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Bartillat
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Dans toute l'oeuvre de Colette, des Claudine au Fanal bleu, la déesse Mode est au rendez-vous. Comment Colette, habitée par un esprit de curiosité qui n'est jamais blasé ni las, pouvait-elle rester insensible à ce phénomène qui, en régissant la façon de se vêtir conformément au goût d'une époque et à un moment précis, renvoie à une manière de vivre, exprime la vérité intérieure d'un être dans son dialogue avec le monde qui l'entoure ? Voluptueuse, toujours à l'aise dans sa jupe un peu large, son corsage et son gros foulard, ou son costume de vieux chasseur et son feutre de braconnier, elle observe d'un oeil savamment critique ce phénomène éphémère et changeant qui à la fois renvoie à l'élégance et à la beauté, mais aussi à l'inconstance et à l'artifice. Vêtements et maquillage, coupe des cheveux, chaussures et chapeaux : chacun de ces éléments dit à sa façon le fourmillement de la vie, la force de son pouvoir créateur, un jaillissement de couleurs et de formes. Au-delà des apparences, Colette les savoure avec gourmandise, à la découverte des vérités intimes des êtres et des caractéristiques mouvantes des époques Ce livre retrace un demi-siècle d'évolution stylistique pour les femmes de 1900 aux années 1950.
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On connaît Sitting Bull ou Crazy Horse, beaucoup moins les femmes indiennes. De son vrai nom Gertrude Simmons, Zitkala-Sa (1876-1938) signifie oiseau rouge. Elle a été la première femme autochtone à écrire sa vie, un opéra, un groupe de lobby à Washington. Dans son autobiographie qui fut un immense succès, elle raconte son enfance, ses parents, son éducation. Elle a consacré toute sa vie à la survie d'un peuple. Née sur les bords du Missouri, elle fut éduquée dans l'Indiana. Elle fut confrontée à l'effacement de sa tribu d'origine, d'où ses écrits qui ont cherché à maintenir viviante sa culture. La politique assimilationniste fut alors dénoncée par certaines voix. Zitkala-Sa compte justement parmi celles qui ont ouvert de nouvelles perspectives aux Native Americans. Aujourd'hui sa figure est redécouverte et offre un nouveau regard sur la place des femmes parmi les tribus indiennes et élargit la question du féminisme aux minorités. Cette approche est d'une grande actualité.
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Née en 1874 à Nagaoka dans la province d'Echigo, Etsu Sugimoto se situe au carrefour de deux époques : la fin de l'èpoque Edo qui marque l'abolition du shogunat et l'instauration de l'ère Meiji (1868) synonyme de l'entrée du Japon dans le monde moderne avec son industrialisation. Son récit personnel raconte le parcours d'une jeune fille au moment du crépuscule des samouraïs, dont son père était un représentant. Destinée à devenir une prêtresse, sa famille lui organise un mariage arrangé avec un marchand japonais installé aux États-Unis dans l'Ohio à Cincinnati. Afin de se préparer à cette nouvelle vie, elle suit une éducation dans une école méthodiste à Tokyo et se convertit au christianisme. En 1898, elle se rend aux États-Unis, se marie et met au monde deux filles. À la mort de son mari, elle retourne au Japon, mais finira par s'installer définitivement à New York où elle enseignera à l'université la littérature japonaise.
Fille de samouraï raconte la vie d'une jeune femme dans un Japon traditionnel déclinant qui doit s'affranchir des pesanteurs sociales et culturelles. Experte de la culture japonaise, Amélie Nothomb a saisi toute l'importance de ce témoignage capital. Selon elle, la fille du samouraï " subit toutes les contraintes du samouraï lui-même sans bénéficier d'aucun de ses privilèges ". Elle ajoute : " Un temps autre y est contenu. J'ai pris un plaisir immense à me plonger dans la prose délicate et minutieuse d'Etsu. Elle est irrésistible. " Autant dire toute l'importance de ce livre intemporel. -
Si elles sont aujourd'hui mieux connues, les geishas souffrent encore de nombreux clichés. Elles appartiennent au vieux fonds littéraire du Japon. S'accompagnant de shamisen, cette guitare à trois cordes, dont les sons grêles et fragiles éveillent toujours des résonnances discrètes et délicieuses, elles chantent des chansons, des poésies fugitives. Il s'agit de petits tableaux tracés brièvement, où l'émotion est toujours contenue, loin du lyrisme des romantiques. Ce sont des motifs musicaux impressionnistes emplis de charme et de naïveté. Toute une imagerie japonaise surgit de ces brèves pièces qui ont le même charme que les tanka ou les Haï-kaï.
