Cécile Guivarch
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Sa mémoire m'aime est le récit bouleversant d'un effacement progressif. Celui de la mère de l'auteure, venue d'Espagne il y a bien longtemps. Parmi les fleurs, on découvre une mère aimante et aimée, une femme d'une grande présence qui disparaît, une femme parmi les fleurs de son jardin, perdue dans ses pensées.
Sa mémoire m'aime nous offre des pages magnifiques de tendresse et de force mêlées. Le lecteur s'enroule dans la mémoire, l'émotion, les bras de la mère et de la fille. Dans une langue singulière et pleine de poésie, Cécile Guivarch nous donne à voir avec une sensibilité hors du commun des images au plus près du corps, et de nos émotions profondes.
Face au drame de cette maladie devenue si partagée, Sa mémoire m'aime nous trouve, nous porte, et nous berce. -
« Tout tient dans les ruines » Le passé, filial ou collectif, inspire Cécile Guivarch. La voici, rendant hommage aux poilus de 14 et de toutes les guerres dans des poèmes brefs et intenses (entre tercets et huitains). Le titre trouve justification et profondeur plus loin dans la texture de ce recueil qui énonce sans didactisme ni complaisance, les faits bruts, les séquelles, les traces ineffaçables dans la terre d'une guerre effroyable.
Des « cratères » à la « tombée » des troupes, la poète de quarante ans passe en revue les étapes de la chute funeste.
La beauté et l'émotion lèvent de ce peu de mots tissés pour explorer l'essentiel et en donner même une vision ethnographique : boue, engloutissement, nuit totale, « battement de l'histoire ».
Ces poèmes sont pleins de tombes, à tous les sens du terme : les voilà ces hommes dans leur ultime demeure, leur chute et la poète sait, ô combien, en quelques images sobres, leur offrir ce partage nu et durable, ces « tombeaux » (au sens classique) :
à la bouche ouverte remonte ce goût de fleurs séchées coquelicots .
Ici près des oiseaux des regards se tournent vers le ciel .
Mais dans le dos une cicatrice ouverte blessure de guerre et combats épient Un livre de mémoire, dans le droit fil du beau et grave livre précédent, « Renée, en elle ». (Philippe Leuckx)
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Comment positionner son corps vis-à-vis de la terre et du ciel ? Sentiment d'être terrassée ou d'être « terraciels » ?
Cécile Guivarch interroge tour à tour l'arbre, les feuilles, le vent, le fleuve, les branches, l'herbe, les nuages, l'écorce, l'oiseau, la mer. Tous, dans le tremblement de la terre qui s'éloigne et du ciel qui se rapproche. Seule la lumière changeante les confond peut-être.
Et puis cette pointe de conversation fami-lière, parfois, pour signifier le balancement de l'esprit, l'humeur qui penche avec le tronc de l'arbre chargé de pluie.
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Cécile Guivarch poursuit sa recherche autour de la mémoire et, cette fois, c'est la lecture de lettres et cartes postales venues du 20è siècle qui sert de passerelle.
À travers elles, se concrétise la vie des grands-parents, leurs joies, leurs souffrances, une vie quotidienne banale sans doute mais à laquelle la poète accorde une grande attention. L'écriture, simple, qui semble labourer la phrase, évoque avec justesse ces vers de Verlaine : « La vie humble aux travaux ennuyeux et faciles/est une oeuvre de choix qui veut beaucoup d'amour ».
Au fur et à mesure, une tendresse naît à travers la distance temporelle, et le dialogue se noue entre les générations, ce qui rend ce livre si attachant.
