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Luvan
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À l'origine fut un manuscrit du Xe siècle. Apocryphe, peut-être pas.
À l'origine furent huit femmes, chacune venue d'un lointain horizon, unies dans une grotte au coeur de la forêt.Ensemble, elles racontent ou taisent leur vie de recluses, leur destinée loin du monde et pourtant si proche de lui. Elles parlent mille langues en une seule, mêlant leur âme en un poème morcelé que l'autrice ensuite cimente d'or et de miel. Et de cette tresse de mots naîtra l'apocalypse.
Dans ses cahiers, l'autrice a minutieusement recousu l'histoire de cette constellation féministe, désormais sanctuaire que le temps s'est chargé d'éroder. Mais son enquête se dilue avec sa mémoire. Les souvenirs se troublent : n'est-ce pas elle, cette entité manquante, la neuvième femme ayant appartenu à ce clan d'illuminées radieuses ? A-t-elle réellement écrit ces fragments aux côtés de ses soeurs d'antan ?
Il subsiste de leurs existences des traces indicibles que seule l'écriture parvient à faire rejaillir. Parmi les odeurs d'écorces et les accents d'anciens parlers, c'est à l'aube de l'an mil qu'irradient le vécu de ces femmes et leur puissance épiphanique.
Aux antipodes du roman historique ou du roman de fantasy, Agrapharenoue avec les sources de la matière médiévale tout en proposant une expérience historique à la fois plus immersive - donc familière - grâce à son processus narratif ; et plus étrangère - donc plus exotique - grâce à son parti-pris langagier radical.
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Soudain, le visage de l'homme d'en face, impassible, morne, assis dans sa main, me sauta aux yeux. Depuis une demi-heure, il faisait preuve d'une indifférence douteuse. Par- fois, ses regards me rasaient le sommet du crâne. J'en doutais presque de mon existence. Ses traits avaient quelque chose... d'aquatique.
Longtemps, il soutint mon examen avec flegme.
Enfin, il commanda une salsepareille et tout s'accéléra. Il me lança son long drink au visage et se leva. Son corps se ter- minait en une colossale queue de cétacé. Je n'en croyais pas mes yeux ! Après des années de traque, j'avais enfin déniché l'homme-baleine !
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« Il était une fois, une forêt profonde. À côté de cette forêt profonde, un village peuplé de gens superficiels. » Lorsque Viggo prend le train, il n'a pas d'autre ambition que de rester cet homme de trente ans, passablement heureux mais vierge de souvenirs d'enfance. Il s'apprête pourtant à devenir le Chevalier rouge, acteur involontaire d'une série d'aventures oniriques et cruelles. Où les vaches s'ouvrent, les sorcières coulent, le petit poucet deale et les chats font parler swahili.
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Sur l'île de Ross, aux confins de l'Antarctique et à une date indéterminée, le volcan Erebus couve la ville de Susto, métropole mythique à la population cosmopolite, fourmil- ière de colons, de mineurs, de triades, de minutemen et d'enfants perdus.
Cité en éventail scindée par des murs jadis protecteurs, mais devenus instruments d'oppression, Susto est le théâtre des soubresauts des derniers représentants d'une humanité aux abois. Les sustoïtes tentent de s'y bâtir une existence, grondent à l'unisson, résistent, se repoussent et s'attirent au coeur de cette Pompéi australe.
À l'instar des romans picaresques et des feuilletons du XVIII e , le récit brasse tous les genres à sa disposition - comics, voix radiophoniques, pulp et roman populaire jusqu'au théâtre antique - en une fresque chorale qui épouse le rythme de l'éruption, volcanique et sociale. On y croise une vulcanologue étudiant les stades du cataclysme ; un héros masqué devenu le porte-drapeau des mineurs hispano- japonais spoliés ; un espion qui écoute pour le compte du gouvernement ; une prophétesse (aux accents volodiniens) scandant les appels à la révolte dans des messages poé- tiques cryptiques; une ancienne incantatrice...
Mais quel désastre, de la colère d'Erebus ou des révolutions humaines, aura finalement raison de leurs faibles espoirs ?
Susto désigne, dans la langue des Indiens d'Amérique, la « maladie de la frayeur », celle qui « laisse l'âme ailleurs » et niche en chacun de nous.
Susto est le roman de nos peurs collectives, une fresque urbaine dont la conclusion funeste se veut d'emblée irrévocable.
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Les élus chantent au calme plat.
Les cigales crissent comme un tapis de mouches.
Que plus jamais ne dansent les enfants du Pirée.
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Qu'est-ce qu'une spline ? C'est une fonction mathématique qui permet d'approcher des distances, elle est aussi utilisée en statistique en tant qu'outil de prospective, qui procède par interpolation. Et c'est par des interpolations topographiques que luvan fait surgir comme par magie des scènes, un passé enfoui ou un futur inventé, à partir d'un bâtiment mystérieux ou familier, en vue d'en extraire l'essence même. Forant ainsi chaque détail faisant histoire, l'autrice pousse à son extrême la poétique de la ruine pour invoquer le monde malgré nous, aux confins de l'utopie.
Ce clin d'oeil au spleen, malicieuse résonance littéraire, annonce 29 textes entremêlant tous les genres, de la fiction à la non-fiction, jusqu'à nous faire ressentir une reconfiguration étonnante de notre regard. -
Zéro
Aurélien Lemant, Aleric de Gans, Luvan, Antoine Mocquet, Anna d' Annunzio, Pierre Pigot, Didier Lambert
- Le Feu Sacré Editions
- 30 Août 2019
- 9791096602018
Du vortex plein le café, un nichon rouge hypnotique, le meurtre du narrateur aux portes de la ville, une science-fiction oubliée, un tirage de cartes à l'autre bout du globe, quelques poètes bouffés par leurs vers, du vaudou en banlieue et du cinéma qu'on ne fera jamais, du rock'n'roll 0 Yeah, des héros ratés, une tentative d'explication... Zéro n'est pas un livre. Zéro n'est pas un journal. Zéro n'est pas un numéro suivi par d'autres numéros.