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Nouvelles Lignes
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Pièce majeure des années écologistes de Félix Guattari, l'intérêt de ce court ouvrage réside dans son caractère précurseur et dans sa proposition d'approfondissement des enjeux théoriques et politiques liés à la crise de ce que Guattari nomme le Capitalisme Mondial Intégré, et dont la crise écologique n'est selon lui que l'une des manifestations. Entre son désenchantement des «?années d'hiver?», contemporain des premiers renoncements du mittérandisme, et son engouement (décisif mais passager) pour les groupements écologiques alors émergents, Guattari propose ici de porter l'écologie à un degré d'exigence qui lui inspire le néologisme d'écosophie, pour englober tout à la fois?: - L'écologie environnementale?; - L'écologie sociale?; - L'écologie mentale.
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Au tout début des années 1990, le compositeur Nicolas Frize entreprend de construire une structure inédite de création musicale, de formation et de travail au sein de la Maison centrale de Saint-Maur. Plus de 30 ans plus tard, le Studio du temps poursuit ses activités. Nicolas Frize retrace ici les étapes de cette expérience singulière et exemplaire, toujours en butte à l'idéologie carcérale dont il s'emploie inlassablement à desserrer l'étau.
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Le corps utopique, les hétérotopies
Michel Foucault
- Nouvelles Lignes
- 20 Septembre 2019
- 9782355261954
Réédition du volume épuisé paru en 2009. Un autre ton de Foucault.
Un autre Foucault. Plus près de l'aveu de soi. Plus près de la littérature.
Deux conférences de 1966 : totalement inédite pour l'une (Le Corps Utopique) ; inédite sous cette forme pour l'autre (Les Hétérotopies).
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Dans ce recueil paru pour la première fois en 2012, dont il avait lui-même imaginé le contenu peu de temps avant sa disparition en 1992, Félix Guattari en appelle à une pratique de la cure psychiatrique au sein d'institutions qui sauraient renouveler leurs instruments et faire preuve, vis-à-vis de leurs patients, d'une créativité comparable à celle de l'artiste. Renouvellement qu'il souhaiterait voir étendu à d'autres secteurs de la société. Dans un sens élargi qui n'est pas sans rappeler Les Hétérotopies de Michel Foucault, Guattari en vient à affirmer : « [...] l'on se prend à rêver de ce que pourrait devenir la vie dans les ensembles urbains, les écoles, les hôpitaux, les prisons, etc., si, au lieu de les concevoir sur le mode de la répétition vide, l'on s'efforçait de réorienter leur finalité dans le sens d'un re-création permanente interne. »
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Qu'est-ce que l'écosophie ? réunit les textes rares ou inédits que Félix Guattari rédige entre 1985 et 1992, à l'issue de ce qu'il a nommé « les années d'hiver ». Les textes qui composent ce volume exceptionnel constituent un témoignage précieux sur une période dont l'histoire politique reste en grande partie à écrire ; ils anticipent également les errements partisans du mouvement écologiste actuel.
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« Dans les brumes et les miasmes qui obscurcissent notre fin de millénaire, la question de la subjectivité revient désormais comme un leitmotiv. Pas plus que l'air et l'eau, elle n'est une donnée naturelle. Comment la produire, la capter, l'enrichir, la réinventer en permanence de façon à la rendre compatible avec des Univers de valeur mutants ? Comment travailler à sa libération, c'est-à-dire à sa re-singularisation ?
