1485-1603. En l'espace de trois générations, l'Angleterre passe du Moyen Âge flamboyant aux fastes de l'époque baroque, de la guerre des Deux-Roses à la construction d'un État. Dans cette saga familiale, on n'est jamais très loin du conte : on y croise Henri VII, le père fondateur, son fils Henri VIII alias Barbe-Bleue, le petit Édouard VI, la sulfureuse reine Marie, ou encore l'acariâtre Élisabeth. Tous ont illustré leur siècle, cet âge d'or de la culture anglaise qui nous éblouit encore ; ils ont affiché à la face du monde leur réussite et leur richesse à peine entachées par leurs exactions et une sauvage répression. Aujourd'hui comme jadis, les Tudors hantent notre imaginaire.
L'Angleterre n'est pas une île. Elle occupe la partie méridionale d'un archipel, dont elle a lentement, méthodiquement, effectué l'exploration et la conquête. Poursuivant sa quête impériale pour s'étendre jusqu'aux confins du globe, l'Angleterre, « voisine d'aucun par la terre » est devenue au cours des âges « la voisine de tous par la mer ».
Ainsi Bernard Cottret résume cette longue mutation commencée il y a près de mille ans avec Guillaume le Conquérant. Dans une approche originale, s'arrêtant sur des épisodes et des personnages à ses yeux significatifs,il offre la synthèsebrillante et limpideque l'on attendait.
Bernard Cottret retrace, de Guillaume le Conquérant à nos jours, en passant par la révolution industrielle et l'ère des impérialismes de 1848 à 1914, près de mille ans de règnes successifs, de guerres, de révolutions et de crises économiques auxquels la France a été étroitement mêlée.
La légendaire Boadicée, Aliénor d'Aquitaine, héroïne féminine des temps médiévaux, Isabelle, fille de Philippe le Bel et épouse malheureuse d'Édouard II, Marie Tudor,« Bloody Mary », la reine Anne, sans oublier Victoria, l'incontournable « grand-mère de l'Europe », ou Élisabeth II à l'inoxydable popularité : le destin de ces reines relève du mythe autant que de l'histoire.
Au terme d'une enquête minutieuse, Bernard Cottret s'interroge sur la nature du pouvoir au féminin et explore les nombreux défis qui guettent les reines outre-Manche. L'historien restitue avec rigueur et empathie les joies et les angoisses, les réussites et les échecs de ces femmes qu'il rend à leur humanité. Souvent émouvants et toujours passionnants, ces portraits abordent sans tabous la sexualité, la maternité, la politique, la séduction, la culture, le symbole et le rêve.
Cent trente-quatre ans avant les États-Unis, cent cinquante ans avant la France, l'Angleterre accomplit sa double révolution politique et sociale. Cet événement a eu une portée considérable, en facilitant l'accouchement d'un monde moderne caractérisé notamment par son régime parlementaire, son hostilité à l'arbitraire et son attachement irrévocable à la propriété privée.
Par son talent et sa profondeur, Bernard Cottret renouvelle les perspectives et éclaire notre présent, au moment où l'Europe elle-même est entrée dans l'âge du soupçon. Un livre qui permet de mieux comprendre notre voisin le plus proche et pourtant le plus dissemblable.
Sait-on bien que les baptistes sont aujourd'hui plus nombreux aux Etats-Unis que les catholiques en Espagne et en Italie ? Que les assemblées pentecôtistes, sur les cinq continents, réunissent chaque année des millions de personnes ? Depuis près de cinq siècles, la Réforme protestante, en choisissant de s'adresser à tous les hommes de toutes conditions dans leur propre langue, a contribué à l'émergence des sociétés modernes et à l'affirmation des nations. Bernard Cottret restitue fidèlement cette histoire en interrogeant l'oeuvre et l'influence de l'Allemand Martin Luther (1483-1546), du français jean Calvin (1509-1564) et de l'Anglais John Wesley (1703-1791). De Wittenberg à Genève, de l'Angleterre au Nouveau monde, la Réforme protestante s'est ainsi affirmée comme un mouvement original et puissant dont la trajectoire se poursuit sous nos yeux. "Membre honoraire senior de l'Institut universitaire de France, Bernard Cottret enseigne à l'université de Versailles-Saint-Quentin et à l'Ircom (Paris-Sorbonne). Auteur de biographies de Calvin, Henri VIII, Elizabeth Ier, Jean-Jacques Rousseau (avec Monique Cottret), il a également publié chez Perrin 1598," l'Edit de Nantes "(1998)."
