Stefan Zweig, romancier et essayiste, était aussi un grand biographe, admirateur des artistes et des intellectuels, passé maître dans l'art de déchiffrer l'énigme de leurs vies et de leurs oeuvres. Ce livre rassemble dix-neuf textes, en bonne partie inédits, qui illustrent son talent de portraitiste, exercice de style qu'il accomplit en écrivain virtuose et psychologue raffiné. Autant de reflets de l'éclectisme, du cosmopolitisme et de l'humanisme de leur auteur. Dante, Tolstoï, Byron, E.T.A. Hoffmann, Nietzsche, Walt Whitman ou Cicéron côtoient des figures de son époque : le sculpteur Constantin Meunier, l'écrivain Max Brod, le dramaturge Frank Wedekind ou le compositeur Ferruccio Busoni.
Si les portraits de Zweig restent attachants même un siècle après avoir été écrits, c'est grâce à leur façon inimitable d'éclairer en quelques pages le sens d'une destinée et, avec elle, une personnalité tout entière. Zweig exhume comme personne le passé enfoui et peint avec le même talent les visages qu'il a connus. À travers ses maîtres ou ses proches, il nous livre une partie de son art et définit également son esthétique et sa morale. Ses portraits sont autant de paysages de l'âme qui dévoilent une part du mystère de sa condition humaine.
La capitale de l'Empire austro-hongrois a été le paradis de son enfance. Au fil du temps, et après bien des drames, elle est devenue pour lui un monde idéal, où les apports les plus divers finissaient toujours par se mêler harmonieusement, où l'ouverture à la modernité s'appuyait sur une solide tradition locale. Cette ville-théâtre, de 1880 à l'entre-deux-guerres, fut surtout une incomparable cité des arts et de l'esprit européen.
Les textes ici réunis couvrent l'ensemble de la vie créatrice de l'auteur, de l'étudiant dilettante des débuts à l'écrivain célèbre et exilé de la fin, qui dut quitter l'Autriche quelques mois avant l'Anschluss. Des pans entiers de l'histoire culturelle viennoise sont ainsi explorés, avec ses valeurs sûres, ses modes passagères, ses lieux mythiques, ses poètes (Hugo von Hofmannsthal, Rainer Maria Rilke...), ses génies (Sigmund Freud, Joseph Roth, Gustav Mahler, Arthur Schnitzler...), ses inconnus et bien d'autres figures attachantes, amis plus ou moins proches que Zweig sent et analyse avec la précision de celui qui voit tout. Il retranscrit ses impressions et souvenirs dans ce style toujours accessible qu'on lui connaît. Ce faisant, témoin bouleversant d'une époque bouleversée, il tente de sauver ce qui peut l'être.
Sa Vienne, qui nous fascine tant, est éternelle.
Cette édition regroupe la quasi-totalité des récits de Zweig, un genre littéraire dans lequel il excellait. Ses meilleurs écrits sont, en effet, des formes brèves. Ces 35 récits, confiés à une équipe de huit traducteurs sous la direction de Pierre Deshusses, sont présentés ici, pour la première fois, de façon chronologique, ce qui permet de mieux saisir l'évolution de l'écriture de Zweig et les répercussions de la maturité sur l'analyse des problèmes qu'il traite, parfois très actuels. Certains de ces textes, pratiquement inconnus, comme Rêves oubliés, Deux solitudes, Une jeunesse perdue, La croix... vont révéler au lecteur des aspects nouveaux de l'auteur. On retrouvera aussi les oeuvres les plus connues : Amok, La Confusion des sentiments, Le Joueur d'échecs...