Ghislain de Diesbach a connu des survivants de ce monde auquel Proust rêvait d'appartenir et qu'il a coloré de tous ses artifices et de toutes les nuances de son génie. Nul ne pouvait mieux que lui en restituer les différents aspects.
Que ce soit du côté de Guermantes ou de celui de Cabourg, du côté du boulevard Haussman ou de celui de Mme Verdurin, le biographe observe, avec finesse et souvent ironie, le jeu des acteurs, leurs méthodes et leur mentalité, dans cette nouvelle Comédie humaine montée, de sa chambre de liège, par cet écrivain de la nuit, cette "altesse des ténèbres" que fut Proust.
C'est, suivant une formule célèbre, "l'histoire réussie d'une vie ratée" qu'il relate en contant les passions et les coquetteries, les intrigues et les tourments, les plaisirs et les nuits de l'écrivain, virtuose dans l'art de souffrir et habile aussi à créer sa légende. En toile de fond, son biographe évoque les salons parisiens et trace de savoureux portraits de personnages qui ont formé l'univers sentimental ou mondain de "la Recherche".
Biographie remarquablement documentée de celui qui, après s'être distingué comme diplomate en Égypte et en Espagne, conçut en 1854 le projet de percer l'isthme de Suez, ce qui lui valut de partager avec Victor Hugo la gloire d'être, pendant le dernier tiers du XIXe siècle, et dans le monde entier, le plus illustre des Français. Ghislain de Diesbach raconte avec brio le combat qu'il dut soutenir quinze ans durant, avec l'appui de Mohammed-Saïd, vice-roi d'Égypte, et celui, parfois hésitant, de Napoléon III, pour triompher des difficultés que les gouvernements britannique et turc s'ingéniaient à lui créer, sans parler d'obstacles naturels vaincus avec autant de persévérance et de volonté. L'inauguration, en 1869, du canal de Suez, accomplissement d'un rêve aussi vieux que le monde, fit de Lesseps un homme si prestigieux qu'il n'eut aucune peine à galvaniser l'opinion publique - et les épargnants français - lorsqu'il entreprit, à soixante-quinze ans, le percement de l'isthme de Panama.
Le Gotha raconté par un homme d'esprit et un grand écrivain d'histoire : une histoire dynastique de l'Europe.
L'Almanach de Gotha, appelé simplement le Gotha, fut, entre 1763 et 1944, le guide de référence de la haute noblesse et des familles royales européennes. A partir de cette nomenclature, Ghislain de Diesbach brosse avec verve et finesse l'histoire de dix-sept maisons royales, princières ou ducales, qui ont régné sur une vingtaine de pays européens. En biographe accompli, il privilégie les portraits, raconte les secrets, rivalités, grandeurs et petitesses des souverains et des familles illustres ou oubliées qui ont fait l'Europe.
L'humour, omniprésent, se conjugue avec la richesse des informations et la saveur des anecdotes pour offrir une histoire dynastique du Vieux Continent.
