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Louis philippe Dalembert
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Depuis qu'il a composé le nine one one, le gérant pakistanais de la supérette de Franklin Heights, un quartier au nord de Milwaukee, ne dort plus : un homme noir a été tué, étouffé par le genou d'un policier blanc, devant ses yeux et ceux du monde entier. La victime, c'est Emmett, un homme qui collectionnait les petits boulots depuis un accident l'ayant emporté loin de son rêve : le football américain. Le portrait d'un individu ordinaire que sa mort terrifiante a sorti du lot se dessine alors, à travers les voix poignantes de ses proches.
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Chochana, Semhar, Dima. Trois femmes puissantes qui, mues par le même espoir d'une nouvelle vie en Europe, quittent leur pays natal - le Nigéria, l'Érythrée, la Syrie - pour se lancer sur l'éprouvant chemin de l'exil. Trois femmes aux trajectoires différentes, qui bravent les obstacles devant elles. Et embarquent, sur les côtes libyennes, à bord d'un chalutier en direction de Lampedusa. Courageuses, fières, solidaires, elles sauront affronter l'innommable.
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Une histoire romaine
Louis-philippe Dalembert
- Sabine Wespieser Éditeur
- Litterature
- 24 Août 2023
- 9782848054902
Tiraillée entre deux mondes que sépare le Tibre, Laura a bien du mal à s'affranchir des deux puissantes figures féminines qui ont marqué son enfance et son adolescence : rebelle de pacotille dans le bouillonnement politique et culturel des années 1970 et 1980, elle est insensiblement ramenée à sa double lignée, aristocratique et juive.
Sur la rive droite, dans le quartier huppé de Prati, la contessa veille à tenir son rang et à sauver les apparences, malgré les revers de fortune chez les De Pretis : avare d'effusions, elle fascine sa petite-fille par ses récits de la tradition familiale, si ancienne qu'elle semble s'apparenter à une légende. Elle n'a pourtant pas hésité à se séparer de l'impressionnante bibliothèque accumulée au fil des siècles, pour continuer de recevoir deux fois par semaine tout ce que Rome compte d'hôtes d'importance. Et quand sa fille, la récalcitrante Elena, qui deviendra la mère de Laura, et à qui elle désespérait de trouver un bon parti, lui présente enfin Giuseppe, son futur gendre, peu lui importe qu'il soit juif, l'essentiel étant qu'il ne soit pas dans la gêne et que l'union soit bénie par l'Église.
Son mariage avec ce garçon rencontré dans la station balnéaire de Sabaudia, où les Guerrieri possèdent une maison, conduit Elena à s'éloigner de son envahissante comtesse de mère et à s'installer Via Giulia, sur la rive gauche du fleuve. Au quatrième étage de l'immeuble où a grandi Giuseppe règne zia Rachele, tout le contraire de la matriarche de Prati : la plantureuse vieille dame, dont les poches débordent de dragées qu'elle distribue avec générosité à sa nombreuse parentèle, initie Elena, et plus tard Laura, à l'histoire de sa famille non pratiquante qui s'enorgueillit de lointaines racines romaines. Les lois raciales et la guerre l'ont durablement marquée, elle qui, avec sa fratrie, a été miraculeusement sauvée de la déportation grâce à un réseau de résistants. Après la guerre, les Guerrieri accoleront à leur patronyme chrétien leur nom juif, Sabatelli, abandonné à la montée du fascisme.
Maître dans l'art de tresser ces fortes destinées, Louis-Philippe Dalembert emporte le lecteur par l'intelligence, la finesse et l'humour avec lesquels il évoque le double héritage si lourd à porter pour sa descendante. Le personnage principal de son allègre roman n'en reste pas moins la ville de Rome, dont l'écrivain dessine, chemin faisant, un éblouissant portrait - nourri par sa connaissance intime de l'histoire, des charmes et des secrets de la Ville éternelle. -
En marche sur la terre
Louis-philippe Dalembert
- Bruno Doucey
- L'autre Langue
- 6 Avril 2017
- 9782362291517
Recueil de poésie évoquant l'enfance, puis le départ et l'errance d'un homme contraint de marcher.
