Les figures des religieuses de Port-Royal nous sont aujourd'hui familières : une abbesse agenouillée en prière au chevet d'une religieuse, l'image naïve d'une procession muette ou la nonne se dressant impérieuse devant un archevêque désemparé et bouffon sur la scène de la Comédie Française...
Généralement présentée comme un épisode marquant de l'histoire du jansénisme et souvent confondu avec lui, l'histoire de Port-Royal fascine et interroge encore aujourd'hui. La réalité est plus complexe : le XVIIIe siècle, en écrivant après Jean Racine une histoire militante du monastère, a bâti un grand mythe dont nous sommes aujourd'hui toujours tributaires ; les travaux littéraires autour de Blaise Pascal, par leur importance et leur qualité, ont contribué à mettre l'accent sur le rôle de Port-Royal dans l'assimilation de la pensée cartésienne à l'aube du siècle des Lumières.
Du récit mythique de la « Journée du Guichet » en 1609 à la légende noire de la destruction de l'abbaye des Champs un siècle plus tard, il faut franchir la clôture pour comprendre la vie quotidienne et héroïque d'une communauté de femmes qui résista jusqu'au bout au pouvoir politique.
A l'issue de la Première très chahutée du « Tannhäuser » de Wagner, qu'elle a voulu imposer au public parisien, la jeune ambassadrice d'Autriche elle a juste vingt ans de dépit et de rage brise son bel éventail. Ce geste en dit long sur le personnage.
Nièce et belle-fille du grand chancelier Clément de Metternich, l'adversaire résolu de Napoléon Ier, Pauline, qui a épousé son jeune oncle de dix ans son aîné, va, pendant dix ans, de 1860 à 1870, exercer un empire absolu sur la vie mondaine et musicale du Tout-Paris. Elle est de tous les spectacles de la capitale, des soirées à l'opéra au caféconcert ; elle lance le couturier Worth, elle organise les divertissements de la cour impériale, en matière de bon goût et de fêtes, elle se rend indispensable à Napoléon III et à Eugénie. Ses jeudis sont aussi courus que les lundis de l'impératrice et bientôt, l'hôtel de l'ambassadeur autrichien attire les figures éminentes de la politique, de la finance et des arts. Jamais représentation diplomatique n'a brillé de tant de feux au point d'éclipser parfois ceux des Tuileries.