Troisième volume des Écrits d'Étienne Balibar, cet ouvrage rassemble des textes rédigés sur plus de trente ans, et pour certains inédits, consacrés à la « cosmopolitique » et à l'alternative aux formes présentes de la mondialisation capitaliste, dans une perspective résolument internationaliste.
La cosmopolitique n'est ni une discipline comme la géopolitique ni une tradition philosophique (comme le cosmopolitisme des Lumières et du romantisme) : elle est un problème pratique collectif ouvert. Et celui-ci est devenu d'une urgence extrême depuis que la catastrophe climatique, à laquelle s'ajoute maintenant la pandémie, ont fait virtuellement de l'humanité un sujet politique unifié. Mais qui doit devenir aussi un sujet actif.
Les objets d'une telle réflexion ont surgi pour l'auteur au détour d'événements très différents : les tensions entre l'idée cosmopolitique et la pratique internationaliste ; l'articulation entre les formes de la guerre et le devenir de la forme-nation ; le statut « local » et « mondial » des frontières à la lumière de l'alternative entre guerre et traduction ; enfin, la question du droit d'hospitalité que porte l'errance des réfugiés et des migrants, cette part mobile de l'humanité que la communauté des États traite aujourd'hui non en étrangers, mais en ennemis.
Dans l'épilogue sont tirées quelques leçons du Covid-19 qui élaborent l'idée d'une politique de l'espèce humaine, en ciblant particulièrement le problème de la santé commune et de l'égalité d'accès aux ressources de protection et de soin.
Étienne Balibar tente ici un double pari : rendre accessibles les thèmes et les problèmes proprement philosophiques qui ont été traités par Marx ou qui peuvent être posés à partir de son oeuvre et - au terme d'un siècle et demi de controverses passionnées dont la " philosophie marxiste " a été le lieu ou l'enjeu - proposer les éléments d'un bilan et d'un pronostic.
Ce volume - le premier des six recueils qui composent cette série d'Écrits d'Étienne Balibar - réunit des essais et des textes d'intervention à caractère historique, philosophique et politique, pour certains inédits, rédigés entre 1995 et 2019. Ils ont en commun de chercher à éclairer le passage d'un siècle l'autre et d'affronter la question de la « fin de l'histoire », en référence, d'une part, à l'achèvement de la mondialisation capitaliste et, de l'autre, à l'altération de notre environnement biologique et planétaire, qui a atteint le point de non-retour à la fin du XXe siècle mais demeure en partie indéterminé dans ses conséquences sociales et civilisationnelles.
Dans cette perspective, il faut arriver à penser philosophiquement un écart entre des « futurs passés » et des « nécessités contingentes », non pas de façon purement spéculative, mais en combinant d'une façon toujours singulière la mémoire et l'analyse : repérant des traces événementielles déterminantes pour notre institution de la politique (la « Grande Guerre », la révolution d'Octobre, l'insurrection de Mai 68) ; décrivant des frontières essentiellement contestées entre Orient et Occident, Nord et Sud, dans notre espace commun méditerranéen (France-Algérie, Israël-Palestine) ; conjecturant les formes et les objectifs d'une gouvernementalité stratégique, qui devrait se préoccuper simultanément de grandes régulations planétaires institutionnelles et parier sur la capacité d'invention et de rupture des insurrections locales.
Une politique d'après la politique, à laquelle conviendront peut-être encore les noms de démocratie, de socialisme et d'internationalisme.
Ce deuxième volume des Écrits d'Étienne Balibar est constitué de neuf études à caractère philosophique portant sur des auteurs classiques ou contemporains (Canguilhem, Badiou, Pascal, Machiavel, Marx, Foucault et Althusser, d'autres encore) et traversant les questions du savoir scientifique, de la « prise de parti » politique et de son incidence sur la connaissance, du statut de la théorie entre spéculation théologique et interprétation de l'actualité.
Rédigées entre 1994 et 2016, ces études illustrent le passage de l'auteur d'une épistémologie historique et critique, dont la question centrale avait été celle de l'articulation entre l'idéologie et la science, à une phénoménologie des énonciations de la vérité, dont le caractère intrinsèquement conflictuel, ouvert sur les « réquisitions » de la conjoncture, implique des interférences constantes entre la recherche de l'intelligibilité, le moment inéluctable de la décision et la répétition des grandes traditions spéculatives. Ces deux types de recherches, apparemment incompatibles, partagent une même passion du concept, qui est commune à tous les auteurs commentés.
