La grammaire est plantée il reste l'orthographe et de moi le style J'achève ma destinée je propose des issues paradoxales en fuite C'est ma suite dans les idées par trop de charme et d'acharnement Plus fort qu'un âne plus fort qu'une pierre jetée mais ramassée Alors il faut l'océan pour se fondre dans une carte postale J'exprime ma liberté pour toi à 15 heures 17 heures de Paname Je voudrais achever avant la tombée du ciel et la naissance d'une nouvelle étoile La mort d'une planète je n'en verrai le sens qu'à ma propre mort jetée Ce sont les chariots qui portent les biens dans les ruelles et les impasses Il faut voir plus clair ici à Essaouira plus profond tout en silence Il n'y a pas de secret à la violence elle est absente c'est le sourire L'éclat des yeux et le vent trépignent un jour sur toute la Médina Les mauvais esprits me quittent petit à petit et je revois le jour Je ne pense plus jamais à demain l'instant est bien trop soucieux Pas de péril dans toute une démesure un vague à l'âme qui s'éteint Tout doucement j'ai attendu cet instant puisse-t-il perdurer Je n'ai cure de maintien sur l'azur et dans le lointain...
Début 2015, à la fin de la nuit de l'épiphanie (prétexte à de grandes festivités en Espagne), alors qu'il rentre dans l'appartement qu'on lui a prêté Plaza Mayor à Madrid, Kiko Herrero est ter- rassé par une violente douleur au poumon. Transporté d'urgence à l'hôpital un interne diagnostique un cancer au dernier stade. Que l'on se rassure : il s'agissait d'une erreur de diagnostic. Si l'auteur de ¡ Sauve qui peut Madrid ! est effectivement très malade, il ne s'agit « que » d'une pneumonie et ses jours ne sont pas en danger. Il n'empêche, pendant quelques jours, il va croire sa fin arrivée.
Alors, entre délires dus aux médicaments et imagination morbide, il va se souvenir. D'abord de ce que ce lieu représente pour lui, ce fameux Hôpital Clinico, gigantesque centre hospitalier madrilène où il est né, où son père est mort, où il a dû aller, aux urgences notamment, ou visiter parents ou proches, tant de fois. Ensuite il revit cet itinéraire qui lui avait autrefois fait fuir Madrid pour aller à Paris, ses années de galère, un détour par Londres, et puis retour à Paris, décidément, où il exercera tous les métiers, connaîtra tous les excès, et fera sa vie.
On connaît la verve de Kiko Herrero, son talent a décrire, à évoquer, en grossissant éven- tuellement le trait, en imaginant des développements comiques ou fantastiques à la réalité déjà passablement riche qui est celle de sa vie. Cette verve se donne libre cours ici, dans une véritable exubérance mémorielle.
Pànic Orfila est né à Londres d'une mère catalane et d'un père anglais. Orphelin à huit ans, il est envoyé dans la province de Barcelone chez sa grand-tante Àngels, ancienne combattante anarchiste et femme à poigne. Aussitôt, elle met entre les mains du garçon L'Unique et sa propriété, de Max Stirner, et tâche de lui transmettre ses valeurs libertaires.
Douze ans plus tard, après quelques déboires amoureux, c'est un Pànic excentrique et peu ancré dans la réalité qui arrive à Barcelone pour étudier. Il y fait la connaissance d'un quatuor de dandys qu'il surnomme « les Vorticistes ». Ceux-ci, sentant le besoin de reconnaissance du jeune homme, décident de l'inclure dans un mystérieux projet de révolution. Ils l'initieront à leur manière aux amphétamines et à la lutte clandestine.
Kiko Amat est né à Sant Boi en 1971. Il a quitté le système scolaire à dix-sept ans pour se consacrer à la recherche de la chanson pop parfaite et au fanzinat. Il est l'auteur de six romans déjantés où la musique tient toujours une place importante.
Ce sont des moments, des f1ashs. des épisodes, ce sont des histoires qui, dans un même mouvement, recomposent et éparpillent une enfance, une adolescence, une jeunesse madrilènes. D'abord sous la chape franquiste puis dans l'effervescence de la Movida.lnstants heureux, instants tragiques s'entremêlent et explosent en un feu d'artifice de sensations et de sentiments qui effacent le passage du temps.
Une impressionnante galerie de personnages très hauts en couleur, tantôt sortis d'un film de Buiiuel, tantôt d'un film d'Almodovar. peuple ces textes dont l'ensemble, avec les rappels et les correspondances de l'un à l'autre, fait un roman mouvementé, bruyant, à l'image des rues populaires de Madrid, de ses nuits agitées. de ses contrastes sociaux. Il y a des nains, des prêtres, des militaires, des drogués, des alcooliques, des femmes vertueuses et définitivement vierges, des prostituées, des folles et des fous, des rats, un gorille et même une baleine ...