La psychanalyse, l'analyse institutionnelle, le film, la littérature, la poésie, des pédagogies innovantes, des urbanismes et des architectures créateurs... toutes les disciplines auront à conjoindre leur créativité pour conjurer les épreuves de la barbarie, d'implosion mentale, de spasme chaosmique, qui se profilent à l'horizon et pour les transformer en richesses et en jouissances imprévisibles, dont les promesses, au demeurant, sont tout aussi tangibles. » -
Trialogues : exercices de schizoanayse
Félix Guattari, Jean-Claude Polack, Danielle Sivadon
- Nouvelles Lignes
- Lignes
- 21 Octobre 2022
- 9782355262104
Ces transcriptions inédites sont la trace des rencontres à trois que Félix Guattari, Danielle Sivadon, et Jean-Claude Polack instaurèrent, à partir de 1989 et jusqu'au décès de Félix Guattari, en août 1992, pour discuter de situations cliniques. La période n'était pas anodine, puisque Jean-Claude Polack et Danielle Sivadon s'apprêtaient à publier "L'intime utopie" (juin 1991) et Félix Guattari "Chaosmose" (février 1992). Les Trialogues peuvent ainsi apparaitre comme le laboratoire et le champ d'expérimentation à trois de ces textes en cours d'élaboration. Nous avons retenu sept sur dix de ces séances de travail et choisi de les présenter dans l'ordre chronologique qui maintient vivants leurs questionnements, leurs formulations tels qu'ils s'enchainent au fil du temps. Bien sûr, les histoires des patients ont été revues avec circonspection pour en préserver l'anonymat. Ces trialogues expriment d'abord et avant tout le souci partagé par les trois participants de repenser la clinique avec les outils de la schizo-analyse, dans une tentative d'articuler des concepts, des dispositifs et des engagements singuliers. Du côté des concepts, illustrer une armature théorique, difficile d'accès pour des lecteurs non avertis. Du côté des dispositifs, exposer de quelle manière on passe d'une institution - une clinique - inspirée par la psychothérapie institutionnelle à une pratique d'analyste en cabinet, en y intégrant des multiplicités et des réseaux, en provoquant des ruptures de rythme sur fond de répétition, en bousculant les inerties qui freinent l'invention de nouvelles formes de vie. Ces échanges témoignent de pratiques singulières, non orthodoxes, tout à fait inscrites dans une époque et, néanmoins, pertinentes et riches d'enseignement pour aujourd'hui.
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À en juger par le nombre à tous égards exceptionnel d'interprétations qui en ont été tirées, l'oeuvre de Kafka est et reste la plus énigmatique d'un xxe siècle qu'elle a littérairement et philosophiquement bouleversé.
Ce n'est pourtant pas faute que Kafka ait lui-même livré des clés : dans ses livres, certes, mais plus encore dans son journal, et dans sa correspondance. Mais qu'advient- il si ces clés sont elle-même énigmatiques ?
Qu'advient-il si elles sont moins faites pour conférer un sens qui manquerait qu'approfondir la défaillance de tout sens ? Partant cette fois, et c'est ce qui fait la singularité du livre, davantage du Journal et de la Correspondance que des récits ; et choisissant cette oeuvre dans l'oeuvre, ce récit dans le récit, cette énigme dans l'énigme, comme cachés dedans, qu'y sont les rêves. Pour Guattari, les textes du Journal et de la Correspondance ont une portée littéraire égale à celle de ceux qui composent l'oeuvre proprement dite de Kafka. Description ? Interprétation ? Oui, mais pas seulement. Il n'y a pas lieu de parler ici d'une tentative de psychanalyse ; bien plutôt de montrer comment les rêves de Kafka échappent tant aux sciences psychanalytiques freudiennes encore naissantes à son époque qu'à leur développement ultérieur, au profit de la libre prolifération de l'imaginaire, telle que l'oeuvre le recueille et l'accomplit.
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Sur le sens et l'usage du mot "gauche"
Dionys Mascolo
- Nouvelles Lignes
- Lignes
- 4 Mars 2022
- 9782355262074
Être de gauche, affirme Mascolo, c'est «?refuser?». Refuser?; quand être de droite, c'est accepter. Il n'y a qu'une seule forme - ou presque - d'acceptation, quand il y a tant de formes possibles du refus. «?C'est par rapport au projet révolutionnaire que la gauche laisse voir son sens, et non par rapport à la droite - posture où l'on peut se fixer, comme au bord d'un vide où l'on sait bien qu'on ne se jettera pas, quand même on s'obstinerait à en savourer l'attirance sa vie durant.?»
