Filtrer
Support
Éditeurs
Prix
Seuil
-
Au cours des années 1992 et 1993 avant la maladie qui l'emporta, Fellini a raconté et raconté encore... avec sa capacité à transformer ses pensées et ses émotions en images, il s'est livré sur son métier si particulier, de ce trait un peu caricatural et ironique, virevoltant, à la manière dont il manipulait crayons de couleurs et feutres lorsqu'il préparait ses films. Rita Cirio Ce livre d'entretiens est donc le dernier publié du vivant de Fellini. Il constitue une source inépuisable d'informations sur ses collaborations avec les comédiens, les scénographes, les techniciens, les scénaristes et les producteurs. Il offre une sorte de porte ouverte sur son atelier d'artiste. Avec une extrême précision et une grande liberté de ton, Fellini parle des conditions de tournage de ses films, de son inspiration, de son travail de directeur d'acteurs et de créateur.
Cet échange riche et intime s'accompagne de nombreuses photographies de tournages, d'affiches, d'esquisses et de dessins de Fellini lui-même.
Il ne s'agit donc pas ici du portrait d'un simple artiste, mais de celui d'une icône qui a imprégné la culture de l'après-guerre en Italie durant un demi-siècle, qui a donné la couleur de ses fantasmes et de son imagination au cinéma mondial.
-
Tout le monde connaît Mozart. Mais seuls ceux qui ont étudié sa vie dans le détail savent que celuici
avait une soeur, et que, dans leur enfance, Wolfgang et Nannerl se produisaient presque
toujours en duo. La Soeur de Mozart, roman historique et biographique, s'attache à rendre vie à
une figure éclipsée par la gloire de son frère.
Dans la première partie, à travers certains moments-clefs de l'enfance et de l'adolescence des deux
enfants prodiges, Rita Charbonnier « construit » le personnage de Nannerl, figure crédible et
attachante. Dans un cadre historique rigoureux, elle parvient à installer avec beaucoup de talent la
musique comme une présence permanente, une force magnétique que chacun des protagonistes
vit à sa façon. On assiste ainsi à la première exhibition de Nannerl comme claveciniste devant la
bonne société de Salzbourg, la nuit où naquit son frère - ce frère qui allait bien vite étouffer le
talent de sa soeur. Malgré leur amour, leur complicité et leur entente musicale, les deux enfants
n'auront pas le même statut auprès de leur père, Léopold. Au cours de la tournée européenne qui
les mène jusqu'à la cour du roi Louis XV, puis en Angleterre auprès de Christian Bach, Wolfgang,
poussé par son père, concentre sur sa personne l'attention des grands de ce monde, au détriment
de Nannerl.
Leopold interdit en effet à sa fille le violon et la composition. La pratique de la musique (elle
continue à composer en secret) et la relation privilégiée qu'elle entretient avec son frère semble
pourtant suffire à Nannerl. Mais le départ des deux hommes en Italie, financé par les leçons que
Nannerl donnent sur le piano acheté à cette seule occasion, marque la rupture : la jeune femme
décide de renoncer à la musique, brûle ses partitions, laisse le clavier à ses exécrables élèves, et
ne retrouve le sourire qu'avec Victoria, son élève préférée, et la rencontre d'Armand d'Yppold,
major de l'armée autrichienne. Ils auront une longue relation passionnée, brisée quelques jours
avant le mariage .
La seconde partie du roman est donc consacrée plus exclusivement à la maturation personnelle et
affective de Nannerl, loin de la musique et du lien exceptionnel avec ce petit frère fantasque. La
jeune femme réussit à dépasser ses désarrois sentimentaux, son incapacité au bonheur, son
impuissance à exister comme femme adulte, et, ayant épousé le baron Baptist von Berchtold qui
l'avait jadis courtisée en vain, elle mène une vie apaisée de mère de famille comblée, jusqu'à ce
que Victoria, son ancienne élève, lui apprenne la mort solitaire de Wolfgang. Elle se rend alors à
Vienne, et entreprend de rassembler et de classer les oeuvres de son frère. Elle tente ainsi de
combler le fossé qui les a séparés, en préservant le talent de son frère et en entreprenant de le
faire connaître au monde.
-
Evoqué par les uns comme le sauveur du patrimoine culturel de la France, par les autres comme le pourfendeur de l'esclavage et l'ami des juifs, affidé à une révolution antireligieuse pour les troisièmes, l'abbé Grégoire se tient encore dans la cohorte des inconnus célèbres.
Pourtant sous son nom se concentrent plusieurs enjeux importants : l'attitude chrétienne à l'égard de la démocratie, la vocation pédagogique et culturelle de la République, les chances d'une véritable égalité des frères humains sans considération de couleur, de race ou de religion. Pour mieux comprendre l'homme, il fallait le suivre pas à pas dans la tourmente. C'est toute l'ambition du livre de Rita Hermon-Belot, que l'on peut considérer comme la première biographie intellectuelle de " l'Ami des hommes de toutes les couleurs ".
On découvre alors un formidable politique, un prêtre fidèle qui, au croisement de plusieurs traditions de la France religieuse, gallicane, port-royaliste notamment, tente de penser et d'accomplir une synthèse entre la République jacobine et la République chrétienne. A l'heure des violences engendrées par la tentation fondamentaliste, l'abbé Grégoire demeure un bel exemple de dialogue loyal avec le monde nouveau ouvert par 89.