Filtrer
Rayons
Support
Éditeurs
Prix
Karel Pecka
-
Á la suite de circonstances fortuites, Antonin Tvrz, sociologue, est retenu dans le passage praguois qu'il vient de traverser : repoussant les uns après les autres les motifs qui devraient le contraindre à sortir - il a une réunion à l'université, doit passer à la banque, retrouver sa femme, puis sa maîtresse - il se met à musarder au gré des boutiques et cafés qui jalonnent les allées couvertes, et fait bientôt des rencontres de plus en plus étranges. En échange d'une clé lui permettant d'accéder à un lit pour sa première nuit dans le passage, il abandonne ses papiers au portier-chef, personnage énigmatique aux apparitions aléatoires. C'est le début d'un enfermement qui se mue bientôt pour Tvrz en une décision assumée : s'apercevant qu'il est possible de satisfaire à ses besoins élémentaires - gagner quelque argent en donnant un coup de main ici où là, manger, rester propre - Tvrz pense atteindre avec cette nouvelle vie clandestine la véritable liberté. L'espace du passage s'offre à ses explorations, des corridors labyrinthiques des sous-sols jusqu'aux toits où il va prendre le soleil. Mais une inquiétante rumeur politique enfle de jour en jour, une agitation orchestrée par le parti des Purs. Tvrz trouvera la mort au premier jour de la révolution, son rêve autarcique brisé par la violence totalitaire.
-
Né en 1928, Karel Pecka, est arrêté en 1949 pour dissidence politique et passe plus de dix ans emprisonné et dans les camps, où il doit travailler, comme nombre de ses pareils, aux mines d'uranium. Il tire de cela de nombreux récits dont certains paraissent en Tchécoslovaquie entre 1966 et 1968. Interdit de publication à partir de 1969 et jusqu'en 1989, durant la période dite de « normalisation » qui a suivi le Printemps de Prague, il doit, pour survivre, travailler comme « pompeur d'eau » dans les marais de Bohème. Il parcourt ainsi le pays, de village en village, vivant de façon rudimentaire dans une roulotte qu'il partage avec l'un de ses compagnons de peine. Cette itinérance forcée et pénible est l'occasion pour lui d'enrichir sa perception de la réalité sociale et humaine. Il en tire plusieurs récits de grande intensité, dont « Les yeux de Sacha » : ce récit fortement autobiographique, où deux amis s'attachent à un chien errant, a tout de la parabole : dans un décor de misère et d'hiver glacial, le chien Sacha, corniaud famélique, est comme l'expression de la douleur et de l'absurdité des destins humains.