Distribuées en trois constellations thématiques, les lectures proposées s'organisent autour de formulations symptomatiques dont on documente à chaque fois les trajectoires d'un auteur à l'autre : histoire de la vérité, point d'hérésie, idéologie scientifique. Elles débouchent sur l'esquisse d'une problématique de l'ascension polémique (par opposition à l'« ascension sémantique » des logiciens) à laquelle donnent lieu les confrontations théoriques en révélant dans l'actualité leurs enjeux de principe.
Libre parole rassemble trois essais complémentaires, de style et de circonstance différents : la Conférence Hrant Dink sur la démocratie et la liberté d'expression par temps de violence, donnée en public à Istanbul en janvier 2018, les Thèses élaborées en 2015 sur « Liberté d'expression et blasphème », pour intervenir dans la discussion qu'ont relancé les assassinats de journalistes impliqués dans la publication des « caricatures de Mahomet » par les membres de Daesh, enfin le séminaire donné en 2013 et rédigé l'année suivante sur les parrèsia(s) de Michel Foucault, où se trouve déployée à partir de l'exemple grec sa conception du « courage de la vérité ».
Leur objectif commun est de problématiser les conditions et la fonction de la liberté d'expression en tant que « droit aux droits », fondamental dans une période de régression des formes démocratiques et du politique lui-même, facilitée par les effets sociaux désagrégateurs de la mondialisation capitaliste, et surdéterminée par les effets de terreur et de contre-terreur que suscite une situation de guerre endémique à laquelle aucune région du monde ni aucun pays n'échappe entièrement désormais. Il est aussi de montrer que, si la liberté d'expression institutionnellement garantie, et la « libre parole » qui en forme la condition et lui confère sa vitalité du côté des sujets, constituent indiscutablement un droit subjectif, donc une « propriété » inaliénable des individus et des groupes dont l'autonomie est (théoriquement) reconnue en démocratie, il faut s'élever à la conception d'un bien public de la communication et de l'expression si l'on veut en généraliser l'exercice, en prévenir les usages discriminatoires, et lui conférer par là-même toute sa normativité politique.
Les hypothèses qui sont ainsi combinées entre elles constituent par là-même un hommage aux héros contemporains de la liberté de parole comme responsabilité du citoyen, qui en illustrent la signification et en ont suggéré l'interprétation.
Ce volume rassemble les principales études consacrées par Étienne Balibar à la philosophie de Spinoza, dans son rapport intrinsèque à la politique. Partant de la thèse que Spinoza avait reprise de Tacite (la « crainte des masses »), il aboutit à une interprétation renouvelée des modes de communication et des genres de vie, que résume la triple explication du Nom divin : Dieu c'est la Loi, Dieu c'est l'Homme, Dieu c'est la Nature. Pour accomplir cette transition, il faut parcourir plusieurs espaces théoriques :
La construction de la démocratie comme limite des régimes étatiques, où s'exprime la puissance de l'être en commun ; l'ontologie du transindividuel, qui affirme le primat de la relation sur l'être isolé ; enfin la constitution du sujet comme une conscience recherchant l'intelligence des affections de son propre corps. Cette enquête permet alors d'approfondir la conception de l'anthropologie philosophique que l'auteur défend dans le cadre du débat contemporain sur l'actualité du spinozisme.
Les origines de ce livre remontent à un exposé, " Violence et politique ", présenté en 1992 à la décade de Cerisy autour de Jacques Derrida, " Le passage des frontières ".
Il s'articule en deux ensembles: l'adaptation française, fidèle à l'original, des Wellek Library lectures de 1996 à Irvine, " Extreme Violence and the Problem of Civility ", et une série de textes plus récents (rédigés entre 2001 et 2006) qui tentent d'articuler les catégories de la guerre, de la souveraineté, de la révolution et de la lutte des classes. La conclusion est un essai de 2003 " sur les limites de l'anthropologie politique " et la pensée moderne de la tragédie.