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Un petit peu d'herbes et des bruits d'amour
Cécile Guivarch
- L'Arbre A Paroles
- 1 Juin 2013
- 9782874065590
Ces poèmes ont été écrits après qu'elle ait acquis la nationalité espagnole, suite à la « ley de la memoria » (loi de la mémoire), qui a permis à tous les descendants d'exilés espagnols de récupérer cette nationalité. Entre l'Espagne (en particulier la Galicie), Cuba, l'Argentine, la Bretagne (d'où vient son nom) et la Normandie (où elle est née), elle se sent déracinée. Dans ces textes, sur fond de guerre civile, de pauvreté, et d'exil, elle fouille la vie de ses ancêtres, tente de comprendre ce qui a motivé leurs choix et peut ainsi pardonner tous les abandons (l'abandon forcé par l'exil, mais d'abord l'abandon d'une enfant par son père fuyant le franquisme vers Cuba, et puis tous les autres abandons dans l'Espagne devenue « là-bas »). Elle cherche des bribes du vécu dans les récits de ses ascendants, les photos en noir et blanc, les lettres de famille aux écritures anciennes. Dans un rythme très contemporain, avec des mots sensibles et drus, elle découvre le mystère des vies simples disparues et mêle la vérité de ses ressentis avec les cheminements qu'ont pu avoir ses ancêtres. Avec une syntaxe bousculée, cahotant entre les détails du quotidien de l'époque et des images tendres ou rudes, avec des expressions en espagnol quand il est nécessaire que la voix roule dans sa musique d'origine, elle ne garde que l'évocation, l'essentiel. Nous rejoignant profondément par les archétypes, sa poésie est poignante de ces nouages.
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Un texte qui part à la recherche des petits fragments de nature et de liberté au milieu de la fumée et des décombres de la guerre.
Un regard tout en sensibilité porté sur la guerre qui recouvre les paysages... mais ne les fait pas disparaître. -
Je n'aime pas les adieux
seul l'intense
d'un dernier
instant -
Vous êtes mes aïeux
Cécile Guivarch
- Editions Henry
- La Main Aux Poetes
- 19 Septembre 2013
- 9782364690523
« cette nuit vous êtes venus me voir je dormais j'ai fait semblant de rien »
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Te visite le monde
Cécile Guivarch
- Les Carnets Du Dessert De Lune
- Pleine Lune
- 16 Mai 2017
- 9782930235912
À mots comptés, Cécile Guivarch résout les mystères, celui de la naissance, celui de la parole. Naissance et pré-naissance, mots et premiers mots, jours et premiers jours, le monde tout entier est contenu dans le poème, bercé par le rythme d'une vague amoureuse et généreuse. C'est le chant millénaire de l'origine et de ses mystères.
Le mot prend formes, celles du lien qui les unit, la mère et l'enfant, l'enfant et le monde, le monde et le mot, le mot et son lecteur. Tourner et retourner dans la bouche, comme des bonbons acidulés, chaque lettre, chaque phrase, ébauches de plaisir, éclats de souvenirs.
À toutes ces interrogations qui ricochent sur la peau tendue du ventre nourricier répond l'émerveillement universel de la découverte de l'enfant. Il est né, le divin enfant, enveloppé dans la broderie délicate d'entrelacs et de reliefs poétiques. Pour célébrer la relation originelle, Cécile Guivarch tisse un langage neuf, pur, porté en pleine lumière.
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Renée, mon aïeule. Devrais-je lui dire que je l'aime ou est-ce autre chose ? Elle m'attire, m'empêche de dormir. Je la sens, chaque nuit, passer son souffle sur mon corps. Elle reste, plus ou moins longtemps, à me regarder, à m'effleurer, puis elle finit par pleurer. Ses plaintes, tantôt murmures, tantôt minces sanglots, s'immiscent entre mes lèvres. Souvent, j'entends l'orage, la tempête se déchaîner avec éclairs, tonnerre, pluie battante, torrents,boue et sang.
Vignette de couverture : Isabelle Clement -
Après plusieurs livres où Cécile Guivarch a interrogé son enfance, parcouru la généalogie de ses grands-parents et arrière-grands-parents ou accompagné sa mère dans ses dernières années, la poète poursuit son chemin d'écriture avec Si elles s'envolent... Elle évoque dans ses poèmes « la vie des femmes », mêlant les prénoms de grandes figures féminines que l'on reconnaîtra Marina, Camille, Marilyne... à ceux de femmes de sa famille Carmen, Maria, Henriette... Elle les réunit en un lieu où l'existence féminine est rythmée par des tâches et des usages éprouvés depuis des générations. Avec une liberté d'écriture qui assume une entière féminité, elle est soutenue par les paroles poétiques de Marina Tsvetaeva et Denise Desautels dans ce livre empli d'empathie et de sororité.