L'idéal de la souveraineté nationale confère une légitimité aux États modernes. Les gens qui font partie d'une nation prétendent assumer des liens d'association privilégiés ; ils s'imaginent avoir des intérêts convergents et partager des valeurs et des aspirations semblables. Quelle est la nature de ces croyances et des illusions qu'elles entretiennent ? Ont-elles un substrat fantasmatique commun ? Les nations furent inventées comme des projets d'émancipation collective, mais comment comprendre les conflits politiques et les violences qu'elles ont entretenus dans le passé, les tragédies guerrières qu'elles ont inspirées au XXe siècle et qu'elles continuent d'influencer dans le cadre des ethnonationalismes contemporains ? La défense des solidarités nationales implique le nationalisme, à savoir l'exacerbation des frontières identitaires à l'encontre des étrangers et des minorités. Les études historiques et sociologiques de ces phénomènes ne manquent pas. Elles peinent toutefois à interpréter les origines et les conséquences émotionnelles des représentations imaginaires de la nation.
Guidé par l'éclairage de la psychanalyse, Pierre de Senarclens revisite l'histoire des nations et des nationalismes depuis la fin du XVIIIe siècle et renouvelle la compréhension de leurs fanatismes identitaires qui ont suscité et continuent d'engendrer tant d'évènements funestes dans l'histoire contemporaine.
Au cours des années quatre-vingt, l'humanitaire a envahi le champ de la politique internationale.
Les opérations de maintien de la paix de l'onu et les engagements militaires des grandes puissances dans les balkans ou en afrique ont été de plus en plus étroitement associés aux secours humanitaires. le flot des réfugiés et des personnes déplacées a augmenté de manière dramatique, au point d'affecter plusieurs dizaines de millions d'individus. une part croissante des aides publiques au développement est consacrée à l'assistance humanitaire et le nombre des ong agissant dans ce domaine a beaucoup augmenté.
Les gouvernements occidentaux ont répondu par des activités caritatives aux crises qui, par le passé, auraient été appréhendées en termes de stratégie ou de développement économique. la définition de l'humanitaire a fait l'objet de nouveaux débats éthiques et politiques, notamment parce que les gouvernements l'ont utilisé comme leurre d'opinion, soutenant des actions de secours dont les effets politiques pouvaient s'avérer contestables.
L'humanitaire s'impose au carrefour des principaux enjeux et contradictions de la mondialisation. l'expansion planétaire des entreprises transnationales et des flux financiers, associée aux bouleversements des modes de production et à une croissance sans précédent des réseaux d'échange et de communication entre pays, est inséparable de clivages économiques grandissant entre groupes sociaux et entre régions du monde.
Les tragédies humanitaires traduisent, à des degrés divers, une déficience des mécanismes de régulation internationale.
L'idée nationale a pour origine des intérêts politiques et des émotions collectives. Pour vivre ensemble, un peuple doit avoir des rapports de solidarité privilégiés fondés sur la culture et des projets politiques communs. L'histoire montre l'extrême fragilité et les assises équivoques de ces liens. De la défense de la nation, on bascule rapidement dans le nationalisme. Ses défenseurs assouvissent dans leurs croyances et leurs aspirations un besoin de dignité et de grandeur. Leur quête de reconnaissance identitaire comprend l'envie d'appartenir à une communauté de haut lignage historique, chargée d'assumer une destinée exceptionnelle. Cet attachement émotionnel à une nation se construit dans l'hostilité aux autres peuples. Il manifeste aussi le désir d'une communauté harmonieuse, dont seraient exclus ses dissidents.
En s'inspirant de la psychanalyse, Pierre de Senarclens renouvelle les perspectives et revisite l'imaginaire national, tel qu'il s'est affirmé notamment en France, en Allemagne et en Italie. Il souligne que la défense de la nation est une condition de l'ordre politique moderne, mais qu'elle comporte aussi en elle des ferments de fanatisme collectif et de violence, comme en témoignent les tragédies de l'histoire européenne au XXe siècle.
