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Clément Ribes
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«Le visage de Jérémie était si insaisissable qu'on l'aurait dit en permanence nimbé d'une brume ou d'un brouillard : je tentais parfois de photographier cet homme sur le vif, mû par une forme d'urgence à garder des traces, des preuves. Le résultat était toujours décevant, quand il n'était pas un échec en bonne et due forme - le visage n'était pas complètement flou, mais quelque chose de sa physionomie échappait, il y avait sur ses joues, ses lèvres (sans parler des yeux), comme un tremblement léger qui empêchait qu'on reconnaisse tout à fait Jérémie, et quand je croyais le prendre en photo, je ne prenais en réalité que le tremblé de son absence.» En se remémorant les moments vécus avec un ancien amant, le narrateur tente de percer le mystère de Jérémie. Qui était cet homme qu'il ne connaissait pas vraiment, et qu'il a aimé, peut-être ?
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"La question" a été abolie à la veille de la Révolution française. Il s'agissait d'une technique de torture ou l'accusé ne savait ni de quoi, ni par qui il était accusé.
Dans ce texte qui, bien plus qu'un roman, peut être défini comme une succession de "scènes", nous est donné à voir un monde, qui est à la fois le nôtre - rendu dans l'agression qu'il constitue envers le corps et son intégrité, le corps de l'enfant - et son propre reflet, outré, manifesté. Manifesté, c'est-à-dire, donné pleinement dans la transformation que lui imprime la langue.
Le texte s'ouvre par une scène de violence, ouverture nécessaire, et peu à peu s'enchaînent les images d'un monde de plus en plus déréalisé, jusqu'à aboutir à la "naissance de l'épopée". Épopée d'un "élément perturbateur" s'échappant soudain d'un discours qui l'enserre et se saisit de lui à son insu, épopée d'un individu soumettant, le premier, ce même discours à la question, par son cri déployé, jusqu'à l'extinction finale au coeur d'une "nuit sans être".