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Universel, le racisme l'est, tel que Jean-Loup Amselle l'interprête et l'analyse dans ce livre. Moins ancien qu'on ne le pense et plus partagé qu'on ne le croit. Partout le même, c'est-à-dire ne souffrant pas les différences de nature dont on voudrait l'affubler (à ce titre, affirme-t-il, l'antisémitisme est un racisme parmi les autres). Parce que la matrice en est la même, que l'Europe colonisatrice a mis à l'essai en Afrique (où il sévit sans faillir) avant de le répandre dans toute l'Europe.
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REVUE LIGNES n.72 : ce qui vient...
Collectif
- Nouvelles Lignes
- Revue Lignes
- 2 Février 2024
- 9782355262142
Un numéro exceptionnel : Ce qui vient !
Pas un numéro de Lignes de plus, son dernier numéro.
Mettant un terme à 37 années d'un travail ininterrompu, dont la rigueur a d'un bout à l'autre été reconnue (et la virulence redoutée), auquel les meilleurs ont pris part, célèbres ou non. 37 années, soit :
110 numéros (38 d'une première série, 72 d'une seconde), réunissant quelques 700 auteurs d'au moins une contribution, et constituant une ensemble de... 25 000 pages (une petite bibliothèque à elle seule).
Elle aurait pu disparaître plus tôt. Il lui aura fallu quatre éditeurs pour qu'elle atteigne à cet âge quasicanonique (le quatrième seul, les éditions éponymes, ayant assuré sa pérennité). C'est de son plein gré qu'elle s'arrête, c'est même délibérément (pour n'avoir pas à s'accommoder de la prévisible présence de l'extrême droite au pouvoir en France, contre laquelle est en née en 1987).
« Ce qui vient » est le titre de ce dernier numéro, qui regarde encore vers l'avenir, pas déjà vers le passé. Qui regarde vers l'avenir avec cette inquiétude, voyant ce qui vient comme à peu près inévitable, ce péril politique imminent maintenant, ici et partout, parmi d'autres qui suivront, écologiques entre autres, périls certes pensables par la pensée, mais qu'il ne lui appartient pas de parer (il y faut de tout autres moyens).
40 des plus fidèles autrices et auteurs de la revue partagent ce numéro en forme de clap de fin ou de baisser de rideau, non sans lui rendre hommage parfois, auxquels, en retour, elle doit la plus grande gratitude. -
La pensée dispersée ; figures de l'exil juif
Enzo Traverso
- Nouvelles Lignes
- Lignes
- 18 Janvier 2019
- 9782355261916
Hannah Arendt, Siegfried Kracauer, Walter Benjamin, Hermann Broch, Theodor W. Adorno...
Ces grands penseurs judéo-allemands ont pour point commun d'avoir dû fuir leur pays après l'accession au pouvoir de Hitler en 1933.
Dès lors, c'est seuls, errants, étrangers, apatrides, que ceux qui ont survécu à cette fuite ont produit quelques-unes de leurs oeuvres majeures. Quelle influence l'exil a-t-il eue sur celles-ci, quelle place leur pensée a-t-elle prise dans leur pays d'accueil ?
Enzo Traverso traite de cette rupture tragique au travers de leurs oeuvres d'exil et des correspondances échangées avec les amis éloignés.
OEuvres et correspondances où les questions de la non-appartenance nationale et du « monde perdu » sont abordées en tant que questions non pas seulement existentielles, mais surtout intellectuelles Publié une première fois en 2004, La Pensée dispersée reparaît ici considérablement augmenté de deux textes, pour l'un sur Kracauer, pour l'autre sur Adorno ; et d'une très longue étude sur l'exil des intellectuels juifs italiens.
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« [.] il est nécessaire à la vie de se tenir à hauteur de la mort », écrit Bataille dans La Limite de l'utile.
