Une fois de plus, David Graeber bouleverse un élément central de la mythologie néo-libérale : la notion de valeur. Le célèbre pourfendeur du capitalisme réexamine ici un siècle de pensée anthropologique et insuffle une vie nouvelle aux textes classiques sur la valeur et l'échange. Le style vif de Graeber nous entraîne sans effort au coeur de la question qui le préoccupe : est-il possible de proposer une mesure de la valeur commune à toutes les cultures ?
Alors que le progrès technologique a toujours été vu comme l'horizon d'une libération du travail, notre société moderne repose en grande partie sur l'aliénation de la majorité des employés de bureau. Beaucoup sont amenés à dédier leur vie à des tâches inutiles, sans réel intérêt et vides de sens, tout en ayant pleinement conscience de la superficialité de leur contribution à la société. C'est de ce paradoxe qu'est né et s'est répandu, sous la plume de David Graeber, le concept de « bullshit jobs » - ou « jobs à la con », comme on les appelle en français. Dans son style unique, virulent et limpide, l'auteur procède ici à un examen poussé de ce phénomène. Il soutient que, lorsque 1 % de la population contrôle la majeure partie des richesses d'une société, ce sont eux qui définissent les tâches « utiles » et « importantes ». Mais que penser d'une société qui, d'une part, méprise et sous-paie ses infirmières, chauffeurs de bus, jardiniers ou musiciens ? autant de professions authentiquement créatrices de valeur ? et, d'autre part, entretient toute une classe d'avocats d'affaires, d'actuaires, de managers intermédiaires et autres gratte-papier surpayés pour accomplir des tâches inutiles, voire nuisibles ? Graeber s'appuie sur les réflexions de grands penseurs, philosophes et scientifiques pour déterminer l'origine de cette anomalie, tant économique que sociale, et en détailler les conséquences individuelles et politiques : la dépression, l'anxiété et les relations de travail sadomasochistes se répandent ; l'effondrement de l'estime de soi s'apparente à « une cicatrice qui balafre notre âme collective ». Sa démonstration est émaillée de témoignages éclairants envoyés par des salariés de tous pays, récits tour à tour déchirants, consternants ou hilarants. Il y a le consultant en informatique qui ne possède aucune des qualifications requises pour le poste, mais qui reçoit promotion sur promotion, bien qu'il fasse des pieds et des mains pour se faire virer ; le salarié supervisé par vingt-cinq managers intermédiaires dont pas un seul ne répond à ses requêtes ; le sous-sous-sous-contractant de l'armée allemande qui parcourt chaque semaine 500 kilomètres en voiture pour aller signer un papier qui autorisera un soldat à déplacer son ordinateur dans la pièce d'à côté... Graeber en appelle finalement à une révolte du salarié moderne ainsi qu'à une vaste réorganisation des valeurs qui placerait le travail créatif et aidant au coeur de notre culture et ferait de la technologie un outil de libération plutôt que d'asservissement, assouvissant enfin notre soif de sens et d'épanouissement.
Voici un livre capital, best-seller au Etats-Unis et en Grande-Bretagne, en cours de traduction dans plus de dix pays, commis par l'un des intellectuels les plus influents selon le New York Times, initiateur d'Occupy Wall Street à New York. Un livre qui remet en perspective l'histoire de la dette depuis 5 000 ans et développe une approche totalement nouvelle. Il démontre magistralement que le système de crédit précède la naissance de la monnaie et que la dette a donc toujours structuré nos systèmes économiques et nos rapports sociaux.
Il montre également que le vocabulaire des écrits juridiques et religieux de l'Antiquité (des mots comme "culpabilité", "pardon" et "rédemption") est issu en grande partie de ces affrontements antiques sur la dette, et qu'il fonde jusqu'à nos conceptions les plus fondamentales du bien et du mal. Sans en avoir conscience nous livrons toujours ces combats. Un essai passionnant et essentiel qui nous permet de mieux comprendre l'histoire de notre passé, celui de la crise des crédits en cous ainsi que l'avenir de notre économie.
David Graeber enseigne l'économie et l'anthropologie à l'université de Londres. Il sera à Paris en septembre pour défendre son livre devant les médias.
