Deux enfants sont livrés à eux-mêmes après le suicide de leur père.
La loi paternelle disparue, ils vont découvrir le monde et chercher à forger leur identité. mais cette liberté nouvelle est une épreuve qu'il n'est pas toujours facile de négocier quand le réel côtoie chaque jour l'imaginaire et que le monde " civilisé " se comporte de bien étrange manière.
Récit impossible à raconter, à la fois désopilant et grandiose, plein de surprises et d'enchantements, la petite fille qui aimait trop les allumettes est porté de bout en bout par une langue tout ensemble farfelue et éclatante.
Ce qui prouve bien deux choses, si besoin était : à savoir que la littérature est d'abord une fête du langage, et que gaétan soucy occupe une place aussi unique qu'incontestable.
«Soucy est sans doute un romancier à ne pas rater, parce que son écriture, apparemment lisse, est profondèment déroutante et parce que sont trop rares ceux qui savent donner à la fiction une telle séduction.» Marie-Gabrielle Slama, Les Inrockuptibles
Mil neuf cent quarante-six. Un homme revient au bout de 20 ans dans le village où il a commencé sa vie d'adulte. Quelle est la faute dont cet homme cherche l'acquittement? Peut-on jamais être absous de ce dont nous sommes coupables?
Grand prix du livre de Montréal 1998.
Montréal, dans un quartier ouvrier, vers la fin des années soixante. Des enfants de onze ans qui s'adonnent à des activités ésotériques ; une institutrice qui entretient des rapports ambigus avec ses jeunes élèves ; son "cousin" missionnaire de retour d'Afrique qui se fait appeler Oeil De Lynx ; un pauvre distibuteur de circulaires, à la fois objet de mépris et d'opprobre, surnommé Pizza ; un étrange défroqué qui donne des numéros stupéfiants de fakirisme : tout le petit monde paroissial enfin, avec ses querelles de famille immémoriales, ses frustrations rentrées et ses compromissions...
Les Chroniques du temps d'en bas de Gaétan Soucy dressent le portrait d'un monde séculaire, replié sur lui-même, curieux mélange de culture urbaine et de mentalité villageoise. Centré autour de la paroisse, il vit ses derniers jours, bientôt ne sera plus qu'un souvenir. Nous les suivrons dans leur innocence équivoque. Jusqu'au jour où un petit garçon de six ans disparaît. Soudainement, tout deviendra inquiétant, tout le monde apparaîtra suspect, la Peur s'installera comme en son royaume.
Vous auriez pu finir par croire que le spectacle n'était que cela, cette non-chute ; que rien d'autre ne se passait, ni ne se passerait, qu'il n'y avait donc pas de spectacle du tout, à proprement parler.
Le seul élément dramatique consistait en son regard, à la rigueur. Sa mobilité, son intensité. Son affolement. Le regard d'un emmuré devant les yeux duquel on aurait pratiqué une fente.
Nous avons dû prendre lunivers en main mon frère et moi car un matin un peu avant laube papa rendit lâme sans crier gare. Sa dépouille crispée dans une douleur dont il ne restait plus que lécorce, ses décrets si subitement tombés en poussière, tout ça gisait dans la chambre de létage où papa nous commandait tout, la veille encore. Il nous fallait des ordres pour ne pas nous affaisser en morceaux, mon frère et moi, cétait notre mortier. Sans papa nous ne savions rien faire. À peine pouvions-nous par nous-mêmes hésiter, exister, avoir peur, souffrir.
Sur la place d'une petite ville de province, une femme monte la garde.
C'est la Religieuse. Droite, fière, impérieuse, elle tente d'apercevoir, à la fenêtre d'une maison voisine, Robert, le Catoblépas, l'enfant qu'elle a élevé depuis sa naissance et qui est aujourd'hui un homme, l'enfant qu'elle a soigné comme une mère, mieux qu'une mère, peut-être... C'est à ce moment que paraît Alice, " l'âme délavée, écrapoutie " par vingt ans d'enfermement dans un hôpital psychiatrique.