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Avant que les ombres s'effacent
Louis-philippe Dalembert
- Points
- Les Grands Romans
- 5 Avril 2018
- 9782757869901
Le jeune Ruben Schwarzberg a dû apprendre très tôt à survivre. Pas facile de naître dans une famille juive polonaise en 1913... Séparé des siens par les nazis, emprisonné à Buchenwald, libéré puis refoulé vers la France, il y est accueilli par la petite communauté haïtienne de Paris). À la faveur d'un décret voté par Haïti, il trouve refuge, comme des centaines de Juifs, à Port-au-Prince. Devenu un grand médecin, il n'a pas oublié son passé...
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Cantique du balbutiement
Louis-philippe Dalembert
- Bruno Doucey
- L'autre Langue
- 3 Septembre 2020
- 9782362292972
« Un jour j'ai poussé les portes de l'aube... » Dès les premières pages de Cantique du balbutiement, le poète haïtien affirme, avec des mots de grand vent, qu'il est du pays de son enfance. Les bégaiements du petit jour et le profond de la nuit, la saison des cyclones, les veillées de prières et les prophéties, le corbillard qui passe en fin d'après-midi, « l'eau boueuse du quotidien » et la « migraine carabinée des questionnements », cette grand-mère opiniâtre qui a le don de rafistoler la vie...
Louis-Philippe Dalembert n'en finit pas de dérouler le film haut en couleurs d'une enfance haïtienne. Mais en creux, sur la ligne d'ombre du partage, le poème fait entendre ce que les mots ne disent pas : le départ, la perte, l'absence -, cette « grande muette défiant le monde entier des choses ».
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Ces îles de plein sel et autres poèmes
Louis-philippe Dalembert
- Points
- Points Poesie
- 25 Février 2021
- 9782757887431
Et un matin le verbe perdit les échos de la création s'éparpillant dans des dédales de sable et de végétaux déchus et un matin la parole se confondit avec le fracas des ténèbres ce fut silence qui parla si fort Sont réunis ici, pour la première fois, un ensemble de textes poétiques de Louis-Philippe Dalembert, publiés entre 1989 et 2010. L'Histoire, la Révolution haïtienne, le vagabondage, l'enfance, la mort en dessinent la toile de fond. Lire Louis-Philippe Dalembert, c'est tendre l'oreille au bruit du monde et être en phase avec la Parole. Le poète nous en traduit l'essence dans un style tour à tour lyrique, alerte et concis.
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Une île de l'autre côté de la mer qui se transforme peu à peu en un champ clos oú chacun aspire à des départs.
L'auteur nous y convie pour un voyage imaginaire dans le temps, à travers une saga familiale du souvenir. une île de toutes les fuites, soit vers l'intérieur, soit vers l'autre bord de l'eau, que les navires qui touchent au port laissent deviner et dont ils matérialisent le rêve. la mer à tout moment accessible pour les personnages, entre cette île vécue et cet ailleurs souhaité, qui est aussi porteuse d'histoire.
Cette autre face de la mer hante l'imaginaire des habitants de l'île. cette mer qui conduisit la traite. celle des esclaves. c'est l'histoire d'haïti et des haïtiens, depuis leur arrivée sur l'île que nous conte l'auteur dans cette fable dont on n'oubliera pas " le récit de granie ", la grand-mère et celui de jonas l'homme du présent insupportable. l'un des romans les plus ambitieux de louis- philippe dalembert.
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Le crayon du bon Dieu n'a pas de gomme
Louis-philippe Dalembert
- Motifs
- Motifs Poche
- 2 Septembre 2004
- 9782753800052
Observer le monde dans le rétroviseur d'une antique Peugeot 304, voilà une bien étrange occupation pour un enfant à l'âge où l'on préfère généralement courir après une boule de chiffon en guise de ballon rond. Tout le malheur du monde s'abat sur lui lorsque sa grand-mère lui apprend qu'ils doivent quitter le bord des quais pour un nouveau quartier de Port-aux-Crasses. Car, pour le petit garçon, orphelin de père et de mère, il s'agit de se séparer de sa véritable famille : Faustin, le cireur de chaussures, et le groupe de quidams dépenaillés qui évoluent autour de la véranda de sa grand-mère, dans une lutte quotidienne avec la vie. Ce qu'il ignore à ce moment-là, c'est qu'il s'exile à jamais de sa prime enfance, cet autre pays de lui-même . L'homme qui revient sur ses pas, après plus d'un quart de siècle à l'étranger, tente malgré tout de réhabiter ce pays à travers le destin réinventé de Faustin avec pour seuls outils sa mémoire et son imagination.