À partir de son champ d'études, l'anthropologue David Graeber jette dans ce texte qui date de 2004 les bases d'une théorie sociale anarchiste. Le marxisme a longtemps inspiré les sciences humaines, mais l'anarchisme qui est pourtant plus ancien, n'a encore que peu de représentants dans les universités et n'a pas encore occupé les champs du savoir. C'est pour remédier à cela que Graeber a écrit ce pamphlet qui, après avoir réaffirmé les bases de l'anarchisme, explore les différents éléments auxquels l'anthropologue anarchiste doit s'atteler, notamment, et à l'instar de l'anthropologue Pierre Clastres, une nouvelle théorie de l'État.
Aprs le succs deDette : 5000 ans d'histoire - vendu prs de 20 000 exemplaires - David Graeber revient avec un texte passionnant sur l'invasion de la bureaucratie dans notre quotidien.
David Graeber, anthropologue atypique, à la fois professeur à la London University et l'un des initiateurs d'Occupy Wall Street, a fait une entrée fracassante à la fois sur la scène scientifique et sur la scène politique en montrant comment un des facteurs qui maintiennent les peuples sous le pouvoir des banques est le sentiment moral que toutes les dettes doivent être remboursées. Un sentiment né il y a 5000 ans en même temps que l'État, le marché, les grandes religions... et l'esclavage.
La thèse fascine et appelle à la discussion. Notamment sur le point de savoir au nom de quelle conception de la démocratie elle peut être tenue. Sur cette question, dans un texte écrit en 2005 pour La Revue du MAUSS semestrielle et repris dans ce livre, l'érudition et le brio de D. Graeber font encore merveille. Non, montre-t-il, l'Occident est loin d'avoir le monopole de la démocratie, et, contrairement à l'opinion omniprésente, ce n'est sûrement pas la "culture occidentale" qui l'a fait apparaître et prospérer.
Si on entend le mot culture au sens anthropologique, il apparaît en effet que la culture occidentale est introuvable (d'où une réfutation savoureuse et convaincante des thèses de Samuel Huntington). Et si on entend par culture la culture des lettrés, alors il n'est pas difficile de se convaincre que ceux-ci, en Occident comme ailleurs, se sont constamment opposés à la démocratie. Celle-ci, en réalité, ne naît et ne vit que dans les marges des systèmes de pouvoir.
Où l'on voit toute la force d'une anthropologie anarchiste, revendiquée comme telle, et qui n'avait rien produit d'aussi puissant depuis Pierre Clastres. Reste, cependant, que tout le monde ne peut pas vivre dans les marges et hors pouvoir, et qu'il faut donc se demander ce qu'il peut et doit subsister de l'esprit de la démocratie dans le cadre des sociétés étatiques.
Flibustiers, femmes marchandes et simulacres de royaumes à Madagascar au XVIIIe siècle.
« Je vais raconter une histoire de magie et de mensonges, de batailles navales et de princesses enlevées, de révoltes d'esclaves et de chasses à l'homme, de royaumes de pacotille et d'ambassadeurs imposteurs, d'espions et de voleurs de joyaux, d'empoisonneurs et de sectateurs du diable et d'obsession sexuelle, toutes choses qui participent des origines de la liberté moderne. » De 1989 à 1991, David Graeber accomplit une étude de terrain ethnographique à Madagascar. Il en tira sa thèse de doctorat sur la magie, l'esclavage et la politique dans la Grande Île. Lors de ce séjour, il découvrit l'existence d'un groupe ethnique formé des descendants métissés des nombreux pirates qui s'y étaient installés au début du xviiie siècle : les Zana-Malata.
Il entreprit des recherches historiques sur cette population, ébaucha sur le sujet un essai. Ce n'est que dernièrement qu'il s'est décidé à finaliser cet écrit et à le faire éditer. Il y fait la lumière sur l'utopie pirate baptisée « Libertalia » par Daniel Defoe.
Décryptant la mythologie propre aux légendes pirates et comparant d'un oeil critique les rares documents probants, l'auteur avance de très plausibles hypothèses sur l'impact qu'eurent les flibustiers et leurs descendants sur la culture et la politique malgache au siècle des Lumières - mais aussi sur l'influence qu'eurent les récits de pirates et les pratiques proto-démocratiques, voire libertaires, sur les penseurs desdites Lumières.
Il en résulte un récit lumineux et passionnant, doublé d'une réflexion stimulante sur la nature et les origines de l'idéologie marchande, du colonialisme et de l'européocentrisme.