Le livre propose une réflexion sur l'autre scène de la politique où son rapport constitutif à la violence n'est plus normalisé par le droit, les institutions, l'idéologie qui opèrent la " conversion " de l'extrême violence. Il cherche à dessiner une topographie de la cruauté, où viennent se superposer sans se confondre ses formes ultra-subjectives (délires d'identité, extermination, vengeance de la loi) et ultra-objectives (surexploitation capitaliste, production et élimination de la vie comme déchet).
Il engage une comparaison des stratégies de civilité qui se partagent la possibilité de formuler un concept de la politique comme anti-violence, telles que les ont esquissées différents courants de la philosophie contemporaine. La critique des positions de Marx et des marxistes occupe ici une position centrale. Mais il faut la replacer dans une généalogie plus longue et plus conflictuelle, remontant à Hegel et Clausewitz et se confrontant à la conception schmittienne de la souveraineté telle que l'auteur du Nomos de la terre l'a recherchée dans son interprétation de Hobbes.
Le recueil - conçu comme une contribution à la théorie des conditions réelles de la transformation et de l'émancipation - débouche sur la " rencontre manquée " de Lénine et Gandhi et sur le problème d'une civilisation de la révolution : unité de contraires dont le défaut équivaut pour la politique à la barbarie, dont parlait déjà Rosa Luxemburg en 1914.
Qu'appelons-nous " modernité " ? Cette question est travaillée selon une triple orientation philologique, épistémologique et historique, en prenant pour fils conducteurs l'auto-énonciation du sujet, la constitution du " nous " communautaire, l'aporie de l'institution judiciaire. L'interprétation défendue pose que les processus opposés du devenir-citoyen du sujet et du devenir-sujet du citoyen en viennent à se recouvrir. C'est aussi le moment où le rapport du commun à l'universel devient un écart politique au sein de l'universel lui-même. Le " jugement des autres " doit être rapporté à un " jugement de soi-même " attestant pour chacun sa propre normalité. Dès lors, l'humain ne peut coïncider avec l'institution du politique qu'à la condition de se retrancher de soi-même, dans la forme des " différences anthropologiques ". Le citoyen-sujet ne peut se comprendre indépendamment de son envers, qui le conteste et le défie.
Étienne Balibar, né en 1942, est professeur émérite (philosophie politique et morale) à l'Université de Paris Ouest, et Distinguished Professor of Humanities à l'Université de Californie à Irvine. Il a publié récemment Violence et Civilité (Éditions Galilée) et La proposition de l'égaliberté (PUF).
Couvrant une vingtaine d'années (1989-2009), les essais rassemblés dans cet
ouvrage proposent une démocratisation de la démocratie comme seule alternative
à la crise de l'État national-social, dramatiquement aggravée par la
mondialisation néo-libérale. Sur le versant philosophique, ils incluent la
réédition et les développements ultérieurs de l'essai de 1989, « La proposition
de l'égaliberté », dont les formulations relatives à l'insurrection et à la
constitution ont été associées dans le monde au point de vue « post-marxiste »
défendu par l'auteur en philosophie politique. Sur le versant pratique, ils
tirent les leçons des crises graves déclenchées en France par l'affaire des «
foulards islamiques » et la révolte des banlieues pour élaborer les principes
d'une « citoyenneté partagée », appliquant à la résidence et à la circulation
des migrants les principes d'une démocratie sans exclusion. Leur point de
rencontre est une problématique des antinomies de la citoyenneté, en tant
qu'institution du politique dont le rapport essentiellement paradoxal à la
démocratie oblige en permanence à repenser les conditions de légitimité et de
transformation. Elle permet de situer au regard de l'auteur quelques-uns des
courants actuellement les plus significatifs en philosophie de la démocratie
(Rancière et Esposito, Poulantzas, Arendt, Laclau). Étienne Balibar, né en
1942, est professeur émérite (philosophie politique et morale) à l'Université
de Paris X-Nanterre, aujourd'hui Distinguished Professor of Humanities à
l'Université de Californie à Irvine. Il a publié notamment Lire le Capital (en
collaboration avec Louis Althusser, Roger Establet, Pierre Macherey, Jacques
Rancière) (1965 ; réédition « Quadrige » 1996) ; Spinoza et la politique (Puf,
1985) ; La philosophie de Marx (La Découverte, 1993) ; La crainte des masses.