En avril 1598, Henri IV ratifie le célèbre édit de Nantes qui met fin à plus de trente ans de guerres civiles. Ce texte fondateur règle pour près d'un siècle les rapports entre catholiques et protestants, jusqu'à sa révocation par Louis XIV en 1685.
Il serait pourtant anachronique de voir dans l'édit de Nantes la charte du protestantisme français, car « tolérance », alors, n'a pas le même sens qu'aujourd'hui. Il s'agit bien plutôt d'un compromis inégal, qui vise au « vivre ensemble » en permettant sur un même territoire la coexistence officielle de deux Eglises opposées, mais aussi de deux cultures. A l'heure où les religions sont redevenues des marqueurs d'identité, la lecture de ce texte, qui prêche la fin des conflits religieux, est particulièrement salutaire.
Connaît-on la «Glorieuse Révolution» d'Angleterre, comme déjà l'appellent ses contemporains ? Celle qui, en 1688 et au terme d'une confrontation sans effusion de sang, remplace sur le trône Jacques II Stuart par Guillaume d'Orange et fonde pacifiquement une monarchie tempérée. Du moins en Angeleterre, car en Irlande nul n'a oublié l'écrasement des catholiques lors de la bataille de la Boyne. Très tôt, les historiens français ont comparé 1789 à la première Révolution anglaise - les deux décennies 1640 et 1650, marquées par une «Grande Rébellion» et par un «Interrègne» qui virent l'exécution de Charles I, l'instauration de la République, le «bonapartisme» de Cromwell et la restauration de la monarchie. 1688 n'est pas, en effet, une dramaturgie, mais une révolution sans révolution : celle-ci fut d'autant plus glorieuse qu'elle prétendait constituer non pas une rupture radicale, mais un simple retour aux libertés immémoriales de la nation. Elle fascina Montesquieu, Voltaire, Burke et Guizot. Laissant en héritage le Bill of Rights, la loi sur la tolérance, et l'oeuvre éclatante de John Locke, elle demeure un moment décisif de l'expérience politique occidentale.
Cinq ans avant la Révolution française, Mirabeau saluait dans les événements d'Amérique " la révolution la plus étonnante ". Cette révolution, en effet, fut pour les Etats-Unis un acte fondateur. Les étapes qui, de 1763 à 1788, conduisent les treize colonies à l'indépendance et à la République - et leurs populations à la liberté - revêtent à la fois un caractère d'exception et une portée universelle. Là-bas est née, à la lumière de la raison, mais aussi par la violence, la première démocratie du monde et s'est développée une civilisation d'un type nouveau : celle qui, par la Déclaration d'indépendance du 4 juillet 1776, reconnaît à tous les hommes, comme un droit inaliénable, la " quête du bonheur ". La révolution américaine est ainsi à la source des sociétés modernes.
Les guerres de religion qui ont ensanglanté le royaume de France, nous lèguent de la religion une image de violence et de fanatisme, faisant écho à notre situation contemporaine. Pourtant dès 1598, grâce à son édit de Nantes, la France a expérimenté un mode de coexistence original entre ses confessions religieuses. C'est la révocation de l'édit de Nantes en 1685 qui a mis fin à ce face-à-face, gommant pour longtemps des esprits la singulière réussite de ces temps d'exception.
Vingt millions de catholiques et un million de protestants, à la suite de Luther, de Calvin ou du concile de Trente, partageant une culture largement commune, ont évolué ensemble sur notre territoire et fait l'expérience d'une cohabitation inédite. Leur confrontation s'est accompagnée de multiples emprunts et échanges qu'explore ce livre au travers de quelques grandes figures engagées, de Théodore de Bèze à François de Sales, de Catherine Lévesque à Marie de l'Incarnation.
Un moment charnière de près d'un siècle généreusement mis en valeur par Bernard Cottret, mais aussi un temps exemplaire de confrontation pacifique entre tenants de religions différentes, précédant les Lumières.
