« «Dites-moi, me demanda Skliansky, qu'est-ce que c'est que Staline?» Skliansky connaissait par lui-même suffisamment Staline. Il voulait obtenir de moi une définition de cette personnalité et l'explication de ses succès. Je réfléchis. «Staline, dis-je, est la plus éminente médiocrité de notre parti.» » Premier livre écrit par Trostky pendant son exil, Ma vie est plus qu'une biographie, ce fut une façon d'organiser la lutte que, depuis la mort de Lénine, l'opposition communiste mena contre les nouveaux dirigeants du régime soviétique. L'autobiographie lui apparut comme un moyen de poursuivre la bataille qu'il n'avait jamais cessé de mener pendant les trente années de son activité politique. Si les premiers chapitres sont consacrés à l'enfance, bien vite il s'agit avant tout d'une esquisse du mouvement ouvrier et de la révolution russe. Le combat d'un homme.
« La Russie a accompli si tard sa révolution bourgeoise qu'elle s'est trouvée forcée de la transformer en révolution prolétarienne. Autrement dit : la Russie était tellement en retard sur les autres pays qu'elle a été obligée, du moins dans certains domaines, de les dépasser. Cela semble absurde. Cependant, l'histoire est pleine de ces paradoxes. [...] Les pédants se figurent que la dialectique est un vain jeu d'esprit. En réalité, elle reproduit seulement le processus de développement qui vit et se meut dans des contradictions ».
Léon Trotsky.
Histoire de la Révolution russe.
1. La révolution de Février.
« Durant les deux premiers mois de 1917, la Russie était encore la monarchie des Romanov. Huit mois plus tard, les bolchéviks tenaient déjà le gouvernail, eux que l'on ne connaissait guère au commencement de l'année et dont les leaders, au moment de leur accession au pouvoir, restaient inculpés de haute trahison. Dans l'histoire, on ne trouverait pas d'autre exemple d'un revirement aussi brusque, si surtout l'on se rappelle qu'il s'agit d'une nation de cent cinquante millions d'âmes. [...] L'histoire de la révolution est pour nous, avant tout, le récit d'une irruption violente des masses dans le domaine où se règlent leurs propres destinées. » Léon Trotsky.
Parmi les tyrans qu'a connus le 20e siècle, Staline occupe une place particulière. Durant sa longue période de domination, le «petit père des peuples» a été adulé par des millions d'exploité·es et d'opprimé·es à travers le monde car son nom, associé à la révolution d'Octobre, était synonyme d'émancipation et de liberté...
Intellectuel·les et artistes occidentaux ont participé activement à cet aveuglement. De nombreux ouvrages historiques sont parus sur le personnage, mais peu ont tenté de comprendre plus fondamentalement les processus sociaux et historiques qui ont permis l'émergence du dictateur.
Peu avant son assassinat par le despote du Kremlin, Léon Trotsky, principal opposant à Staline, a entrepris d'écrire cette biographie. Disposant de sources de premières mains, lui qui a été au coeur du Parti bolchevique et a connu les protagonistes clés de cette cruelle histoire, il nous propose ici à la fois un portrait perçant du militant géorgien qui se hisse par la ruse et la brutalité au sommet du Parti bolchevique et une analyse pénétrante des bouleversements qu'a pu connaître la Russie soviétique et qui ont ouvert la voie à la dégénérescence des idéaux qui l'avaient portée.
Il s'agit de la première édition intégrale en français du manuscrit original conservé à Harvard, dont de larges parties ont été ignorées des éditions précédentes.
80 ans après l'assassinat de Léon Trotsky, figure du mouvement révolutionnaire international persécuté par le stalinisme, cette anthologie rend à nouveau disponible un grand nombre de textes qui ne l'étaient plus ou qui n'avaient encore jamais été traduits en français. Élaborés dans le contexte de crise des années 1930 (crise économique, montée du fascisme et de la lutte de classes, menace d'une nouvelle guerre mondiale, etc.), ils témoignent tous d'une même obsession chez l'auteur : élaborer un programme d'action capable de gagner les masses à la révolution. Accompagné d'un riche appareil critique, le recueil est complété d'un avant-propos d'Anasse Kazib, cheminot, l'une des principales figures de la bataille de l'hivers 2020 contre la réforme des retraites.
