes, classiques ou inédits, qui abordent la peine de mort. Il reprend les âpres discussions qui se sont tenues depuis la Révolution, donnant la voix aux hommes et aux femmes qui y ont pris part, souvent avec passion. Chaque texte, présenté par un grand historien de la justice, est un morceau de bravoure et une source de réflexion sur l'une des grandes inflexions de notre histoire.
Présenter " justice et société aux XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles " implique de ne jamais se limiter à l'étude de la norme judiciaire, mais de toujours la mesurer à l'aune de la pratique sociale, ainsi que d'analyser en parallèle tous les modes de traitement de la criminalité, qu'ils soient situés au sein de la justice (pénale et civile) ou en dehors (infrajustice et parajustice).
Depuis trois décennies, ces thèmes ont été profondément renouvelés par les travaux des historiens. Il est ainsi devenu possible d'analyser les rapports entre justice et société dans la France moderne sous un éclairage très différent des descriptions traditionnelles.
Plus des quatre cinquièmes des habitants de la france d'ancien régime sont des ruraux.
Ce livre présente une synthèse des nombreuses recherches dont ils ont fait l'objet, en abordant successivement six thèmes : l'évolution démographique, les cadres de la vie, la diversité sociale, les productions, la consommation et la culture.
La première synthèse claire et précise des nombreux travaux historiques consacrés aux villes françaises pendant l'Ancien Régime.
Les Annales de Bourgogne sont une revue historique trimestrielle fondée en 1929. Elles constituent la revue scientifique de référence sur l'histoire de la Bourgogne, comprise dans le sens le plus large. Ce numéro comporte principalement trois articles, tous portant sur l'époque moderne : l'Evêque de Belley, Etienne Masson, un sculpteur dijonnais et les levées de cadavres à Dijon en 1720. S'y ajoutent des comptes-rendus d'ouvrages.
En 1658, plusieurs religieuses du couvent des Ursulines d'Auxonne se disent possédées par les démons. Les exorcismes effectués par les aumôniers restent d'abord secrets. Mais, en 1660, l'« épidémie diabolique » s'étend hors les murs et atteint les habitants de la ville.
Des exorcismes publics ont alors lieu dans l'église paroissiale.
Soupçonnées de sorcellerie, des femmes laïques sont condamnées au bannissement, tandis que deux d'entre elles sont massacrées par la population.
Benoît Garnot recherche les causes de ces possessions, en observe les symptômes, décrit leur traitement, puis examine les regards contradictoires portés de l'extérieur sur cet étrange épisode. Il décrypte les véritables raisons des actes et des déclarations des jeunes nonnes, et dégage leur signification réelle. Cet ouvrage se présente ainsi comme une « étude de psychologie historique », réalisée à l'occasion d'un événement exceptionnel qui a fourni des archives exceptionnelles.
Contrairement aux idées reçues, la liberté amoureuse est au XVIIIe siècle une réalité indéniable, même si l'on observe un durcissement de la législation autour de 1730. Les crimes d'amour, dont certains sont pourtant placés au plus haut sur l'échelle des comportements prohibés, ne sont pas poursuivis dans la quasi-totalité des cas. Cet ouvrage, qui s'appuie sur les archives judiciaires, mais aussi sur les dictionnaires, les Mémoires et les oeuvres littéraires, notamment celles des écrivains libertins, analyse les raisons de ce paradoxe: une norme juridique rigide et une pratique judiciaire laxiste. il montre aussi comment la société du XVIIIe siècle voyait l'amour à travers ses dangers supposés et ses manifestations. II décrit les amours encadrés dans le but de parvenir à des mariages convenables et observe les amours rebelles. II s'intéresse également aux amours illicites (adultère, concubinage, bigamie et polygamie), aux amours prohibés (masturbation, inceste, sodomie, bestialité), et enfin aux échecs de l'amour (séparations, amours brisés et couples maudits).
La place de l'histoire dans les San-Antonio n'a jamais été étudiée ; pourtant, leur auteur accorde à cette discipline le rôle d'un véritable hobby. En donnant à chacun de ses avatars comme un air de famille, les allusions ou références historiques tissent une trame, certes ténue, mais qui traverse l'ensemble de l'oeuvre. San-Antonio s'en sert pour illustrer ou caractériser d'un trait, des gens, des événements, des situations, des ambiances, des lieux mais aussi pour ébaucher, par touches dispersées, une conception pessimiste de l'histoire humaine.
Ses références sont observées ici sous quatre angles successifs : histoire désespérante, histoire revisitée par l'imagination, histoire de gens et histoire de choses. En donnant le plus souvent possible la parole à San-Antonio ou Bérurier, ce sujet sérieux est traité avec humour et légèreté. Les lecteurs de Frédéric Dard, artisan incomparable de la langue française, ne seront pas dépaysés !
Aux XVIIe et XVIIIe siècles, plus qu'aux siècles précédents, le pouvoir grandissant de l'État impose à la population des villes, puis des campagnes, des institutions judiciaires efficaces et structurées. Inventant la « police », s'appuyant sur des spectacles de supplices et un usage plus prononcé de l'incarcération, l'époque moderne voit s'affirmer la criminalisation de l'individu, ainsi encadré et contrôlé.
Fondée sur des sources journalistiques et judiciaires essentiellement françaises, une synthèse de la bigamie depuis l'Antiquité. Acte criminel ou faiblesse de l'esprit, la bigamie est attestée à toutes les époques et pose des problématiques sur les valeurs morales et les sensibilités, l'organisation sociale et l'administration. Elle interroge également la conception moderne du couple.
Brigand : terme désignant le membre d'une brigade, d'une troupe de soldats. C'est un sens plus péjoratif que nous lui attribuons aujourd'hui. Les pillages et attaques contre les civils, dont ces soldats étaient fréquemment les auteurs, y sont sans aucun doute pour quelque chose. Du célèbre Mandrin à la cybercriminalité, partez à la découverte de l'histoire du brigand, du XVIIe siècle à nos jours. Une synthèse historique nous donnant également à voir les évolutions du crime et de sa condamnation.
Lors de polémiques qu'il a menées, le plus souvent victorieusement, pour réhabiliter des accusés sans doute condamnés injustement (Calas, Sirven.) ou beaucoup trop sévèrement (La Barre), Voltaire a présenté de la justice du XVIIIe siècle, volontairement ou pas, une image inexacte, voire mensongère : : la justice pénale d'Ancien Régime est une monstruosité. À la suite de Voltaire, cette image semble admise. En effet, pendant les deux siècles suivants, les historiens n'ont pas contesté, ou rarement, cette vision et l'ont reprise sans vérification. La condamnation de la justice pénale d'Ancien Régime est devenue sous leur plume une évidence que nul n'aurait songé à contester. Rares sont ceux qui, à l'image de Tocqueville, donnent une vision exacte et nuancée du fonctionnement de la justice. Alors pourquoi Voltaire a-t-il présenté de cette justice un visage tellement différent de la réalité qu'on pourrait aller jusqu'à parler d'une imposture intellectuelle ?
Pour tenter de l'expliquer, l'auteur examine tour à tour les compétences juridiques de Voltaire, son faible et tardif intérêt pour les affaires judiciaires, ses opinions sur l'organisation de la procédure, puis sur les peines et enfin sur les magistrats. Voltaire peut-il être considéré comme un théoricien de la justice ?