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Sciences humaines & sociales
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REVUE LIGNES n.71 : Jean-Luc Godard : encore et après
Michel Surya
- Nouvelles Lignes
- Revue Lignes
- 19 Mai 2023
- 9782355262135
Peu de figures en même temps intellectuelles, artistiques et culturelles auront donné autant que la sienne à penser (auront « aidé à vivre » non moins).
Jean-Luc Godard est mort le 13 septembre dernier, volontairement, laissant inachevé le dernier film auquel il travaillait.
Il s'était plaint un jour d'être connu plutôt que reconnu. Connu ou reconnu, son nom ou sa signature le sont quoi qu'il en soit davantage que son oeuvre, qu'ils recouvrent trop souvent - cependant que cette dernière, paradoxalement, doive peut-être à ce nom et à cette signature ses conditions d'existence. oeuvre qui n'a pas fini de se déployer et de se réaliser, de cheminer malgré l'inévitable destin de trésor national qui lui est réservée. Il serait certes impossible d'en faire le tour dans le seul espace d'un numéro de Lignes. C'est à partir d'elle cependant, de ses mille et une formes ou déclinaisons que nous vous invitons à faire le point -
REVUE LIGNES n.36 : les soulèvements arabes
Collectif
- Nouvelles Lignes
- Revue Lignes
- 21 Octobre 2011
- 9782355260872
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REVUE LIGNES : la réaction philosémite ; ou la trahison des clercs
Ivan Segre
- Nouvelles Lignes
- Revue Lignes
- 12 Mai 2009
- 9782355260285
Au croisement de la philosophie, de la sociologie et de la politique, La Réaction philosémite est l'analyse d'une modalité contemporaine du discours réactionnaire français. Après les attentats du 11 septembre 2001, est apparu en France et en Europe un courant idéologique renouant explicitement avec le mot d'ordre d'une "défense de l'Occident" tel que l'extrême droite avait pu en élaborer le contenu et la forme dans l'entre-deux-guerres, affirmant alors sa parenté idéologique avec le fascisme italien et l'antisémitisme allemand. La particularité de cet avatar contemporain, c'est, d'une part, qu'il se présente comme une "défense de la démocratie" contre le "totalitarisme" (communiste ou islamique) et, d'autre part, qu'il s'organise, chez certains idéologues français ici étudiés, autour des deux mots d'ordre que sont "la défense du sionisme" et la "lutte contre l'antisémitisme".
Ivan Segré démontre, que, par-delà ce rhabillage rhétorique, le contenu idéologique demeure pour l'essentiel inchangé, constituant l'invariant d'un discours qu'il convient précisément de qualifier de réactionnaire, en ce sens qu'il ne repose sur aucun contenu de pensée, sinon la peur, notamment du "musulman", du "progressiste" ou des "jeunes" des quartiers populaires. Mais y rôde également, sous-jacente, et plus fondamentale, peut-être, une hostilité au philosophe, au penseur en tant que tel, et au peuple juif, en tant que l'un et l'autre affirment, contre la vacuité narcissique des valets d'Empire, la positivité joyeuse de leur être-là.
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L'exemple des roms ; les roms, pour l'exemple
Collectif
- Nouvelles Lignes
- Lignes
- 23 Février 2011
- 9782355260636
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REVUE LIGNES n.35 : le rebut humain
Collectif
- Nouvelles Lignes
- Revue Lignes
- 15 Juin 2011
- 9782355260797
Il est arrivé dans notre histoire récente, il arrive encore que des hommes soient traités de manière plus ignoble que du bétail : comme de la vermine, de dangereux parasites qu'il importe d'éliminer. Il arrive aussi qu'ils soient simplement mis à l'écart, relégués dans des hors-lieux, des zones-frontières à la fois exposées et invisibles. Semblables à des objets devenus inutiles, ils ont été mis au rebut. Le plus souvent, cette relégation ne s'accompagne d'aucune haine, d'aucune rage persécutrice (mais Eichmann, disaît-il, n'éprouvait aucune haine envers les Juifs). Elle s'effectue de manière routinière, dans une insondable indifférence. Il se pourrait d'ailleurs, comme l'affirme Z. Bauman, que notre société mondialisée soit devenue une gigantesque machine à produire du rebut. Ceux qui ont été ainsi rejetés, comment les qualifier ? En les considérant comme des victimes, forcément passives, de l'« Histoire » ou de la « fatalité », on en appelle à la compassion, à l'indignation morale, mais en aucun cas à la réflexion et à l'action politique. Il convient plutôt de les considérer comme des vaincus. Ce qui se présentait faussement comme un destin est en réalité une défaite, peut-être provisoire, dans un combat qui n'a jamais cessé.
