«Marelle est une sorte de capitale, un de ces livres du XXe siècle auquel on retourne plus étonné encore que d'y être allé, comme à Venise. Ses personnages entre ciel et terre, exposés aux résonances des marées, ne labourent ni ne sèment ni ne vendangent : ils voyagent pour découvrir les extrémités du monde et ce monde étant notre vie c'est autour de nous qu'ils naviguent. Tout bouge dans son reflet romanesque, la fiction se change en quête, le roman en essai, un trait de sagesse zen en fou rire, le héros, Horacio Oliveira, en son double, Traveler, l'un à Paris, l'autre à Buenos Aires.
Le jazz, les amis, l'amour fou - d'une femme, la Sibylle, en une autre, la même, Talita -, la poésie sauveront-ils Oliveira de l'échec du monde ? Peut-être... car Marelle offre plusieurs entrées et sorties. Un mode d'emploi nous suggère de choisir entre une lecture suivie, "rouleau chinois" qui se déroulera devant nous, et une seconde, active, où en sautant de case en case nous accomplirons une autre circumnavigation extraordinaire. Le maître de ce jeu est Morelli, l'écrivain dont Julio Cortázar est le double. Il cherche à ne rien trahir en écrivant et c'est pourquoi il commence à délivrer la prose de ses vieillesses, à "désécrire" comme il dit. D'une jeunesse et d'une liberté inconnues, Marelle nous porte presque simultanément au paradis où on peut se reposer et en enfer où tout recommence».
Florence Delay.
"Les porteurs de torches marchaient les premiers, éclairant vaguement le passage aux murs humides et à la voûte si basse que les servants du prêtre devaient courber la tête. On l'emmenait maintenant, on l'emmenait, c'était la fin. Face contre ciel, à un mètre du plafond taillé à même le roc, et qui s'illuminait par instants d'un reflet de torche. Quand, à la place du plafond, surgiraient les étoiles et se dresserait devant lui le grand escalier incendié de cris et de danses, ce serait la fin."
Savez-vous lire l'heure en effeuillant un artichaut? Tuer les fourmis à Rome? Monter un escalier en connaissance de cause? Poser correctement un tigre? Vous faut-il des instructions pour pleurer? Pour avoir peur comme il faut? Vous arrive-t-il de jeter les timbres-poste que vous trouvez laids? De tremper un toast dans vos larmes naturelles? Avez-vous parfois envie de dessiner sur le dos d'une tortue une hirondelle?Si vous répondez «oui» à six de ces questions, vous êtes un Cronope, un de ces êtres qui font, depuis quinze ans, carrière en Amérique latine:on dit - on écrit même dans la presse - que Monsieur X ou Y est ou n'est pas un Cronope authentique. Cela suffit pour que le lecteur sache à qui il a affaire.Dans le cas contraire, vous risquez d'être un de ces Fameux qui conservent leurs souvenirs enveloppés dans un drap noir:pour votre tranquillité, mieux vaut s'abstenir de lire ce livre.Publiées en Argentine en 1962, ces histoires sont le miroir du regard intime de Julio Cortazar. Elles lui ont même valu un siège au Collège de Pataphysique. Précédant les grands romans et les nouvelles fantastiques qui ont fait sa réputation en France, ces mini-textes éclairent le comportement de tant de personnages farfelus et graves qui sont les protagonistes des oeuvres maîtresses de Cortazar.
Les histoires de Julio Cortazar s'inscrivent dans une grande tradition classique de la littérature fantastique. Mais chez lui, contrairement à ses prédécesseurs, pas de fantômes, pas d'ambiguïté:les histoires les plus élaborées ne tendent pas vers l'abstraction, elles gardent - et c'est leur mystère - la vitalité du quotidien. Cortazar s'inscrit aussi dans la tradition surréaliste du «merveilleux quotidien», du mystère de la réalité qu'il est réservé au poète de percer derrière les apparences, dans un état de rêve éveillé ou de transe. Il est ce voyant qui extrait l'insolite de la banalité, l'absurde de la logique, le prodigieux de l'ordinaire. L'extrême dépouillement du style ne peut qu'ajouter à l'illusion de la facilité. Ces histoires si simples à lire atteignent un sommet de la sophistication:l'alliance imprévisible du jeu, de la folie, de la poésie et de l'humour.
Un écrivain accompagne la lente déchéance d'un saxophoniste de génie, détruit par l'alcool et la drogue, johnny carter.
Des studios d'enregistrement de baltimore avec miles davis au saint-germain-des-prés dans les années cinquante, des hôtels miteux aux nuits dans les clubs de jazz, des délires paranoïaques aux fulgurances créatrices...
