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Philippe Longchamp
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À nouveau se lever ! Ne pas tarder ! Ne plus se fier seulement à l'abondance des savoirs des doctes ! Tendre l'oreille ! Écouter ce que tentent de dire les mains, le ventre, les hanches, les talons, la chevelure, toute la peau, et pour la poitrine l'air qui s'engouffre ou celui qui s'expulse. Écouter la source des bouches. Ouvrir toutes les armoires. Ouvrir toutes les fenêtres. De multiples tailles, matières et couleurs, des rubans noués et pendus aux côtés des portes apaisent les catastrophes. Font reparaître les ravis. Aussi leurs Colombines afin qu'ensemble ils dansent sur les berges. Quelle flottille à la nuit descend ce fleuve avec une cargaison d'écorces, de soies peintes, de corps légers que leur propre sommeil anime ?
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Nous sommes tous redevables de l'énigme que l'autre nous met sous les yeux.
On peut bien sûr ignorer ceux qu'on croise par milliers, jour après jour. On peut aussi, comme Philippe Longchamp, les considérer d'une attention aussi discrète que passionnée. Observer scrupuleusement le peu que leur apparition nous livre, mais de biais, pour ne pas déranger. Et dans ce peu, chercher une vérité. L'écriture alors est un regard qui imagine. D'ailleurs, ce livre ne relève pas du portrait ni de l'étude de caractères.
Si l'auteur y peint des figures, pathétiques, incongrues ou allègres, il ne cherche pas à rendre un pittoresque. Scrutant leurs marges mystérieuses, c'est à leur secret qu'il en veut. Qui est notre secret à tous. L'étrange secret du vivant.
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«Court caillou plat lie-de-vin, dessus se voient lignes de vie, ligne de coeur, tout ça embrouillé (...)»
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Si cette poésie nous retient par sa capacité à unir la solitude et l'amour, la ville et la nature, le personnel et le social, elle nous touche peut-être encore davantage par l'attention à l'autre dont elle témoigne.
Il faudrait parler de fraternité si ce mot n'était pas trop lourd d'abstraction pour une poésie qui n'intellectualise pas, qui ne propose une réflexion qu'au rebond du poème. Mais il est remarquable de lire dans Parler bas, en 1975 : " Je parle bas, mais je parle de toi (. ) Je parle bas, mais je parle de nous (. ) Je parle bas, mais je parle de tous. " Et en écho. en 1989 : Adossé à du ciel marchant au-dessus des marées, dans les vols des oiseaux vers les falaises, marchant vers vous à la rencontre Alors je peut-être Peut-être je tu ils " Yves Bonnefoy affirmait qu'il voulait " identifier poésie et espoir " le " peut-être " de Philippe Longchamp me semble encore une lueur.
Quelque chose comme au moins une veilleuse, dans nos temps sombres. A. Emaz.
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La ville du jardin des latitudes
Philippe Longchamp
- L'Idee Bleue
- Le De Bleu
- 1 Février 2004
- 9782840311812
Il marche dans la ville à notre invitation.
Il marche en comptant les pieds sur ses doigts. De la rue de Gâte bourse au Point du jour, de La Lune aux Oudairies, il lève ses yeux, et les nôtres emboîtent son regard, sur des arbres inconnus et des ciels désireux. Dans la petite maison du Jardin des Latitudes, près de nous, il écrit. L'hiver paraît plus lumineux et le printemps empli de fleurs nouvelles; les rues de la Ville s'enorgueillissent désormais du passage du poète.
Dans ce livre comme dans L'Eté calme bleu, La Compagnie des animaux tièdes et Et dessous le sang bouscule, Philippe Longchamp écrit pour nous ce qu'on n'aurait jamais vu, ce qu'on n'aurait jamais cru.