Michel Foucault (1926-1984) aura été en France le plus novateur des maîtres à penser - maître sans programme qui a su offrir à ses lecteurs une « boîte à outils » qu'il expose par fragments dans ses entretiens, cours, articles et livres...
Philosophe « par défaut », Foucault était loin d'ignorer les méthodes, les auteurs et surtout les controverses qui agitaient les sciences humaines, qu'il ne se priva d'ailleurs pas de critiquer ouvertement. En retour, plusieurs notions qu'il élabora tout au long de son parcours (« savoirs », « gouvernementalité », « subjectivation ») continuent de faire débat autant chez les historiens, les sociologues ou les anthropologues, que chez certains praticiens comme les criminologues, les psychanalystes ou les spécialistes du droit, sans oublier le vaste domaine des cultural studies.
Foucault n'est pas de ceux qui se laissent facilement saisir et l'objectif de cet ouvrage est d'éclairer les enjeux de sa pensée pour en faire ressortir l'intérêt actuel et, pourquoi pas, montrer comment penser différemment l'enfermement, les institutions, le rapport à soi ou à la vérité.
Les archives inédites du savant Georges-Louis Le Sage, constituées de 35 000 cartes à jouer, sont un document exceptionnel sur la pensée telle qu'elle chemine. Drôle et énigmatique, ce matériau étonnant se révèle tout à la fois laboratoire, autobiographie et véritable boîte noire de la recherche.
Ce physicien genevois, contemporain de Rousseau, est un anticonformiste. Refusant les codes du monde savant, il écrit absolument tout sur des cartes à jouer : eurêka et tâtonnements, amertume de ne pas être reconnu, rapports polémiques avec ses pairs ou poème pour Newton, mais aussi angoisse face à sa mémoire qui peut flancher et à un corps qui vieillit... Classer ses cartes, les empaqueter et les étiqueter est pour Le Sage un travail quotidien, à la fois excitant et harassant. Ce sera sa seule véritable oeuvre, et sans doute aussi la source de ses désillusions sur la science et ses méthodes.
Trois siècles plus tard, Jean-François Bert s'empare avec tendresse de ces cartes, matériaux de la pensée. Il propose une plongée dans la recherche en train de se faire et son pouvoir imaginatif, tout en rendant hommage à ce performer avant-gardiste. La force de ce témoignage est que chacun y reconnaîtra le cheminement complexe de ses pensées et l'échafaudage perpétuel de listes sans cesse réagencées que toute réflexion impose.
C'est en 1934, devant un parterre de psychologues, que Marcel Mauss énonce sa célèbre conférence «?Les techniques du corps?». L'enjeu est de taille car il s'agit de démontrer 1- que les gestes techniques sont une coordination de différents mouvements du corps organisés en vue d'obtenir un résultat et une certaine efficacité, 2- que les actes techniques sont valorisés par le groupe dans son ensemble, car c'est lui qui les reconnaît comme efficaces physiquement, socialement et matériellement, et 3- que le social s'insère au plus profond de l'individu non pas uniquement pour le déterminer négativement, mais aussi pour l'adapter aux différents changements de la vie sociale.
En proposant cette nouvelle hypothèse, Mauss fait du corps un objet central pour la réflexion anthropologique.
Dans ce livre, Jean-François Bert, spécialiste de Mauss et de l'histoire de l'anthropologie française, propose une nouvelle édition commentée de la conférence de Mauss ; il retrace aussi l'histoire de sa réception et de sa diffusion en proposant un recueil des différents textes écrits à partir des années?1950 qui utilisent, discutent ou précisent les nombreuses hypothèses de l'anthropologue.
La démarche comparative que l'anthropologue Marcel Mauss (1872 - 1950) élabore en grande partie avec son jumeau de travail, l'historien Henri Hubert, entre la fin du xixe siècle et le début du XXe siècle, relève de logiques multiples. Comme méthode, elle est une stricte et minutieuse approche philologique des sources. Comme état d'esprit, elle relève d'une manière d'apprivoiser l'inconnu. Comme perspective critique, elle constitue un formidable outil scientifique d'objectivisation de la recherche, en particulier en histoire des religions.