Politique et philosophie avant et après Marx (Galilée, 1997) ; Droit de cité.
Culture et politique en démocratie (Éditions de l'Aube, 1997) (réédition
augmentée Puf, 2002) ; Nous, citoyens d'Europe ? Les frontières, l'État, le
peuple (La Découverte 2001).
Faisant suite au volume paru en 1992, Les frontières de la démocratie, ce recueil d'essais poursuit la tentative de « penser autrement », dans la conjoncture et même dans l'événement, les problèmes fondamentaux : citoyenneté et nationalité, politique des droits de l'homme, civilité, dont les termes mêmes ont été bouleversés par l'effondrement des cadres politiques du XXe siècle. Mais il resserre les interrogations autour d'un enjeu principal, désormais incontournable : l'avenir incertain de la construction européenne. La formation de cet espace politique nouveau, sans précédent historique véritable, est en effet l'occasion d'une renaissance de la figure du « citoyen », par-delà le déclin des institutions qui l'ont portée et qu'elle a contribué à légitimer : la Cité, l'empire, l'État-nation et l'État national social. Étienne Balibar examine ainsi trois grandes questions, dont chacune exige un effort de pensée spécifique : celle des frontières de l'Europe en tant qu'espace politique, qui commande toute réflexion sur l'identité collective et les identités communautaires, et que surdétermine de plus en plus la nouvelle économie de la violence mondiale ; celle de l'État, pôle de concentration du pouvoir et d'attribution de la souveraineté, mais aussi appareil administratif où s'affrontent les logiques du service public et du contrôle des populations ; celle du peuple, enfin, dont il est urgent de faire « quelque chose » - selon le mot d'ordre de 1789 - en combinant à l'échelle transnationale la lutte contre l'exclusion (notamment celle des immigrés), la conquête des pouvoirs ou des contre-pouvoirs et l'apprentissage de leur exercice. Ce sont ces questions qui donnent un contenu à la notion d'une « Constitution » européenne, qui devra être arrachée au formalisme juridique et moral et replacée sur le terrain politique. Nouveau nom du politique, nouvel enjeu de ses conflits fondamentaux, l'Europe sera plus démocratique que l'État-nation, ou elle ne sera pas.
L'ouvrage se propose d'introduire à la philosophie de Spinoza à partir du rapport intrinsèque qu'elle entretient avec la politique. Après une mise en situation de Spinoza dans les conflits de son temps, ce qui éclaire les multiples dimensions de son projet intellectuel, les trois grandes oeuvres sont analysées. Les thèmes, tels le rapport entre raison et imagination, la démocratie, la religion... sont particulièrement étudiés.
Étienne Balibar, né en 1942, est professeur émérite à l'Université de Paris X-Nanterre et Distinguished Professor of Humanities à l'Université de Californie à Irvine. Il a publié Lire le Capital avec Louis Althusser, Roger Establet, Pierre Macherey, Jacques Rancière, 1965 (réédition aux PUF, " Quadrige ", 1996) ; Race, Nation, Classe. Les identités ambiguës avec Immanuel Wallerstein (La Découverte, 1988) ; La philosophie de Marx (La Découverte, 1993) ; La crainte des masses. Politique et philosophie avant et après Marx (Galilée, 1997) ; Droit de cité. Culture et politique en démocratie (1997 ; réédition augmentée PUF, 2002) ; Nous, citoyens d'Europe ? Les frontières, l'État, le peuple (La Découverte, 2001) ; Violence et civilité (Galilée, 2010) ; La proposition de l'égaliberté (PUF, 2010).