Des dieux sanglants et féroces surgis d'un passé lointain, l'impossible métamorphose d'un homme en bestiole aquatique, le public survolté d'un concert qui finit par dévorer le chef d'orchestre et les musiciens... et tant d'autres nouvelles où la vérité se craquelle et tend vers le fantastique, où Cortázar est, comme écrit Mario Vargas Llosa, «voyant qui détecte l'insolite dans l'habitude, l'absurde dans la logique, l'exception dans la règle et le prodigieux dans le banal».
Qui de nous ne s'est jamais trouvé pris dans un embouteillage? Qui n'a tenté de tuer le temps en observant les passagers des voitures voisines, en essayant de gagner quelques mètres sur eux et en échangeant des pronostics, bons ou mauvais, sur le développement de la situation? Mais que se passe-t-il si l'embouteillage dure des jours, des semaines, des saisons? C'est ce que Cortazar imagine dans L'autoroute du Sud, la première des huit nouvelles de ce recueil. En décrivant les rapports de solidarité et de peur, de tendresse et de hargne qui s'établissent entre les victimes de cet «état de siège» moderne, c'est toute une nouvelle sociologie - tantôt drôle ou tendre, tantôt tragique - qu'il invente au cours des péripéties.Ainsi, dans l'admirable Autre ciel, l'on voit le protagoniste circuler avec la plus grande aisance entre le passage Güemès à Buenos Aires, où il laisse sa fiancée Irma à la fin de la Seconde Guerre mondiale, et la galerie Vivienne à Paris, où il retrouve la prostituée Josiane à la fin de la guerre de 70... Dans la nouvelle qui donne son titre à l'ouvrage, le parallélisme de deux séries temporelles nettement distinctes brise résolument la succession linéaire du temps, comme la structure euclidienne de l'espace, pour atteindre à une vérité plus humaine...Pour Julio Cortazar, rien, en effet, n'est plus inquiétant que la plus banale des réalités, et la trame du quotidien est tissée de signes insolites, pour qui sait les lire.
Pourquoi le nombre d'entrées enregistrées dans le métro de Buenos Aires est-il inférieur au nombre des sorties? Peut-on devenir complices sans jamais se voir? Comment communiquer avec les morts ?
Maître du fantastique, Julio Cortázar bouscule l'ordre établi du temps et de l'espace. Entre angoisse et exquise ambiguïté, réel et imaginaire, il nous offre dix nouvelles qui plongent dans les replis de l'être. Un voyage dont on ne sort pas indemne.
«Ces jeudis-là à la tombée de la nuit quand Lemos m'appelait après la répétition à Radio Belgrano et entre deux Cinzanos ses projets de nouvelles pièces, devoir l'écouter alors que je n'avais qu'une envie, partir dans les rues et oublier les dramatiques pour deux ou trois siècles, mais Lemos était l'auteur à la mode et me payait bien pour le peu que j'avais à faire dans ses programmes, des rôles plutôt secondaires, et en général antipathiques.»
Lorsque la banalité du quotidien prend soudain une dimension aussi inattendue qu'inquiétante, Julio Cortázar nous fait basculer dans son étonnant univers... Nouvelles extraites du recueil Fin d'un jeu.
Traduit de l'espagnol par laure guille-bataillon manuel est un bébé latino-américain de paris.
Ses parents et leurs amis s'efforcent de lui bâtir un monde plus humain, plus riche, mais surtout plus drôle. ils lui fabriquent un livre de lecture où se côtoient les informations les plus variées, allant du sinistre à l'insolite, car ces révolutionnaires tiennent avant tout à garder le sens de l'humour. " ce qui compte, ce que j'ai essayé de raconter, c'est le geste affirmatif face à l'escalade du mépris et de la peur, et cette affirmation doit être la plus solaire, la plus vitale de l'homme : sa soif érotique et ludique, sa libération des tabous, son exigence d'une dignité partagée".
Prix médicis étranger
Saviez-vous que les chats étaient des téléphones? Que les tables lèvent le pied quand elles se retrouvent seules? Que l'avenir de la natation sportive réside dans des piscines remplies de farine? Et combien il est difficile de tuer l'hydre de nos obsessions et de conserver malgré tout quelque chose de soi?
N'osant s'autoriser l'autobiographie, Julio Cortázar utilise des subterfuges. Le voici qui nous offre un tour de Lucas en cinquante saynètes. Autant de courts textes qui lient la réflexion métaphysique à la farce et nous offrent la plus jouissive des leçons : comment faire un pied de nez au sérieux?