Il semble que cette mise au rebut caractérise, d'une manière ou d'une autre, toutes les sociétés humaines. Sans doute faut-il distinguer celles qui s'en tiennent à des mesures de discrimination - aussi ignobles soient-elles - et celles qui passent de l'exclusion à la persécution, voire à l'extermination du rebut humain. Mais il ne saurait être question de justifier comme un « moindre mal » l'exclusion et la relégation. La mise-au-rebut d'un homme est toujours une injustice, un tort radical. Comment est-il possible de lui résister ? Comment envisager une communauté qui ne se fonderait plus sur l'exclusion d'un rebut ? Ce sont les conditions de production du rebut humain, mais aussi les stratégies de résistance à cette mise-au-rebut qu'il s'agit d'interroger dans ce numéro de Lignes, à travers ses différentes formes historiques, les plus proches comme les plus lointaines.
Le numéro 35 de la revue contient la suite et la fin annoncées du numéro 34 spécial sur les Roms L'exemple des Roms / Les Roms, pour l'exemple paru aux éditions Lignes en février 2011.
Sommaire « LE REBUT HUMAIN » Textes réunis par Jacob Rogozinski et Michel Surya Jacob Rogozinski et Michel Surya, Présentation Jacob Rogozinski, « Pire que la mort » Les lépreux au Moyen Âge : de l'exclusion à l'extermination Marc Nichanian, Le rebut du sujet Martin Crowley, Vivre à l'écart Jérôme Lèbre, Les failles du monde Diogo Sardinha, Penser comme des chiens : Foucault et les Cyniques Mathilde Girard, Rebuts divins, rebuts humains D'un renversement remontant jusqu'aux origines « L'EXEMPLE DES ROMS LES ROMS, POUR L'EXEMPLE » Suite et fin du dossier conçu et réalisé par Cécile Canut, dont la première partie a parue dans le numéro 34 de Lignes Éric Fassin, Pourquoi les Roms ?
Jean-Pierre Dacheux, Nous sommes tous des Roms européens Emmanuel Filhol, L'investissement du thème tsigane dans la culture de l'Europe (Les Bohémiens d'Andalousie de Jean Potocki) Cécile Kovacshazy, Littératures tsiganes : un événement politique Claire Cossée, « Les-Roms-migrants-et-gens-du-voyage », ou l'ethnicisation du politique à l'ère néolibérale Guillaume Sibertin-Blanc, Les Indiens d'Europe (notes structurales et schizo-analytiques pour la stratégie minoritaire)
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REVUE LIGNES n.32 : Daniel Bensaïd
Revue Lignes
- Nouvelles Lignes
- Revue Lignes
- 22 Mai 2010
- 9782355260513
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REVUE LIGNES n.59 : les "Gilets jaunes" : penser un mouvement inédit
Michel Surya
- Nouvelles Lignes
- Revue Lignes
- 17 Mai 2019
- 9782355261947
Que penser du mouvement des « Gilets jaunes », et comment le penser ? Penser ce qu'il a d'inédit, qui le constituent (constitution elle-même inédite), et ce qu'il peut en résulter. Le décrire aussi. Par une vingtaine d'auteurs de Lignes, que la situation divise aussi.
À quoi avons-nous eu et avons-nous affaire avec les « Gilets jaunes » ? À un mouvement social ? Sans conteste. Spectaculaire même. Un incontestable et spectaculaire mouvement social donc, et justifié, on ne peut plus justifié par la situation et par.
Un mouvement social donc, mais pas « politique » a priori puisque lui-même s'est affirmé d'emblée, avec insistance même, comme ne l'étant pas, comme étant « apolitique » - de là l'une des difficultés à l'identifier et à le penser.