Cet ouvrage se propose de montrer quels ont été les principaux effets de ce comparatisme ni systématique, encore moins achevé, mais que l'on peut reconstituer en suivant la manière dont Marcel Mauss aborda certains phénomènes religieux, comme le sacrifice, la magie ou la prière.
Ceci n'est pas seulement un nouveau livre sur Mauss et sur sa manière d'observer les phénomènes sociaux. C'est un livre sur les effets d'un comparatisme radical et subversif qui ne laisse jamais en paix celui qui décide de le mettre en oeuvre pour explorer et comprendre la diversité humaine.
C'est Marcel Mauss au travail que nous présente Jean-François Bert, au terme d'une enquête fondée sur les archives de l'anthropologue : saisi sur le vif dans la rédaction de ses comptes rendus pour L'Année sociologique, ses lectures en bibliothèque, l'édition posthume de ses collègues comme Henri Hubert ou Robert Hertz, ou encore la mise en forme de son fichier. Autant de pratiques savantes mobilisées dans la production, la diffusion et la réception d'un savoir, celui des sciences sociales alors en constitution.
Le lecteur suit les traces des activités de l'anthropologue au croisement de la sociologie, de l'anthropologie et de la philologie. Les grandes étapes de sa vie, son travail quotidien à L'Année sociologique, ses candidatures au Collège de France, la rédaction de ses articles les plus importants ou ses rapports avec son oncle Émile Durkheim sont ici revisitées à partir d'une attention portée aux manières de faire, aux faits et gestes du savant, mais aussi aux rites et aux genres du savoir de la fin du XIX¬ ¬e et du début du XX¬¬e siècle.
L'atelier de Marcel Mauss nous fait découvrir l'image d'un chercheur plus contrastée que celle donnée par les biographies classiques. Un atelier, surtout, qui permet de mieux comprendre l'apport de l'anthropologue à une science en devenir.
L'édition musicale est au coeur des préoccupations du monde de la musique. Ses enjeux financiers sont bien perçus par les professionnels de la filière mais comment faire correctement un travail d'éditeur ?
L'Édition musicale, entièrement remise à jour et augmentée, prend en compte les nouveaux défis du droit d'auteur et de l'édition musicale au XXIème siècle.
Il présente les relations des éditeurs avec les auteurs, les artistes et les autres professionnels sans négliger les contraintes juridiques inhérentes à ce métier d'éditeur, véritable « manager » des oeuvres qui doit faire respecter ses droits sans faillir à ses obligations.
Les domaines d'intervention de l'éditeur y sont définis, comme ses relations avec les auteurs et la Sacem (relevé de comptes sociétaire, dépôt des oeuvres, frais de gestion.).
Les différents types d'éditeurs, la nature de leurs collaborations (coédition, gestion éditoriale, sous-édition) et leur rémunération cernent au mieux les logiques à l'oeuvre et les enjeux financiers.
La parole y a été, le plus souvent possible, donnée aux professionnels, afin que les informations fournies reflètent la réalité des pratiques.
Les nouveautés de cette édition : La gestion de catalogue - Les différences entre droit d'auteur latin et copyright anglo-saxon - Tableau comparatif entre gestion individuelle et gestion collective - De nouvelles paroles d'éditeurs.
Michel Foucault (1926-1984) aura été en France le plus novateur des maîtres à penser, maître par défaut, sans programme articulé, qui a su pourtant offrir à ses nombreux lecteurs issus des disciplines les plus variées une « boîte à outils » qu'il dévoile par fragments (entretiens, cours, articles, livres...). A plus d'un titre, les modes d'investigation développés par Foucault ont des points communs avec certaines démarches des sciences sociales : sa rupture explicite d'avec la problématique classique de la souveraineté, ses attentions portées aux micromécanismes de la domination, sa façon d'interroger les institutions ou les manières de gouverner... Pourtant, les notions clés qu'il développe, (« archéologie », « généalogie », « discipline », « gouvernementalité », « subjectivation »...), redéfinies tout au long de son parcours, n'ont pas fait l'unanimité chez les historiens, les sociologues ou les anthropologues, ou encore les criminologues ou les spécialistes du droit, passés ou modernes. Foucault n'est pas de ceux qui se laissent facilement saisir et l'objectif de cet ouvrage est d'éclairer, dans toute leur richesse et leur diversité, les enjeux de ses travaux pour en faire ressortir l'intérêt actuel pour les sciences sociales et, pourquoi pas, aider à penser différemment l'enfermement, les institutions et la société, le rapport à soi et le dire-vrai.
