Au commencement, il y a Ulysse, celui qui a tout vu, jusqu'aux confins des confins. D'autres le suivent, se réclamant de lui, voyageurs effectifs ou fictifs, nous emmenant en Égypte, au coeur de la Grèce, à Rome ou autour du monde. Jamais aucun ne s'intéresse vraiment aux sagesses étrangères, pour elles-mêmes, dans leur contexte, dans la langue qui les expriment. Leur voyage est à l'image de l'Odyssée, dont Emmanuel Levinas disait qu'elle ne fut «qu'un retour à l'île natale - une complaisance dans le Même, une méconnaissance de l'Autre».Pourtant, ces voyages instillent le doute sur les accomplissements des Grecs, quand se découvre la sagesse égyptienne, ou que triomphe Rome, maîtresse de l'univers. C'est que, première société au monde à décider que la loi ne sera pas reçue des Dieux, mais élaborée par les hommes, la cité grecque, en s'instituant, a inventé l'histoire. L'histoire qui mesure l'apport des Grecs à ceux des autres civilisations : en disant l'autre, en le visitant, les Grecs s'interrogent, s'affirment, se posent ou doutent d'eux-mêmes, tout en demeurant, jusque dans la comparaison, les maîtres du jeu.Ambassadeurs de certitudes ou colporteurs de doutes, les voyageurs, ces hommes-frontières, expriment toujours l'inquiétude d'une identité tremblée, avec, récurrente, la question : qui sommes-nous, les Grecs ?
L'Odyssée, est-il nécessaire de présenter ce « très vieux poème » ? La superbe traduction (en vers) de Philippe Jaccottet fait revivre l'épopée d'Homère, qui vient « à son lecteur ou, mieux peut-être, à son auditeur un peu comme viennent à la rencontre du voyageur ces statues ou ces colonnes lumineuses dans l'air cristallin de la Grèce... ».
D'après la tradition antique, Homère, l'aède aveugle, aurait vécu au IXe siècle avant J.-C. et serait l'auteur de cette épopée universellement connue, composée après L'Iliade.
Cette traduction de référence est complétée par le bel essai de l'historien François Hartog, Des lieux et des hommes, qui parcourt l'espace géographique et maritime, mental et poétique du monde d'Ulysse.
"Ô muse, conte-moi l'aventure de l'inventif celui qui pilla troie, qui pendant des années erra, voyant beaucoup de villes, découvrant beaucoup d'usages, souffrant beaucoup d'angoisse dans son âme sur la mer pour défendre sa vie et le retour de ses marins sans en pouvoir sauver un seul...
"faut-il présenter ce "très vieux poème" ''la superbe traduction de philippe jaccottet fait revivre l'épopée d'homère qui vient" à son lecteur ou, mieux peut-être, à son auditeur un peu comme viennent à la rencontre du voyageur ces statues ou ces colonnes lumineuses dans l'air cristallin de la grèce..." le traducteur, philippe jaccottet, est un des plus grands poètes français contemporains.