«?Ça commence parfois par une inquiétude ou un malaise. On se sent en décalage, on craint d'agir de manière déplacée. On a le sentiment de ne pas «être à sa place». Mais qu'est-ce qu'être à sa place, dans sa famille, son couple, son travail ? Quels sont les espaces, réels ou symboliques, qui nous accueillent ou nous rejettent ? Faut-il tenter de conquérir les places qui nous sont interdites, à cause de notre genre, notre handicap, notre âge, notre origine ethnique ou sociale ? Peut-être faut-il transformer ces lieux de l'intérieur et s'y créer une place à soi ??» Dans cet ouvrage aussi passionnant que sensible, la philosophe Claire Marin explore toutes les places que nous occupons - quotidiennement, volontairement ou contre notre gré, celles que nous avons perdues, celles que nous redoutons de perdre - et interroge ce qui est à la fois la formulation d'un désir personnel et un nouvel impératif social. Encore reste-t-il à savoir si l'on finit tous par trouver une place, ou si le propre d'une place n'est pas plutôt de sans cesse se déplacer, ou de déplacer celui qui croit pouvoir s'y installer...
Qu'elles soient joyeuses ou tragiques, visibles ou non, les ruptures rythment notre existence, nous transforment, nous remettent profondément en question.
Comment conjuguer ces « bifurcations » de nos vies que sont les ruptures avec l'idée de notre identité, une et constante ? Nous révèlent-elles la multiplicité de nos identités possibles, ou le fait que nous nous affirmions progressivement, au fur et à mesure de ces « accidents » de la vie ? Nous épurent-elles ou nous démolissent-elles ?
Pour la philosophe Claire Marin, la définition de notre être est tout autant dans nos sorties de route que dans nos lignes droites, dans les accrocs au contrat que dans le contrat lui-même. Naissances ou deuils, séparation ou nouvel amour, besoins d'ailleurs : nos oscillations, nos vacillements fragilisent nos représentations, ébranlent nos certitudes, certes. Mais ils soulignent aussi fondamentalement la place de l'imprévisible, et questionnent notre capacité à supporter l'incertitude, à composer avec la catastrophe et, en les surmontant, à parfois démarrer une nouvelle vie.
En raison de l'actualité de la question du soin dans les discours contemporains, la place désormais banale de la médecine dans la vie moderne mérite d'être interrogée. Quelle société s'organise autour des valeurs et des possibilités offertes par la médecine ? Quels pouvoirs, politiques ou économiques, bénéficient de ce bel idéal d'une société du soin ?
Dans la maladie, le sujet fait l'expérience d'une violence démultipliée, l'assaillant de toutes parts. Violence faite au corps, par le mal et les traitements ; violence symbolique des discours, des regards et des jugements infligés au patient par la société et le milieu médical. Violence d'une marginalisation qui redouble la solitude d'un malade emprisonné dans sa souffrance. Pourtant, la philosophie est largement passée à côté de cette violence. Elle n'aborde en général cette épreuve existentielle que de biais. comme paradigme pour penser l'anormal. Ce détour est significatif d'un malaise, celui de la pensée face à une violence inhérente au vivant lui-même.
Comment appréhender ce pouvoir destructeur de la vie ? En quoi nous oblige-t-il à repenser entièrement le soin ? Pour quel bénéfice ?
Qu'est-ce qu'un début dans la vie ? Ressource infatigable de nos récits familiaux, le début d'une vie se réinvente chaque fois, signant la marque du romanesque dans nos existences.Pourquoi recommence-t-on et jusqu'à quand ? Qu'est-ce qui nous fait rechercher l'intensité du sentiment de vivre, l'impatience et l'innocence des commencements ? Et comment conserver cette ardeur au fil des épreuves ?Pour explorer ces débuts, Claire Marin déploie toutes les nuances de son extraordinaire art de comprendre, en lectrice accomplie de nos tourments et de nos joies.
L'actuel regain d'intérêt pour la philosophie témoigne de l'attente la plus légitime qui soit, eu égard aux prétentions traditionnelles et à l'aura de cette discipline, mais également la plus difficile à satisfaire : qu'elle mène celui qui épouse ses chemins à une véritable ré-appropriation de sa propre existence, à une re-création personnelle.Impossible ici de se satisfaire d'un horizon de consolations aimables et de recettes de prospérité, non plus que de vertiges théorisants ou d'érudition monomaniaque. Face à un monde qui semble avoir d'avance consumé nos élans et consommé nos révoltes, les postures et commodités ne sont plus de mise. Un retour d'authenticité s'impose à l'engagement philosophique lui-même. En fait, la mise à l'épreuve de soi est passage obligé, dès lors que de mort de Dieu en chute des idoles de remplacement, nul ne peut plus prétendre faire surgir la valeur irréductible de l'humain d'ailleurs que de l'homme...