" Le prunier sous la neige
Sous la neige
Ce prunier vit, cependant...
et même, il fleurit.
Mon coeur
mon pauvre coeur
aussi !..." -
Fille du poète parnassien José-Maria de Heredia et épouse de l'écrivain et romancier Henri de Régnier, Marie ne pouvait utiliser aucun de ces deux noms pour publier ses livres. C'est ainsi qu'elle reprit le patronyme de sa grand-mère paternelle qui descendait de Girard d'Ouville, seigneur des Trois Rivières en Normandie. Elle modifia le nom en Gérard d'Houville, pseudonyme qu'elle choisit pour publier ses livres.
L'Inconstante raconte sous une forme romanesque le triangle amoureux que Marie vécut avec Pierre Louÿs et Jean de Tinan. Michel de Nergy (Tinan), abandonné sans ménagement par sa maîtresse Gilette Vernoy (Marie), rencontre Valentin de Venovre (Louÿs) ; il comprend au cours de la conversation que Valentin est l'amant de coeur, l'amant attendu par Gilette, et se suicide la nuit suivante. Malgré cette mort tragique qui les atteint tous les deux, lui dans son amitié pour Michel, elle dans ses sentiments qu'elle a pu éprouver pour Michel (Tinan), Gilette sait se disculper et Valentin de son côté retrouve sa flamme pour Gilette...
À sa sortie, le roman remporta un vif succès et reste à ce jour le roman le plus célèbre de Marie de Régnier. -
Écrite entre 1963 et 1965, La Divine Mimesis, publiée en 1975 comme "document", selon la volonté de Pasolini lui-même, est l'un des textes les plus importants pour réfléchir à la rupture entre les années 1950 et les années 1960, et pour aborder la crise qui amène le poète italien à passer de la littérature au cinéma et à s'intéresser au "tiers-monde".
Il s'agit pour Pasolini d'une imitation des premiers chants de l'Enfer de Dante dans laquelle il se livre à une critique acerbe de la société italienne et de l'intelligentsia des années 1960. Dans ce texte, Pasolini incarne lui-même Virgile et Dante à la fois.
La divine mimesis serait le document de cette crise et de ce passage entre deux époques. Un texte difficile, complexe comme toutes les allégories, mais fondamental, parce qu'il évoque les conséquences profondes et dévastatrices de l'émergence de la société de consommation et proclame l'urgence de trouver de nouvelles possibilités, de nouvelles formes d'engagement loin du conformisme et de la vulgarité.
Accompagné de nombreuses photographies, il s'agit d'un texte exceptionnel de l'écrivain-cinéaste, une pierre angulaire dans son oeuvre, un livre-pivot. -
Regardez-moi est un roman du conflit entre solitude et liberté. Une jeune femme se livre à une sorte de monologue intérieur à propos de la fausse image qu'elle donne d'elle-même alors qu'elle voudrait pouvoir dire : " Regardez-moi. " Son humour l'aide à surmonter ses craintes et ses émotions par des descriptions de scènes et de dialogues insolites. Avec une rare finesse psychologique, Anita Brookner nous fait entrer dans son univers douloureux, au coeur de la ville tantôt bienveillante, tantôt menaçante, jusqu'à l'instant où elle se libérera.
