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Joël Bastard
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Les couvertures contemporaines/Le principe souterrain
Joël Bastard
- GALLIMARD
- Blanche
- 4 Avril 2024
- 9782073020840
«Nous accumulons des strates et des strates de connaissances. Le pied de l'enfant cognera la pierre du matin. Cognera encore une fois la pierre du matin. Nous ne savons rien de plus que cette dernière illusion dense ! Un éclat de rire défait les auréoles et nous nous endormons les bras sur l'essentiel.» C'est une écriture mystérieuse et déroutante, bousculant l'ordre présumé du langage, qui se déploie ici.
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C'est le roman d'une vieille dame qui doit aller chercher des cigarettes et des mots croisés . Une odyssée de trois cents mètres, par un auteur poète et forgeron. Premier roman.
Bastia. Filumena, c'est une vieille dame que ses pieds font souffrir au-delà de tout, mais qui doit sortir de chez elle pour aller chercher des cigarettes et des mots croisés. Le bureau de tabac est situé à trois cents mètres de l'entrée de son immeuble, entre le bar Antoine et la boulangerie Antoine, tout près de l'épicerie Antoine. C'est-à-dire au bout de l'enfer. Filumena a choisi son heure et attend presque midi. L'heure où toutes ces dames sont affairées en cuisine, les courses dans le frigidaire et les couronnes bleues allumées sous les cocottes. En chemin, elle observe, elle s'agace, s'impatiente, souffre et se souvient.
Une odyssée de trois cents mètres portée par une voix irrésistible.
Prix Henri Mondor de l'Académie Française pour Se dessine déjà (Gallimard, 2002)
Prix Antonin Artaud pour Beule (Gallimard, 2001) -
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Mon vers est fait je ne sais de quoi
Je le transmettrai à celui
Qui le transmettra à quelqu'un d'autre
Là-bas vers l'Anjou
Pour qu'il me transmette de son étui
La contre-clef.
Guilhem de Peiteus
Ma peinture ne représente rien non plus, mais elle fait
sens pour le regardeur qui en a « la contre-clef ».
Pierre Soulages -
On marche dans une ville étrangère, Montréal, de porte en porte, de visage en visage. On ne connait de ce jour, ni la dernière porte, ni le dernier visage. Une phrase s'éteint, les mains serrées sur la rambarde d'un balcon, une ville dans les yeux.
Ce livre est devenu un spectacle en 2020. Une lecture interprétée par Sandrine Bonnaire accompagnée par le trompettiste Erik Truffaz qui en a composé la musique. LA CLAMEUR DES LUCIOLES a été jouée en France, en Italie, en Suisse... et a été sélectionnée dans le cadre Un rêve d'Avignon par France Culture en 2020.
"...Je vais sortir. Je dois sortir. Marcher dans les rues, écouter la ville. Voir le pas des maisons. Voir les habitants entrer dans ces maisons et en sortir. Plus que tout, je dois aller voir le fleuve, le chemin qui marche, le Magtogoek des amérindiens, le fleuve aux grandes eaux. Le Saint Laurent. Mais peut-être ne sera-t-il plus là. Peut-être que le fleuve aura disparu au fond de la nuit dans le cerveau d'un homme qui le rêvait. Peut-être que le fleuve et tous ses transports de pommes douces, de sel et de farine, coule pour toujours dans le crâne d'un inconnu disparu en forêt. Peut-être que le fleuve que nous voyons là est une illusion, le reflet de la pensée d'un homme étendu sous les branches et que le chemin qui marche le protège maintenant de son absence." -
Au décès de son mari, Jeanne se désengourdit de ce temps de vie commune. Loin des cases dans lesquelles sa famille aimerait la voir, elle prend ses distances avec le monde, tout en y cherchant sa juste place. En compagnie de son amie Denise, elle entame un voyage à travers la France, à travers sa propre mémoire aussi. Oui, pourquoi pas voyager ? Elle vivra des paysages, des bêtes plus ou moins féroces au bord de la route, des rivières sombres ou claires, des rencontres sans lendemain, une station amoureuse à l'Hotel California, le brame du cerf... et pourtant elle ne conduit pas !