"Dans nos sociétés, la voie est laissée libre à l emprise grandissante de valeurs hétérogènes d inspiration ethnique et religieuse. L héritage rationaliste des Lumières, qui aurait inspiré la Charte des Nations Unies et la légitimité des Etats modernes est sur la défensive. Les passions identitaires prennent le pas sur la raison. L échec ou la fragilité des Etats est en cause, ainsi que les institutions internationales. Ces nouvelles démarches de souveraineté ne peuvent se comprendre sans passer par l interprétation de leurs dimensions émotionnelles. Le recours à la psychologie d inspiration psychanalytique s avère nécessaire."
La mondialisation qui suscite aujourd'hui de vives polémiques, est source de grandes richesses, mais l'essor des marchés et des mouvements de capitaux se déploie de manière chaotique et injuste, entraînant des polarisations sociales toujours plus fortes à l'intérieur des pays et dans l'ensemble de la société internationale. Les manifestations récentes à Genève, Seattle, Washington et Prague contre l'Organisation mondiale du commerce, le Fonds monétaire international et la Banque mondiale témoignent d'une crainte grandissante au sein des opinions publiques à l'égard des conséquences sociales et environnementales de la libéralisation des échanges et des flux financiers. Il est vrai que les crises monétaires et financières récentes qui ont frappé l'Amérique latine, l'Asie du Sud-Est et la Russie, et dont les conséquences sociales furent dramatiques, ont manifesté les défaillances de ce régime libéral. La dynamique de la mondialisation n'est au demeurant pas étrangère à l'effondrement de certains États de l'hémisphère sud et à la recrudescence des guerres civiles. La mondialisation doit donc être maîtrisée par le développement de nouveaux mécanismes de régulation sociale impliquant les États et les institutions internationales. Que faire ? Les auteurs de cet ouvrage s'efforcent de répondre à cette question. Leurs perspectives sont diverses, parfois contrastées, fondées sur des convictions doctrinales et des spécialisations académiques différentes ? le droit, la sociologie, l'économie et la science politique. Ils sont toutefois attachés à la conception moderne de la citoyenneté, celle qui confère aux individus des droits économiques et sociaux leur permettant d'assumer leur liberté civile et politique. Ils reconnaissent l'importance des principes universalistes des Nations unies, en particulier ceux contenus dans les instruments relatifs à la protection des droits de l'Homme et au développement durable.
Cet essai veut rompre avec une idée reçue : la mondialisation serait associée à des changements matériels irrépressibles.
L'auteur souligne au contraire les dimensions politiques de cette dynamique, de ses origines et de ses conséquences sociales. L'expansion du marché affecte aujourd'hui les régimes de souveraineté. Et pourtant, le rôle des gouvernements nationaux sur l'évolution économique et sociale des pays industrialisés n'a pas diminué, bien au contraire. Dans les pays pauvres, en revanche, les systèmes d'intégration politique et sociale sont fragiles et la mondialisation, telle qu'elle se déploie aujourd'hui, affaiblit encore la capacité des gouvernements d'assumer leur rôle à cet égard, ce qui entretient le cercle vicieux de la pauvreté et de la violence.
L'essai se termine par une analyse prospective des réformes institutionnelles à entreprendre au niveau international, et surtout des procédures à inventer, pour redonner aux détenteurs de la souveraineté, à savoir les peuples, de nouveaux mécanismes de participation politique.
L'avancée inégale, fragmentée et faiblement institutionnalisée de la mondialisation, transforme les régimes de souveraineté, en particulier les frontières politiques et symboliques entre les Etats. Les gouvernements sont confrontés à des contraintes socioéconomiques transnationales et à des menaces écologiques globales qui affectent l'orientation de leurs politiques publiques et leurs capacités de régulation. On assiste à une remise en cause des systèmes de légitimité politique et culturelle, à des recompositions dans les identités collectives qui se manifestent notamment par la résurgence des fondamentalismes religieux, des mouvements tribaux et claniques, et par la montée de dynamiques ethnonationalistes. Ces changements ne sont pas étrangers à l'essor de guerres civiles, à l'augmentation significative des flux migratoires et des mouvements de réfugiés. Dans ces conditions, la forme et la signification des frontières territoriales, politiques et socioculturelles se modifient, au même titre que les conceptions de la sécurité et la nature des espaces stratégiques. Il est donc nécessaire de reprendre les débats sur les régimes de souveraineté nationale et les représentations imaginaires qu'ils mobilisent. Il convient aussi dans ce contexte d'analyser les défaillances des mécanismes de coopération intergouvernementale. Les frontières sont devenues un enjeu essentiel de la mondialisation. En approfondissant leurs dimensions politiques, symboliques et conceptuelles, cet ouvrage collectif, qui mobilise différentes perspectives disciplinaires, entend poser les bases d'une réorientation de l'étude des relations internationales.