Ce livre, devenu un classique depuis sa première édition en 1988, est d'abord une contribution à la discussion d'un des plus graves problèmes de notre temps : pourquoi, cinquante ans après la défaite du nazisme, trente ans après la décolonisation et la reconnaissance des droits civiques aux Noirs américains, le racisme est-il en progression dans le monde ? La thèse soutenue ici est qu'il ne s'agit ni d'un épisode, ni d'une survivance, ni d'un préjugé, mais d'un rapport social indissociable des structures mêmes de ce monde : le complément intérieur de l'universalisme « bourgeois ». Ce livre est ensuite un dialogue entre deux auteurs, historien et philosophe, américain et français, chacun représentant à sa façon un courant et une expérience de rencontre entre la recherche théorique et l'activité militante au cours des trente dernières années. D'un texte à l'autre, les divergences se redistribuent, les convergences se dégagent en vue de l'analyse des conflits sociaux de demain, dans l'espace de la politique-monde où la crise de la forme nation s'accompagne de la flambée du nationalisme. Enfin ce livre est une tentative pour avancer sur les questions qui ont été traditionnellement les points faibles de la conception marxiste de l'histoire, et qui peuvent devenir les points forts de sa refonte, après Braudel, après Althusser l'espace du capitalisme périphérique, l'idéologie dominante.
A un moment où la réflexion sur la construction européenne est dominée par la ratification du projet de « Constitution pour l'Europe », Etienne Balibar s'efforce de prendre le maximum de distance par rapport aux tactiques de parti. L'affrontement des partisans et des adversaires du projet ne saurait clarifier les enjeux historiques, car il évite soigneusement de poser la question de savoir comment une construction supra-nationale peut représenter en même temps, pour les populations qu'elle réunit, une avancée dans l'ordre des droits et de la participation. Le projet en discussion est donc une construction mort-née. Il faut relancer le débat, en revanche, sur les questions de l'avancée démocratique après l'Etat-nation, de la transformation du statut des frontières, de la dimension culturelle et multi-culturelle dans la construction européenne, conditions de la formation d'un citoyen capable de contrôler la délégation de ses pouvoirs. Un citoyen sans lequel on peut parler d'empire ou de coalition, mais pas de gouvernement représentatif et de destin collectif. Dans cette perspective, l'Europe n'est pas une fin en soi, mais elle doit être reconnue comme un instrument de transformation du cours de la mondialisation, peut-être irremplaçable. Il est grand temps pour les peuples qu'elle associe de s'en occuper.
Philosophie, économie, histoire, sociologie, littérature, histoire de l'art, psychanalyse ... autant de sciences humaines qui délimitent les champs du savoir. Autant de disciplines fondamentales présentes de bout en bout dans la collection "Quadrige", à travers les plus grands auteurs, les plus grands titres, les plus grands textes. Quadrige : des ouvrages d'hier et d'aujourd'hui qui sont aussi des textes pour demain.
La collection se divise en quatre sections : -- Références (dictionnaires, histoire générale ...) jaune pantone 116 -- Textes (Bachelard, Bergson, Durkheim ...) rouge 2718 -- Essais (Laplanche, Levinas ...) bleu 2728 -- Manuels (Ellul, Denis ...) vert green c .
La crise qui frappe l'Europe - depuis que la révélation du déficit des finances grecques, ébranlant de proche en proche la " notation " des trésors publics européens et fragilisant la monnaie commune, a contraint à improviser des stratégies de défense et révélé l'ampleur des divergences entre les Etats pour faire face à la nouvelle distribution mondiale des capitaux et des pouvoirs - n'est ni purement conjoncturelle ni simplement économique. Elle touche à la possibilité même de parier sur l'avenir de la construction européenne : du moins en tant que construction politique affirmative, susceptible d'accroître la solidarité entre ses membres et de leur procurer une influence suffisante sur le cours du monde pour leur éviter le déclin.
La question est désormais posée dans la forme d'une alternative radicale : ou bien les nations européennes trouvent la formule " constitutionnelle " de leur unité, manquée en 2005 et jamais approchée depuis, ou bien elles vont vers l'éclatement des intérêts, la montée des nationalismes, la soumission aux fluctuations de la nouvelle économie financière, dominée par le jeu des acteurs privés et de nouvelles nationalismes, la soumission aux fluctuations de la nouvelle économie financière, dominée par le jeu des acteurs privés et de nouvelles puissances géopolitiques.
Pour l'auteur, toute construction politique a pour condition une invention démocratique sans précédent. Plus précisément :l'invention de pratiques et d'institutions transnationales qui élèvent le degré de participation et de décision démocratiques au-dessus de ce que les vieux Etats-nations souverains ont pu eux-mêmes offrir à leurs citoyens, et que la " dé-démocratisation " néolibérale menace de désagrégation.