La réalité de l'édition musicale est, pour une large part, peu connue du grand public. Cet ouvrage a pour ambition de lever le voile sur ses acteurs, leurs relations, et les contraintes juridiques qui pèsent sur eux. Il s'attache à définir ce qu'est une oeuvre, un auteur, un éditeur, à décrire quels sont les droits et obligations de chacun.
De l'inscription au relevé de comptes sociétaire, en passant par le dépôt des oeuvres et les frais de gestion, nombre d'informations pratiques à connaître sur la Sacem y sont traitées de façon concrète.
Les rôles et domaines d'intervention de l'éditeur y sont définis, de même que ses relations avec les auteurs et la Sacem. Les métiers de l'édition, les différents types d'éditeurs et la nature de leurs collaborations (coédition, gestion éditoriale, sous-édition) font l'objet d'une description précise qui permet de mieux cerner les logiques à l'oeuvre et les enjeux financiers.
La parole y a été, le plus souvent possible, donnée aux professionnels, afin que les informations fournies reflètent la réalité des pratiques.
Que serait Michel Foucault sans ses bibliothèques, Galilée sans sa lunette, Jules Maciet sans ses ciseaux, James Prescott Joule sans sa science tactile des températures, Jean Antoine Nollet sans ses expériences mondaines, Pascal sans sa machine arithmétique, Jean Piaget sans son bureau-collection de coquillages, Umberto Eco sans ses déambulations ou encore Marcel Jousse sans ses basculements de chaise ?
Ces savants et scientifiques le montrent : manipuler, observer, ordonner, hiérarchiser, catégoriser, sélectionner, citer ne sont pas des actes uniquement mentaux, intellectuels, discursifs, ils sont aussi pleinement matériels. Ils se déploient dans des lieux dédiés (bibliothèques, laboratoires, observatoires). Ils impliquent des objets et des instruments qui ont été pensés, inventés, fabriqués, pour être manipulés. Ils imposent des gestes, produisent des habitudes corporelles, convoquent des sensations.
Voir les savoirs de la sorte, en prenant en compte cette matérialité, c'est ouvrir la boîte noire de l'ordinaire des manières de faire science, hier et aujourd'hui.
Voilà que la collection Ciné voyage fait sa première halte à Paris, ville trop riche sur le plan cinématographique pour faire l'objet d'un seul volume. Elle va donc se prêter à une découverte par quartiers et c'est à Montmartre, colline mythique qui a inspiré tant d'artistes, que commence un parcours qui débordera sur les arrondissements voisins du 18e arrondissement (9e et 10e).
Une invitation à (re)découvrir Montmartre et ses alentours, quartiers des peintres, des amoureux et des petites gens, des voyous et des ripoux, des quartiers immortalisés par Duvivier, Tru aut, Rohmer ou Jeunet - avec Le Fabuleux destin d'Amélie Poulain - comme par Vincente Minnelli ou Woody Allen.
En 1954, Michel Foucault participe à une fête des fous à l'asile psychiatrique suisse de Münsterlingen, dont il reste des photos, inédites. Étrange cérémonie, survivance d'un rituel hérité directement du Moyen Âge, qui marqua le jeune philosophe en train d'élaborer une nouvelle manière de parler de la folie et de son histoire.
Notice :
Cette visite de Michel Foucault en mars 1954 à l'asile psychiatrique suisse de Münsterlingen le jour d'un carnaval des fous nous apprend beaucoup à la fois sur le jeune philosophe - l'année 1954 est riche en événements pour lui -, mais aussi sur ce rituel qui a perduré jusqu'au milieu du xxe siècle.
