Eveillé au milieu de la nuit, un condamné à mort éprouve le besoin d'écrire ses pensées. C'est un homme ordinaire dont on ne connait pas le crime. Il exprime son angoisse, ses espoirs, ses souvenirs du procès et d'événements vécus en prison. Il ne sait pas encore qu'il vit ses dernières heures. Il l'apprend au petit jour. Il note alors, avec les sentiments qu'ils provoquent chez lui, tous les petits événements de son transfert, de son attente de l'heure fatale. Ce pathétique plaidoyer contre la peine de mort est précédé d'une préface en forme de scène de théâtre : dans un salon un groupe de personnages ridicules parlent de la peine de mort et de poésie... avant de passer à table.
En une vingtaine de pages V. Hugo expose ce qui a conduit Claude Gueux à voler puis à tuer. Ce court récit du crime de Claude Gueux et de son exécution est destiné à illustrer les arguments contre la peine de mort que l'auteur développe à la fin du texte, et sa conception de la lutte contre le crime.
En Angleterre, à la fin du XVIIème, Ursus, un saltimbanque, recueille un enfant affreusement mutilé : sa bouche a été agrandie jusqu'aux oreilles en un éternel et horrible sourire. Devenu adulte, Gwynplaine , surnommé « l'Homme qui rit », fait le succès de la troupe d'Ursus. Il se révélera être un lord, volé par les bandits qui l'ont mutilé. Ce roman philosophique où tout (lieux, personnages, événements) peut être considéré comme une allégorie, devait constituer le 1er volet d'une trilogie inachevée.
Ce roman raconte la lutte héroïque de Gilliat contre la mer et ses puissances terribles pour extraire de l'épave d'un steamer son précieux moteur d'un type nouveau, et obtenir ainsi la main de la belle Déruchette dont il est amoureux. V. Hugo y exprime son admiration pour les marins de l'Île de Guernesey (il y est exilé au moment où il écrit ce livre), sa fascination pour la mer, qu'il dote ici d'une puissance digne d'un conte fantastique : une pieuvre gigantesque.
Pour se venger de la reine d'Espagne qui l'a disgracié, Don Saluste de Bazan, fait passer son valet, Ruy Blas, pour son cousin Don César. Présenté ainsi à la Cour, Ruy Blas parvient à séduire la reine comme il en avait la mission. Mais il se prend au jeu, devient un excellent ministre, tombe amoureux de la reine, et échappe au contrôle de don Saluste qui veut tendre un piège à la reine pour la ridiculiser. Comme toujours chez V. Hugo, ce « drame », qui s'achève en tragédie, comporte aussi de nombreuses scènes comiques.
Le capitaine d'Auverney, le narrateur, était chez son oncle, un riche colon de St Domingue, dont il devait épouser la fille, Marie, quand celle-ci a failli être tuée par un crocodile. Elle est sauvée par un esclave noir, Pierrot, visiblement amoureux d'elle. D'Auverney le prend alors sous sa protection, bien qu'il connaisse ses sentiments pour sa fiancée. Le jour même de son mariage, les esclaves se révoltent, et Marie est enlevée. Pierrot, sous le nom de Bug-Jargal, est un des chefs de cette rébellion. Mais les liens d'amitiés sont forts ... (Il s'agit du premier roman de V. Hugo, écrit à 16 ans, en 15 jours)
Le premier roman de l'enfant sublime : Hugo n'a guère plus de vingt ans lorsqu'il l'achève, et Han d'Islande plaide la thèse de l'alliance du roi, de la jeunesse et du peuple face à l'absolutisme du mal qui tient d'abord à ce qu'on meurt de faim aux portes des palais. L'action se passe au XVIIe siècle dans un royaume scandinave que terrorise un être bestial, Han, qui vit seul avec un ours et ne se nourrit que de sang humain. Un monstre, une révolte populaire, des amours contrariées qui évoquent celles de Hugo et d'Adèle Foucher, et une prison où est enfermé un ministre innocent que délivrera un chevalier à la Dürer. Han, c'est à la fois Frankenstein et la préfiguration de Quasimodo, et le roman témoigne de la fascination qu'ont exercé sur le premier romantisme les cultures nordiques, qui vivent de sang et de nuit mais qui ont aussi inventé la liberté.
