Si la sociologie, comme la photographie ou encore l'art de l'essai, est bien une invention française, il faut encore reconnaître que les chercheurs français n'ont pas seulement été les pionniers de la discipline, tels Auguste Comte et Émile Durkheim?: ils ont également contribué, par leurs efforts collectifs, à produire une véritable tradition intellectuelle particulièrement féconde. Mais qu'est-ce que partagent des sociologues aussi divers que Raymond Aron, Pierre Bourdieu, Bruno Latour ou encore Luc Boltanski, par exemple, qui appartiennent à des générations différentes, et représentent des courants intellectuels et des styles de travail tout à fait distincts??
Johan Heilbron présente ici une vue d'ensemble unique sur la plus ancienne et l'une des traditions nationales les plus vivantes de la sociologie. Il s'attache à retracer son évolution depuis ses débuts, à l'orée du xixe?siècle,jusqu'à son expansion à la fin du xxe?siècle. Présentant de nouvelles interprétations de la manière dont des penseurs comme Émile Durkheim et son groupe de collaborateurs ont redéfini la discipline et ont contribué au renouvellement d'autres sciences humaines, le livre de Heilbron constitue une étude sociologique novatrice et un ouvrage de référence pour l'histoire des sciences sociales.
Les sciences sociales sont communément considérées comme des phénomènes récents. Elles seraient apparues au cours du XIXe siècle, mais leur essor véritable ne daterait que du siècle suivant. On retrouve cette image chez les professionnels comme chez les profanes. Elle est aussi très appréciée des historiens des disciplines concernées. Ce qui demeure dans l'ombre est la manière dont ces disciplines sont nées. Ce livre ne veut rien d'autre que lever le voile, en historien et en sociologue, sur les conditions d'émergence d'un ensemble de disciplines dont l'évolution récente n'est pas sans conséquences sur l'histoire de la pensée comme de l'usage social qui en a été fait.
Ce volume donne corps au projet qui a toujours animé Pierre Bourdieu, et qui traverse ses derniers travaux, celui de mettre en chantier une vaste histoire des sciences sociales. Un an après sa mort, un colloque international s'est tenu à Paris, en 2003, réunissant des spécialistes de cette question afin de lui rendre hommage et de faire le point sur l'état des recherches qu'il avait initiées autour de ce thème lors de son séminaire de 1997.
Nées à la fin du XIXème siècle, les sciences sociales ont dû lutter contre les pouvoirs temporels et spirituels pour acquérir leur autonomie, pour se voir reconnaître le droit de proposer un discours scientifique sur la morale, la famille, la société. Elles se sont ainsi définies par rapport aux grandes institutions traditionnelles que sont l'Église, l'État ou le monde académique. Enjeux particuliers de pouvoir, elles ne peuvent faire l'économie de leur propre histoire.
Cet ambitieux et vaste programme de recherches est ici exposé et déployé à travers des cas exemplaires situés tant en France qu'au-delà de nos frontières, au XIXème et au XXème siècle.
Ce livre analyse les pratiques de recherche qui ont rendu possibles les travaux de Pierre Bourdieu et de son équipe dans les années 1960. Fondé sur des archives inédites et des entretiens, il dévoile un art de l'invention scientifique et éclaire un moment unique de l'histoire des sciences sociales.