D'où la pertinence et l'attrait de l'exploration, ici proposée des voies traditionnelles et ressorts nouveaux d'une maïeutique propre à faire naître l'homme à lui-même, à travers la mise à nu et le retrait de tous les masques que nous imposent la vie en société et le respect de ses codes. Poussant au déracinement du moi comme à une étape nécessaire au dévoilement de notre vérité, les auteurs de cet essai s'inscrivent dans la lointaine filiation de ces philosophes de l'Antiquité (Stoïciens, Cyniques) qui vivaient leur philosophie comme un travail sur soi, voire une ascèse, et dans le prolongement de tout ce pan de la pensée contemporaine qui, avec Foucault notamment, s'est employé à armer la philosophie d'un pouvoir maximal de transformation croisée de celui qui s'y adonne et du social qui l'environne.
Cet ouvrage, dirigé par Claire MARIN, est issu d'une recherche collective de professeurs agrégés de philosophie, anciens auditeurs ou élèves de l'École Normale Supérieure de Fontenay Saint-Cloud : Mathias GOY, Antoine KERINVEL, Stéphane LEGRAND (Université de Lille), Claire MARIN (Université de Nice) et Cécile NICCO (Université de Paris-IV Sorbonne).
Dans la maladie, le sujet fait l'expérience d'une violence démultipliée, l'assaillant de toutes parts. Violence faite au corps, par le mal et les traitements ; violence symbolique des discours, des regards et des jugements infligés au patient par la société et le milieu médical. Violence d'une marginalisation qui redouble la solitude d'un malade emprisonné dans sa souffrance. Pourtant, la philosophie est largement passée à côté de cette violence. Elle n'aborde en général cette épreuve existentielle que de biais. comme paradigme pour penser l'anormal. Ce détour est significatif d'un malaise, celui de la pensée face à une violence inhérente au vivant lui-même. Comment appréhender ce pouvoir destructeur de la vie ? En quoi nous oblige-t-il à repenser entièrement le soin ? Pour quel bénéfice oe
Dans un texte bref et essentiel prononcé et publié en 1992, Paul Ricoeur interrogeait l'expérience de la souffrance au coeur de l'existence humaine. Il en dépliait les horizons dans le rapport à soi et à l'autre, depuis la douleur corporelle jusqu'à la souffrance morale. Ce volume se propose de donner aujourd'hui à relire ce texte clé tant pour sa compréhension que pour une réflexion sur l'anthropologie philosophique et l'éthique du soin. Les contributions qui le suivent, chacune à leur manière, rebondissent sur les éléments d'analyse aujourd'hui particulièrement stimulants qui sont les siens, tout en les mettant en perspective avec certains enjeux très concrets du soin dans nos vies.
Pourquoi ne lit-on plus ces pages de la philosophie française que des générations d'étudiants ont sues par coeur ? La philosophie du XIXème siècle n'a-t-elle plus rien à nous dire ? Nous avons fait le pari inverse.
Au terme d'une immersion au sein de la philosophie du XIXème siècle, il nous a semblé que les formes de cette pensée questionnaient utilement notre propre modernité. Dans sa quête de l'esprit jusque dans ses formes les plus dissimulées, la philosophie du XIXème siècle met en place des critères de compréhension de la nature que reprennent certaines philosophies contemporaines. Derrière l'obscurité et la confusion que l'on a pu reprocher au spiritualisme, il faut redécouvrir une recherche sur une complicité de l'esprit et de la nature, sur leur lien intime et secret que repenseront les philosophies du XXème siècle s'interrogeant sur la familiarité du corps et de la conscience.
L'analogie posée entre la nature et l'esprit est alors réellement méthode, c'est-à-dire voie d'accès à une vérité ontologique. Le trajet qui mène de la nature à l'esprit se révèle double itinéraire de l'être et de la pensée. C'est dans cet entre-deux du dualisme et du monisme que nous avons lu l'expression d'une pensée authentique de la nature et de l'esprit qui n'est ni une séquelle de la métaphysique classique, ni la préfiguration balbutiante de philosophies ultérieures, mais la réalisation d'un effort de pensée original qui tend à la fusion de la spéculation et de la pratique.