L'exception française est plus que jamais évoquée en cette fin de siècle. Mais c'est depuis la Révolution que se sont imposées les images symboliques de la France, à travers mythes et réalités. Qu'en est-il véritablement de ces spécificités politiques, économiques, sociales et culturelles oeCet ouvrage :- cherche à situer l'exception française dans une perspective historique ;- analyse le rôle capital et fondateur de la Révolution dans l'exceptionnalisme français ;- présente les grands thèmes où s'exprime cette exception : la République, les passions françaises et la place essentielle de l'État.Laurent Wirth a été professeur en classes préparatoires en province et à Paris (lycée Henri IV). Il est actuellement inspecteur général de l'Éducation nationale. Sa thèse (Histoire d'un équilibre perdu. Évolution économique, démographique et sociale du monde paysan dans le Cantal) a été publiée en 1996.
La « grande nation ». La France, « une certaine idée ». Naissance et renaissance de la nation France. La patrie des droits de l'homme. La « grande nation » n'est plus ce qu'elle était. L'exception républicaine. Le miroir républicain. La République une et indivisible. Laïcité, école et République. Des passions bien françaises. Les paradoxes de la passion égalitaire. Continuons-nous le combat oe L'obsession culturelle. Les peurs françaises. L'État au coeur. L'État au centre de la société. État, sollicité, État dénigré. Un capitalisme à la française ?
L'histoire se répète-t-elle et nous aide-t-elle à comprendre notre monde actuel ? À travers cinq événements-monde qui ont resurgi à la faveur de l'actualité, Laurent Wirth montre comment, par leur écho immédiat à travers le globe, ils ont contribué à l'exhumation du passé par la recherche de précédents historiques.
Les cinq cas choisis illustrent un tel processus de résurgence :
- L'incendie du Capitole par les Britanniques en 1814 auquel renvoie l'invasion du Capitole par les partisans de Trump, le 6 janvier 2021 - « L'année sans été » de 1816 / Les incendies monstres en Californie, en Australie et en Sibérie des années 2019-2020 - La Commune de 1871 / les mouvements de contestation et de révolte du printemps arabe, Occupy Wall Street, les Indignados espagnols, Hirak algérien...
- La grippe espagnole de 1918 / la pandémie du Covid 19 - La photo choc en 2015 du corps du petit Syrien Aylan Kurdi sur une plage turque / la mise en place d'un Haut-commissariat aux réfugiés en 1921 dirigé par le Norvégien Fridjof Nansen Ces études éclairantes se situent dans une double dimension : spatiale, en prenant en compte la perspective mondiale qui fut celle de ces événements, dans l'esprit de l'histoire globale ; temporelle et mémorielle, en mettant l'accent sur le poids du présent dans la réactivation du passé.
À l'image des constructeurs de la tour de Babel, les populations européennes furent marquées du sceau de la diversité.
Depuis l'invention de l'Europe par les Anciens, l'histoire du continent a été rythmée par de grandes pulsations entre unité et divisions. Les principes qui pouvaient faire son union portaient souvent en eux les germes de sa désunion : la chrétienté était grosse de schismes, les « Lumières » l'étaient de l'affirmation des nations, et la suprématie de l'Europe des rivalités entre ses puissances. La République des Lettres et l'Europe des Lumières se sont disloquées dans de terribles conflits, jusqu'aux grands massacres du xxe siècle qui ont fait de l'Europe le continent des ténèbres. Malgré une aspiration à l'unité et des rêves de « paix perpétuelle », l'histoire de l'Europe s'est largement écrite « par le fer et par le sang ».
Une réflexion globale sur cette histoire, non seulement politique et sociale mais aussi culturelle, de l'Antiquité à nos jours, permet de comprendre la difficile construction de l'unité de l'Europe et d'une identité européenne, alors même que les identités se fondent généralement sur la démarcation, voire le rejet de l'altérité.
"La Troisième République est née dans le chaos et morte d'une défaite militaire. Deux destins individuels en sont représentatifs : François Julien Chatet, garde national fédéré pendant la Commune, fut arrêté à la fin de la « semaine sanglante ». Son arrière-petite-fille, Madeleine Aylmer, s'engagea dans la Résistance. Arrêtée en 1944, elle fut déportée à Ravensbrück, où elle donna naissance à Sylvie. De 1871 aux années de l'Occupation, ces deux fervents républicains ont tenu entre leurs mains le « fil de Marianne ». Ce fil aurait pu se rompre avant la défaite fatale de 1940. Mais l'idée républicaine a résisté en France et dans leur famille. Madeleine était la mère de Sophie Wirth."