"La classe dominante impose ses fins à la société et l'accoutume à considérer comme immoraux les moyens qui vont à l'encontre de ces fins. Telle est la mission essentielle de la morale officielle. Elle poursuit "Le plus grand bonheur possible"." Cette phrase résume à elle seule, la démarche de Trotsky dans ce court essai que nous proposons éclairé par deux discours datant de la révolution française écrit par deux acteurs de la Terreur; Maximilien de Robespierre et Saint-Just.
Révolution et morale, Terreur et vertu, Échec et réussite, Peuple souverain et traîtres à la Patrie...
Au-delà de la justification trotskiste des errements de la guerre civile russe et des présupposés vertueux de la terreur révolutionnaire au service de la cause du peuple, la juxtaposition de ces deux textes permet d'engager la réflexion sur la pratique révolutionnaire, sa nécessaire violence et la négation même des idéaux que ces actes barbares permettraient de protéger.
"Leur Morale et la nôtre" date de l'exil de Léon Trotsky au Mexique et paraît quelque temps avant le début de la seconde Guerre mondiale; un moment de l'Histoire où l'idée même de morale semble se dissoudre dans la monstrueuse réalité des combats.
Léon Trotsky révolutionnaire, théoricien du marxisme, rédige en pleine guerre civile (1919) le décret autorisant la prise d'otages et leur exécution; sa justification a posteriori demeure un témoignage fascinant sur l'idée que "la fin justifie les moyens". Le texte de Robespierre que nous présentons est le célèbre discours du 18 pluviôse an II (5 février 1794) présentant "les principes de morale politique qui doivent guider la Convention nationale dans l'administration intérieure de la république..." ; celui de Saint-Just datant du mois de juillet 1794 prend la défense de Robespierre.
En 1934 et 1935, alors que la Deuxième Guerre mondiale s'annonce, Trotsky écrit son journal d'exil, sur trois cahiers d'écolier. Commentaire clairvoyant sur la course du monde vers l'abîme. Mais aussi reflet de son drame personnel : Laval s'est entendu avec Staline et veut expulser Trotsky. Mais aucun pays n'accepte de donner asile au grand révolutionnaire. Le gouvernement français met donc Trotsky en résidence surveillée dans une petite ville de province et lui impose une véritable réclusion.
Dans la vie d'un lecteur, certains auteurs occupent une place à part - lectures inaugurales, compagnons de tous les jours, sources auxquelles on revient.
La collection « Les auteurs de ma vie » invite de grands écrivains d'aujourd'hui à partager leur admiration pour un classique. Elle reprend le principe des « Pages immortelles », publiées dans les années trente et quarante chez Corrêa/Buchet Chastel : chaque volume se compose ainsi d'une présentation de l'auteur choisi ainsi que d'une anthologie personnelle.
Ces rencontres extraordinaires, ici partagées, sont pour le lecteur de belles occasions de relectures ou de découvertes.
1939. Léon Trotsky vient de fonder la Quatrième Internationale, mais le fascisme triomphe et il sera bientôt minuit dans le siècle. Réfugié au Mexique où il sera assassiné par les agents de Staline l'année suivante, Trotsky livre avec cet essai sur l'actualité de la pensée de Marx l'un de ses derniers textes.
Ce livre a été écrit dans les premiers mois de l'année 1918, durant les séances de pourparlers de paix à Brest-Litovsk, où Léon Trotsky dirigeait la délégation soviétique. Lui-même écrivait dans sa préface, que sa « tâche essentielle est d'informer l'opinion publique du prolétariat mondial sur les causes, la marche et la signification de la révolution d'Octobre, en Russie ».
Les Leçons d'Octobre de Trotsky a été écrit en 1924, quand il menait, aux côtés des bolcheviques fidèles à Lénine, la lutte contre la bureaucratie qui étouffait le parti et l'État né de la révolution d'octobre 1917. Une dégénérescence qui, sous la houlette de Staline, va transformer l'URSS en une féroce dictature anti-ouvrière.
Comment en est-on arrivé là, sept ans après la révolution de 1917 ?
Aux militants, aux travailleurs qui se posent cette question, Trotsky répondait qu'il fallait comprendre quel avait été le rôle décisif, indispensable du parti bolchevique et de sa direction dans la victoire de l'insurrection ouvrière et paysanne de 1917. Et pour cela, Trotsky répétait : « Il faut étudier Octobre ».