Le jour, Frances Hinton travaille dans une bibliothèque médicale, la nuit, elle hante la chambre d'un manoir de l'ouest de Londres. Mais tout change lorsqu'elle est adoptée par le charmant Nick et son éblouissante épouse Alix. Ils l'attirent dans leur cercle restreint d'amis. Soudain, la vie de Frances est pleine de nouveaux engagements. Mais trop tard, Frances se rend compte qu'elle n'est peut-être qu'un objet de jeu, qu'il faut ramasser et jeter une fois utilisé. Et qu'un seul acte au mépris des souhaits d'Alix pourrait lui faire tout perdre... -
À la toute fin du XIXe siècle, en 1899, Liane de Pougy et Natalie Barney entretiennent une relation qui donnera lieu du côté de Liane à son célèbre roman Idylle saphique et du côté de Natalie à ce roman qui jusqu'à présent dormait dans les secrets de la bibliothèque Jacques Doucet. Il s'agit du roman d'une passion : peut-on aimer une courtisane ? Chacune apportera sa réponse.
Dans ce roman à clefs on retrouve le monde élégant de Paris, le même qui se donnait rendez-vous l'été à Dinard, lieu de villégiature breton prisé à la Belle Époque par les Anglais et les Américains - la famille Barney y louait une belle villa - on y croise le monde de la prostitution de haut niveau en apercevant, outre Liane bien évidemment, deux autres horizontales de talent et de grande renommée telles qu'Émilienne d'Alençon et Valtesse de la Bigne, on y découvre même une nuit au bordel où Liane de Pougy avait entraîné Natalie. On vit presque jour par jour toute la gamme de l'amour ou, plutôt, des amours depuis leur naissance jusqu'à l'abandon à travers les attentes, les joies, les déceptions, les angoisses de l'autrice vis-à-vis des retards, des clients, des voyages, des baisers, des mensonges de la courtisane que la jeune Américaine essaya en vain de soustraire à son métier. Roman d'une âme, de ses sentiments parfois poussés à l'exacerbation, approche typique de la littérature fin-de-siècle et qui se retrouve, paradoxalement, aussi souvent dans les romans contemporains. Roman sans fard ou fausses pudeurs - les scènes de sexe ne sont pas absentes de ses pages -, il ne put être publié après sa rédaction tant il choquait les moeurs de l'époque. En outre, il annonce tous les thèmes qui occupent le paysage intellectuel des débats féministes contemporains : la métamorphose des sexes, la construction d'une identité spécifique, l'autonomie féminine, l'absence souhaitée des hommes. Autant de sujets qui seront évoqués plus tard par une Monique Wittig. Les thèmes que Barney a abordés dans ses romans, poèmes, textes théâtraux et essais à venir se retrouvent tous déjà dans ces Lettres à une connue. -
- Un grand classique de la littérature féminine japonaise.
- Kanoko Okamoto (1889-1939) : une autrice de nouvellas à découvrir.
La nouvelle, qui se déroule au Japon du début du XXe siècle, suit la vie de Fukuichi, le fils adoptif d'un propriétaire de magasin de poissons rouges. L'histoire commence avec Fukuichi réfléchissant à sa vie et à son obsession pour Masako. Lorsqu'elle était enfant, Maitaichi taquinait et tourmentait souvent Masako, la poussant jusqu'aux larmes. Finalement, Masako riposte et jette une poignée de pétales au visage de Fukuichi. Après le combat, Mataichi change d'attitude envers Masako et tombe amoureux d'elle. Après avoir obtenu son diplôme d'études secondaires, Mataichi devient étudiant chercheur dans une station de pêche de la région du Kansai, en mettant l'accent sur les poissons domestiques. Lorsque Mataichi quitte Tokyo, il ressent des sentiments contradictoires d'amour et de ressentiment envers Masako. Mataichi s'implique avec Yoshie, la fille d'une famille de pêcheurs. Il affiche sa relation avec Yoshie dans ses lettres à Masako et compare les deux femmes. Lorsque Masako répond enfin à ses lettres, elle avoue qu'elle est enceinte et qu'elle sera bientôt fiancée. Fukuichi est dévasté par la nouvelle. Après avoir terminé son étude sur le terrain, Fukuichi concentre toute son énergie sur la création du poisson rouge parfait pour imiter la beauté de Masako. Il consacre plus d'une décennie à tenter de produire un poisson rouge d'une beauté inégalée. Finalement, découragé par ses échecs, Fukuichi s'aventure vers l'étang où il garde ses poissons rouges indésirables et abattus. L'histoire se termine avec la découverte par Fukuichi du poisson rouge ultime dans l'étang boueux. -
Dans une salle de concert, où se tient un drame musical à la mode, se rencontrent Christopher et Catherine. Aussitôt un coup de foudre se produit. Elle porte un chapeau minuscule qui convient à sa petite taille, alors qu'il porte en lui l'ardeur de la jeunesse. Entre les deux se noue une passion irrésistible. S'il s'agit pour lui d'un premier amour intense, elle est quant à elle veuve, mère d'une fille qui a épousé un clergyman campagnard âgé et qui attend un enfant. Catherine vit le décalage de son âge avec beaucoup de tourment. Pourquoi sa fille aurait-elle le droit d'épouser un homme plus âgé et elle ne pouvoir connaître une passion amoureuse ? Quelle différence ?