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éditions Philippe Rey/CULTURES FRANCE Collection CULTURES SUD Essai Parution le 15 octobre 2009 Louis-Philippe DALEMBERT/Lyonel TROUILLOT HAÏTI La littérature haïtienne aujourd'hui 160 pages, 30 illustrations N&B Contient un CD Prix de vente public TTC : 15 ?
Format : 14 x 20 cm, couverture à rabats ISBN : 978-2-84876-153-4 Le livre Depuis plus de deux siècles et au gré des soubresauts de l'histoire, la littérature haïtienne, de par son foisonnement et sa diversité, a très tôt dépassé ses frontières. Il faut dire qu'Haïti, devenue indépendante en 1804, est de longue date un objet littéraire dont se sont emparés de nombreux écrivains, de l'ancienne métropole française ou d'ailleurs : de Victor Hugo à Lamartine, en passant par Paul Morand, des surréalistes et écrivains voyageurs, notamment André Breton, au Cubain Alejo Carpentier, du Prix Nobel Sainte-Lucien Derek Walcott aux Martiniquais Edouard Glissant et Patrick Chamoiseau, ou encore des contemporains français Dominique Fernandez, Serge Quadruppani, aux Américains Madison Smartt-Bell et Russell Banks.
Sans pour autant occulter le véritable patrimoine littéraire que constitue ce pays, " où la négritude se mit debout pour la première fois ", pour reprendre le mot d'Aimé Césaire, ce volume met en lumière la création littéraire et son environnement artistique telle qu'elle se fait aujourd'hui en Haïti - avec, par exemple, Frankétienne, Georges Castera, Yanick Lahens, Gary Victor, Kettly Mars, Evelyne Trouillot. - et dans ses diasporas - avec Dany Laferrière au Canada, Edwidge Danticat aux Etats-Unis, René Depestre en France et tant d'autres encore. Un instantané de cette littérature telle qu'elle se crée et se diffuse aujourd'hui sera ainsi l'objet principal de cet essai rédigé par les écrivains haïtiens Louis-Philippe Dalembert et Lyonel Trouillot.
Foisonnement littéraire, invitation à découvrir la vitalité de la littérature haïtienne, ce volume sera complété par de nombreux témoignages et inédits d'auteurs enregistrés sur CD, sans oublier un espace iconographique dédié à la photographie et aux arts visuels.
Les auteurs Né en Haïti, Louis-Philippe Dalembert vit à Paris. Ses principaux romans sont " Le crayon du Bon Dieu n'a pas de gomme ", " L Autre face à la mer ", ou plus récemment " Les Dieux voyagent la nuit ". Il a également publié plusieurs recueils de poésie et de nouvelles.
Professeur de littérature et poète, Lyonel Trouillot vit dans la capitale haïtienne et a déjà publié cinq romans édités par Actes Sud : " Rue des Pas-Perdus ", " Thérèse en mille morceaux " et " Les Enfants des héros ", " Bicentenaire " et " L'amour avant que j'oublie ". -
Longtemps après, lorsque les douleurs se seraient refermées, que les survivants raconteraient l'événement sans que l'émotion vînt leur nouer la gorge, certains jureraient avoir senti la veille une forte odeur de soufre dans l'atmosphère. D'autres diraient l'avoir humée depuis trois jours, sans toutefois y avoir prêté attention. Peut-être, allez savoir, l'odeur n'avait-elle existé que dans leur imagination, ou n'avait-elle pas été assez persistante pour qu'on s'en alarmât. Avril 2009 : la terre tremble en Italie. Dans un village des Abruzzes, un couple mixte, Azaka et Mariagrazia, attend dans la joie l'arrivée de son premier bébé. Sous le regard réprobateur des uns, opposés à la présence des étrangers dans la région, et la curiosité bienveillante des autres. Si les secousses tendent à exacerber les tensions, elles viennent rappeler à Azaka un épisode traumatisant de son enfance : un autre séisme, à l'autre bout du monde, pendant lequel il fut enseveli sous les décombres. L'histoire se répéterait-elle ? Où qu'il soit, doit-il redouter la colère de la Terre ? Des questions que pour l'heure il refuse de se poser : bientôt il sera père, le bonheur ne lui échappera pas... Entre chronique au quotidien et commedia dell'arte, Ballade d'un amour inachevé revisite les séismes de L'Aquila et d'Haïti, auxquels l'auteur s'est retrouvé mêlé. Comme souvent chez Louis-Philippe Dalembert, l'humour et la force de vie dominent tout au long du roman.