Commandement où se lit certes l'influence persistante de Hegel sur lui et le projet d'une histoire universelle qui portera bientôt le titre de La Part maudite ; commandement que Bataille déshégélianise cependant aussitôt en apportant cette précision : « Une communauté ne peut durer qu'au degré d'intensité de la mort, elle se décompose dès qu'elle manque à la grandeur particulière au danger. » Par quoi l'on voit que la question, dès lors, n'est pas pour lui qu'ontologique, mais sociologique aussi, et économique.
Certainement, l'une des singularités les plus grandes de son génie se mesure-t-elle au fait d'avoir su, durant les mêmes années du début de la guerre, mener de front l'écriture de L'Expérience intérieure et du Coupable, livres d'une expérience authentiquement intérieure, et celle de La Limite de l'utile, où l'expérience qui est entreprise est celle de l'universalité des formes de l'histoire.
Première version abandonnée de La Part maudite, La Limite de l'utile est aussi la seconde de « La Notion de dépense », écrit dix ans plus tôt. Mathilde Girard, qui postface cette édition, a raison d'y insister : il faut ne pas davantage séparer entre les textes qu'entre les expériences, il faut au contraire associer La Part maudite et La Limite de l'utile à L'Expérience intérieure, au Coupable, à la Méthode de méditation, rédigés dans les mêmes années. Ne pas les séparer pour mesurer que la recherche qui les soutient veut être menée par un fou, un saint (c'est ainsi que Bataille entend s'emparer des conclusions de la science). La proposition de l'économie générale est impossible mais elle est seule à pouvoir soutenir l'expérience d'une connaissance liée à la perte de sens. La Limite de l'utile serait ainsi la version souveraine de La Part maudite - son revers, son ombre. Les arguments sont là, la généalogie de la gloire, de sa déchéance, mais comme portés par rien - rendus inutiles exactement.
À cet endroit, cette « version abandonnée » de La Part maudite fait ressusciter un appel, une exigence, qui sont autant ceux d'une économie qui ne mépriserait pas la vie (jusque dans la mort), que d'une pensée qui contredit la promesse de toute consolation dans la spéculation capitaliste. Se soustraire à l'utilité - des activités, de la pensée - est un processus infini que commande une écriture infinie qui attend d'être communiquée.
Mathilde Girard : « À quoi reconnaît-on aujourd'hui une conduite glorieuse - une conduite glorieuse humainement, c'est-à-dire qui n'attendrait ni de l'au-delà ni de l'argent les bénéfices de sa dépense ? Cela se peut-il encore que des êtres, des groupes ou des communautés s'entendent à ne rien vouloir gagner - à pouvoir perdre ?
Avec la «notion de dépense», Georges Bataille nous parle de quelque chose qui n'a peut-être jamais existé et qui s'éloigne toujours davantage de l'horizon de notre économie. Ce n'est pas que le capitalisme ne sache pas gaspiller et détruire, c'est qu'il a depuis longtemps dépassé ses capacités réelles - il les a même troquées pour une activité imaginaire (une spéculation) qui a le pouvoir de faire apparaître de nouveaux territoires à coloniser. Il se passe de nous.
Ce qui brille, alors, et qui nous attire, qu'est-ce que c'est ?
Bataille répondra : ce n'est rien. »
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" Wrga, la borgne, avait un petit changeon. Mais elle faisait semblant de ne pas le savoir et appelait parfois la mal-née par son beau prénom. "C'est par cette phrase qui semble devoir à la trouble féerie des contes que commence l'étrange et tragique récit de l'existence de Zitha. Enfant sans père, sans paroles et, selon toute apparence, sans pensée, Zitha serait un " changeon " - c'est du moins ce qu'affirme le prétendant de sa mère -, ainsi que les sombres légendes carinthiennes du début du XXe siècle (où se situe l'histoire) dénomment les enfants illégitimes, muets ou débiles. Autrement dit, le " changeon " est un monstre dont il faudrait à toute force se débarrasser pour que cesse la malédiction dont il menace les vivants. Le génie singulier de Christine Lavant trouve dans ce bref récit l'occasion de brosser une nouvelle fois, après Das Kind (Lignes, 2006), le portrait d'un enfant à qui le monde se refuse, ou ne s'offre à lui que sur le mode d'une souffrance sans frein.