Elizabeth von Arnim aborde le sujet avec son humour habituel, sa finesse constante. Elle sait décrire toutes les variations de l'arc-en-ciel de l'amour de la passion à la résignation. Cette romance montre aussi les combats d'une femme avec ses incertitudes et ses hésitations pour affronter les assauts du temps. En un sens, Elizabeth von Arnim annonce une Anita Brookner. -
- La renaissance d'une romancière anglaise majeure.
- Une exploration de la solitude moderne.
- Quintessence féminine du " so british ".
- Préface inédite de Julian Barnes.
- Booker Prize 1984 au Royaume-Uni.
Edith Hope, l'héroïne d'
Hôtel du lac, s'est retirée mystérieusement sur les bords du Léman, contrainte de s'éloigner de ses proches. Elle y demeurera jusqu'à la fin de la saison d'été, isolement qui donnera lieu à toutes les spéculations. Que s'est-il passé ? La narratrice nous révélera progressivement comment elle a voulu changer sa vie.
Le temps passé à l'Hôtel du lac est l'occasion pour l'autrice de dépeindre les caractères les moeurs et les vies cachées des pensionnaires, dont la vérité de chacun finira par éclater. Parmi eux se trouvent Monsieur Neville avec lequel une relation particulière se noue, une vieille comtesse, le patron de l'établissement... Dans cette atmosphère singulière de huis-clos s'ébauche une histoire en clair-obscur...
Hôtel du lac a obtenu en 1984 le Booker Prize, le plus important et prestigieux prix littéraire britannique. Dès son entrée en littérature, Anita Brookner fut considérée comme l'une des romancières anglaises majeures. Elle est lue et traduite dans le monde entier. -
Jours tranquilles à Clichy
Henry Miller, Brassaï
- Bartillat
- Litterature
- 26 Octobre 2023
- 9782841007486
- Retour à l'édition originale en langue anglaise avec une trentaine de photos de Brassaï. Première fois que le livre sort ainsi en France.
- Un des titres les plus emblématiques d'Henry Miller.
- Ce roman fut trois fois adapté au cinéma.
- Tant il est emblématique, le titre est devenu une expression courante.
L'intrigue suit Joey, un expatrié américain autour de la place de Clichy. Le livre est divisé en deux parties. Dans le premier, Joey et son colocataire tout aussi démuni, Carl, recherchent de la nourriture et naviguent dans des relations avec diverses femmes. Principalement, Joey avec Nys, une prostituée qu'il rencontre au Café Wepler non loin de Montmartre, et Carl avec Colette, une fugueuse de quinze ans qui emménage avec eux avant d'être finalement récupérée par ses parents.
La seconde partie, Mara-Marignan, décrit l'histoire d'amour volatile de Carl avec Eliane mariée, et la relation de Joey avec Mara, une prostituée qu'il rencontre sur les Champs-Élysées. Mara rappelle à Joey une ancienne amante, Christine, une femme mariée, qu'il regrette de ne pas avoir épousée. Cela conduit au souvenir d'une soirée que lui et Carl ont passée chez eux avec une acrobate nommée Corinne et une Danoise nommée Christine. Les quatre d'entre eux ont une orgie spontanée, ce qui bouleverse Christine, qui se moque des trois autres.