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Le roman de Cuba
Louis-philippe Dalembert
- Rocher
- Le Roman Des Lieux Magiques
- 15 Janvier 2009
- 9782268066288
Dans l'imaginaire occidental, et pas seulement, Cuba reste cette terre de plaisir, où des plages de carte postale la disputent à la beauté insolente de ses femmes, où la sensualité n'est pas vain mot et le tourisme sexuel jamais très loin. Où les meilleurs cigares du monde, roulés à même les cuisses dodues des mulâtresses dont ils tirent leur saveur, s'accompagnent de la dégustation d'un rhum Añejo vieux d'une bonne quinzaine d'années. Les amateurs y verront là un avant-goût du Paradis terrestre, que Christophe Colomb situera d'ailleurs à quelques milles marins de là. D'autres y ajouteront les nombreux rythmes essaimés tout au long de son histoire, notamment aux XIXe et XXe siècles, et qui depuis ont fait danser la terre entière. Si habanera, son et autre danzón n'interpellent que les plus âgés, même les « sautilleurs » de tekno d'aujourd'hui ont entendu, au moins une fois dans leur vie, parler du boléro, de la rumba, du mambo, du chachachá, et plus encore de la salsa, très à la mode, en partie à cause du boom touristique, ces derniers temps. Les grosses et belles américaines des années 1940 et 1950, qui continuent de rouler leur carcasse rutilante aux quatre coins de l'île, de La Havane en particulier, certaines avec le million de kilomètres au compteur, charrient aussi leur part de nostalgie et prolongent l'idée d'un pays suspendu dans le temps. Il en est de même pour le cinéma hollywoodien qui, avec des films comme Cuba (1979) de Richard Lester, Havana (1990) de Sydney Pollack ou encore The lost city (2005) d'Andy García, renvoie encore et toujours à l'île d'avant la révolution castriste. Des films certes très beaux, mais qui trahissent, souvent malgré eux, la vision du propriétaire parti en laissant sa maison close et qui s'attend à la retrouver à l'identique à son retour.
Les amoureux de Cuba, les vrais, savent bien que l'identité de l'île ne s'arrête pas à ces regards nostalgiques ni aux slogans éculés d'un pouvoir à bout de souffle qui cachent souvent une réalité autrement différente. Pour merveilleuses qu'elles soient, ces visions n'en sont pas moins des stéréotypes qui ont contribué à façonner une image figée d'un pays dont le dynamisme n'est plus à démontrer.
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Mamad tente d'ouvrir les yeux, mais il n'y parvient pas. Ses paupières, gorgées de sel et de sang, refusent d'obéir à son cerveau. Un goût d'hémoglobine traîne sur ses lèvres sèches et bouffies. Le Blanc est méconnaissable. Une épaisse écume blanchâtre auréole les commissures de ses lèvres. Les veines de son cou tendues à se rompre. De grosses gouttes de sueur perlent sur son front, qu'il essuie du revers de sa manche retroussée, entre une calotte et une autre. Mamad n'a plus la force de crier. Du regard, il implore pitié. Mais le Blanc cogne tel un forcené, tout en crachant ses injures. Laurent Kala, un Français expatrié, est employé par une ONG qui milite pour la protection des animaux en voie de disparition. Benjamin d'une famille nombreuse, Mamad White a connu une enfance difficile. Il a pensé un temps pouvoir échapper à sa condition précaire, mais le destin en a fait le boy de Laurent. Un fait apparemment banal entraîne le Blanc au bord de la folie. Le voilà, quelque part dans la jungle africaine, sur le point de tuer son domestique noir. Comment les deux hommes en sont-ils arrivés là ? À la fois grave et plein d'humour, le roman de Louis-Philippe Dalembert dresse des portraits émouvants d'hommes et de femmes accrochés à leur humanité, au milieu des relents de racisme et de colonialisme.