Traître à la nation, prince tyrannicide, Jean sans Peur (1371-1419), deuxième duc de Bourgogne de la dynastie des Valois, est entré dans l'Histoire avec une bien sombre réputation. Longtemps les historiographes n'ont voulu voir en lui que le meurtrier de Louis d'Orléans, frère du roi Charles VI, le coupable qui avait précipité le royaume de France dans la guerre civile, et le félon qui signa une alliance avec l'Angleterre, ennemi héréditaire de trente ans. Cet héritier d'un important domaine comprenant les duché et comté de Bourgogne, ainsi que les florissants comtés de Flandre et d'Artois, avait pourtant bien commencé : parti croiser le fer avec les Infidèles, il s'illustre sur le champ de bataille de Nicopolis en Hongrie, où, capturé, il sauve ses compagnons en payant leur rançon. Mais son éviction du gouvernement par le duc d'Orléans, qui profite ainsi des accès de démence du « roi fou », et la haine grandissante entre ces deux cousins le contraignent à commanditer l'assassinat du duc. Absous de son crime majeur grâce à un habile réquisitoire faisant l'apologie du tyrannicide, Jean sans Peur prend alors possession de Paris, déclenchant de sanglants affrontements entre Armagnacs et Bourguignons. À nouveau chassé par le dauphin Charles (le futur Charles VII dont le royaume sera sauvé par Jeanne d'Arc), il s'allie avec les Anglais et la reine Isabeau, avant de finir sous les coups de hache des partisans du dauphin lors de leur entrevue à Montereau. Bertrand Schnerb, en un audacieux renversement de perspective, confère un visage plus humain à cet inquiétant personnage qui, aux dires du grand historien Michelet, était «sans peur des hommes et sans peur de Dieu». S'appuyant sur des sources souvent inédites, exploitant les récits savoureux des chroniques, il souligne ainsi tant sa grande culture que sa fervente piété, le faste de son hôtel, la fidélité de son entourage, l'éclat de son mécénat et de sa cour, ou son goût pour la chasse et les joutes. Il redonne surtout à son action politique et diplomatique sa véritable place au sein de la construction de cet État bourguignon qui, pendant plus d'un siècle, rivalisa, par sa puissance et son influence, avec le royaume de France. Une somme pénétrante et passionnante, essentielle à qui veut comprendre ce temps de crises, marqué également par le Grand Schisme de l'Église, d'où émergera l'État moderne triomphant. Un de nos rares spécialistes français des institutions et de la société bourguignonnes, Bertrand Schnerb a déjà consacré plusieurs ouvrages remarqués sur le sujet, dont Les Armagnacs et Les Bourguignons : la maudite guerre (Perrin, 1988) et L'État Bourguignon : 1363-1477 (Perrin, 1999). Il est actuellement professeur d'histoire médiévale à l'Université de Lille III.
Toujours observées, souvent épiées, les reines ont longtemps été maintenues dans un rôle mineur auquel elles se dérobent par une volonté aussi exceptionnelle que surhumaine : Aliénor d'Aquitaine, Marie Tudor, Élisabeth Ire, la reine Anne même, pour ne rien dire de Victoria ou de l'actuelle souveraine, Élisabeth II, ont marqué durablement leur temps, en donnant à leur fonction un lustre incomparable. Cette histoire des reines qui ont fait l'Angleterre relève fondamentalement d'une histoire des femmes, de leurs corps, de leurs aspirations et de leurs désirs, souvent bafoués, humiliés et corsetés au gré des conventions ou des usages.
De la fin du monde antique à l'époque actuelle, ce livre explore les nombreux défis qui guettent les reines outre-Manche.
Cela commence avec Aliénor d'Aquitaine au XIIe siècle (mais était-elle vraiment anglaise cette épouse d'Henri II Plantagenêt ?), et se continue avec Isabelle, fille de notre Philippe le Bel et femme insatisfaite d'Édouard II, pour rebondir sous les Tudors avec Marie dite « Marie la Sanglante », et trouver son plein épanouissement au début du siècle des Lumières avec la reine Anne, un rien déconcertante mais assez splendide. Et comment ne pas reparler, encore et toujours, de l'inusable Victoria, « grand-mère de l'Europe » ?