Photos, archives, textes éclairent ce moment trop souvent négligé par les spécialistes de Michel Foucault. Ce début des années 1950 est pourtant marqué par l'entrée de Foucault dans les asiles et par sa passion pour les innovations qui touchent la psychologie clinique.
C'est la germaniste Jacqueline Verdeaux, munie d'un Leika, qui photographie. Ces images laissent entrevoir l'étrange sensation qu'a pu ressentir Foucault lors de ce jour improbable où les fous « jouent » aux fous. Une sensation d'autant plus étrange que l'asile cantonal est, avec la clinique universitaire du Burghölzli de Zürich, l'une des plaques tournantes de la psychiatrie suisse.
Ce livre, qui aborde une période inexplorée, et non abordée dans La Pléiade à paraître, nous pousse à renverser les perspectives familières concernant Michel Foucault.
En 1895, Hobbes est au programme de l'agrégation de philosophie.
Nous voici en présence des notes inédites prises par Marcel Mauss pendant le cours que donne Emile Durkheim devant un public fidèle et actif. Sont ainsi mises en relief les préoccupations du sociologue au milieu des années 1890. Déchirement du tissu social, rôle de l'Etat et de la famille, fonction sociale de la religion: comment fait-on pour vivre ensemble ? - des questions centrales pour l'histoire des sciences sociales que posait Hobbes et qu'actualise Durkheim.
Au début du XXe siècle, à côté d'une ethnologie philosophique et sociologique et d'une anthropologie naturaliste et physique, se développe une ethnologie qui revendique l'observation d'un « concret » linguistique et technique, du matériel, de la technique, de leurs rapports avec le « social » et les « mentalités » des sociétés.
Charles Parain (1883-1984), André-Georges Haudricourt (1911-1996) et André Leroi-Gourhan (1911-1986) ont été les représentants de cette manière d'analyser, d'observer et d'historiciser des sociétés qu'elles soient actuelles, lointaines, rurales, ou préhistoriques.
Tous les trois ont cherché à penser la matérialité du phénomène technique comme caractéristique première et décisive de l'humanité et moteur de son histoire ; mais aussi comme point de nouage et dénouage du monde social, de la quotidienneté reconstruite jusqu'à la généralité des systèmes technologiques.
Cinq ans après les vacances qui l'ont rendu célèbre dans le film du même nom, Monsieur Hulot retourne en ville et s'aperçoit que futur et présent se confondent, engendrant toutes sortes de tracasseries et de gags. Sorte de Don Quichotte moderne avec chapeau et imperméable, il se bat, imperturbable, contre la société de consommation et les machines : les moulins à vent sont devenus d'immaculées maisons bourgeoises et monotones, où ce n'est pas l'homme qui s'est emparé de la technologie, mais la technologie qui s'est emparée de l'homme...
Amèrement et comiquement prémonitoire : une des premières satires de la société de masse et un des tous premiers films écologiques.
Foucault nous a donné de multiples potentialités pourrepenser certaines des questions classiques posées par l'histoireet les sciences des religions.Cet ouvrage fait état des nombreux excursus du philosophevers les domaines de la spiritualité antique, de l'histoire duchristianisme primitif, de l'ascétisme chrétien, ou encore de laquestion des marginalités religieuses. Il est l'occasion, surtout,de réfléchir sur quelques uns des « outils » mis en place parle philosophe et de montrer comment ceux-ci peuvent serévéler pertinents pour saisir les phénomènes religieux de notremodernité.Des phénomènes qui se comprennent à l'intérieur deproblèmes historiques, politiques et sociaux, culturels. Seulemanière, répète Foucault, de nous protéger contre les synthèsestoutes faites et les découpages familiers, mais aussi d'ouvrir laréflexion à l'épreuve de la réalité et de l'actualité.
Jean-François Bert est Maître d'enseignement et de recherche à l'Université de Lausanne.Spécialiste de l'histoire des sciences humaines, il développe une nouvelle approche qui se veutattentive aux pratiques et aux techniques savantes. Il a codirigé le Cahier de l'Hernesur Foucault (2011), et a participé à l'édition, en Pléiade, des oeuvres du philosophe.