Un mouvement « social » et « apolitique » convenons-en puisque lui-même nous demande d'en convenir, lequel n'a pourtant présenté d'emblée que peu de traits d'un mouvement - sociale ou politique - de gauche. La gauche de gauche et l'extrême gauche l'ont certes rallié, et avec ferveur, mais pas toute, et pas sans réticence parfois. Ferveur d'une partie de celles-ci, donc, et inquiétude d'une autre. Il est vrai que des traits constitutifs des mouvements de droite (et de la droite dure) s'y profilent aussi, qui la légitiment.
On l'aura compris, le mouvement divise, il divise Lignes même. Ce numéro se saisit de cette division pour mieux décrire, analyser et penser ce mouvement, autrement dit le moment lui-même où nous nous trouvons.
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REVUE LIGNES n.69 : logiques conspirationnistes
Revue Lignes
- Nouvelles Lignes
- Revue Lignes
- 18 Novembre 2022
- 9782355262111
Les mots de « complot », « conspiration » : les reprendre, tenter de retracer leur genèse, comprendre leur résurgence et leurs métamorphoses. Pour essayer d'entendre et penser ce qui les fait être ce qu'ils sont : récupérables par ce qu'il y a de pire.
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REVUE LIGNES n.39 : le devenir grec de l'Europe néolibérale
Collectif
- Nouvelles Lignes
- Revue Lignes
- 18 Octobre 2012
- 9782355261138
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REVUE LIGNES n.30 : la crise comme méthode de gouvernement
Revue Lignes
- Nouvelles Lignes
- Revue Lignes
- 16 Octobre 2009
- 9782355260414
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REVUE LIGNES n.37 : non pas : voter pour qui ? mais : pourquoi voter ?
Revue Lignes
- Nouvelles Lignes
- Revue Lignes
- 15 Février 2012
- 9782355260933
À l'approche de l'élection présidentielle, Lignes consacre ce numéro à une enquête menée auprès d'intellectuels et d'écrivains sur l'opportunité même du vote.
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REVUE LIGNES n.27 : temps historique, temps messianique
Collectif
- Nouvelles Lignes
- Revue Lignes
- 3 Octobre 2008
- 9782355260179
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REVUE LIGNES n.28 : humanité animalité
Revue Lignes
- Nouvelles Lignes
- Revue Lignes
- 5 Février 2009
- 9782355260247
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REVUE LIGNES n.23-24 : vingt années de la vie politique et intellectuelle
Revue Lignes
- Nouvelles Lignes
- Revue Lignes
- 27 Octobre 2007
- 9782355260056
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REVUE LIGNES n.26 : droit de l'immigration, centres de rétention, identité nationale
Collectif
- Nouvelles Lignes
- Revue Lignes
- 9 Mai 2008
- 9782355260131
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REVUE LIGNES n.38 : littérature et pensée
Collectif
- Nouvelles Lignes
- Revue Lignes
- 23 Mai 2012
- 9782355261046
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REVUE LIGNES : fini, c'est fini, ça va finir...
Michel Surya
- Nouvelles Lignes
- Revue Lignes
- 16 Février 2018
- 9782355261800
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REVUE LIGNES n.57 : puritanismes, le néo-féminisme et la domination
Michel Surya
- Nouvelles Lignes
- Revue Lignes
- 19 Octobre 2018
- 9782355261893
Repuritanisation des moeurs, des arts et de la pensée ? C'est ce qu'il risque de résulter - et résulte déjà - de la campagne (mondiale) de dénonciation des violences sexuelles, forme aggravée de la domination masculine. Dont il résulte aussi qu'il semble n'y avoir plus de domination qu'elle.
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REVUE LIGNES n.61 : pour un nouvel internationalisme
Michel Surya
- Nouvelles Lignes
- Revue Lignes
- 7 Février 2020
- 9782355261985
Parmi les idées qui connaissent une forme d'extinction tout aussi brutale que celle touchant les espèces, il faut compter l'internationalisme. Comment en est-on arrivés là ? Comment le schème internationaliste, qui a orienté les pensées comme les pratiques politiques opposées à l'ordre des choses et à sa police, a pu devenir le spectre d'un spectre, qui ne hante plus tant la mémoire que les oubliettes où celle-ci s'est évanouie ? Répondre à cette question nécessite bien entendu un diagnostic, une enquête de type historique, philosophique et politique.