Au terme d'une enquête minutieuse, Bernard Cottret, historien spécialiste de l'histoire de l'Angleterre, restitue avec rigueur et empathie les joies et les angoisses, les appréhensions et les échecs de ces femmes qu'il rend à leur humanité grâce à un patient travail d'élucidation ; la part respective de la sexualité, de la maternité, de la politique, de la séduction, de la culture, du symbole et du rêve est ainsi abordée sans tabous dans cette galerie de portraits souvent émouvants et jamais austères.
Entre la Loi et la Grâce, le présent et le passé, l'histoire et la fin des temps, la conquête spatiale et l'annonce du royaume, qui était Jésus pour les hommes des Lumières ? Un nouveau Moïse, un compagnon de Socrate, un secret émule de Confucius ou quelque « serviteur souffrant », exalté par Haendel ?
A la suite de Michelet, de Marc Bloch et de Kantorowicz, Bernard Cottret dresse ici le constat d'une « crise de l'incarnation », qui n'excepte guère les monarchies de part et d'autre de la Manche.
Mais il nous invite également à repenser la coupure entre la religion et la « philosophie » : le temps est venu d'écrire une histoire de la foi qui ne se confonde ni avec une archéologie (préscientifique) du savoir ni avec la sociologie (censément déclinante) des pratiques. De Newton à Voltaire, de Locke à Rousseau, de Bach à William Blake, se dessine un Christ non dogmatique, proche de nos questions les plus actuelles sur la société, l'éthique, l'histoire.
« elisabeth est vierge, comme l'angleterre est île » déclarait victor hugo à l'époque romantique. tout en précisant : « en admirant elisabeth, l'angleterre aime son miroir. » c'est cette relation étroite entre une femme et son pays que bernard cottret met au coeur de la reconstitution du destin de la reine vierge. vierge, elisabeth ire l'a été assurément, car, s'étant rendue physiquement intouchable, elle n'a jamais eu qu'un seul époux, son royaume.
Comment relever ce défi singulier, dans une société aussi imprégnée par les rites masculins de la guerre et de la violence que l'angleterre de la renaissance, être un « roi femme » ? elisabeth assuma seule l'ensemble du pouvoir royal pendant près de cinquante ans (1558-1603). elle fut femme dans une société d'hommes, régie par des hommes, gouvernée par des hommes et dominée par eux. elle se montra d'autant plus attentive à la dignité royale qu'elle ne fut jamais dupe du caractère symbolique du pouvoir, ni ne se laissa aller aux épanchements sentimentaux qu'on a coutume d'attribuer aux femmes, et même aux reines comme sa cousine mary stuart.
Elisabeth a engendré consciemment son propre mythe, en une brillante synthèse à laquelle ont participé à des degrés divers poètes, écrivains, peintres, et naturellement hommes de guerre et courtisans dans cet âge d'or épris de littérature, de théâtre et d'épopée. par là aussi elle a ouvert la voie à la modernité.
Bernard cottret, professeur à l'université de versailles-saint-quentin, est membre senior de l'institut universitaire de france, où il occupe la chaire de civilisation des îles britanniques et de l'amérique coloniale. il est l'auteur de nombreux livres sur la grande-bretagne dont cromwell (1992), henri viii (1999), et histoire de l'angleterre (2007). sa biographie de calvin a été traduite en sept langues.
Naguère encore, le protestantisme était irrévérencieux.
Aurait-il aujourd'hui accompli sa mission historique en léguant au monde contemporain l'essentiel de ses valeurs : la laïcité, le libre examen, la démocratie, l'égalité, l'éducation obligatoire, l'émancipation de la femme ? mais est-ce le protestantisme qui a transformé la société française, ou n'est-ce pas plus vraisemblablement la société française qui a transformé le protestantisme ? la république peut-elle s'accommoder du royaume ? le royaume admet-il la république ? cette tension n'est pas nouvelle ; elle trouve l'une de ses applications dans l'espace atlantique, en particulier dans l'angleterre, la france et l'amérique de la première modernité.
Elle s'incarne aussi dans un certain nombre de grandes figures protestantes qui apparaissent tour à tour en ces pages : luther et calvin, henri iv, cromwell, élie marion, john wesley, jean-jacques rousseau. histoires de protestants, au pluriel, plus qu'histoire du protestantisme. ce sont ces personnalités contrastées que bernard cottret a placées au coeur de son analyse et qui, en dernière instance, dessinent la frontière entre le religieux et le politique, le croyant et le citoyen.