Les ennemis les plus irréductibles du stalinisme vinrent notamment des rangs du parti bolchévique qui avait dirigé la révolution d'octobre 1917. Dès 1923, ils formèrent l'Opposition de gauche pour combattre la bureaucratie qui gangrénait le parti et l'appareil d'État de la Russie soviétique. Ces textes et articles écrits, réunis et publiés par Léon Trotsky lui-même en décembre 1923 sous le titre Cours nouveau, témoignent de son combat pour s'opposer à la bureaucratie, tant sur le plan du fonctionnement du parti communiste, que sur celui des problèmes économiques.
- Les écrits de Léon Trotsky sur le fascisme réunis pour la première fois dans le même volume.
- Retour sur la montée des fascismes dans les années 1930, leur prise du pouvoir et la genèse de la 2e guerre mondiale.
Le fascisme - ou les fascismes - reste en grande partie une énigme historique. En effet, comment comprendre la folie régressive qui s'est emparée, par exemple, de l'Allemagne au point d'aboutir à l'horreur de l'extermination des Juifs d'Europe. Le phénomène du fascisme défie encore aujourd'hui notre raison et l'on se retrouve souvent en peine pour en saisir les causes. Cependant, et pour prévenir toute répétition, nous nous devons d'en déchiffrer les ressorts et fouiller dans les processus sociaux, culturels, politiques, économiques et même psychologiques, pour en trouver les clés. C'est à cet objectif que contribue ce livre.
Double paradoxe qu'offre ce livre.
Tout d'abord celui de discuter de la question noire américaine en écho à la question juive dans la Russie tsariste, au cours de la révolution russe puis à l'époque stalinienne et à la veille de la destruction des Juifs d'Europe.
Ensuite d'organiser ce débat autour des réflexions du fondateur de l'Armée rouge : Léon Trotsky, lequel séjourna à New York dans en 1917 et ne revendiquait aucune judaïté, bien que nombre de ses adversaires aient manié l'argument antisémite contre lui.
Trotsky, adversaire de Staline qui devait le faire assassiner en 1940, est un de plus illustres dirigeants de la Révolution d'octobre 1917. Son expulsion d'URSS le conduit à entretenir des relations avec ses camarades américains qui devaient lui faire partager leurs préoccupations politiques sur la question noire.
Par ailleurs, la montée du nazisme, son pronostic d'une guerre mondiale dans les années 1930 l'amènent à considérer à nouveau la question juive en Europe et ses conclusions seront tristement prophétiques quant à l'extermination à venir des communautés juives européennes.
De la lecture des textes de Léon Trotsky ici présentés et qui traitent de ces deux questions, on comprend que ce paradoxe n'est qu'apparent. Les formes d'oppression des deux minorités dans des situations nationales particulières ont beaucoup en commun: pogrome/lynchage, Bund juif/parti noir, retour vers la Palestine/Afrique, revendications culturelles, particularisme/ universalisme. et les moyens d'émancipation de deux communautés respectives tout autant compliqués. Comment défendre ses droits lorsqu'on est minoritaire, victimes d'un racisme ancestrale ?
Une substantielle introduction aux textes offre les repères historiques indispensables et permet de suivre l'itinéraire de la pensée du révolutionnaire qui loin d'être une ligne droite fut plutôt une ligne oblique. Elle permet de comprendre les enjeux historiques, mais toujours actuels, de cette discussion.
Ce livre participe de la confrontation de la pensée marxiste aux enjeux de race, d'ethnies et de nationalités.
Trotsky connaissait bien la politique française. Il avait séjourné à Paris deux ans pendant la Première Guerre mondiale, avant d'en être expulsé, et avait noué des relations étroites avec les rares militants ouvriers français qui continuaient alors à défendre la tradition internationaliste. Plus tard, au sein de la direction de l'Internationale communiste, il avait particulièrement suivi les premières années d'existence du Parti français. Expulsé d'URSS en 1929, il avait après un passage en Turquie, momentanément trouvé asile en France en juillet 1933, avant d'être expulsé en juin 1935. Cet asile accordé sous conditionne lui avait permis aucune activité politique publique. Mais il avait été particulièrement bien placé pour suivre le déroulement de la crise politique ouverte par les manifestations de février 1934. Où va la France ? fut d'abord le titre d'un article de Trotsky publié en novembre 1934. Il devint ensuite le titre d'un recueil comprenant l'ensemble des articles consacrés par Trotsky à la situation française jusqu'en juin 1936, recueil édité par la Librairie du Travail. À ce recueil ont été adjoints, dans cette édition, des textes rédigés par Trotsky au lendemain des grèves de juin 1936, et après l'échec de la grève générale du 30 novembre 1938.