NAPOLÉON LE PETIT Victor HugoNapoléon le Petit est un livre pamphlétaire, écrit par Victor Hugo en 1852, à Bruxelles, à la suite du coup d'État du 2 décembre 1851 où Napoléon III conserve le pouvoir contre la constitution de la Deuxième République, dont il avait été élu président.
Réfugié à Bruxelles au sortir de la résistance armée contre le coup d'Etat de décembre 1851, qui lui avait fait mettre ses jours en danger, Victor Hugo compose en quelques semaines le plus éclatant pamphlet politique de toute l'histoire. Je n'ai pas l'intention de faire un livre, écrivait-il alors, je pousse un cri. Aussi brillant que profond et clairvoyant, Napoléon le Petit n'empêcha certes pas son antihéros de se maintenir encore au pouvoir pendant dix-huit ans, mais finit néanmoins par le mettre K-O., vaincu aux yeux de la postérité. Flamboyante manifestation du pouvoir des mots sur l'histoire lorsqu'ils donnent forme et langage à la conscience, cette lutte homérique permit en même temps à son auteur, qui n'était encore que le premier des poètes romantiques, de devenir lui-même. Véritable catéchisme républicain, propre à reprendre du service n'importe où et n'importe quand, mais plus indispensable que jamais en période électorale, Napoléon le Petit est un petit Prince à l'usage du peuple - tout l'inverse de celui de Machiavel.
1793 : à Paris c'est la Terreur ; en Bretagne et en Vendée, c'est l'insurrection des Chouans contre la Révolution. Dans un coin de Bretagne, le marquis de Lantenac mène les partisans de l'Ancien Régime. Son neveu, Gauvain, mène le bataillon républicain qui le combat, sous l'étroite surveillance de Cimourdain, son ancien précepteur devenu « Commissaire du Peuple ». V. Hugo souligne ainsi l'aspect fratricide de cette guerre civile et ne passe sous silence ni les exactions des Républicains, ni celles des Royalistes.Quatre-vingt-treize, le dernier roman de V. Hugo, devait être le troisième volet d'une trilogie qu'il n'a pas achevée et dont le premier est L'homme qui rit.
Le 6 janvier 1482, pour la fête de l'Epiphanie, une jeune et superbe bohémienne, Esméralda, danse place de Grève près d'un feu de joie. C'est le point de départ d'un drame qui réunit toute une galerie de personnages à qui V. Hugo a donné un caractère bien typé. Esméralda séduit tout le monde : Claude Frollo, l'archidiacre de Notre Dame, prêt à tout pour la posséder ; Gringoire, le poète miséreux, qui va s'égarer, au risque de sa vie, dans la « Cour des Miracles » où règne la loi des truands ; Phoebus, le capitaine des archers du roi ; et même Quasimodo, le sonneur de cloches de Notre Dame, si laid qu'il gagne sans grimacer le concours de grimaces, et qui est, lui, plus sensible à la bonté d'Esmeralda qu'à sa beauté.
Dans les jours qui suivent le 6 janvier 1482 (cf. tome 1) les événements violents et spectaculaires se précipitent : on assiste à une tentative de meurtre, à une séance de torture, à l'assaut de Notre Dame par la populace, à l'acharnement féroce d'une vieille femme sur une jeune fille, à une pendaison, à la chute d'un homme du haut d'une tour. Mais la personnalité de Gringoire et certaines figures de la truanderie mettent une touche d'humour dans cette histoire terrible de haine et de jalousie. Et l'amour pur et désintéressé, sublime, bien romantique, ne manque pas non plus. Il se manifeste chez le personnage le plus inattendu.