Homme d'Église et homme d'État à la personnalité contrastée, Jean Calvin (1509-1564) fut autant un prédicateur rigoriste qu'un humaniste éclairé et l'un des tout premiers grands écrivains de langue française.
Le calvinisme a durablement influencé la pensée éthique et politique, de Hobbes à Locke ou à Rousseau. Il amorce aussi - on le sait moins - une réflexion sur le langage qui débouche sur les actuelles théories du signe. Enfin, il façonne une spiritualité exigeante, qui concilie foi et laïcité. Une passionnante biographie, unanimement saluée en France comme à l'étranger.
Ce vaste panorama de l'histoire anglaise à l'époque moderne, de la Réforme religieuse à la révolution industrielle, associe des approches économiques, sociales, religieuses et culturelles. Sont évoqués la critique de la whig history, l'impact de la sociologie allemande, les débats entourant l'adoption récente du terme uniforme d'Ancien régime pour cerner les sociétés passées.
Cromwell est synonyme d'énigme. Comment s'explique son triompheoe Rien ne prédestinait le gentleman de l'Est de l'Angleterre à se hisser jusqu'au faîte de l'Etat. De sa naissance en 1599 à sa mort en 1658, Cromwell accomplit le plus étonnant des périples à la faveur de la révolution. Jusqu'à quarante ans il demeure pratiquement obscur, puis entreprend une gigantesque ascension, scandée par les victoires militaires et les hardiesses politiques. Son destin, où il lit le dessein de Dieu pour son peuple, offre un raccourci saisissant des îles Britanniques de son temps.
Tout à tour gentleman farmer, parlementaire, soldat, général et Lord Protector, Cromwell a incarné les idées les plus contradictoires. La révolution anglaise, à la fois conservatrice et libertaire, n'a-t-elle pas hésité en permanence entre démocratie et oligarchie, république et monarchie, avant de se figer dans un Protectorat qui renoue subrepticement _ presque honteusement _ avec les fastes de la royautéoe Cromwell pourtant a décliné la couronne. C'est sans doute Victor Hugo qui a le mieux compris le personnage. Du moins a-t-il perçu à travers lui que la politique et l'histoire relevaient elles aussi de la métaphysique.
Bernard Cottret, professeur à Versailles-Saint-Quentin, membre de l'Institut de Recherches sur les Civilisations de l'Occident moderne à Paris IV, a publié plusieurs ouvrages sur l'histoire anglaise dont Terre d'exil, Aubier (1985), La Glorieuse Révolution, Gallimard (1988), Le Christ des Lumières, Le Cerf (1990) et un Manuel de civilisation britannique, Bréal (1991).
En avril 1598, henri iv signe à nantes un édit qui met fin, du moins provisoirement, à plus de trente ans de guerres civiles.
Ce texte fondateur règle pour près d'un siècle les rapports entre catholiques et protestants. deux eglises opposées, mais aussi deux cultures coexistant officiellement sur un même territoire. en imposant la paix civile, henri iv assoit les principes de la monarchie absolue. il serait anachronique de voir dans l'édit de nantes la charte du protestantisme français car " tolérance ", alors, n'a pas le même sens qu'aujourd'hui.
Il s'agit bien plutôt d'un compromis inégal, qui vise au dépérissement de la minorité huguenote. en 1685, la révocation de l'édit de nantes en constitue à la fois la négation et l'aboutissement. il fallait couvrir l'événement en s'interrogeant sur les origines comme sur les conséquences lointaines de l'édit, dans un parcours qui mêle le souvenir, l'oubli et le pardon. l'exploration du passé fait remonter les récits de martyres et de massacres, la gloire et les larmes, qui constituent l'arrière-plan indispensable pour comprendre la légende du " bon roi " henri, saisi ici dans toute sa vérité et son étonnante verdeur.
Dans la mémoire nationale, la portée symbolique de 1598 supplante sa réalité historique. bernard cottret écrit une histoire engagée, et politiquement incorrecte, en prônant, hier comme aujourd'hui, la fin des " guerres de religions ".