Il faut pour vivre sa vie un nombre incalculable d'accidents, pense Jeanne. Et pour cela, il faut faire mouvement.
Avec une écriture proche de l'observation, Joël Bastard signe ici un texte entre roman et récit, s'inscrivant dans une saga familiale qui mêle passé et présent, l'ici et l'ailleurs.
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Ce soir Neil Armstrong marchera sur la lune
Joël Bastard, Patrick Devreux
- ESPERLUETE
- 27 Mai 2013
- 9782359840391
Une seconde où tout bascule dans sa voiture, Saïd vole.
Il y a l'avant, le camping avec les jeunes, la bagarre et la course-poursuite.
Il y aura l'après, au village, le rassemblement autour de l'événement que la télé relaye et qui occulte l'instant présent.
Une seconde qui s'éternise et accentue le décalage entre le fait divers et le fait historique et entre les gens d'ici et d'ailleurs.
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Jephan de Villiers ; des figures de silence
Roger Pierre Turine, Caroline Lamarche, Bernard Noël, Joël Bastard, Laurent Danchin, Collectif
- Prisme Editions
- 8 Juin 2021
- 9782930451367
Jephan de Villiers et sa civilisation imaginaire sont un signe pour notre temps. Présence de l'arbre, de l'eau, travail sur la mémoire. Prescience presque prophétique, dès l'émergence de son oeuvre, d'une menace pesant sur la nature. Création d'un peuple d'âmes-oiseaux au regard lucide et inquiet à la fois, émouvantes vigies faites de bois et d'écorce, de châtaignes d'eau, d'oeufs de raies ou de rejets de l'océan. Créatures habitées. « OEufs de mémoire » parcourus de signes énigmatiques. Pages couvertes d'une écriture libre et instinctive.
Guetteur de mondes oubliés, Jephan de Villiers arpente forêt et rivages, dans une solitude voulue et tranquille. Arpenter. Glaner. Déposer dans l'atelier. Laisser le temps faire son oeuvre méditative, laisser les éléments sauvages vous choisir ou se choisir entre eux. Apprivoiser, assembler, construire.
Toute une vie livrée au geste, aux rencontres, à la patience. À ce qui est donné lorsque le regard se fait attentif à ce qui a été mais aussi à ce qui vient. Car ce travail se révèle, aujourd'hui plus que jamais, d'une actualité émouvante.
Le livre se veut le reflet de ce parcours aussi tranquille que déterminé, d'une cohérence rare.
JEPHAN DE VILLIERS:
C'est vers l'âge de quatorze ans que Jephan de Villiers commence à réaliser d'immenses villages de terre, d'écorces et de feuilles dans le jardin de sa grand-mère au Chesnay près de Versailles. Il aime le cirque, le théâtre et le mime. Son travail de sculpteur et de poète ne s'arrêtera jamais. Dans les années soixante, il découvre l'atelier reconstitué de Constantin Brancusi. Naissance des Structures Aquatiales à Paris en 1966. Un an plus tard, il s'installe à Londres et y expose régulièrement son travail. En 1976, il découvre la forêt de Soignes près de Bruxelles. Le Voyage en Arbonie commence. Depuis 2000, il vit et travaille en Charente Maritime non loin de la Gironde. Il nous invite à quitter notre quotidien pour nous plonger dans une civilisation imaginaire qui semble être d'un passé où l'homme et la nature ne faisaient qu'un. De très nombreuses expositions lui sont consacrées. Ses sculptures sont présentes dans des lieux publics ouverts, dans des musées et dans de nombreuses collections privées. « Des Fragments de mémoires » ont été exposés à travers le monde.