Victor Hugo Les Contemplations est un recueil de poèmes, écrit par Victor Hugo, publié en 1856. Il est composé de 158 poèmes rassemblés en six livres.La plupart de ces poèmes ont été écrits entre 1841 et 1855, mais les poèmes les plus anciens de ce recueil datent de 1830. Les Contemplations est un recueil du souvenir, de l'amour, de la joie mais aussi de la mort, du deuil et même d'une certaine foi mystique. Le souvenir, surtout, y prend une place prépondérante, puisque Victor Hugo y expérimente le genre de l'autobiographie versifiée. Ce recueil est également un hommage à sa fille Léopoldine Hugo, morte noyée dans la Seine à Villequier.Le livre s'organise en deux parties, respectivement intitulées Autrefois et Aujourd'hui, comprenant chacune trois chapitres.Autrefois (1830 - 1843)I. Aurore : C'est le livre de la jeunesse évoquant les souvenirs de collège du poète, ses premiers émois amoureux et ses premières luttes littéraires.II. L'âme en fleur : C'est le livre des amours, constitué de poèmes évoquant les premiers temps de son union avec Juliette Drouet.III. Les luttes et les rêves : C'est le livre de la pitié et le premier pas vers la considération de la misère du monde.Aujourd'hui (1843 - 1855)IV. Pauca Meae : C'est le livre du deuil où le poète tente d'établir une forme de communication avec sa fille malgré la mort.V. En marche : C'est le livre de l'énergie retrouvée où le poète expatrié va chercher de nouvelles raisons de vivre dans la méditation.VI. Au bord de l'infini : C'est le livre des certitudes. Il y règne une ambiance fantastique et surnaturelle, traversée de spectres, d'anges et d'esprits qui apportent des révélations au poète. L'angoisse alterne encore avec l'espérance mais c'est finalement l'espérance qui l'emporte.À première vue, le recueil semble organisé selon un ordre chronologique. Mais Victor Hugo a faussé la date d'écriture de certains de ses poèmes. Il faut en déduire que l'ordre choisi est plus psychologique qu'historique.À celle qui est restée en France : Épilogue composé de huit sections. Il est dédié à Léopoldine Hugo, la fille du poète morte noyée dans la Seine, qui occupe une place centrale dans ce recueil.L'amour dans les Contemplations prend différentes formes. Il peut s'agir de l'amour bête de l'enfance (Vieille chanson du jeune temps). C'est un amour où l'expression des sentiments est maladroite et hésitante.L'amour sensuel aussi est important.
Sultan Mourad Victor Hugo Sultan Mourad La Légende des siècles, Hetzel, 1859 (p. 253-266).
Mourad, fils du sultan Bajazet, fut un homme Glorieux, plus qu'aucun des Tibères de Rome Dans son sérail veillaient les lions accroupis, Et Mourad en couvrit de meurtres les tapis On y voyait blanchir des os entre les dalles Un long fleuve de sang de dessous ses sandales Sortait, et s'épandait sur la terre, inondant L'orient, et fumant dans l'ombre à l'occident Il fit un tel carnage avec son cimeterre Que son cheval semblait au monde une panthère Sous lui Smyrne et Tunis, qui regretta ses beys, Furent comme des corps qui pendent aux gibets Il fut sublime il prit, mêlant la force aux ruses, Le Caucase aux Kirghis et le Liban aux Druses Il fit, après l'assaut, pendre les magistrats D'Éphèse, et rouer vifs les prêtres de Patras Grâce à Mourad, suivi des victoires rampantes, Le vautour essuyait son bec fauve aux charpentes Du temple de Thésée encor pleines de clous Grâce à lui, l'on voyait dans Athènes des loups, Et la ronce couvrait de sa verte tunique Tous ces vieux pans de murs écroulés, Salonique, Corinthe, Argos, Varna, Tyr, Didymothicos, Où l'on n'entendait plus parler que les échos Mourad fut saint il fit étrangler ses huit frères Comme les deux derniers, petits, cherchaient leurs mères Et s'enfuyaient, avant de les faire mourir Tout autour de la chambre il les laissa courir Mourad, parmi la foule invitée à ses fêtes, Passait, le cangiar à la main, et les têtes S'envolaient de son sabre ainsi que des oiseaux Mourad, qui ruina Delphe, Ancyre et Naxos, Comme on cueille un fruit mûr tuait une province Il anéantissait le peuple avec le prince, Les temples et les dieux, les rois et les donjons L'eau n'a pas plus d'essaims d'insectes dans ses joncs Qu'il n'avait de rois et de spectres épiques Volant autour de lui dans les forêts de piques Mourad, fils étoilé de sultans triomphants, Ouvrit, l'un après l'autre et vivants, douze enfants Pour trouver dans leur ventre une pomme volée Mourad fut magnanime il détruisit Élée,
Dans Les Misérables V. Hugo brosse un tableau de la France du début du XIXème siècle, autour du personnage de Jean Valjean. Il y montre que des institutions et des mentalités trop rigides ne font qu'accroitre la misère et la délinquance.
