Eric Reinhardt
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Boris Eltsine et le réveil russe
Eric Reinhardt
- Stock (réédition numérique fenixx)
- 16 Juin 2016
- 9782234102019
De 1985 à 1991, l'Occident, aveuglé par le rayonnement médiatique de Mikhaïl Gorbatchev, prit la perestroïka soviétique pour ce qu'elle prétendait être : une réforme démocratique du système communiste. Boris Eltsine ne pouvait - dans cette fiction - que se voir assigner le rôle de perturbateur, phénomène incompréhensible, vaguement inquiétant, donc traité comme marginal, alors même que les signaux les plus objectifs - les quatre grands scrutins qui se sont déroulés de 1989 à 1991 - démontraient le contraire. Le fossé, entre les perceptions russes et occidentales, n'avait cessé de se creuser, à mesure que se décomposait l'entreprise lancée par Lénine. Il fallut le fait accompli de l'abolition juridique de l'URSS, pour que le monde se réveillât. On reconnut alors que Boris Eltsine fut, de 1987 à 1991, le premier personnage de cette histoire, au coeur de chacune des grandes ruptures, parvenant - sur les décombres d'un empire idéologique agonisant - à incarner le fait majoritaire en Russie.
Longtemps coeur d'un empire, la Russie devient aujourd'hui, pour la première fois de son histoire millénaire, une nation. Août 1991 clôt le cycle entamé en août 1914. Le XXe siècle, celui des grands totalitarismes européens, s'est achevé. Cette histoire nous concerne, pour elle-même, mais aussi pour ce qu'elle révèle d'universel sur l'identité profonde des peuples, au-delà des vicissitudes des systèmes politiques, sur les interactions entre les grands mouvements collectifs, et les volontés individuelles, sur la fascination et les illusions du pouvoir.