Les entretiens de David Graeber (avec Mehdi Belhaj Kacem, Nika Dubrovsky et Assia Turquier-Zauberman) redéfinissent les contours de ce que pourrait être une morale anarchiste aujourd'hui.
Tant par ses grands concepts comme ceux de la dette, de la bureaucratie ou des bullshit jobs, que par son implication cruciale dans le mouvement Occupy Wall Street, David Graeber était l'un des plus influents penseurs de notre temps. Au contraire de bien d'intellectuels « engagés », il était l'un des très rares à avoir fait preuve d'une efficacité militante à répercussion mondiale.
Se revendiquant depuis toujours anarchiste, dans ce livre d'entretiens avec Assia Turquier-Zauberman, Nika Dubrovsky et Mehdi Belhaj Kacem, Graeber parle tant sur l'histoire de l'anarchie que sur sa pertinence contemporaine et sur son avenir; tant sur les liens qui unissent l'anthropologie à l'anarchisme qu'aux « traces ADN » de celui-ci dans le mouvement d'OWS ou dans celui des Gilets jaunes; sur la signification de l'éthique anarchiste non seulement dans sa portée politique, mais esthétique et artistique, sexuelle et amoureuse...
Avec une verve étonnante de vivacité, de drôlerie et d'érudition, le présent livre contribue à redéfinir les contours de ce que pourrait être, comme le disait Kropotkine, une « morale anarchiste » aujourd'hui.
David Graeber was a professor of anthropology at the London School of Economics. He is the author of The Dawn of Everything: A New History of Humanity, Debt: The First 5,000 Years and Bullshit Jobs: A Theory, and was a contributor to Harper''s Magazine, The Guardian, and The Baffler. An iconic thinker and renowned activist, his early efforts helped to make Occupy Wall Street an era-defining movement. He died on 2 September 2020.>
Occupons, comme si nous étions déjà libres est le témoignage vibrant de l'incroyable résilience de notre nature démocratique et un plaidoyer sans concession en faveur d'un renouveau nécessaire de notre fonctionnement politique. Plus que jamais, la démocratie radicale, représente notre meilleur espoir de changement.
Ce livre a fait connaître David Graeber dans le monde. Il a été publié en 2007 sous le titre : Possibilities I: Essays on Hierarchy, Rebellion and Desire. Si La Dette (Les liens qui libèrent, 2013) pose le fondement d'une critique radicale du capitalisme moderne, Des fins du capitalisme est véritablement le livre de David Graeber où tous les fils se rassemblent au sein de son anthropologie et où l'on peut prendre le mieux connaissance de la portée et du style de sa grande entreprise.
From small beginnings its demonstrations spread across the world to cities like Cairo, Athens, Barcelona and London and gave a glimpse of a new way. This book looks at the actions of the 99 per cent asks: why was it so effective? What went right? And what can we all do now to make our world democratic once again?
From the author of the international bestseller Debt: The First 5,000 Years comes a revelatory account of the way bureaucracy rules our lives Where does the desire for endless rules, regulations, and bureaucracy come from? How did we come to spend so much of our time filling out forms? And is it really a cipher for state violence? To answer these questions, the anthropologist David Graeber--one of our most important and provocative thinkers--traces the peculiar and unexpected ways we relate to bureaucracy today, and reveals how it shapes our lives in ways we may not even noticethough he also suggests that there may be something perversely appealing--even romantic--about bureaucracy. Leaping from the ascendance of right-wing economics to the hidden meanings behind Sherlock Holmes and Batman, The Utopia of Rules is at once a powerful work of social theory in the tradition of Foucault and Marx, and an entertaining reckoning with popular culture that calls to mind Slavoj Zizek at his most accessible. An essential book for our times, The Utopia of Rules is sure to start a million conversations about the institutions that rule over us--and the better, freer world we should, perhaps, begin to imagine for ourselves.
A bold rethinking of the most powerful political idea in the world-democracy-as seen through the lens of the most transformative political movements of our time and the story of how radical democracy can yet transform America Democracy has been the American religion since before the Revolution-from New England town halls to the multicultural democracy of Atlantic pirate ships. But can our current political system, one that seems responsive only to the wealthiest among us and leaves most Americans feeling disengaged, voiceless, and disenfranchised, really be called democratic? And if the tools of our democracy are not working to solve the rising crises we face, how can we-average citizens-make change happen?