« On s'endort, un point c'est tout. Personne ne pourra jamais dire à quel instant s'ouvrent les portes du rêve. Ce soir-là, je m'endormis comme d'habitude et je fis, comme d'habitude, un rêve. Seulement. »
Ainsi commence la première des Histoires de Gabriel Medrano, nouvelles fantastiques qui nous offrent un magnifique aperçu de l'originalité de Cortázar et de ses talents de conteur.
Une jeune femme est incapable de se confier à l'homme qu'elle aime car, petite fille, elle a été agressée par un soldat. Quand elle le regarde, elle croit reconnaître le visage de celui qui a abusé d'elle... Une histoire tristement banale qui fait basculer le quotidien dans un univers d'angoisse. Avec un style sobre et concis, Julio Cortazar mêle imaginaire et réalité, remettant en cause les notions du vrai et du fictif.
Rien n'est simple : toute réalité a son ombre, son double, son hydre. Moins mythiques, les bêtes mystérieuses qui hantent les nouvelles de Cortázar n'en sont pas moins terribles.
Un homme a la nausée : il vomit des petits lapins qui deviennent envahissants au point de le pousser au suicide. Une femme vêtue de rouge se mue en panthère sanguinaire, entraîne une salle de concert dans sa folie et mène une véritable danse des ménades. Un banal pull-over de laine bleue devient une pieuvre redoutable. Dans une ferme isolée, un tigre rôde, image et instrument mortel du désir et de la vengeance d'une petite fille. Telles sont quelques-unes des figures du redoutable bestiaire intérieur que Julio Cortázar déploie devant nous avec la minutie attentive du naturaliste et le génie du poète.
Telles les faces d'un prisme qui captent et réfractent chaque rayon lumineux, les huit nouvelles de ce recueil s'emparent de la réalité quotidienne, la fractionnent en milliers de particules infimes pour lui donner une dimension inattendue:une rame de métro un soir d'hiver est un lieu chargé de mystère, un cheval blanc rôde autour d'une maison isolée où vit un couple désuni...Cortazar ne se contente pas de la surface des choses:il leur confère un volume qui conduit le lecteur dans cet espace inexploré où se situe la véritable relation entre les hommes.
Julio CORTAZAR (1914-1984) Crépuscule d'automne (poèmes) Traduit de l'espagnol (Argentine) par Silvia Baron Supervielle Collection Ibériques ISBN 978-2-7143-1027-9 n°édition : 2037 344 pages -22 Euros Parution 6 mai 2010 Je ne sais pas ce qui rend un livre inoubliable mais je sais que, depuis que je découvris Salvo el crepúsculo, dans la première édition mexicaine, je n'ai jamais pu l'oublier. C'était en 1984, année de la mort de Cortázar. Une nouvelle édition est sortie récemment aux éditions Alfaguara, elle inclut de légères retouches faites par l'auteur sur des épreuves retrouvées. Mais il n'a rien supprimé, ni changé, ni désavoué de cet ensemble de textes d'époques diverses de sa vie, choisis et spécialement réunis par ses soins. De quelle manière ce livre est arrivé entre mes mains, je ne saurais le dire. J'en suis tombée amoureuse et ensuite il s'est de lui-même enraciné dans mon souvenir.
Car peu de temps après, je me suis mise sans succès à le chercher sur mes étagères. Depuis lors, à intervalles réguliers, je n'ai pas cessé d'essayer de le retrouver en vain. Il me semblait impossible de l'avoir perdu ou prêté à quelqu'un ; il avait disparu et je ne me consolais pas. Il m'était cher, il enfermait une signification particulière, une musique, une indépendance, une nostalgie qui trouvaient en moi une résonance pleine. Après qu'il eut publié Rayuela (Marelle) en Argentine, Cortázar adressa une lettre à son ami Fredi Guthman, où il dit : "Maintenant les philologues, les rhétoriciens, les versés en classifications et en expertises se déchaîneront, mais nous sommes de l'autre côté, dans ce territoire libre et sauvage et délicat où la poésie est possible et arrive jusqu'à nous comme une flèche d'abeilles....". S. B. S.
Éditions José Corti - 11 rue de Médicis - 60 rue Monsieur le Prince - 75006 Paris - 01 43 26 63 00 - HYPERLINK "mailto:corti@noos.fr" corti@noos.fr - www.jose-corti.fr
Lire en espagnol Collection dirigée par Henri Yvinec La collection s'adresse à tous ceux qui désirent découvrir ou redécouvrir le plaisir de lire dans leur langue d'origine les oeuvres des plus grands auteurs contemporains.
Notes en espagnol en regard du texte, lexique bilingue en fin de volume dispensent d'un recours fastidieux au dictionnaire.
