Le nouveau volume de la collection fait découvrir l'Ethiopie, que certains considèrent comme le berceau de l'humanité. Le pays fut parmi les premiers à devenir chrétien et il n'a jamais été complètement colonisé, ce qui est tout à fait unique sur le continent africain. Et son histoire, à la fois réelle et mythique, fascine aujourd'hui autant qu'il y a des siècles. En effet, la reine de Saba ne fut-elle pas la Makéda des Ethiopiens ? Et son fils Ménélik, issu de son union avec le roi Salomon, ne donna-t-il pas naissance à la dynastie du Lion de Juda qui régna pendant trois millénaires jusqu'à la mort du dernier Négus, Haïlé Sélassié, en 1975 ? Nous avons choisi de publier certains récits sur les origines mythiques de la dynastie impériale en annexe au corpus de contes. L'Ethiopie fut pendant tout le Moyen-Age identifiée au fabuleux royaume du Prêtre Jean, une autre terre promise, entourée de miracles et de légendes. Cette réputation du pays le plus riche et le plus fertile du continent se perpétue à travers les récits : dans le recueil, on trouvera le conte « Le prince de la pluie » qui donne sa version merveilleuse des raisons de cette prospérité.
L'Ethiopie est aussi un pays où l'on parle plusieurs langues. Et dans ce recueil, les histoires choisies ont été contées en oromo, en amharique on encore en afar. Comme dans d'autres publications de la collection, les contes d'animaux sont nombreux. Hyène, Lion, Léopard et autres Renards se jouent des tours et ce n'est pas toujours le plus féroce des prédateurs qui sort vainqueur de ces joutes. Mais on rencontre aussi des personnages plus exotiques, comme par exemple la Chance et l'Intelligence, qui s'affrontent pour savoir laquelle des deux est plus utile à l'homme. Ce livre est aussi l'occasion de faire connaissance avec des djinns qui gardent précieusement leurs secrets ou encore le roi des mers qui accepte généreusement d'avaler le héros pour le protéger d'une méchante sorcière.
Le conte antillais est né et s'est développé à partir du XVIe siècle dans les habitations coloniales. En général, une fois la nuit tombée, le maître « béké » (blanc) autorisait ses esclaves à se réunir afin d'écouter celui qui allait leur raconter des histoires : le conteur.
Aux Antilles, le conte, dont les racines provenaient de différents pays d'Afrique, avait comme partout pour fonction principale de distraire et d'amuser, mais ici il avait aussi une fonction de « résistance », à travers laquelle on pouvait deviner des paroles et des messages interdits, et certains héros et personnages récurrents représentaient les esclaves eux-mêmes, ou bien le maître.
Toutes ces histoires recueillies en créole auprès des amis et de la famille du couple REUSSNLIBA sont classées en deux grandes catégories : les contes d'animaux et les contes d'humains et de créatures surnaturelles. Les contes d'animaux forment des cycles centrés sur les aventures d'un héros récurrent comme, par exemple, le cycle de la baleine, de l'éléphant, de la tortue, et surtout celui de Compère Lapin. La plupart des animaux appartiennent évidemment à la faune antillaise : on y trouve des araignées, des colibris, des serpents et bien sûr des lapins. Par contre, d'autres n'y ont jamais eu d'existence réelle : l'éléphant, le lion ou le tigre ne vivent qu'en Afrique ou en Asie, et le singe a été exterminé aux Antilles il y a bien longtemps.
Les contes à personnages humains et surnaturels sont souvent des histoires romanesques, des contes d'amour, ou des contes d'inspiration morale et religieuse. Ces contes nous emmènent dans un monde où peuvent s'entremêler la fiction et le quotidien, et où la faiblesse, associée à l'esprit d'initiative et à l'intelligence, se trouve opposée à la force cruelle : dans ces histoires, le Grand Diable, la Diablesse, le Monstre symbolisent la force mauvaise, alors que des fillettes, Cécène, Ti-Choute ou Petite Marie représentent la faiblesse, l'innocence, mais aussi la pureté.
Pour lutter contre les forces du mal, intervient généralement un jeune garçon, pas très costaud mais très futé, comme par exemple Ti Jean.
Le Cameroun est connu pour ses conteurs traditionnels qui, en famille ou sur la place publique, racontent de génération en génération des histoires merveilleuses, où les humains, les fantômes et les animaux sont entraînés dans des aventures à rebondissements. Il n'est pas toujours facile d'avoir accès à ce trésor oral, souvent jalousement caché aux étrangers trop curieux. Jessica et Didier Reuss-Nliba, un couple franco-camerounais, ont eu de la chance : pendant six ans, entre 2008 et 2012, leur famille et leurs amis issus de plusieurs ethnies du sud du pays leur ont conté des récits initiatiques, moralisateurs et étiologiques. Ce livre représente le corpus de contes inédits le plus complet.
Dans cet univers fabuleux, il n'est pas surprenant de croiser un enfant prodige envoyé par sa famille à la recherche du tambour magique Liboy li nkundung, conservé au pays des fantômes. D'autres objets magiques, comme la marmite de riz parlant la langue des humains, sont à même d'offrir la chance et la richesse aux hommes, à condition qu'on les traite avec attention et respect.
Les rencontres avec les fantômes et d'autres créatures imaginaires sont fréquentes dans ces contes.
Ainsi, on apprend que les hommes et les femmes souffrent de visites impromptues de fantômes dont on ne peut se débarrasser qu'avec l'aide d'un marabout puissant.
Dans les contes du Cameroun on retrouve plusieurs animaux qui peuplent les forêts du pays. Ainsi, on croise dans la jungle des contes des animaux fort malins qui, comme Kulu la tortue, animal fétiche des Camerounais, réussit à rouler dans la farine la panthère, ce félin redoutable. Tout comme le petit lièvre qui non seulement arrive à déjouer les tours de son ami le lion mais aussi à lui ravir sa belle fiancée. Il paraît que c'est depuis cet épisode que les lions ne sont plus amis avec les lièvres.