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La méthode de la scène
Jacques Rancière, Adnen Jdey
- Nouvelles Lignes
- Lignes
- 17 Mai 2018
- 9782355261848
« Scène ». Il n'est pas exagéré de dire qu'aucune catégorie n'est davantage associée à la philosophie de Jacques Rancière. L'impulsion fondamentale de son travail, depuis ses folles nuits prolétaires, a toujours été d'interroger la manière dont les partages de la pensée reconduisent, sous la distribution des corps en communauté, une division entre ceux à qui le logos est reconnu et ceux à qui il est nié. Et si le travail du partage ne pouvait s'identifier comme l'objet de la pensée sans être en même temps la mise en oeuvre de sa méthode ? L'un des aspects les plus saillants de ce rapport très étroit entre objet et méthode, dans la philosophie de Jacques Rancière, est le rôle qu'y joue la « mise en scène ». Contre la hiérarchie des niveaux de réalité et des régimes de discursivité, la méthode de la scène se dote en effet d'une double valeur. Polémique, elle construit une différence dans un champ d'expérience ; et assertative, elle trace une transversale aux frontières des savoirs ainsi qu'aux contextualisations historiques. Induite ou construite, identifiée ou en puissance sous d'autres scénarios, la scène permet de mettre au jour ce qui travaille l'identité contrariée des productions de l'art et des fictions politiques. Ce que la méthode de la scène dit en creux de cette logique du dissensus, c'est la possibilité de constituer une puissance subjective qui renvoie à la condition politique de l'égalité.
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Presque inconnues, ces « adresses » de Georges Bataille à André Breton sous forme de « Lettres ouvertes à des camarades » marquent l'apogée de la très violente altercation des deux hommes au tournant des années trente. Le motif : Sade, et l'usage qu'on en fait. Un usage de fou, selon Breton parlant de Bataille ; d'hypocrite, selon Bataille parlant de Breton. Ceci cependant en résulte qui identifie exemplairement Bataille : c'est dans ces textes qu'apparaît et se constitue le concept d' « hétérologie ».
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La Souveraineté est l'un des livres les plus importants de Georges Bataille, en même temps que l'un des moins connus.
Il devait tenir lieu de tome II de l'ensemble regroupé par lui sous le titre de La Part maudite (le troisième et dernier tome étant L'Érotisme). Abandonné, bien que presque achevé, il n'a jamais fait l'objet d'une publication séparée. La Souveraineté est aussi l'un de ses projets les plus ambitieux, dans lequel il oppose sa conception de la souveraineté - soit "l'emploi des ressources à des fins improductives" - aux conceptions passées (religieuses) et récentes (le communisme) de la souveraineté.
"Bien entendu la souveraineté ne peut être donnée pour le but de l'histoire. Je représente même le contraire : que si l'histoire a quelque but, la souveraineté ne peut pas l'être". "Le monde souverain a sans doute une odeur de mort, mais c'est pour l'homme subordonné ; pour l'homme souverain, c'est le mode de la pratique qui sent mauvais ; s'il ne sent pas la mort, il sent l'angoisse, la foule y sue d'angoisse devant des ombres, la mort y subsiste à l'état rentré, mais elle l'emplit".
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La tradition allemande dans la philosophie
Alain Badiou, Jean-Luc Nancy
- Nouvelles Lignes
- Lignes
- 11 Septembre 2017
- 9782355261749
Y a-t-il une philosophie allemande ? Ou y a-t-il des moments de la philosophie, tantôt française, tantôt allemande, tantôt même française et allemande ? Le xviie constituerait le moment français, le xixe le moment allemand ; et le xxe, le moment franco-allemand - selon Badiou du moins. Nancy pense plutôt que la philosophie allemande a cessé au xxe siècle avec l'exil de ses plus éminents représentants : « ou bien ils ont émigré, ou bien ils ont quasiment tous fait silence quand ils n'ont pas suivi le régime ; un seul [Heidegger] est devenu «archifasciste» » Les grands philosophes allemands sont amplement évoqués, de Kant à Adorno ; Kant, le premier, qui occupe une part non négligeable du dialogue, qui n'est d'ailleurs pas le même pour Badiou et Nancy, que Badiou, dit-il, admire mais n'aime pas, que Nancy, qui lui a consacré sa thèse, lit avec une mansuétude et un intérêt beaucoup plus grands.