Dans le dernier tome, l'auteur conduit ses créatures vers une fin conforme à leur personnalité. Des pages célèbres marquent les étapes de ce dénouement : l'assaut de la barricade, l'odyssée de Jean Valjean portant Marius blessé dans les égouts de Paris ...
Dans Les Misérables V. Hugo brosse un tableau de la France du début du XIXème siècle, autour du personnage de Jean Valjean. Il y montre que des institutions et des mentalités trop rigides ne font qu'accroitre la misère et la délinquance.
Comme son titre l'indique, le tome 3 est surtout consacré à Marius, le petit-fils d'un royaliste sectaire, qui quitte sa famille bourgeoise et riche à 17 ans. On le suit dans ses fréquentations d'étudiants bohèmes et de révolutionnaires, sa découverte du peuple et de la misère, ses premiers émois amoureux. (On peut penser que V. Hugo s'est beaucoup inspiré du jeune homme qu'il fut pour créer ce personnage.) On y retrouve aussi Cosette et Jean Valjean (qui change souvent de nom pour échapper à la traque de Javert), l'abominable couple Thénardier, et on y rencontre Gavroche, le sympathique gamin des rues.
Dans Les Misérables V. Hugo brosse un tableau de la France du début du XIXème siècle, autour du personnage de Jean Valjean. Il y montre que des institutions et des mentalités trop rigides ne font qu'accroitre la misère et la délinquance.
Dans le tome 2, on assiste d'abord à la bataille de Waterloo où Thénardier pille les cadavres (livre 1) ; puis à la manière dont Jean Valjean s'évade du bagne de Toulon (livre 2), comment il recueille Cosette (livre 3), et enfin comment il échappe avec elle à la traque de Javert (livres 4, 5 et 6). Le dernier livre (intitulé Parenthèse) est consacré à des réflexions sur la vie monacale.
Dans Les Misérables V. Hugo brosse un tableau de la France du début du XIXème siècle, autour du personnage de Jean Valjean. Il y montre que des institutions et des mentalités trop rigides ne font qu'accroitre la misère et la délinquance.
Tome 1 : Jean Valjean, libéré du bagne où il a passé 20 ans, est rejeté de tous. Il y serait retourné sans Mgr Myriel dont la générosité lui fait renoncer à la délinquance. Il devient M. Madeleine, industriel honnête et généreux. Mais le policier Javert est à la recherche du forçat Jean Valjean ... Fantine, abandonnée par son amant, a une petite fille, Cosette, qu'elle est obligée de mettre en pension chez des aubergistes, car une fille mère ne trouve pas de travail. Elle rencontrera M. Madeleine un peu trop tard.
Dans sa préface Hugo présente ce recueil de 158 poèmes comme « les mémoires d'une âme » ; il relate en effet l'évolution de sa pensée sur plus de 20 ans. Les 2 volumes du recueil : « Autrefois. Aujourd'hui » sont séparés par la mort de sa fille Léopoldine en 1843. Chacun comprend 3 parties.
Dans le 1er volume, le livre I : Aurore évoque la jeunesse, le livre II : L'âme en fleurs, les amours, le livre III, Les luttes et les rêves, la prise de conscience des misères et injustices.
