« À sept ans et jusqu'au moment où j'ai commencé à vivre de mes dessins, j'ai passé beaucoup de temps avec les fous. En été, nous étions dans une maison dans les Dolomites, construite par un petit groupe de libertaires qui avaient connu Franco Basaglia à Gorizia. Je ne le savais pas encore, mais ce que nous faisions était la conséquence de ce que Basaglia avait imaginé et mis en oeuvre, la fermeture des asiles, le retour des fous dans la communauté des personnes. ».
Les Voilà évoque les communautés thérapeutiques organisées durant les années 1960 à Trieste et à Gorizia par Franco Basaglia, qui défendait le droit des individus internés et visait la suppression des hôpitaux psychiatriques. Autour d'illustrations sur papier coloré et avec une grande force d'évocation, un sens du détail et de l'observation qui lui sont propres, Stefano Ricci nous guide à la rencontre des fous qui ont peuplé sa jeunesse. Aux souvenirs de Gorizia répondent en écho des rêves associés à cette période, offrant un récit généreux et dense, à la fois social, politique et intime. Le livre s'accompagne d'un DVD contenant un film réalisé par Stefano Ricci à partir d'archives filmées de l'Hôpital psychiatrique de Gorizia, et dont il a supervisé la bande son. On y voit les fous et les lieux dont parle le livre, prolongeant le récit dans le réel.
« Il y a quelques années, j'ai lu un article dans un journal slovène :
« Un tir unique à 150 mètres a blessé Bruno, le premier ours sauvage en Allemagne depuis 170 ans ». C'est ainsi que débute L'histoire de l'Ours que j'ai commencée à dessiner et à écrire à la suite, quand j'ai déménagé en Allemagne.
Dans mon histoire, l'Ours, blessé par un chasseur au passé sinistre, est sauvé par une jeune fille et par Manfred, l'homme qui comprend le langage des sangliers (c'est un sanglier qui découvre l'Ours blessé).
L'Ours veut se rendre à Hambourg. Mais atteindra-t-il la ville avant ses poursuivants ? Et la ville est-elle un endroit sûr pour lui ?
Manfred, qui a vraiment existé sous le nom d'Heinz Meynardt, cache dans sa maison l'Ours qui y hiberne, et va en sortir très changé.
Parallèlement on suit Stefano le Lapin et son compagnon, un singe autiste, ambulanciers en vadrouille. Ils essaient de sauver Bianca, une femme qui est morte lorsque je faisais mon service civil aux urgences, et dont j'ai rêvé quelquefois.
Dans ce récit se mélangent les paysages des Apennins et ceux de Poméranie, les êtres humains et les animaux. Ce sont surtout ces derniers qui sont en difficulté. Les histoires parallèles de l'Ours, du Lapin et d'autres, qui s'ajoutent à celles-ci, ont pour moi clairement quelque chose en commun : la transformation, la nécessité que toutes les choses vivantes ont de bouger et de changer.» Stefano Ricci
Un notaire engage dans son étude un dénommé Bartleby pour un travail de clerc, chargé de copier des actes. Au fil du temps Bartleby, qui s'est d'abord montré travailleur, consciencieux, lisse, ne parlant à personne, révèle une autre part de sa personnalité : il refuse certains travaux que lui demande son patron. Il ne les refuse pas ouvertement, il dit simplement qu'il « préférerait pas » les faire, et ne les fait pas. Et cette phrase revient alors systématiquement dans sa bouche : « I would prefer not to », traduite en français par « je préférerais pas ». Peu à peu, Bartleby cesse complètement de travailler, mais aussi de sortir de l'étude, où il dort. Il ne mange rien d'autre que des biscuits au gingembre, et refuse même son renvoi par son employeur.
Le dessinateur Stefano Ricci s'empare de cette oeuvre majeure d'Herman Melville de 1853 et la transpose dans notre monde du XXIe siècle.
Je préférerais pas... : avec cette petite phrase apparemment inoffensive de Bartleby, c'est toute la logique productiviste du XIXe siècle qui vacille. Une phrase qui résonne encore aujourd'hui.
Après Céline par Tardi, Albert Camus par José Muñoz, Romain Gary par Sfar, la collection Futuropolis/Gallimard confirme sa place d'exceptionnelle collection des grands écrits littéraires illustrés.