Il y a cent ans se produisait un événement capital qui bouleversa le cours de l'histoire mondiale du XXe siècle : la Révolution russe. Léon Trotsky, l'auteur de ce livre, résume ainsi cet événement : "L'histoire de la révolution est pour nous, avant tout, le récit d'une irruption violente des masses dans le domaine où se règlent leurs propres destinées".
Octobre 1917, point culminant de cette révolution, mérite aujourd'hui d'être mis au jour et réétudié de près. Laissons donc la parole à l'un des principaux acteurs d'Octobre, et non des moindres, puisqu'il organisa, dirigea l'action révolutionnaire et s'en fit son principal historien. Ce livre reste en ce début de XXIe siècle l'oeuvre la plus importante jamais publiée sur la Révolution russe et dont la qualité littéraire, remarquable, a fait de ce livre un classique.
Léon Trotsky considérait que les théories développées par Joseph Staline marquaient une rupture avec la stratégie de la révolution socialiste.Dans la période de son « cours de droite », de 1925 à 1928, la bureaucratie stalinienne n'était, à ses yeux, que « l'instrument de transition » de la bourgeoisie qui relevait la tête.La différenciation de l'idéologie stalinienne du bolchevisme qui s'opérait à travers la lutte contre la théorie de la révolution permanente n'était que l'expression du déplacement de l'axe de classe de la société soviétique « du prolétariat vers la petite bourgeoisie, de l'ouvrier vers le spécialiste, de l'ouvrier agricole et du paysan pauvre vers le koulak, etc. »Ce livre est une polémique contre l'historiographie stalinienne naissante où se trouvent les discours prononcés par Trotsky devant les organismes qui vont l'exclure du Parti.Il devait paraître à Paris en 1929, en russe en 1931, et à New-York en traduction anglaise en 1937 sous un autre titre, Stalin School of Falsification.Quand le livre parut en France, la « droite » boukharinienne (Boukharine, Rykov, Tomsky) venait d'être écartée de la direction du Parti et l'histoire devait être réécrite pour la troisième fois : il avait fallu l'adapter d'abord au triumvirat (Zinoviev, Kaménev, Staline), puis quand les deux premiers passèrent à l'opposition, enfin quand Staline disposa seul du pouvoir absolu.« Le mensonge, faisait remarquer Trotsky, en politique comme dans la vie quotidienne, est fonction de la structure de classe de la société... »
Trotsky's testimony before the 1937 Dewey Commission investigating charges made against him in the Moscow Trials.
Le régime soviétique de Joseph Staline et de ses héritiers était-il la continuation du gouvernement des ouvriers et paysans dirigé par les bolcheviks et instauré par la puissante Révolution russe d'octobre 1917 dirigée par V.I. Lénine ? Non ! déclare le dirigeant bolchevik Léon Trotsky : le régime de Staline a été le produit d'une contre-révolution politique menée par une caste sociale privilégiée.
Dans une déposition détaillée au Mexique devant la Commission d'enquête sur les Procès de Moscou, Trotsky explique pourquoi. Bien qu'en exil, Trotsky qui dirigeait le combat international pour poursuivre le cours internationaliste de Lénine était l'accusé central de ces procès, dans lesquels les principaux dirigeants de la Révolution d'Octobre ont été victimes de machinations judicaires et condamnés à mort.
Trotsky non seulement dit la vérité sur la révolution et la politique soviétique à l'échelle mondiale. Il jette aussi de la lumière sur les contradictions incurables du régime stalinien qui mèneront à son écroulement complet 50 ans plus tard. Par-dessus tout, son témoignage présente d'inestimables leçons politiques pour les travailleurs et les agriculteurs engagés dans des batailles révolutionnaires de classe aujourd'hui. Tout public