Dans sa préface Hugo présente ce recueil de 158 poèmes comme « les mémoires d'une âme » ; il relate en effet l'évolution de sa pensée sur plus de 20 ans. Les 2 volumes du recueil : « Autrefois. Aujourd'hui » sont séparés par la mort de sa fille Léopoldine en 1843. Chacun comprend 3 parties.
Dans le 2nd volume, le livre IV : Pauca meae est consacré à la mort de Léopoldine, à la douleur et la résignation ; le livre V : En marche, exprime le regain de l'énergie ; le livre VI, Au bord de l'infini, est mystique : on y trouve esprits, spectres, et prophéties.
(Pour une présentation générale du livre voir tome 1). Vous trouverez dans ce deuxième volume les tomes 2, 3 et 4 de l'édition originale. Selon l'organisation chronologique de l'ensemble le tome 2 évoque le moyen âge, le tome 3 commence à la Renaissance, le tome 4 aborde les temps présents (XIXème siècle) et à venir. Mais cette classification est très lâche : beaucoup de poèmes échappent à toute chronologie. Par ailleurs les deux derniers tomes contiennent moins de récits épiques et plus d'allégories et réflexions que les premiers.
Avec La Légende des Siècles, V. Hugo a voulu faire l'épopée de l'humanité. Il ne s'agit pas d'un seul long poème (forme habituelle d'une épopée), mais d'un recueil de nombreux poèmes différents, plus ou moins longs, organisé en 28 chapitres. On y trouve des récits épiques inspirés de la Bible, de mythologies antiques, de traditions diverses, ou totalement inventés par Hugo ; mais aussi des allégories et des réflexions philosophiques ou religieuses. L'organisation en est globalement chronologique. Le tome 1 évoque l'aube de l'humanité et l'antiquité par des récits et légendes inspirés de la Bible et des mythologies païennes ou totalement inventés par Hugo.
«Ce livre-ci, qui sera certainement une des Bibles de l'avenir, ne sera, je pense, publié du vivant d'aucun d'entre nous, interlocuteurs actuels des êtres mystérieux, mais quand il paraîtra... Les tables... jetteront des vérités surnaturelles dans le vrai humain; elles mêleront les atomes et les mondes, elles prouveront la fraternité des hommes avec les bêtes; l'égalité des bêtes avec les plantes, l'égalité des plantes avec les pierres; la solidarité des pierres avec les étoiles...» Qui a déterminé les hôtes de Marine Terrace à consulter les tables ? C'est Mme Émile de Girardin. Elle se rendit à Jersey en 1853. Comment aurait-on pu résister à Mme de Girardin, un des esprits les plus avisés, les plus déliés, les plus séduisants de l'époque ? Du 11 septembre 1853 au 2 juillet 1855, Mme Hugo, Victor Hugo, Charles, Adèle, François-Victor et leurs amis interrogent les esprits sur l'autre vie, ce qui s'y passe, sous quelle forme ils revivent. Victor Hugo leur demande de nous renseigner sur le ciel et sur les étoiles, sur le paradis et les constellations, sur l'enfer et sur Dieu. Les exilés philosophent et tiennent salon littéraire avec «les voix d'Outre-Tombe».
Il y avait au nombre des assistants: Téléki, le révolutionnaire hongrois, le général Le Flô, royaliste et catholique, il y avait aussi les Allix, spectateurs sans opinions, des proscrits, comme Kesler, systématiquement rebelle aux tables. Xavier Durrieu, M. et Mme Edmond Leguevel, Théophile Guérin, Béguin et Auguste Vacquerie - le plus assidu - animèrent les Tables. Barbieux, Bénézit, le Jerseyen Pinson, Quennec, de Tréveneuc, le colonel Taly et Vickery, assistèrent à certaines séances.Les réponses sont hallucinantes. Les procès-verbaux de ces «rencontres» recueillis par des hommes de bonne foi et devant des témoins, dont deux au moins (Auguste Vacquerie et Kesler) sont de sérieux incrédules, rayonnent d'une étrangeté qui donne le vertige.