Fille unique du célèbre Necker, Germaine de Staël, née en 1766, est élevée dans le respect des principes de l'Emile de Jean-Jacques Rousseau dont elle défendra fidèlement la mémoire. Elle côtoie très jeune, dans le salon de sa mère, les hommes les plus illustres de son temps auprès desquels elle développera une intelligence exceptionnelle : Marmontel, d'Alembert, Diderot, Grimm, Buffon. En 1786, elle épouse le baron de Staël-Holstein, ambassadeur de Suède à Paris et protestant comme elle. Elle en aura trois enfants mais s'en séparera en 1796. Lorsque éclate la Révolution, et alors que son père se réfugie dans son château de Coppet en Suisse, Mme de Staël défend dans son salon parisien les idées libérales, prenant le parti des monarchiens ou constitutionnels. Lors de la chute de la royauté, elle s'installe à Coppet. De 1794 à 1808, sa liaison orageuse avec Benjamin Constant, chef de file des libéraux, la fait entrer dans l'histoire, tout commesa farouche opposition à Napoléon dont elle a tenté d'être un moment l'égérie. Mais l'Empereur ne pouvait avoir que de la répugnance pour une femme s'occupant de politique, qui plus est s'étant rangée dans le camp des idéologues. Sommée par lui dès le début de l'Empire de « résider au moins à quarante lieues de Paris », elle se fixe à Coppet tout en entreprenant de nombreux voyages en Italie, qui lui inspirera Corinne, ou en Allemagne, d'où elle rapportera De l'Allemagne. Les allusions dont fourmille le livre déplaisent à Napoléon qui fait piloner l'ouvrage et lui intime l'ordre de ne plus quitter la Suisse. Passant outre, elle parcourt l'Europe en tout sens et, partout, travaille à la coalition contre l'Empire. Son livre le plus célèbre, Considérations sur les principaux événements de la Révolution française, sera publié à titre posthume. Avec la sûreté de jugement et l'érudition qu'on lui connaît, l'auteur trace le portrait exhaustif d'une femme à la sensibilité rare, passionnée, ombrageuse, exigeante et tourmentée, disant d'elle-même : « Je suis une personne avec laquelleet sans laquelle on ne peut vivre. » Mme de Staël incarne avec Chateaubriand l'un des deux tempéraments d'écrivains les plus personnels du siècle. Digne héritière du siècle des Lumières, elle fut la première à donner au mot romantisme sa signification nouvelle. Par la hardiesse de sa pensée, par son esprit d'indépendance, Mme de Staël, à deux siècles de distance, semble étonnamment moderne, et son génie singulier plus brillant encore qu'il ne paraissait à ses contemporains.
L'abbé Mugnier (1853-1944), qui avait tout l'air d'un curé de campagne, a hanté sa vie durant le faubourg Saint-Germain, pénétrant là où Proust rêvait d'être reçu, directeur de conscience des grands de ce monde, ami intime d'écrivains, d'artistes, de poètes, qui se confiaient d'autant plus volontiers à lui qu'il comprenait tout, excusait tout et pardonnait tout. Abbé d'Ancien Régime et, malgré cela, moderniste, épris de liberté, partisan de la messe en français, voulant que le prêtre aille au devant des fidèles au lieu de les attendre dans les églises et les sacristies, il était libéral au point d'inquiéter sa hiérarchie avec laquelle il eut de douloureux conflits avant de conquérir son indépendance et d'exercer un ministère à sa façon. Il a laissé un Journal vite devenu célèbre dans lequel il tient la chronique d'un monde aujourd'hui disparu. Grâce à la communication d'archives privées, de correspondances inédites et de la partie non publiée du Journal, cette première biographie d'un personnage exceptionnel, raconte ses difficiles débuts de vicaire et sa double ascension vers l'Olympe aristocratique et le Parnasse des lettres, animé qu'il fut jusqu'à sa fin par cet enthousiasme en lequel il voyait le plus beau don de Dieu.
Précurseur de Guizot en politique et de Chateaubriand en matière religieuse, inspirateur de certaines des plus fameuses doctrines économiques du XIXe siècle, considéré comme le père du libéralisme français, ce Genevois amoureux de la France apparaît, au crépuscule d'une société et d'une époque, comme un homme des temps nouveaux s'efforçant, au début de la Révolution, de défendre l'Ancien Régime contre les privilèges, les jacobins et Louis XVI lui-même.
L'auteur trace ici un portrait de Necker plus plaisant que celui de l'histoire officielle et montre, sous l'étoffe un peu rêche du financier habile, de l'écrivain moralisateur, le ministre éclairé, l'homme d'esprit, mais aussi le père étonné et ravi de Mme de Staël. Une biographie magistrale portée de bout en bout par une plume inspirée.
Ce livre est un classique et, à ce jour, le seul de référence sur le sujet.