De Miller, Anaïs Nin écrivait que son écriture était flamboyante, torrentielle, chaotique, rusée et dangereuse . -
Histoire d'une enfant de Vienne
Ferdinand von Saar
- Bartillat
- Litterature
- 4 Janvier 2024
- 9782841007646
L' Histoire de l'enfant de Vienne, la plus longue des Nouvelles d'Autriche de Ferdinand von Saar est aussi celle qui se rapproche le plus du genre européen du roman réaliste et, par certains aspects, naturaliste. Ce roman bref conserve quelques traits caractéristiques du genre de la nouvelle : deux décennies y sont condensées en un cycle tableaux dramatiques.
L' Histoire d'une enfant de Vienne décrit la descente aux enfers d'Élise Schebesta (qui prend le nom d'Elsa Rober plus loin dans le récit). Les premiers chapitres du récit suggèrent que l'existence d'Élise aurait pu être idyllique si elle était restée fidèle à l'art de vivre de son milieu d'origine.
Ferdinand von Saar recourt à la même technique narrative que dans Le Lieutenant Burda. Un narrateur, double de l'auteur (dans Burda, Saar évoquait l'époque de sa vie militaire ; dans l' Enfant de Vienne, il fait l'autoportrait de l'écrivain qu'il est devenu depuis qu'il a quitté l'armée en 1860), joue le rôle d'observateur et de témoin, de moraliste jetant un regard critique sur les moeurs de son temps et sur les caractères qu'il rencontre. Mais ici, le narrateur à la première personne est plus directement impliqué dans l'action que celui du Lieutenant Burda. Autrefois, il a cherché à séduire la jeune Élise Schebesta, il a épié ses apparitions au balcon de sa maison, il l'a suivie dans les rues de Dobling, mais il n'est pas parvenu à ses fins. Il n'a jamais cessé de s'intéresser à celle qui l'a jadis éconduit, il profite de toutes les occasions de s'informer de son sort et devient au fil du récit celui qui en sait le plus sur le passé d'Élise-Elsa.
Ferdinand von Saar peint là le saisissant tableau d'une société viennoise en pleine mutation et dont l'évolution ne lui annonce rien de bon. On retrouve là son pessimisme foncier qui est une des manifestations les plus notables de l'esprit viennois 1900. -
Faust : Urfaust, Faust I, Faust II
Johann Wolfgang von Goethe
- Bartillat
- Litterature
- 18 Juin 2020
- 9782841006915
Pour la première fois en langue française, cette édition se propose de réunir les trois grands textes de Goethe où s'enracine le mythe de Faust : l'Urfaust (1775), le Faust I (1808), le Faust II (1832). Accompagnée d'un important apparat critique, elle rend ces textes accessibles au lecteur d'aujourd'hui et lui ouvre des perspectives d'interprétation contemporaines.
L'Urfaust, texte méconnu, constitue une préfiguration de la première partie de la tragédie à venir. Cette pièce caractéristique du XVIIIe siècle allemand a gardé sa fraîcheur et sa force : c'est une oeuvre autonome.
Dans le Faust I, le célèbre savant aspire à la connaissance totale du monde. Faust signe un pacte avec Méphistophélès et, en échange de son âme, retrouve une nouvelle jeunesse. Le héros séduit l'innocente Marguerite, qu'il abandonnera peu après avec son enfant. Meurtrière de l'enfant, Marguerite est condamnée à mort, mais son repentir la sauvera. Faust et elle incarnent le tragique de la condition humaine.
Riche en symboles poétiques, la seconde partie de la tragédie montre un Faust assoiffé de pouvoir et de possessions, servant à sa manière l'empereur, qui revisite l'Antiquité classique pour retrouver Hélène, la plus belle des femmes, et qui meurt après avoir perpétré d'abominables crimes, sauvé tout de même de la damnation à laquelle son pacte avec Méphistophélès le condamnait. Faust II fait l'inventaire de notre tradition culturelle, juge les temps modernes avec une lucidité toujours actuelle et synthétise l'humanisme et l'art goethéens.