Hegel ensuite, que l'un comme l'autre tiennent pour essentiel, quoiqu'ils ne le lisent pas pareillement (leçon qui vaut pour la lecture que chacun fait en général des grandes oeuvres de la philosophie) ; que Nancy lit pour elle-même (dans le texte) mais aussi à la lumière des innombrables interprétations que cette oeuvre a suscitées (de l'histoire de sa réception) ;
Qu'au contraire Badiou lit en quelque sorte à la lettre, « naïvement » dit-il lui-même, comme il dit lire toutes les grandes oeuvres. Question de contemporanéité :
L'un voulant rester leur contemporain, l'autre voulant l'être et d'elles et de ce qui est né d'elles. Nancy :
« [...] nous ne pouvons pas nous rapporter à eux comme à nos contemporains. Nous sommes forcément après, nous les relisons [...] » ; Badiou : « [...] tu dis : les interprétations successives modifient tout ça. Eh bien non, ça ne modifie pas les assertions explicites des philosophes quant à ce qu'est réellement leur projet. »
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REVUE LIGNES n.71 : Jean-Luc Godard : encore et après
Michel Surya
- Nouvelles Lignes
- Revue Lignes
- 19 Mai 2023
- 9782355262135
Peu de figures en même temps intellectuelles, artistiques et culturelles auront donné autant que la sienne à penser (auront « aidé à vivre » non moins).
Jean-Luc Godard est mort le 13 septembre dernier, volontairement, laissant inachevé le dernier film auquel il travaillait.
Il s'était plaint un jour d'être connu plutôt que reconnu. Connu ou reconnu, son nom ou sa signature le sont quoi qu'il en soit davantage que son oeuvre, qu'ils recouvrent trop souvent - cependant que cette dernière, paradoxalement, doive peut-être à ce nom et à cette signature ses conditions d'existence. oeuvre qui n'a pas fini de se déployer et de se réaliser, de cheminer malgré l'inévitable destin de trésor national qui lui est réservée. Il serait certes impossible d'en faire le tour dans le seul espace d'un numéro de Lignes. C'est à partir d'elle cependant, de ses mille et une formes ou déclinaisons que nous vous invitons à faire le point -
Paru en 1963 dans la revue Critique, une année après la mort de Georges Bataille, ce texte d'hommage du jeune Michel Foucault inaugure la postérité de Georges Bataille en tant que philosophe.
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Pourquoi la guerre aujourd'hui ?
Jean Baudrillard, Jacques Derrida
- Nouvelles Lignes
- Lignes
- 8 Avril 2015
- 9782355261435
Début 2003, un impressionnant dispositif de guerre a pris position dans le Golfe. On soupçonne le dirigeant de l'Irak, Saddam Hussein, de disposer d'armes de destruction massive et de s'apprêter à en faire usage contre les États-Unis d'Amérique. On lui prête même, contre toute évidence, des liens étroits avec Oussama Ben Laden, le commanditaire présumé des attentats du 11 septembre 2001 à New York et à Washington. Le président des États-Unis, George W. Bush, dont l'élection avait été contestée en l'an 2000, réunit autour de lui une équipe de « néo-conservateurs » qui, de longue date et bien avant qu'elle soit au pouvoir, n'a pas caché sa volonté de rompre avec toute politique de containment (retenue), préconisée par le précédent gouvernement, pour s'en prendre de manière radicale aux États qu'elle considérait comme des « États voyous » (Rogue States).
