Dans le monde de l'art islamique, Iznik évoque les fameux carreaux de céramiques qui couvrent la plupart des grands monuments de Turquie (mosquées, palais, mausolées), ainsi que les nombreuses pièces de forme (plats, pichets) produites dans la ville du même nom.
Il s'agit de l'une des plus étourdissantes productions de céramiques élaborées pendant la grande période de l'Empire ottoman aux XVIe-XVIIe siècles. Historiens, spécialistes des arts du feu et archéologues tombèrent sous le charme de la variété des décors et coloris de cette production de céramique méditerranéenne ; celle-ci se révèle être l'aboutissement et la synthèse particulièrement réussis de traditions antérieures du monde byzantin, du Proche-Orient islamique et de la Chine, transmises par la route de la Soie.
Ce livre présente pour la première fois dans son intégralité la plus importante collection de céramiques ottomanes conservée en France, au musée de la Renaissance du château d'Écouen. C'est sans doute dans cette collection que s'exprime le mieux le génie des artistes d'Iznik. Elle constitue l'un des plus beaux répertoires de formes et de motifs de la production d'Iznik au sommet de sa gloire. Le nombre de pièces, leur variété, la maîtrise parfaite de la couleur font de ce livre un catalogue unique en son genre.
Alors que la politique des musées tend plutôt à aplanir les tensions des sociétés d'aujourd'hui, la session 2007 des Entretiens de Peyresq avait ouvert une réflexion pionnière sur la dimension conflictuelle du patrimoine, générant des débats de fond qui imposaient d'approfondir la thématique.
Sous forme d'une journée d'études "sur le terrain" (Marseille, 3 avril 2008), les deux conservateurs du patrimoine à l'initiative de ce séminaire, Christine Breton (programme européen du patrimoine intégré de la Ville de Marseille) et Mireille Jacotin (Musée des civilisations de l'Europe et de la Méditerranée, Marseille) ont donc proposé un chapitre 2 visant à mettre plus particulièrement au jour la valeur (économique et symbolique) conflictuelle du patrimoine.
Sur le site choisi pour cette application concrète - le "vallon des Carmes" aux Aygalades -, les conflits culturels, mémoriels et patrimoniaux furent inventoriés au cours d'une marche avec les habitants avant de faire l'objet de débats plus complexes conduits par Altan Gokalp (anthropologue, directeur de recherche au CNRS) et Gabi Dolff-Bonekämper (historienne de l'art, professeur à l'Institut de planification urbaine et régionale de l'université technique de Berlin et experte auprès du Conseil de l'Europe).
Autour des notions d'altérité et de mémoire partagée, de ville interculturelle, de durabilité et de valeur conflictuelle du patrimoine, le 3 avril 2008 expérimentait ainsi un processus qui devrait poser un jalon dans le nouveau musée démocratique européen dont il reste à inventer les formes.