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- Un chef-d'oeuvre de la littérature russe.
- Titre longtemps indisponible.
- Préface de Dominique Fernandez, de l'Académie française, grand spécialiste de littérature soviétique.
Cette oeuvre fut publiée en Russie en 1923. Il s'agit de ses souvenirs d'étudiant de Maxime Gorki. Arrivé à Kazan à 17 ans pour suivre les cours de l'université, le jeune homme, pour ne pas mourir de faim, doit travailler sur les bords de la Volga, parmi les débardeurs et les va-nu-pieds dont il partage vite les rancoeurs, l'esprit d'hostilité à l'égard du monde entier : J'aimais leur rancune envers la vie, leur attitude hostile et railleuse, insouciante vis-à-vis d'eux-mêmes. Tout ce que j'avais vécu par moi-même m'attirait vers ces gens et me donnait le désir de me plonger dans leur milieu corrosif. Il devient ensuite garçon boulanger, mais fréquente aussi les étudiants, participe à leurs réunions clandestines où l'on s'initie aux livres révolutionnaires interdits par la police. Gorki poursuit alors sa formation à travers de nombreuses lectures et avance dans sa formation. Il devient alors politiquement suspect et se voit contraint de changer à plusieurs reprises de résidence. Il échappe de peu à la déportation. Ses premières nouvelles sont publiées, il rencontre ses premiers succès. Comme toutes ses oeuvres autobiographiques, on trouve un Gorki dans sa vérité et qui touche par la sincérité de son récit. -
Dans ce roman, le premier publié en Angleterre, Anita Brookner met déjà en oeuvre le thème fondamental de ses livres suivants : une femme se regarde vieillir.
Ruth Weiss, docteur ès lettres, comprend à quarante ans que la littérature a gâché sa vie. Fille unique d'une mère actrice, à la scène comme à la ville, et d'un père aussi charmant que faible, par la certitude d'être plus adulte que ses parents.
Bientôt, Maggie Cutler vient s'occuper de la maison : davantage qu'une femme de ménage, elle tient le rôle du public et assiste à toutes les représentations que la mère de Ruth, à grand renfort de Nescafé, ne plus désormais que de son lit. Bientôt aussi, Mrs Jacob apporte au père de Ruth le réconfort d'une liaison.
Ruth grandit, tombe amoureuse d'un jeune homme épris de sa propre image. Boursière en France, la littérature classique et la thèse qu'elle rédige sur Balzac lui font rencontrer le professeur Duplessis. Ruth aura avec lui une " aventure " et, avec l'amour, refera l'apprentissage de la solitude, à l'image d'Eugénie Grandet dont l'histoire la hante. -
Je suis tienne irrévocablement : lettres à Natalie C. Barney
Renée Vivien
- Bartillat
- Litterature
- 28 Septembre 2023
- 9782841007516
L'une était Anglaise, l'autre Américaine. Deux poétesses débutantes. Deux poétesses amoureuses l'une de l'autre mais encore plus de la langue française au point de correspondre entre elles en français la plupart du temps.
Pauline Mary Tarn, alias Renée Vivien, naquit en juin 1877 à Londres tandis que Natalie Clifford Barney voyait le jour le 31 octobre 1876 à Dayton dans l'Ohio aux États-Unis. Toutes deux étaient issues de familles fortunées. Natalie arriva à dix ans en France à la suite de sa mère peintre, y fut en grande partie éduquée, et s'éprit de ce pays. Quant à Pauline, après une brève scolarité en France, elle y revint à sa majorité en 1899 pour l'habiter définitivement.
Renée explore ses sentiments aussi loin que possible. Elle seule compte et son amour. Renée signe ces lettres sous toutes les formes : Pauline, Paule, Paul. Natalie, de son côté, est animée par un autre tempérament. Intense et brûlante, la passion finira par s'éteindre doucement, malgré des retrouvailles et des voyages. En dépit de ses hésitations et de son caractère fluctuant, leur liaison est l'occasion d'un intense travail poétique de la part de Renée, dont certains poèmes figurent dans les lettres.