4e éditionLa mondialisation favorise la création de richesses, mais aussi des polarisations sociales au Nord et au Sud, tout en précipitant une dégradation de l'environnement naturel. Cette dynamique affecte les conceptions traditionnelles de la souveraineté étatique et les représentations de la légitimité politique. Elle accélère les mouvements d'intégration régionale et l'apparition d'un nouvel espace public transnational, mais également les ethnonationalismes, les guerres civiles et le terrorisme. Cet ouvrage étudie ces mutations. Il analyse les nouvelles articulations entre l'État et la sphère des relations internationales, les conséquences de ces changements sur les conceptions et les pratiqués de la souveraineté. Il met en évidence les rapports de puissance et d'hégémonie marquant la dynamique actuelle de la mondialisation, en soulignant le rôle des organisations internationales, des entreprises transnationales et des ONG. Il étudie les conséquences sociales et culturelles de la mondialisation, en donnant des repères pour comprendre l'insécurité internationale et la violence à l'intérieur des États. Il souligne enfin les défaillances des institutions internationales et les raisons pour lesquelles elles sont d'un faible secours pour endiguer les conséquences néfastes de la mondialisation. Destiné aux étudiants de science politique, de droit et de sociologie, ainsi qu'à toute personne intéressée par l'étude des relations internationales, ce livre fournit des repères historiques, théoriques et doctrinaux pour une meilleure compréhension du monde contemporain. Aux origines de l'Etat-nation. L'ère des souverainetés limitées. La problématique de la mondialisation. Les aspects sociaux de la mondialisation. Emploi, migration et environnement. Mondialisation et conflits armés.Les défis institutionnels.
5e édition
La politique internationale tient une place grandissante dans l'évolution des sociétés contemporaines. Elle a pour enjeux principaux la guerre et la paix, la répartition des ressources économiques entre les peuples, l'instauration de normes sociales institutionnalisées.
Cette cinquième édition, entièrement revue, réorganisée et actualisée, expose au lecteur les apports et limites des paradigmes et cadres conceptuels élaborés au cours des dernières décennies, en éclairant leurs conditions d'émergence, les doctrines sur lesquelles ils s'appuient, les faits qu'ils discriminent et s'emploient à éclaircir.
L'ouvrage adopte une structure originale qui permet de rendre compte de l'addition progressive de nouvelles variables dans l'appréhension des phénomènes internationaux. Il constitue, de ce fait, un outil de travail indispensable pour les étudiants en science politique et en histoire.
Pierre de Senarclens est professeur de relations internationales à l'université de Lausanne. Il a travaillé plusieurs années au sein du système des Nations unies. Il est l'auteur d'ouvrages portant sur l'histoire et la sociologie politique des relations internationales.
Yohan Ariffin, actuellement maître d'enseignement et de recherche à l'université de Lausanne, a été chercheur invité à la London School of Economics, au Victoria & Albert Museum à Londres, et à l'Institut d'études politiques de Paris.
Le champ d'interaction étatique. Les catégories d'analyse du paradigme réaliste. L'étude des conflits interétatiques. Le champ d'interaction étatique et économique. Les relations internationales dans la pensée économique. L'économique dans la théorie des relations internationales. Le champ d'interaction étatique, économique, normatif et institutionnel. Normes et institutions dans les relations internationales. Normes et institutions dans la théorie des relations internationales. Les activités des organisations internationales.
1. Le champ d'interaction étatique 2. La sphère politico-économique 3. La sphère institutionnelle
Cet ouvrage offre une analyse critique des principaux cadres en vigueur dans l'étude des relations internationales contemporaines pour comprendre les rapports de conflit et de coopération entre États, les clivages entre le Nord et le Sud, le rôle des institutions intergouvernementales, des ONG et des entreprises transnationales. Cette 6e édition rend compte de l'émergence de certains pays, de l'affirmation du G20 et de la recomposition des rapports entre puissances.