Au IIIe millénaire, une avancée technologique majeure, le passage de l'architecture en brique à l'architecture en pierre de taille, et l'unification du pays sous l'égide de la double monarchie de Haute et de Basse-Égypte créent les conditions d'une révolution culturelle, sociale et politique, dont le symbole et l'expression sont les pyramides de l'Ancien Empire. L'Égypte bâtit alors la civilisation qu'elle léguera au monde.
Ambition d'un peuple et de son souverain, véritable absolu de la création, la pyramide - tombeau royal - est un grand atelier où s'épanouissent à la fois les arts et les sciences, et dont les réussites permettent une constante évolution des formes et des conceptions. Quatre siècles durant, les pyramides ne cessent d'évoluer : conçues «à degrés» par Djoser et ses successeurs de la IIIe dynastie, elles sont à «face lisse» à partir du règne de Snefrou. Gigantesques sous Kheops et Khephren, ramenées à l'échelle humaine sous Mykérinos, elles abritent, à la fin de l'Ancien Empire, les Textes des Pyramides, le plus ancien corpus sacré de l'histoire de l'humanité.
Quarante-cinq siècles après leur construction, les pyramides irritent la curiosité des savants de l'Expédition d'Égypte, au point de les conduire à fonder une science, l'égyptologie. Elles sont ainsi redevenues le grand atelier où, à force de recherches, elles livrent, désormais, leurs mystères au monde. Elles sont enfin un jardin secret dont les portes se referment à l'ère du tourisme de masse et de la défense du patrimoine. C'est dans ce monde souterrain que nous sommes entrés avec Jean-Philippe Lauer, son gardien, il y a vingt-cinq ans. Sur ses murs il était écrit : «Non, ce n'est pas mort que tu es entré ici, c'est vivant que tu t'en es allé !»
"Besançon a compté jusqu à 1000 vignerons et 1650 hectares de vignes, soit presque l équivalent du vignoble jurassien actuel. La cité était-elle destinée à devenir « une ville de vignerons » comme on la qualifiait autrefois ? Les pentes bien orientées au sud, l hydrographie favorable offraient des potentialités qui auraient pu rester inexploitées sans l acharnement des hommes qui ont su les mettre en valeur. Pendant un millénaire, des moines, des archevêques, des nobles, des bourgeois et surtout des vignerons ont labouré, taillé, vendangé ces pentes. Mais, quand le monde clos du vignoble bisontin s'ouvre, malgré lui, sur le monde débridé de la concurrence, tout commence à basculer..."
En février 2011, alors que l'Égypte était en révolution contre l'oligarchie qui la dominait depuis si longtemps, Philippe Flandrin et Patrick Chapuis achevaient Le Labyrinthe des pyramides, un ouvrage consacré aux tombes royales de l'Ancien Empire (Actes Sud, 2011). En dépit de l'insécurité prévalant sur les sites, le Conseil Suprême des Antiquités de l'Égypte a souhaité dresser un état des lieux des nécropoles jouxtant Le Caire, et c'est ainsi que nos auteurs ont été conviés à étendre leur travail aux tombes civiles qui entourent les pyramides. De par les peintures, dessins, bas-reliefs et sculptures, elles révèlent l'histoire et la culture matérielle de l'Égypte au IIIe millénaire avant notre ère.
Les images des tombeaux de l'Ancien Empire témoignent d'un temps qui est également le nôtre. Les formes qu'elles proposent sont d'une diversité et souvent d'une inventivité telles qu'elles pourraient être l'oeuvre d'artistes contemporains : au classicisme des cortèges de porteurs d'offrandes répond le naturalisme de certaines compositions, le graphisme du dessin, l'abstraction des peintures murales. Sur les parois de ces sépultures, les choses, les êtres humains et les animaux sont sujets à d'incessantes transformations. Ce que nous voyons n'est pas simplement la représentation d'une époque et de son ordre, mais l'expression d'une volonté de changement, d'une nécessité d'évolution. Ainsi, comme la mort - loin d'être un échec - est le lieu où se prépare le futur, le tombeau, où l'on enterre dignitaires, vizirs, scribes, indigents et poètes, est le laboratoire de l'avenir. Sur ces images, on ne trouve qu'exceptionnellement - sauf dans la tombe d'Ankhmahor, vizir de la Ve dynastie - des scènes de lamentation, on ne voit nul cadavre, nulle dépouille mortelle ; bien au contraire, les scènes peintes ou gravées célèbrent chaudement la vie.
À côté de la personnalité du défunt - le «Maître du tombeau», expression empruntée à Pierre Montet -, on découvre aussi les témoignages de l'ensemble des acteurs de la société civile égyptienne : nobles, bourgeois, ouvriers, paysans, artisans. De même, la terre d'Égypte de cette époque lointaine est largement célébrée, avec sa faune, sa flore et ses richesses, au premier rang desquelles apparaît le Nil. Enfin, on comprend comment cette société complexe, supérieurement organisée, a pu évoluer et jeter les bases de trente-cinq siècles de civilisation et de rayonnement, en Égypte comme dans le monde antique. À travers cet ouvrage, c'est ce laboratoire que les auteurs ont voulu nous faire découvrir, à l'heure où la folie des hommes menace de le flétrir, car, outre les pillards, la foule des visiteurs qui se massent dans les tombes suffit hélas à mettre en péril tous ces chefs-d'oeuvre bien mortels.
Portrait de l'un des plus talentueux skippers de ces dernières années.