Honneur et profit intellectuel à qui se consacrerait à la recherche de ces traditions merveilleuses de chaque hameau qui, rassemblées ou groupées, comparées entre elles et minutieusement disséquées, jetteraient peut-être de grandes lueurs sur la nuit profonde des âges primitifs. Mais ceci serait l'ouvrage et le voyage de toute une vie, rien que pour explorer la France. Le paysan se souvient encore des récits de son aïeule, mais le faire parler devient chaque jour plus difficile. Il sait que celui qui l'interroge ne croit plus, et il commence à sentir une sorte de fierté, à coup sûr estimable, qui se refuse à servir de jouet à la curiosité. D'ailleurs, on ne saurait trop avertir les faiseurs de recherches, que les versions d'une même légende sont innombrables, et que chaque clocher, chaque famille, chaque chaumière a la sienne. C'est le propre de la littérature orale que cette diversité. La poésie rustique, comme la musique rustique, compte autant d'arrangeurs que d'individus.
George Sand introduit ainsi son recueil de légendes berrichonnes, merveilleusement illustré par son fils Maurice. Comment mieux exprimer la richesse et l'importance de cette précieuse collecte qui vient enrichir celle de M. de Santin en étendant le travail de celui-ci au Berry ?
Plongez-vous, sourire aux lèvres, dans ce passé pas si éloigné des veillées de nos campagnes, dans le secret des riches terres du Berry, de la Beauce et du Perche des mystères, avec ces 20 textes traditionnels.
« Laurenzaccio : la vengeance d'un homme bafoué, habillé en assassinat politique. Nous sommes en 1536 à Florence, la superbe, la mythique. La victime, Alexandre de Médicis, Duc de la cité. L'auteur, Lorenzo, Lorenzino, Lorenzaccio, selon le costume qu'il porte au gré des missions qui lui sont confiées par son cousin de Duc. Faits historiques relatés par l'historiographe Benedetto Varchi, George Sand reprend l'évènement pour en faire une oeuvre à lire dont la puissance dépasse l'écriture d'un Alfred de Musset timide, alors amant de la dame qui lui offrit la pièce en cadeau. C'est sombre, c'est cru, c'est terriblement tragique et désespérément drôle. Plus le crime est horrible, plus le rire nous en protège. L'oeuvre résonne étonnamment avec l'actualité politique. Rien n'aurait changé ? C'est à croire. Alors si ce « polar renaissance » vous intrigue, courrez lire, voir et entendre ce spectacle délicieusement décapant sous les traits du clown Laurent interprété par Philippe Pillavoine et mis en scène par Mario Gonzalez, son compère et complice ».
Fabien Chabanne, premier spectateur de « Laurenzaccio ».