David Graeber, one of the most influential scholars and activists of his generation, offers the perfect book to address these urgent questions. Beginning with the most recent democratic activist movements in America and abroad, he takes readers on a journey through the idea of democracy, provocatively reorienting our understanding of pivotal historical moments, and extracts their lessons for today-from the birth of Athenian democracy and the founding of the United States of America to the global revolutions of the twentieth century and the rise of a new generation of activists. Underlying it all is a bracing argument that in the face of increasingly concentrated wealth and power in this country, a reenergized, reconceived democracy-one based on consensus, equality, and broad participation-can yet provide us with the just, free, and fair society we want.
Reinventing Democracy tells the story of the resilience of the democratic spirit and the adaptability of the democratic idea. It offers a fresh take on vital history and an impassioned argument that radical democracy is, more than ever, our best hope.
Democracy has been the American religion since before the Revolution-from New England town halls to the multicultural democracy of Atlantic pirate ships. But can our current political system, one that seems responsive only to the wealthiest among us and leaves most Americans feeling disengaged, voiceless, and disenfranchised, really be called democratic? And if the tools of our democracy are not working to solve the rising crises we face, how can we-average citizens-make change happen?
David Graeber, one of the most influential scholars and activists of his generation, offers the perfect book to address these urgent questions. Beginning with the most recent democratic activist movements in America and abroad, he takes readers on a journey through the idea of democracy, provocatively reorienting our understanding of pivotal historical moments, and extracts their lessons for today-from the birth of Athenian democracy and the founding of the United States of America to the global revolutions of the twentieth century and the rise of a new generation of activists. Underlying it all is a bracing argument that in the face of increasingly concentrated wealth and power in this country, a reenergized, reconceived democracy-one based on consensus, equality and broad participation-can yet provide us with the just, free, and fair society we want.
The Democracy Project tells the story of the resilience of the democratic spirit and the adaptability of the democratic idea. It offers a fresh take on vital history and an impassioned argument that radical democracy is, more than ever, our best hope.
David Graeber et David Wengrow se sont donné pour objectif de « jeter les bases d'une nouvelle histoire du monde ». Le temps d'un voyage fascinant, ils nous invitent à nous débarrasser de notre carcan conceptuel et à tenter de comprendre quelles sociétés nos ancêtres cherchaient à créer. Foisonnant d'érudition, s'appuyant sur des recherches novatrices, leur ouvrage dévoile un passé humain infiniment plus intéressant que ne le suggèrent les lectures conventionnelles. Il élargit surtout nos horizons dans le présent, en montrant qu'il est toujours possible de réinventer nos libertés et nos modes d'organisation sociale. Un livre monumental d'une extraordinaire portée intellectuelle dont vous ne sortirez pas indemne et qui bouleversera à jamais votre perception de l'histoire humaine.
For generations, our remote ancestors have been cast as primitive and childlike ? either free and equal innocents, or thuggish and warlike. Civilization, we are told, could be achieved only by sacrificing those original freedoms or, alternatively, by taming our baser instincts. David Graeber and David Wengrow show how such theories first emerged in the eighteenth century as a conservative reaction to powerful critiques of European society posed by Indigenous observers and intellectuals. Revisiting this encounter has startling implications for how we make sense of human history today, including the origins of farming, property, cities, democracy, slavery, and civilization itself.br>br>Drawing on pathbreaking research in archaeology and anthropology, the authors show how history becomes a far more interesting place once we learn to throw off our conceptual shackles and perceive what''s really there. If humans did not spend 95 percent of their evolutionary past in tiny bands of hunter-gatherers, what were they doing all that time? If agriculture, and cities, did not mean a plunge into hierarchy and domination, then what kinds of social and economic organization did they lead to? What was really happening during the periods that we usually describe as the emergence of "the state"? The answers are often unexpected, and suggest that the course of human history may be less set in stone, and more full of playful, hopeful possibilities, than we tend to assume.br>br>The Dawn of Everything fundamentally transforms our understanding of the human past and offers a path toward imagining new forms of freedom, new ways of organizing society. This is a monumental book of formidable intellectual range, animated by curiosity, moral vision, and a faith in the power of direct action.>