Auteurs: Roger Pierre Turine, Caroline Lamarche, Laurent Danchin, Bernard Noël, Joël Bastard, Marc Petit, Chantal Detcherry, Emmanuel Driant, Michel Butor, Arnaud Matagne, Jean-Dominique Burton
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Bakofè (qui signifie "derrière le fleuve" en bambara) est un poème écrit durant l'hivernage de 2005 à Ségou Koura au Mali (près de Ségou). L'auteur a vécu deux mois dans ce village au bord fu fleuve Niger, principalement parmi les Bambaras. Porté par la chaleur, des images inédites et par l'humanité paisible de ce peuple il écrit cette suite. Tentant en cela d'être au plus proche de ce qu'il voyait, vivait et ressentait. Au plus proche de la pauvreté, du simple et de la beauté des êtres et des lieux.
Les couleuvrées rôdent d'arbre en arbre mélangeant les essences.
Maillant le fleuve au ciel.
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Derrière le fleuve (qui, en bambar, se dit "Bakofè") est un journal écrit durant l'hivernage de 2005 à Ségou Koura au Mali. L'auteur a vécu deux mois dans ce village au bord du fleuve Niger, à l'écoute du grand Jéli (griot). C'est ainsi que l'on nomme là-bas le fleuve des fleuves. On peut entendre sa voix dans Bakofè (derrière le fleuve, en bambara), paru chez Al MAnar en 2009.
Le fleuve, ce livre qui passe, se fait de se défaire.
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Myriam, surnommée Manière, est une fille «simple», comme on dit. Aide-soignante dans un hospice de vieillards tenu dans le Jura par des clarisses, elle s'attire la sympathie du personnel et des pensionnaires. Son besoin d'être aimée la fait se plier aux fantaisies de Jas, le jardinier. Lourde d'un terrible secret, Manière se construit une existence de rêve dans les pages de magazines qu'on n'appelait pas encore «people» dans les années 1950. Ce récit monologué a l'émotion forte et juste des êtres que la vie n'a pas gâtés.
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«Le tronc des arbres est la tranche du livre que nous ne lirons pas. Et nous traversons l'immense bibliothèque avec les yeux perçants qui tentent de graver les écorces. Les essences nous promènent d'une question à l'autre. Le bûcheron qui se déshabille le soir dort nu dans la sève. Et j'écris sur ce papier qui n'en contient pas.»
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« L'errance des esprits est au coeur du voyage, entre deux points dessinés sur la carte ».
Voyage en Bretagne au-delà de la mort du père, mais qu'importe, l'important est dans la rencontre. Piliers de bar, jeune fille perdue ou femme chaleureuse se retrouvent dans les rues, les salles de café ou accoudés à la table de la cuisine. Chaque paragraphe, en quelques traits, brosse tout cet univers d'hier revisité aujourd'hui et maintenant. Joël Bastard, dans une écriture dépouillée et lumineuse porte sur les lieux et les choses les plus humbles un regard chaleureux et précis d'une infinie tendresse.
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«Sortez le poète des ruines. Prenez ses yeux, prenez sa bouche. Retenez-le, il se noie encore et encore dans la marée bruyante des pierres. Dans la cadence intime des allusions inouïes. Enfoncez vos doigts dans ses poumons lourds de trop d'archives. Décollez les images démolies et pesantes, ni secours ni envolées, de ses respirations chroniques. Donnez-lui une chance de revenir chanter la beauté muette du jour.» Il arrive que les poèmes aient la forme des nuages et le poids d'énigme des pierres, des cailloux. C'est le cas des textes en prose de Joël Bastard. Ces pièces à forte densité poétique ont l'air obscur à première vue, à l'égal du titre qui les chapeaute. Les thèmes traités sont extrêmement variés:la beauté des choses, le goût des paysages, le monde animal, la géographie des signes, etc. Une fois la lecture commencée, les poèmes s'ouvrent comme des bogues et révèlent un fruit mesuré ou explosif doué d'une telle vitalité, d'un tel rythme, d'une telle force magnétique qu'ils pénètrent en profondeur celui qui les lit, ou l'éclaboussent d'images.