Convoqués par l'Ombre du Sépulcre («Esprits, venez ici, il y a des voyants !»), les plus illustres des «esprits» répondent aux «interviews» des proscrits de Jersey. Des abstractions fréquentent la table: l'Ombre du Sépulcre, la Critique, la Mort, l'Idée; des prophètes: Isaïe, Moïse, Mahomet, Luther; des personnages historiques: Annibal et Robespierre, Charlotte Corday et sa victime Marat; des poètes (Anacréon, Byron, André Chénier, Tyrtée); des dramaturges (Aristophane, Eschyle, Molière, Shakespeare); des philosophes et des savants (Platon, Galilée); Cervantès, Walter Scott... et même un animal: le Lion d'Androclès.
Quarante ans après la mort d'Hugo, Gustave Simon publia ces «oracles» rédigés sous la dictée des âmes. On a conservé son introduction et ses annotations.
Le 6 janvier 1482, pour la fête de l'Epiphanie, une jeune et superbe bohémienne, Esméralda, danse place de Grève près d'un feu de joie. C'est le point de départ d'un drame qui réunit toute une galerie de personnages à qui V. Hugo a donné un caractère bien typé. Esméralda séduit tout le monde : Claude Frollo, l'archidiacre de Notre Dame, prêt à tout pour la posséder ; Gringoire, le poète miséreux, qui va s'égarer, au risque de sa vie, dans la « Cour des Miracles » où règne la loi des truands ; Phoebus, le capitaine des archers du roi ; et même Quasimodo, le sonneur de cloches de Notre Dame, si laid qu'il gagne sans grimacer le concours de grimaces, et qui est, lui, plus sensible à la bonté d'Esmeralda qu'à sa beauté.
Littérature Et Philosophie Mêlées Victor Hugo Il y a dans la vie de tout écrivain consciencieux un moment où il sent le besoin de compter avec le passé, de classer en ordre et de dater les diverses empreintes qu'il a prises de la forme de son esprit à différentes époques, de coordonner, tout en les mettant franchement en lumière, les contradictions plutôt superficielles que radicales de sa vie, et de montrer, s'il y a lieu, par quels rapports mystérieux et intimes les idées divergentes en apparence de sa première jeunesse se rattachent à la pensée unique et centrale qui s'est peu à peu dégagée du milieu d'elles et qui a fini par les résorber toutes. D'ordinaire, ces sortes d'examens de conscience, quand ils sont faits avec bonne foi et candeur, produisent des livres du genre de celuici. Ces deux volumes, en effet, ne sont autre chose que la collection de toutes les notes que l'auteur, dans la route littéraire et politique qu'il a déjà parcourue, a écrites çà et là, chemin faisant, depuis quinze ans qu'il marche. Ce livre, qui ne peut offrir d'ailleurs quelque intérêt qu'aux personnes qui aimeraient à voir de quelle façon et à quel point un esprit loyal peut se transformer par la critique de luimême, dans nos temps de révolution sociale et intellectuelle, ce livre est le complément nécessaire et naturel de la série des oeuvres de l'auteur. Chacune des sections qu'il renferme correspond à l'un des termes de cette série chacun de ces morceaux a été écrit en même temps que quelqu'un des ouvrages qui la composent, et représente, pour qui sait bien voir, le même groupe d'idées. Ainsi le Journal d'un jacobite de 1819 est du temps de Han d'Islande, le Journal d'un révolutionnaire de 1830 est du temps de NotreDame de Paris. En consultant les dates qu'on a eu soin de placer en tête de tous ces fragments, ceux des lecteurs qui se plaisent à ces sortes de comparaisons, même lorsqu'il s'agit d'ouvrages aussi peu importants que celuici, pourront voir aisément à quelle oeuvre de l'auteur, à quel moment de sa manière, à quelle phase de sa pensée sur la société et sur l'art se rattache chacune des divisions de ce livre. Ces deux volumes côtoient tous les autres en les reflétant.