De 1789 à 1814, 200 000 à 300 000 nobles, bourgeois, et ecclésiastiques ont été contraints de fuir la France de la Révolution et de l'Empire. Dépouillés de leurs biens, persécutés pour leur foi, menacés dans leur existence même, ces gens ne sont le plus souvent partis qu'à contrecoeur, pleurant le pays qu'ils fuyaient et pleins de défiance à l'égard de celui qui les accueillait. Sans négliger l'histoire politique du mouvement et en puisant dans une masse considérable de souvenirs, Mémoires, lettres ou journaux intimes, Ghislain de Diesbach s'est attaché à la description de ces petites communautés françaises dispersées de Bruxelles à Coblence, de Naples à Pétersbourg, de Lisbonne à Philadelphie.
Jules Verne, né le 8 février 1828 à Nantes et mort le 24 mars 1905 à Amiens, a écrit plus de cent livres outre des nouvelles et des articles de journaux. Mais on ne connaît guère de lui que les fameux romans des voyages extraordinaires : L'Île mystérieuse, Vingt mille lieues sous les mers, Cinq semaines en ballon...
Ghislain de Diesbach a relu intégralement l'oeuvre de Jules Verne ainsi que les biographies qui lui sont consacrées pour établir cette analyse transversale et thématique du monde vernien : les serviteurs, les aristocrates, les sciences, les femmes, l'argent. Il montre à quel point l'écrivain fut à la fois homme de son temps et moraliste. En évoquant le monde intime du romancier, celui de ses sentiments devinés à travers ceux qu'il prête à ses héros, on retrouve tout l'univers mental d'une âme tout à la fois éprise des idéaux du XIXe siècle et réfractaire aux préjugés hypocritement humanitaires des XXe et XXIe siècles.
Les villages et les jardins du sud de l'Angleterre vont exercer un charme durable sur le jeune Ghislain de Diesbach lorsqu'il débarque à Brighton dans les années 1950. Venu apprendre la langue, l'étudiant provincial est conquis par les paysages et par l'esprit suranné des Anglais qu'il rencontre. Cinquante ans plus tard, écrivain accompli et historien reconnu, Ghislain de Diesbach revisite son passé et parcourt en esprit ces routes de campagne qui cachent toujours une demeure de charme. Les portes des maisons et des salons s'ouvrent et, d'une plume amusée et bienveillante, Diesbach livre une galerie de portraits des Anglais qu'il a connus : artistes, écrivains, propriétaires terriens ou membres de la gentry. De Nancy Mitford à Violet Trefusis, des oeuvres du poète Denton Welch aux figures de la communauté anglaise de Paris, l'auteur garde la nostalgie de ses voyages et de ses rencontres avec l'âme et la culture d'une certaine Angleterre qui a définitivement vécue. Né en 1931, Ghislain de Diesbach est l'auteur d'une oeuvre importante : nouvelles, romans et biographies.
Ecrivain, voyageur, opposant de marque, ambassadeur, ministre, polémiste, oracle, amant ou idole des femmes en vue, pilier de la foi, toute sa vie Chateaubriand a occupé la scène. Romancier inégal, historien novateur, pamphlétaire étincelant, il déploiera tout son génie dans l'art de conter son existence pour la rendre conforme à l'idée qu'il s'en était faite. Sur le plan politique, traditionnaliste et moderniste, conservateur et libéral, il incarne et annonce tous les courants qui auront agité et façonné la société du XIXe siècle.