Renée Vivien mourra en 1909, alors que Natalie aura encore une longue vie devant elle et entretiendra par ses écrits le souvenir de son amie poétesse que l'on surnommera Sapho 1900...
Ces lettres constituent un document exceptionnel dans l'oeuvre de Renée Vivien qui ne cesse d'être redécouverte et réimprimée. -
- Grand retour de Céline en librairie avec la parution de nombreux inédits.
- Peu de livres qui étudient spécifiquement le lien étroit de Louis-Ferdinand Destouches avec la médecine et l'hygiène.
- Une autre manière de comprendre cette oeuvre si complexe et délicate à travers un essai biographique.
Derrière les rebondissements et les polémiques, on oublie souvent que Céline fut médecin et un auteur prolifique sur les questions de médecine et d'hygiène. La plupart de ces textes scientifiques étaient signés Louis Destouches, à commencer par sa thèse de médecine sur la vie et l'oeuvre de Philippe Ignace Semmelweis (1924). De nombreux autres textes et mémoires complètent le corpus. Toute l'oeuvre littéraire de Céline porte la trace d'un intérêt profond pour la médecine sociale, tant dans ses romans que dans ses pamphlets.
Dans la pratique médicale comme dans la pratique littéraire de Céline, ce dernier s'approprie le paradigme hygiéniste, ses codes, son vocabulaire, ses thématiques, en tant que médecin et en tant qu'écrivain. En effet, l'hygiénisme apparaît, lorsque l'on étudie Céline, comme une notion transversale qui imprègne très fortement le fond de son oeuvre comme son travail stylistique. À partir de là, peut-on aller jusqu'à envisager une « esthétique hygiéniste » dans laquelle s'inscrirait l'oeuvre littéraire célinienne ?
Chez Céline, le statut du médecin et celui de l'écrivain se retrouvent étroitement et perpétuellement mêlés : à l'époque de Voyage au bout de la nuit (1932), celui-ci se présente avant tout en médecin, alors que c'est le romancier que les journalistes viennent interroger. C'est donc bien parce que Céline est devenu écrivain par la suite que les écrits médicaux apparaissent, a posteriori, dignes d'intérêt. Ce dernier ne s'est contenté ni d'être seulement médecin, ni tout à fait uniquement écrivain. C'est ce continuel dialogue à trois voix entre l'homme, le médecin et l'écrivain qui sera au coeur de cet ouvrage. -
Quand Bergson me parlait de télépathie... : chroniques 1925-1975
Emmanuel Berl
- Bartillat
- Litterature
- 23 Novembre 2023
- 9782841007592
S'il est un auteur pour happy few, Emmanuel Berl n'a jamais été oublié. Ses livres ont constamment été republiés depuis sa mort il y a presque cinquante ans désormais. Ce recueil d'articles qui n'ont jamais été regroupés en volume constitue une formidable introduction à sa pensée et à son style. Emmanuel Berl s'est illustré dans de nombreux genres journalistiques : critique littéraire, chroniqueur, mémorialiste, reporter, commentateur. Berl ne cesse d'être à l'écoute du monde. On retrouvera dans ces pages nombre d'écrivains qui ont jalonné sa vie et qu'il a su comprendre : Freud, Proust, Bergson, Morand, Cendrars, Céline, Cocteau, Mauriac, Simone de Beauvoir, Sagan, Soljenitsyne et tant d'autres. Avec Berl, le feu d'artifice est permanent. Ce recueil composé avec soin par Olivier Philipponnat, son biographe, est un régal de l'esprit. Il montre à quel point Berl fut un auteur important.
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Ce roman raconte l'histoire de la rencontre entre deux hommes à Détroit au cours d'un week-end. L'un, Gilles, est pilote, l'autre, Luc, conservateur de musée, ils ont vingt ans d'écart, ils ne se reverront peut-être pas mais c'est dans ce creux que se joue leur intimité furtive. Autour d'eux, il y a Détroit, l'architecture, le monde, les questions de l'enfance et de la perte, du corps et de la religion, du doute aussi.