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Papillotes sans chocolats - ficelle n 111- joel bastard - gravures charlotte reine
Joël Bastard
- Rougier
- 5 Novembre 2000
- 9782913040885
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Nous transportons le monde d'un endroit l'autre.
Le souffle. la matière imagée. le dôme des paroles respirables. c'est le paysage que nous rendons chaque jour à la vie. la somme naturelle. nous transportons le monde. d'un endroit l'autre seulement le poids de notre corps. (joël bastard).
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Un fort non loin de la frontière, des militaires attendent on ne sait trop quoi, l'ennemi, l'amour, l'honneur, la mort..
Le capitaine, tout en déclamant des alexandrins, projette de faire construire un pont, le pont Mathurine. Ce dernier n'a aucune raison d'être, n'ira nulle part mais l'armée s'empare du projet avec jubilation.
Au pied du fort, des « civils » regardent et commentent avec gouaille, ce monde absurde qui va à vau-l'eau, sorte de choeur antique déjanté.
Dans cette pièce de théâtre, Joël Bastard nous emmène au bord de la folie, , dans une langue moqueuse et truculente.
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Papillotes sans chocolats 1. illustre monotypes de luce guilbaud
Joël Bastard
- Rougier
- 1 Mars 2006
- 9782913040168
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Sans carte d'état major en ces terres rouges aux confins de la Franche-Comté, les éclats d'un pays, d'une errance, d'une écriture en marche au pas des arbres, des herbes et des visages. Au pas des livres ouverts en chemin, ceux de Xavier de Maîstre, d'Elisée Reclus, de Jacques Lacarrière, de Wang Wei et de bien d'autres. Au pas des villages traversés, des monts et des forêts. Au pas des infimes découvertes qui font le monde : un oiseau, un buisson, un fragment de mémoire, un bouton de culotte, un magnolia, des trappeurs de petites bêtes, un grand buveur de Négrita ou les yeux verts de Béatrice ...
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«La bergeronnette se pose dans le noir. Dans le voir. Je la vois. Sous mes paupières. Agaçante. Elle sursaute en moi. C'est une phrase que je distingue mal. Un mot comme un tremblement qui ne se lasse pas d'effacer sa propre forme. La bergeronnette à force efface tout autour d'elle et reste là. Sautillante. S'effaçant d'elle-même. Elle-même s'effaçant.»
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«Plusieurs départs de terrier. Avec au fond le constat de la roche. Comme en fin de phrase. Le retour sur soi. L'errance à nouveau. La nuit sur le dos. Le jour dans les pattes. Les épaules. Les hanches. Les poumons de la forêt sur la route. Ne cherche pas tes mots. Ils sont dans ta bouche, occupés à d'autres démangeaisons. Dans le boucan des becs, des plumifères excités et des apparitions qui pointillent l'atmosphère. Le craquement d'un arbre. Au point où nous en sommes. Peut être le poids supplémentaire d'une feuille gorgée d'eau.»
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«Pas un livre dans les niches ombragées du grand chêne. Dans la circulation lente de ses racines rugueuses en l'air surchauffé. Pas un livre près de la fontaine. S'ouvrent seulement les ailes d'un papillon hospiton cousin du flambé. Son ombre est un filet d'eau espérant l'envolée. Pas un livre à cheval sur la porte du jardin. Pas un livre au barracòne des brebis dorées. Ni dans la pente de San Biaggiu s'écroulant chaque jour dans la Casaluna. Pas un livre dans les filets que l'on retire de l'aube.» Joël Bastard.
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Entre deux livres nous sommes au vent. A l'enterrement de ceux qui n'écouteront plus le dialogue incertain de la pluie et de la rivière. Nous sommes au temps qui demeure un point d'interrogation sur l'aile d'un oiseau qui fond au silence de l'horizon.