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Jean Michel Reynard
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Regard de l'indifférencié : correspondance 1977-2000
Jean-Michel Reynard, André Du Bouchet
- Le Bruit Du Temps
- 3 Février 2023
- 9782358731812
C'est en 1976 que Jean-Michel Reynard, recommandé par Jacques Dupin, rend visite pour la première fois au poète André du Bouchet, de vingt-six ans son aîné. S'ensuit, dès le printemps 1977, une conversation épistolaire intense, qui ne prend !n qu'avec la mort de du Bouchet, une vingtaine d'années plus tard. C'est Reynard qui en !xe les règles : il veut con!er au poète « une ré#exion qui persiste », ré#exion qu'il mènera presque seul jusqu'à son terme, du Bouchet n'intervenant que lorsqu'il pense pouvoir apporter une précision ou développer les impressions qu'on lui prête. L'enquête exigeante de Reynard, à mi-chemin de la littérature et de la philosophie, est à la fois d'un lecteur, qui connaît sa puissance de critique, et d'un écrivain à ses débuts, qui cherche sa voix à travers une autre : tout « supplétif » de du Bouchet qu'il se sent, il se fraye néanmoins, peu à peu, un chemin vers une « langue juste ». Et cependant le plaisir que son correspondant manifeste aux échanges aura dépassé le simple fait d'être bien lu. Comme l'explique Clément Layet, Reynard vient pallier l'impossibilité d'André du Bouchet de faire retour sur ce qu'il a écrit : « Pour ce qui est d'une di$culté à revenir sur ses traces, je la ressens moi-même comme absolue. » D'où le « sérieux coup d'oxygène » quand il découvre les commentaires de Reynard : « Rien de ce qui n'aura pas été tout à fait dit ne vous échappe, et avec quelle précision vous savez localiser à un degré de conscience qu'il ne m'est jamais donné d'atteindre, ce que je ne cesse d'entrevoir de façon désordonnée ou confuse » (18 décembre 1984). À aucun moment l'un des épistoliers ne se livre à des con!dences susceptibles de remettre en cause le parti-pris esthétique d'André du Bouchet qui s'est toujours e%orcé d'e%acer dans ses livres tout repère biographique. Les rares allusions intimes auxquelles les deux amis s'abandonnent sont aussitôt transposées sur un plan impersonnel, celui des grandes questions sur le langage et les rapports mystérieux qu'un poète entretient avec la peinture.
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On peut seulement se laisser emporter, se laisser recouvrir, se laisser prendre à ses lacets, à sa touffeur, aux pièges qui sont sa vérité. [...] L'épreuve est rugueuse mais, dès l'exclusion qu'elle assigne, commencent à fonctionner sa provocation, son magnétisme. Une lecture, une seconde lecture, et les immersions répétées dans le texte irriguent en nous des strates insoupçonnées. Même si nous nous désintéressions de ce dont il parle, personnages, lieux, actions, circonstances, difficile après les premiers pas dans une contrée hostile, d'échapper à son emprise, de ne pas céder aux rouages dévorants de sa logique démentielle. Jean-Michel Reynard est cet écrivain suicidaire qui se déplace avec maîtrise et hardiesse dans un texte-paysage hérissé de pièges et de couteaux, parsemé de fondrières et d'eaux croupies, ruisselant de laves et de venin. Il poursuit sous tous les angles, et dans les moindres encoignures, une vérité de l'autre et de soi qui le hante, et la vérité se tient cachée dans sa poursuite même. De nid en noeud, de trace en destin. Une seule phrase en mille dont les méandres et les accidents exposent le procès, l'incohérence, la chute infinie. Il ne renonce jamais, il tombe, il casse, il détruit, il recloue et passe. Son livre est un lieu de rencontres impromptues, une maison de passe sacralisée. Car il est traversé, son livre et sa chair perforés, par une flèche très aiguë dont la trajectoire réinvente en la déniant l'épiphanie de la mort. Jacques Dupin (extrait de la préface).
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REVUE LIGNES : sans sujet
Jean-Michel Reynard
- Nouvelles Lignes
- Revue Lignes
- 5 Novembre 2008
- 9782355260209
Après l'eau des fleurs (2005, préfacé par jacques dupin), lignes poursuit avec sans sujet la publication des textes achevés que jean-michel reynard, mort en 2003, a laissés.
La langue qu'il y déploie figure sans conteste parmi les plus puissantes qui soient.
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