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REVUE LIGNES n.63 : la pensée sous séquestre
Michel Surya
- Nouvelles Lignes
- Revue Lignes
- 6 Novembre 2020
- 9782355262005
Ce numéro de Lignes part de ce qu'il en est d'être confiné. De l'être par contrainte, mais s'y prêtant - le contraire d'une séquestration. Le contraire certes, mais plaçant la pensée elle-même comme sous séquestre.
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REVUE LIGNES n.49 : une philosophie-artiste : Jean-Noël Vuarnet
Collectif
- Nouvelles Lignes
- Revue Lignes
- 11 Mars 2016
- 9782355261565
Lignes s'est, depuis 27 ans, attaché à revisiter et reconsidérer les généalogies intellectuelles dominantes. Faisant toute leur place aux oeuvres marginales ou mineures (et à leurs auteurs), en tout cas considérées comme telles par les oeuvres en revanche considérées comme « majeures » ou canoniques (et leurs auteurs). Une autre histoire s'est ainsi dessinée, qui n'a certes pas cherché à discréditer les « grandes » oeuvres, mais qui a mis en lumière de plus « petites ». Pour autant pas moins essentielles ni exemplaires.
Jean-Noël Vuarnet (1945-1996) incarne on ne peut mieux un tel cas de figure, dont l'oeuvre, brève (il s'est suicidé à 51 ans), n'est ni assez connue ni assez citée. Réparation donc à celle-ci, significative des années 1970-80, tantôt littéraire (4 titres, dont le premier paru au Seuil en 1976 et le dernier chez Gallimard en 1995), écrite dans la proximité et l'amitié de Maurice Roche, Novarina, Laporte, Prigent, etc. (Personnage anglais dans une île a été réédité chez Lignes/Léo Scheer en 2005); tantôt « philosophique », écrite dans celle de Klossowski, Deleuze ou Lacan, auxquels l'amitié le liait.
Philosophique est ici mis entre guillemets parce que c'est sans doute là que l'apport de cette oeuvre est, sinon le plus manifeste, au moins le plus remarquable. Proche de Deleuze, il ira plus loin que lui dans la lecture et l'interprétation de tous ceux qui l'ont mise en crise ;
S'appuyant sur Nietzsche essentiellement, mais aussi bien sûr Giordano Bruno, Nicolas de Cuse, Rousseau, Kierkegaard, Bataille et Klossowski (certainement le plus proche de lui, avec lequel l'échange aura été le plus riche et le plus profond). Deux livres considérables en ont résulté : Le Discours impur (Galilée, 1972) et Le Philosophe-artiste (1re édition : 10/18, 1977 ;
Rééd., Lignes/ Léo Scheer, 2004). Plusieurs des études réunies par ce numéro leur sont consacrées.
La seconde partie de son oeuvre, encore aujourd'hui la plus connue, s'intéresse à la mystique, comme on pouvait le déduire de l'intérêt qu'il avait montré jusque-là pour les expériences de pensée « irrégulières ». Extases féminines (Arthaud, 1980 ; rééd., Hatier, 1991) a posé les jalons d'une interprétation des phénomènes mystiques dont la psychanalyse s'est nourrie depuis. Le Dieu des femmes (L'Herne) complète cette partie de l'oeuvre, sur laquelle plusieurs des textes de ce numéro se penchent.
Le numéro reprend pour finir 5 textes introuvables de Jean-Noël Vuarnet, représentatifs de cette oeuvre ; un texte de Klossowski sur celle-ci ;
Et une première bibliographie.
Ce numéro paraît à l'occasion du vingtième anniversaire de sa mort. La Chute de la maison Tripier reparaîtra également en mars aux éditions Incorpore
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REVUE LIGNES n.67 : résistance et organisation
Revue Lignes
- Nouvelles Lignes
- Revue Lignes
- 4 Février 2022
- 9782355262043
Face aux échéances électorales en France, et dans un contexte politique international toujours plus inquiétant, il s'agit encore et toujours, mais peutêtre plus que jamais dans l'histoire de la revue, de prendre la mesure de la pensée, de sa responsabilité, et de sa puissance même, en vue de l'action.