Chateaubriand apparaît dans la présente biographie pleinement comme celui qu'il a été : farouchement indépendant, admettant mal d'obéir à un souverain à moins d'être son mentor, assoiffé de reconnaissance et d'applaudissements, bardé d'orgueil et de susceptibilité, toujours à court d'argent, croyant une grande carrière politique indispensable à la consécration de son talent, « se créant des obstacles, disait Mme de Boigne, pour avoir l'amusement de les franchir », aimé des femmes plus qu'il ne les aimait, inventeur d'un « mal du siècle » qu'il ne ressentait pas, obligé par le succès du Génie du christianisme d'assumer une foi qui n'était guère ardente. Bien qu'il soit célébré dès le début du siècle comme le premier écrivain de son temps, bien qu'il ait obtenu ministère, ambassade et pairie, son appétit de gloire ne sera jamais assouvi. Il augmentera avec l'âge, au point de fournir à Talleyrand l'un de ses plus jolis traits : « Chateaubriand se croit sourd depuis qu'il n'entend plus parler de sa gloire. » Pour son biographe, Chateaubriand eût été plus admirable encore s'il avait écouté Louis XVIII : « Qu'il est grand quand il ne se met pas devant lui. »
Inspirées par le souvenir du Saint Empire romain germanique et de l'Allemagne romantique du XIXe siècle, ces douze nouvelles respectent un ordre chronologique allant du milieu du XVIIIe siècle avec Iphigénie en Thuringe jusqu'en 1900 avec D'Amour et d'argent. Écrits par Ghislain de Diesbach entre vingt-quatre et vingt-sept ans, et publiés par Julliard en 1960, ces récits d'une perverse ingénuité forment un livre étrange, à la fois érudit et frivole. À certains égards, c'est le plus autobiographique des ouvrages de l'auteur. Une oeuvre littéraire de très fine écriture et maturité, avec des illustrations inédites de Philippe Jullian.
###############################################################################################################################################################################################################################################################
Pour fustiger le prêt à pense contemporain, voici un catalogue « anti-bobo » des idées mal reçues. Avec le sens aigu de la formule chic et choc, et le beau style qui le caractérise, Ghislain de Diesbach, en héritier de Voltaire autant que de Rivarol, nous invite à cueillir les fruits acidulés de son jardin des lettres. De A comme... abrutissement, amour ou aide humanitaire à Z comme... zen, Zidane, ZAC ou zones d'animation, il ravive la flamme de l'esprit critique et du bon goût, celui de l'Esprit Français.
Historien renommé, biographe et essayiste, Ghislain de Diesbach est l'auteur d'une vingtaine d'ouvrages parmi lesquels Une éducation manquée (Perrin, 2006). Grand Prix de la biographie de l'Académie française pour son Proust en 1992, il signe son premier dictionnaire de gentilhomme excentrique à contre-courant.
Que les gens sont mal élevés ! Un rappel de savoir-vivre.
Il faut considérer aujourd'hui le savoir-vivre comme un chef d'oeuvre en péril, car la politesse est mal vue aujourd'hui, voire condamnée au nom d'une certaine morale, issue de mai 1968. Ne dit-on pas d'ailleurs " Trop poli pour être honnête " ? Depuis le fameux slogan " Il est interdit d'interdire ", la politesse est considérée non seulement comme surannée, mais immorale en ce sens qu'elle est faite d'interdictions destinées à discipliner chez l'homme sa sauvagerie primitive. Elle apparaît non seulement comme un effet de l'éducation, mais aussi de l'intelligence et du raisonnement, en vertu de ce principe évangélique : " Ne fais pas à autrui ce que tu ne voudrais pas qu'on te fasse à toi. " C'est d'ailleurs un conseil de prudence et le fondement de toute morale, païenne ou chrétienne. Et c'est également, si l'on peut dire, un bon placement, ainsi que l'écrivait Mme de Saint-Lambert, amie des philosophes : " Il faut se sacrifier au bonheur des autres pour que les autres se sacrifient à nous. Tout est fondé sur une réciprocité. On fait un prêt, dont on perçoit les intérêts. C'est la banque du bonheur, mais il y de a l'agiotage ! " Dès que cèdent les barrières patiemment édifiées au cours des siècles, déferle une barbarie à laquelle on veut chercher d'autres causes. Lorsque des Anglais, dits " les monstres de Chester ", avaient filmé les tortures infligées jusqu'à ce que mort s'ensuive à des adolescents, bien des gens s'étaient indignés d'une telle sauvagerie, et Philippe Jullian, au lieu de se joindre au choeur des lamentations, s'était contenté d'observer : " Ce ne sont pas des monstres, ce sont seulement des gens qui n'ont pas été élevés, on ne leur a jamais dit que cela ne se faisait pas... " C'est le même qui devait d'ailleurs observer un autre jour : " Tous les gens sont mal élevés, mais les gens du monde, au moins, savent qu'ils le sont... "