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Transhumances, est-ce simplement de la poésie, quelques mots chantés ou murmurés tout au long d'un parcours? C'est bien plus que cela. Louis-Philippe Dalembert est un oiseau, un drôle d'oiseau, certes, comme bien des poètes. C'est un oiseau migrateur qui survole le monde, son monde, l'observe avec toujours l'envie de garder sa distance, mais aussi le besoin d'y picorer les zestes de l'enfance qui le tenaillent encore, une enfance " dépoétisée ", un " écran vide... sans mémoire ", une enfance haïtienne toujours là, qui ne quitte pas son âme. " On ne quitte pas ce pays ". Pourtant, l'oiseau repart, toujours, ailleurs, redevient " l'étranger en marche sur la terre ", portant sa " dissemblance en bandoulière ".
Louis-Philippe Dalembert est un vrai poète, l'un de ces arpenteurs qui, un jour, font étape dans la " maison " Arpents, mais il est surtout un homme, profondément humain, dont le regard sur le monde ne peut laisser indifférent. -
L'autre face de la mer Une ville. Sale, puante, écrasée de chaleur, de misère et de ragots. Où, faute de pleurer, on rit. Une ville, comme il en existe tant dans le sud du monde. Où les hommes se battent pour éviter le naufrage de leur vie, en rêvant de l'autre bord de l'eau, là-bas, un peu plus au nord.
Au travers des récits croisés d'une grand-mère et de son petit-fils Jonas - le premier plein d'humour et de rage contenue, le second débordant d'amour ù, L'autre face de la mer décrit l'une des expériences humaines les plus importantes de notre siècle : la migration. Une expérience vécue, racontée à partir de la terre de départ et des terres d'arrivée. Les drames qui se nouent. Les espoirs qui y sont liés. La langue, tour à tour légère et poétique, achève de donner à ce roman toute son originalité et sa puissance.
Né en Haïti en 1962, Louis-Philippe Dalembert est romancier, nouvelliste et poète. Après Port-au-Prince, Paris, Jérusalem, l'auteur vit aujourd'hui à Rome. Il a déjà publié, chez Stock, Le Crayon du bon Dieu n'a pas de gomme.
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"D'où est partie la rumeur que Marie, la servante d'Yvonne, est à poil, chevauchée par un farouche Iwaoe (...) Dans une main, elle tient une longue machette bien affilée et dans l'autre une bannière. Qu'elle agite à tour de rôle au-dessus de sa tête, fait tournoyer autour de l'ampoule qui tombe du plafond. L'impression que la rencontre entre la machette et l'ampoule est inéluctable. Que cette dernière va exploser. Te privant de l'exhibition. Mais, à l'ultime seconde, Marie réussit toujours à éviter le choc. Et sa voix. Grave. Débarrassée de l'accent chantonnant du Nord. Comme si quelqu'un d'autre parlait et cantiquait à sa place. Tu n'avais jamais vu un Iwa auparavant. (...) Marie, elle, continue de pirouetter sur elle-même, une étrange incantation accrochée aux lèvres." Cultes animistes, Iwa -c'est-à-dire dieux - multiples et ombrageux que n'exclut pas la présence d'un Dieu suprême, liturgie empruntée aux rites chrétiens, possessions, sombres bacchanales: on comprend l'environnement et l'excitation des oreilles occidentales à l'invocation étrange du vodou, comme un nectar, une tentation, un prétexte et probablement aussi comme une inquiétude, sourde et ignorante devant la complexité d'un fait de culture.
Trois regards nous parlent du vodou, longtemps enfermé dans le carcan des stéréotypes de l'homme blanc. Louis-Philippe Dalembert, écrivain, choisit la littérature pour nous dire les mots et les choses du vodou et David Damoison, photographe, nous convie à la force d'images, brutes et comme devant rester muettes. Laënnec Hurbon, directeur de recherches au CNRS, apporte son savoir d'anthropologue et retrace la généalogie du vodou. Ces trois regards autonomes, et qui se complètent pourtant, nous laisse fascinés de beauté et incrédules devant ce rite qui se renforce de mystère à mesure qu'on nous le dévoile.