Elle dit être la véritable mère clé Robert, qu'on lui aurait arraché à la naissance. Dans l'affrontement qui s'engage alors, seule la mort sera victorieuse. Plus qu'une suite à La petite fille qui aimait trop les allumettes, ce premier texte dramatique de Gaétan Soucy forme, à côté du roman, comme le second volet d'un diptyque. Après l'implacable tyrannie du père, c'est l'empire terrible des mères que Soucy traduit dans une langue inoubliable.
Car, encore une fois, l'auteur de La petite fille, invente une langue somptueuse pour dire le destin de ses personnages, une langue où résonnent les échos du Grand Siècle, mais, surtout, où bat le coeur de l'humanité la plus nue. (Le texte de Catoblépas est suivi d'une entrevue accordée par Gaétan Soucy à Stéphanie Jasmin.)
N'oublie pas, s'il-te-plaît, que je t'aime, est le dernier texte de fiction que Gaétan Soucy a écrit. Une longue lettre d'amour d'un professeur d'université à une de ses élèves. Écrit deux ans avant sa mort survenue le 9 juillet 2013, N'oublie pas, s'il te plaît, que je t'aime est, selon Gaétan Soucy lui-même, un texte « d'une charge émotive immense ». li s'y voyait en archéologue amoureux qui explore l'idéal humain. Dans cette lettre d'un professeur épris d'une étudiante, Soucy mesure, examine, interprète, remue, soulève les couches concentriques des sentiments. Ce faisant, il déclenche une tempête de vents brûlants qui charrie des parfums de scandale. « N'est-ce pas qu'elle n'est pas piquée des vers, cette lettre? On jurerait qu'elle a été écrite avec du sang. » li avait d'ailleurs fait lire ce texte à plusieurs de ses amis écrivains, dont Alberto Manguel qui lui avait suggéré « un deuxième pan, un reflet, une réponse ». Gaétan avait alors eu l'idée de composer la réponse de l'étudiante au professeur. Une réponse qui tient sur une page et sa mort subite a anéanti la possibilité de l'augmenter. Quelque temps après, avec l'accord de Sayaka, la fille de Gaétan, des écrivains se sont glissés dans la peau d'Amélie pour clore la correspondance entre le professeur et l'étudiante. Ce texte est devenu un livre hommage avec les participations de Suzanne Côté-Martin, Pierre Jourde, Catherine Mavrikakis et Sylvain Trudel qui se prennent au jeu littéraire en imaginant la réponse de la jeune fille.
Nous sommes à New York, à la fin des années vingt, en compagnie d'une drôle d'engeance : une équipe de démolition. Il y a d'abord les funérailles d'une petite fille, tuée par l'effondrement d'un escalier. Le cortège de deuil ondule lentement parmi les trous et les terrains vagues ; des échauffourées éclatent entre ces deux clans maudits que sont les démolisseurs et les «démolis», les expulsés. Il y a Xavier X. Mortanse qui, quand on le lui demande, affirme être un immigré hongrois de fraîche date. C'est ce qu'il croit. Il se souvient de s'être réveillé un jour sur un quai d'Amérique, des carrés de chocolat au fond d'une poche, son prénom tatoué sur le poignet.
Innocent absolu, horrifié par la vie, Xavier rentre chaque soir dans sa chambrette au huitième étage, à côté de celle de mademoiselle Peggy Sue Ohara, dont le destin sera terrible. Il y a aussi, sous la terre, un coffret fermé à clef. Dans le coffret, une grenouille. Et puis il y a Lazare, le contremaître du chantier, auquel il arrivera de casser une guitare, d'en garder une seule corde et de se pendre avec.
Mais comment résumer les ombres et les lumières de ce roman hors du commun ? Music-Hall ! est une véritable féerie à la mesure de New York, peuplée d'énigmes et d'effroi. C'est aussi un des chants les plus purs qu'il ait été donné de lire sur la souffrance mentale, la solitude humaine et la stupeur d'exister.
Dans un asile, l'Acteur répète chaque jour le même spectacle depuis 28 ans, le spectacle du héron immobile... Face à lui, le Cabotin s'agite, marmonne, ricane... L'Acteur sauve le monde. Le Cabotin le transforme. Cette histoire est écrite dans un cahier de dessin que le narrateur a hérité de son ami suicidé.