Elle débouche sur une interpellation directe, adressée aux militants et aux intellectuels européens, pour refonder au niveau des exigences de l'époque et à l'échelle de ses conditions réelles une " gauche " qui n'en finit plus de se décomposer, entre l'insignifiance de sa rhétorique et la timidité de ses programmes.
L'auteur met ainsi à l'épreuve de notre actualité immédiate une conception de la théorie pour qui toute interprétation du monde est indissociable d'un choix et d'une intervention dans ses luttes.
Ce livre est paru en langue française sous le titre : Saeculum, culture, religion, idéologie. Il est issu de la Anis Makdisi Memorial Lecture prononcée en 2009 à l'Université américaine de Beyrouth, voudrait servir à l'élaboration d'un « cosmopolitisme » de l'époque de la mondialisation, en partant du malaise de là sécularisation qu'elle engendre (en particulier pour ce qui concerne sa forme institutionnelle française: la « laïcité »), et en explorant ses dimensions philosophiques. Quelle contribution un sécularisme lui-même sécularisé, indépendant des religions civiles aussi bien que des cléricalismes ou des fondamentalismes, pourrait-il apporter à la citoyenneté dans un monde où tout différend local a une répercussion globale, où toute frontière-monde se projette dans l'espace des relations de voisinage, des ségrégations et des conflits civils qui font la réalité de la politique et différencient ses sujets ?
Cet ouvrage, traduit en langue arabe, a bénéficié du soutien des programmes d'aide à la publication de l'Institut français.
À l'intérieur comme à l'extérieur de l'espace national, les " frontières " (entre États et entre groupes sociaux, étroitement imbriquées aujourd'hui) sont le pont où la démocratie s'arrête. Elles sont aussi le seuil de expansion possible, de ses progrès. Tel est le thème commun aux treize essais politiques et philosophiques composant ce recueil. Rédigés entre 1981 et 1991, ils proposent une réflexion suivie sur quelques-unes des grandes questions qui, en France et en Europe, auront marqué la décennie : progression du racisme et des nationalismes, crise du socialisme et effondrement du communisme " réel ", exclusions et inégalités, mais aussi mouvements pluriculturels et nouvelles dimensions de la citoyenneté.
L'ouvrage débouche sur une interrogation de fond quant aux contradictions et à la dynamique d'une véritable politique des droits de l'homme : à propos des paradoxes de l'universalité, des transformations de la propriété et du travail, de la violence et de la paix. Il montre que dans le monde actuel, plus que jamais, la sécurité est au prix du risque, et que dans l'État " de droit " n'ira pas sans nouvelles avancées de la démocratie, portée jusqu'à ses propres limites par la réflexion et l'action collectives.
Dans cet essai écrit à l'occasion du premier anniversaire de la mort de Jacques Derrida, en hommage à son enseignement et à son oeuvre, Etienne Balibar s'est proposé non pas de caractériser celle-ci dans son ensemble ou de la classer sous une étiquette d'école, mais de mettre en oeuvre sa manière et de tirer l'un des fils qui les rattachent à la tradition philosophique et constituent dans sa propre invention la trace active des oeuvres passées. D'où trois moments, dont chacun décrit une possibilité de construction et de déconstruction de l'universel, et dont le principe d'enchaînement réside dans la langue, à la fois condition de possibilité et limite de l'énonciation. Le premier moment, suggérant son titre à l'ouvrage, expose la dialectique hégélienne de la 'certitude sensible', qui fait du Je (avec son corrélat le Ceci) le 'supplément de parole' inséparable de l'expérience originaire de la présence. Avec pour prix la condamnation portée contre la possibilité même de l'indicible ou de l'ineffable. Le second montre comment, en linguiste et en anthropologue 'stucturaliste', Benviniste a substitué à ce solipsisme transcendantal de l'être au monde une structure 'sociale' de dialogue qui privilégie le Je-Tu et inscrit par anticipation l'interlocution dans toute 'appropriation' du langage par le sujet (et du sujet du langage). Mais aussi reproduit au bénéfice de la personne qui est 'deux en un' une certaine figure d'exception souveraine.