Julio Cortázar La noche boca arriba y otros relatos présentés par Elisabeth Bezault et Annie Chambaut Le sacrifice rituel d'un motocycliste à Mexico, une île où se fondent rêve et réalité, un post mortem anticipé, la dure réalité de la dictature en Argentine, l'absurde, le monstrueux, la vie, en somme, en perpétuelle mutation...
Premier grand roman de Julio Cortazar resté inédit pendant plus de trente ans, L'Examen est enfin réédité dans la collection Empreinte.
À la veille d'un examen universitaire, deux étudiants, Juan et Clara, accompagnés d'un couple d'amis et d'un personnage appelé le chroniqueur, font une longue promenade dans Buenos Aires. Cette dérive nocturne sur les trottoirs de la ville leur tient lieu de « grand oral » et d'aventure. Ils sont témoins de scènes étranges, croisent des foules recueillies devant des ossements, évoluent dans un épais brouillard au milieu de champignons inexplicables.
Le régime de Peron, avec son climat de violence et de répression, est le cadre de ce roman, dont certaines scènes apparaîtront quelques années plus tard comme de surprenantes prémonitions.
La obra maestra de Julio Cortázar. Una novela que conmocionó el panorama cultural de su tiempo y marcó un hito insoslayable dentro de la narrativa contemporánea.
Le petit Hector lit un gros roman d'alpinisme. Il lit avec une telle lenteur que les exploits du grand champion Max Banotti finissent par perdre tout leur mordant. On ne peut évidemment pas rester aussi longtemps accroché au flanc nord de l'Annapurna, tout simplement parce que le petit Hector n'est pas très bon lecteur.
Écrits directement en français, ces douze textes de Julio Cortázar n'avaient été publiés en 1966 qu'à soixante exemplaires illustrés de lithographies de Julio Silva. La prose incisive de l'Argentin, qui s'était installé en France en 1951, trace avec un humour des plus grinçants une galerie de portraits et de situations entre absurdité et réalisme noir : ainsi sa Façon très simple de détruire une ville ou sa recette Refusée par Maggi et même par Knorr sont d'une saveur rare.
El amor turbulento de Oliveira y La Maga, los amigos del Club de la Serpiente, las caminatas por Paría en busca del cielo y el infierno tienen su reverso en la aventura simétrica de Oliveira, Talira y Traveler en un Buenos Aires teñido por el recuerdo.
"El mas travieso de sus libros." Mario Vargas Llosa Incluye, en exclusiva, la historia de la creacion del libro contada a traves de las cartas de Julio Cortazar y una guía para leer al autor. Con motivo del 50 aniversario de Alfaguara, este título ha sido elegido como uno de los 50 imprescindibles de la historia de la editorial. Historias de cronopios y de famas es uno de los libros legendarios de Julio Cortazar. Postulacion de una mirada poetica capaz de enfrentar las miserias de la rutina y del sentido comun, Cortazar toma aquí partido por la imaginacion creadora y el humor corrosivo de los surrealistas. Esta coleccion de cuentos y viñetas entrañables es una introduccion privilegiada al mundo inagotable de uno de los mas grandes escritores del siglo XX y un antídoto seguro contra la solemnidad y el aburrimiento. Sin duda alguna, con este libro Cortazar sella un pacto de complicidad definitiva e incondicional con sus lectores. Reseñas: "Cortazar detectaba lo insolito en lo solito, lo absurdo en lo logico, la excepcion en la regla y lo prodigioso en lo banal. Nadie dignifico tan literariamente lo previsible, lo convencional y lo pedestre de la vida humana." Mario Vargas Llosa "Cortazar es uno de los mejores escritores argentinos." Adolfo Bioy Casares "Cortazar nos ha dejado una obra tal vez inconclusa pero tan bella e indestructible como su recuerdo." Gabriel García Marquez "Le dio sentido a nuestra modernidad porque la hizo crítica e inclusiva, jamas satisfecha o exclusiva." Carlos Fuentes "De los grandes escritores que he conocido, ninguno, excepto Borges, parecía haber meditado tanto como el sobre el problema de la forma y el estilo. A este aprendido magisterio que se transmite de escritor a escritor, hay que agregar su propio magisterio, lo que le debemos y le deberan las generaciones que lo siguen." Abelardo Castillo "No puede desconocerse la influencia de sus textos en buena parte de la narrativa que despues de el se escribio en español." Jose Donoso ENGLISH DESCRIPTION This collection of short and humoristic stories is a privileged introduction to the inexhaustible world of one of the greatest writers of the last century. Cronopios and Famas is one of the most-loved books by Julio Cortazar, perhaps the greatest of Latin American novelists; it is delightfully characterized. As the Saturday Review remarked: "Each page of Cronopios and Famas sparkles with vivid satire that goes to the heart of human character and, in the best pieces, to the essence of the human condition."