Canguilhem, dans les années 1930, citant le Rouge et le Noir de Stendhal, appelle à s'organiser face au fascisme : « Quelle est la grande action qui ne soit pas impossible au moment où on l'entreprend ? C'est quand elle est accomplie qu'elle semble possible aux êtres du commun. » Il s'adresse ainsi aux lycéens : « Le problème est de choisir entre une attitude de soumission aux contingences historiques ou aux nécessités, qu'on les estime métaphysiques ou physiquement fondées, et une attitude de résistance ou plutôt d'organisation. »
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REVUE LIGNES n.48 : les attentats, la pensée
Collectif
- Nouvelles Lignes
- Revue Lignes
- 19 Octobre 2015
- 9782355261497
Quences nous obligent à penser la situation qu'ils ont déterminée :
1. les attentats de Paris, après ceux de Toulouse et Bruxelles ; avant celui de Copenhague ;
2. la réponse sécuritaire du gouvernement français (au nom des « libertés » ; au prix de celles-ci) ;
3. sa réponse idéologique : l'union nationale, à laquelle il semble tout ce qui lui reste de politique ;
4. l'ascension de l'extrême droite française (des extrêmes droites européennes avec elle), attirant à elle (presque) toutes les droites et une large majorité de l'électorat (populaire, y compris de gauche) ;
5. le surenchérissement d'un séquençage identitaire jouant en tous sens, opposant entre eux des groupes se constituant en communautés. Etc.
Situation d'autant plus préoccupante qu'elle prend appui sur ce que la France et l'Europe connaissent interminablement de la crise, et de la défaillance ou de l'indifférence des gauches à y répondre.
La question de départ doit être décisive en cela :
Oui ou non la situation est-elle nouvelle ? Ou la même, mais aggravée ? Change-t-elle de nature ou seulement de degré ? Quels sens, pertinence, etc.
Ont les évocations du passé (les années 1930) ?
Comment ne pas s'étonner surtout (un parti pris s'impose) de ce qu'ont pu dire beaucoup de ceux pour qui, à gauche de la gauche, la situation ne serait pas nouvelle, mais la même, et pour qui les attentats témoigneraient d'un malaise (au sens emphatisé de Freud) que la seule interprétation sociologique suffirait encore à expliquer ; malaise qu'expliqueraient - séquelles du colonialisme raciste français - les effets de la relégation et de la ségrégation des classes pauvres et immigrées. Tous points justes, mais qui ont déjà été servis et dont l'efficacité n'a pas été avérée.
Surtout, à les lire, les entendre, une césure a semblé se dégager : ce serait selon que le capitalisme est premier ou second dans l'analyse que s'établiraient les pensées et se distribueraient les déclarations.
Soit l'anticapitalisme est premier, et il n'y aurait de moyen de penser cette situation que comme l'un des symptômes dont seul son renversement aurait raison ; soit cette situation témoigne d'autre chose qui ne menace pas davantage le capitalisme que l'anticapitalisme qui conspire à le renverser (l'analogie avec les années 1930 serait alors plausible).
Les rapports de puissance sont en effet en train de changer au point que penser selon les termes des puissances respectives du capitalisme et de son opposition ne suffit plus. Une autre puissance émerge qui ravage des territoires entiers, y répandant la terreur (terreur qui n'atteint encore l'Europe qu'épisodiquement), qui n'est sans aucun doute pas moins hostile à l'anticapitalisme qu'au capitalisme luimême.
De là que l'étau se resserre : plus de gauche ou presque, où que ce soit ; un plébiscite au contraire pour un libéralisme sans fard ni frein ; une extrême droite à l'affût et aux portes du pouvoir ; et, enfin, le déferlement d'un archaïsme historique qu'on ne voit pas à quoi comparer sinon à une variante du fascisme - l'opposition dominante serait dès lors celle-ci : d'un néo-fascisme djihadiste et d'un ancien fascisme européen.
Que penser de cette situation nouvelle ? C'est la question que ce numéro de Lignes veut poser.