Écrit en vers libres, Tout s'écoule évoque les blessures du temps, les souvenirs qui remontent à la surface, l'immensité architecturale d'une des plus grandes villes américaines. Antoine Vigne a su crééer un univers d'une tonalité particulière qui confère à ce roman son originalité, pleine de charme. Tout en grâce, il a su exprimer le mystère d'une relation faite de différence et d'incommunicabilité dans une mégalopole américaine à l'histoire mouvementée. Détroit joue ici un rôle essentiel dans l'amitié complice entre les deux protagonistes.
Tout s'écoule, aussi bien le fleuve, le temps que l'amitié ou l'amour. -
Mani ; voyages dans le sud du Péloponnèse
PATRICK leigh FERMOR
- Bartillat
- Litterature
- 13 Septembre 2018
- 9782841006571
Redécouverte ces dernières années de l'oeuvre de Patrick Leigh Fermor.
Mani est un de ses livres les plus appréciés. Il sera complété plus tard par Roumeli, voyages dans la Grèce du Nord.
Dans les années 1950, Patrick Leigh Fermor et sa femme Joan se lancent à l'assaut des rochers escarpés du Magne (Mani en grec). Partis des faubourgs de Sparte, ils escaladent ce promontoire hérissé de maisons-tours qui s'avance à l'extrême sud du Pélopponèse, jusqu'au cap Matapan où la mythologie situe l'une des entrées de l'Hadès.
En Grèce, tout est passionnant. Chaque rocher, chaque ruisseau évoquent presque toujours une bataille, un mythe, un miracle, une anecdote paysanne ou une superstition. Par conséquent, il me parut préférable, en écrivant, d'attaquer le pays en certains points choisis et de le saisir à coeur. Voilà pourquoi ces incursions privées en Grèce ont été dirigées vers les régions les mopins ouvertes aux voyageurs, car c'est là que se trouvait ce que je cherchais. Ce livre est en un sens le contraire d'un guide de voyage. -
1937. Lawrence Durrell a vingt-cinq ans. Il se retire dans l'île grecque de Corfou. Le but : vivre en un lieu propice au travail et à la méditation, se couler dans l'épaisseur de l'histoire et de la civilisation, écrire au coeur d'une nature exceptionnelle de charmes et de beauté. Le séjour durera près de quatre années, au cours desquelles l'écrivain consigne jour après jour les menus événements qui scandent le quotidien des rencontres, ses sensations, ses désirs. Le résultat est "l'Ile de Prospero", un texte envoûtant et lyrique, à l'écriture raffinée et aux images flamboyantes.
Le titre est inspiré de la pièce de Shakespeare, La Tempête, où Prospero, envoyé en exil, règne sur l'île avec ses pouvoirs magiques.
Ce livre mêle les paysages, les portraits, les anecdotes, le journal, l'histoire. Il concentre tout un univers de lumière, de bleu et d'or. Assurément il s'agit d'un chef-d'oeuvre de Lawrence Durrell, à mettre sur le même plan que le célèbre Quatuor d'Alexandrie. -
En 1904 éclate la première guerre de Corée entre Russes et Japonais. Jack London en fera le reportage pour le quotidien The Examiner de San Francisco. Par la volonté des Japonais hostiles à sa mission, la ligne de feu apparaît moins souvent que prévu. Jack London livre une chronique flamboyante de ce qu'il voit. Il apparaît avec une énergie indomptable, généreux comme un Robin des Bois, lucide comme un prophète. Il est d'abord contraint d'acheter une jonque pour gagner le continent, puis il parcourt la Corée de Séoul à Pying Yan à pied sur des chemins couverts de boue liquide ou à cheval aussi. Durant son séjour, il observe les souffrances des civils et des soldats, et prend même le temps de sermonner un féodal coréen qui détourne l'argent attendu par des paysans pour leurs fournitures à l'armée japonaise.
Un témoignage saisissant.