Bien que la commission d'enquête des Nations Unies ne parvienne pas à trouver trace en Irak d'armes chimiques, biologiques ou nucléaires, le département d'État américain s'évertue à tenter de convaincre, aussi bien le peuple que les représentants des États membres des Nations Unies, du réel danger que représente l'Irak. Plus encore que d'avoir percé le bouclier de son invulnérabilité, avec l'effondrement des tours jumelles, le 11 septembre lui laisse entrevoir le spectre, bien pire encore, d'un attentat bactériologique ou nucléaire.
C'est dans ce même mois, le 19 février 2003, alors que s'intensifient les préparatifs de guerre, que René Major et l'Institut des hautes études en psychanalyse ont l'idée d'organiser cette rencontre publique inédite (il faut y insister), et hélas unique (Jaques Derrida décédera l'année suivante), de deux des plus grands intellectuels français (sans doute des deux intellectuels français les plus connus à l'étranger), pour débattre de la situation. Débat intense, où chacun confronte ses analyses, moins à son interlocuteur qu'à la situation, teste leur validité théorique (qu'est-ce qu'un événement ?
Qu'est-ce qui résiste du réel quand le virtuel lui dispute l'hégémonie de la représentation ?
Qu'y entre de l'inconscient ? Quelle autorité a encore le droit, même international ?, etc.) René Major, qui alimente brillamment ce dialogue, présente et conclue, longuement, en 2014, cet échange que leurs auteurs s'étaient accordé à publier.
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Le radeau démocratique ; chroniques des temps incertains
Sophie Wahnich
- Nouvelles Lignes
- Lignes
- 8 Février 2017
- 9782355261657
Chroniques vives et sensibles, écrites au plus près des faits, dans le but de protéger ceux qui viennent d'ailleurs et à qui on refuse d'être d'ici ; de défendre un désir d'égalité jamais atteinte, et qui régresse au contraire ; de sauver la mémoire des morts mis en danger par la falsification de l'histoire ; de raviver un vécu, celui de tout un chacun quand il foule un certain sol touristique européen, fait de guerres et de dénis de leurs traces physiques et psychiques ; de conforter l'idée de peuple ; de comprendre d'où vient notre rapport au partage droite/gauche, à l'universel, et comment ces mots simples et forts sont devenus confus et indisponibles ; d'analyser comment la démocratie ne nous est pas seulement confisquée par la dette et les financiers de la BCE, mais par une langue qui falsifie la perception du monde et fait oublier la grandeur de la démocratie, fait oublier la voix de la vérité comme voix du peuple, fait oublier que le peuple n'est pas une collection d'habitants en colère, mais une institution de l'être au monde politique qui vise la liberté réciproque, les conditions d'un bonheur commun et la félicité individuelle.
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L'une des oeuvres maîtresses de la critique communiste, écrite au sortir du parti par celui qui, associé à Blanchot, Antelme et Duras, mènera de 1955 à 1970 les actions intellectuelles-politiques les plus marquantes (le « Manifeste des 121 », entre autres).
Publié en 1953 chez Gallimard, Le Communisme n'a jamais été réimprimé, et est introuvable depuis.
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L'idée du communisme ; conférence de Londres, 2009
Collectif
- Nouvelles Lignes
- Lignes
- 21 Janvier 2010
- 9782355260438
Une quinzaine de philosophes parmi les plus importants se sont réunis à Londres, en mars 2009, pour une conférence organisée à l'initiative d'Alain Badiou et de Slavoj Zizek, intitulée " On the idea of Communism ".
Par-delà leurs différences spéculatives et politiques, tous y ont affirmé leur attachement inentamé au mot et à l'Idée du "communisme". Seul mot, seule idée à pouvoir selon eux désigner et penser les conditions d'une " alternative globale à la domination du capitalo-parlementarisme " (A. Badiou), d'une " réforme radicale de la structure même de la démocratie représentative" (S. Zizek). Le présent volume réunit la totalité des interventions prononcées à l'occasion de cette conférence, qui connut un succès considérable.