Les archives Ben Gourion contiennent un document d'une importance exceptionnelle pour l'histoire du 20e siècle. En effet, de 1915 à 1972 (la partie antérieure ayant brûlé dans un incendie), David Ben Gourion a tenu un journal, jour après jour, tout en conservant, en parallèle, les lettres qu'il recevait du monde entier et même les copies-carbone des lettres que lui-même envoyait. Le journal, tel qu'il est conservé, compte 20 000 pages en hébreu. La partie qui nous concerne couvre cinq cahiers manuscrits petit format d'une cinquantaine de pages chacun. La période est cruciale : il s'agit de la naissance de l'Etat d'Israël, autour de sa proclamation en 1948. L'ouvrage sera constitué du journal lui-même, entre l'hiver 1947, date de la résolution 181 de l'ONU prévoyant la partition de la Palestine en trois états, dont un état juif, et le printemps 1949 et la fin de la guerre que cette partition déclenche, sans s'interdire de citer des extraits antérieurs ou postérieurs permettant de mieux comprendre les conditions de la création de l'Etat d'Israël. S'ajouteront des documents complémentaires tels que comptes rendus de réunions ministérielles, correspondances et photographies.
Ces mémoires commencent à la fin du siècle dernier en Europe de l'Est, là où naît David Ben Gourion.Celui-ci se voue dès son plus jeune âge au sionisme. Il décide de ne parler qu'hébreu et de s'installer en Palestine, alors province oubliée de l'Empire ottoman. Après avoir travaillé la terre en Galilée, il devient militant socialiste et ses camarades l'envoient étudier le droit à Constantinople. Au cours de la Première Guerre mondiale, les autorités turques l'expulsent avec son ami Ben Zvi, qui deviendra président de l'État d'Israël.Réfugiés aux États-Unis, Ben Gourion et Ben Zvi organisent après la Déclaration Balfour (1917), des bataillons de volontaires juifs qui combattront en Palestine aux côtés des troupes anglaises du général Allenby.Dans la Palestine sous mandat britannique, Ben Gourion devient secrétaire général de la centrale syndicale Histadrouth ; il poursuit également ses activités socialistes et sionistes aussi bien dans le pays qu'à l'étranger, affrontant la crise économique comme les émeutes arabes.Vers 1930, le conflit palestinien se trouve posé en termes contemporains - la Société des Nations et la Grande-Bretagne, puissance mandataire, hésitent entre les revendications juives et les revendications arabes. Dans le même temps, la position de Ben Gourion s'est affirmée. Ayant constitué une coalition dont son parti forme l'ossature (et qui s'est maintenue jusqu'à nos jours), il suscite l'enthousiasme des foules lors des élections au Congrès sionistes de 1933.L'année même ou Hitler prend le pouvoir en Allemagne, Ben Gourion mène son parti à la victoire après une campagne électorale épuisante à travers l'Europe. Dominant avec ses amis l'Organisation sioniste, il assume à Jérusalem des responsabilités de premier plan (il les assumera pendant trente ans, entouré des mêmes amis) au moment où s'ouvre la crise internationale qui conduira directement à la Seconde Guerre mondiale.Des mémoires passionnants certes - sans lesquelles on ne pourra connaître l'histoire de la création d'Israël, des luttes entre les différents partis pour l'accession au pouvoir - mais aussi un document humain, étonnant et émouvant. Ben Gourion n'est jamais mieux décrit que dans ses propres lettres à sa famille qui reflètent tour à tour ses joies et ses désillusions dans cette entreprise à laquelle il consacra sa vie.
Depuis la résolution des Nations unies sur le partage de la Palestine et la proclamation de la création d'un Etat juif par David Ben Gourion en 1948, le Proche-Orient n'a jamais trouvé la paix.
Pourtant, au début des années 1990, la main tendue de Yasser Arafat, qui reconnaît, de fait, l'existence de l'État d'Israël, et la réponse d'Itzhak Rabin laissent entrevoir la possibilité d'un accord de paix. L'espoir est de courte durée : le discours de paix de Rabin sera son dernier, et l'Autorité palestinienne représentée par Arafat sera affaiblie par les luttes internes et les pressions politico-militaires israéliennes.
La rencontre entre David Ben Gourion et Josy Eisenberg, présentateur de l'émission "La source de la vie" sur France 2, est très surprenante.
Nous découvrons un Ben Gourion que nous ne connaissions pas, qui évoque son amour de la terre d'Israël et de son peuple mais, aussi, de la philosophie - Aristote, Spinoza... -, de la Bible, des grands textes de la théologie juive...
Un Ben Gourion qui nous parle à coeur ouvert de son combat et, avec chaleur, de ce qu'il aime... ou n'aime pas !
Cet entretien a été diffusé en 1970 sur le "petit écran". Ce livre est précédé d'un merveilleux texte, oublié, de Joseph Kessel sur sa découverte de l'Etat hébreu et sa rencontre avec Ben Gourion.
Josy Eisenberg n'est pas seulement présentateur et réalisateur de télévision sur France 2, où il anime deux émissions hebdomadaires sur le judaïsme, il est aussi Grand Rabbin, historien, théologien et scénariste. Il a publié de nombreux ouvrages.