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Le Temps Qu'Il Fait
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La vie sous les bombardements
Ibrahim Khashan
- Le Temps Qu'Il Fait
- Litterature
- 6 Septembre 2024
- 9782868537218
Au lendemain du massacre du 7 octobre et dès les premiers jours d'une riposte impitoyable dans la bande de Gaza, Ibrahim Kashan, infatigable militant pour la paix et la justice en Palestine et dans monde, commence à écrire de brefs et puissants récits de vie sous le feu de l'armée israélienne. Ces courtes chroniques nous peignent sans emphase ni misérabilisme le quotidien tragique du peuple gazaoui. Pour autant, elles ne sont pas exemptes d'une certaine poésie, car l'homme, au-delà de ses engagements, est écrivain, poète et conteur. [...]
Sans doute Ibrahim Khashan sait-il qu'il incombe aux écrivains de rédiger l'histoire qui manque cruelle- ment à son pays ; sans doute pense-t-il, avec Silvia Moresi, que « la littérature est la seule histoire possible de la Palestine ». On peut se réjouir qu'ainsi c'est une histoire moins officielle, plus diverse et complexe, qui se constituera. -
Les histoires que conte Pascal Commère lui sont inspirées par les humbles vies - bêtes et hommes -, les existences perdues attachées à la terre que sa mémoire a enregistrées depuis l'enfance ou rencontrées dans son âge d'homme. Et c'est dans le remâchement de l'écriture qu'elle prennent forme et même, réellement, vie depuis ses «forêts intérieures», puisque aux forêts il revient toujours pour retrouver «cette vieille odeur d'humus qui de si loin remonte ».
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Dans ce roman très singulier, Julie Nakache entremêle à une histoire personnelle - celle d'une grand- mère «enchaînée à la famille et à la loi des hommes» dans l'Algérie coloniale - l'histoire de la Mar- quise de Brinvilliers, au centre de l'«affaire des poisons», qui secoua la cour de Louis XIV. Elle trouve ainsi, entre le récit familial et le récit historique, des échos nombreux et constants qui annulent les considérables différences d'époque, de pays, de milieu. C'est que la condition des femmes n'a guère changé en trois siècles. Et ce n'est pas sans effroi qu'on constate que les deux figures de femmes libres que nous propose ce livre répondent à la violence par la mort.
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De la Lorraine à l'Aquitaine, de la Bretagne aux confins des Alpes, de la Somme à la Corse, rôde une armée de fantômes. Dans chacune des 36 000 communes de France, les actes de bravoure ou les chagrins enregistrés dans la pierre sont aujourd'hui les stigmates intimes et les vestiges publics de cette guerre effroyable. Le monument fait entrer la guerre dans la paix : dans chaque village s'est installée une religion civique, le culte de la Nation allant de pair avec la mise en scène du roman national, reliant les Gaulois, les soldats de 1792 aux poilus de 14-18. Pour une fois il réunit le front et l'arrière, les soldats et leurs proches, toutes sortes de modèles permettant d'expérimenter ici le souci du réalisme et là l'onirisme le plus fantastique. Tous les soldats de l'armée morte, eux, ne sont même pas là, près des leurs. Leurs proches n'ont pas pu venir pleurer sur leur tombe, fleurir leur souvenir. Parmi eux, plusieurs centaines de milliers - leur nombre total même est incertain - de soldats sont restés inconnus, méconnaissables, non identifiés, disparus, âmes errantes... Des morts qui n'en finissent pas de mourir pour ainsi dire, au terme d'une guerre qui a inventé non seulement la mort industrielle mais la destruction même des morts au fur et à mesure de la guerre de position, des attaques et des contre-attaques sur le même terrain...
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L'effondrement de la société rurale a conditionné chez certains enfants de paysans, témoins de cette mutation brutale des années 1960, la fin d'une confiance dans les rythmes lents d'un monde profondément accordé à la nature. Né dans une famille paysanne du nord Finistère, Daniel Morvan a vécu les arrachements et les exils propres à cette modernité, porteuse de catastrophe sociale et environnementale :
Exode d'un terroir à l'autre, encasernement par l'internat et rencontre de la culture urbaine, promotion de l'enfant boursier jusqu'aux bancs de l'École normale supérieure... C'est la confrontation entre les émotions de l'enfance et les révolutions d'un nouvel ordre économique qu'il décrit dans ce vaste poème en forme d'arche. Quitter la terre croise des approches diverses, prose, document, complainte de l'exil, catalogue de sons et biographèmes. Dans une écriture de gravité constante mais non sans humour, l'auteur définit le refus du productivisme comme constitutif de sa vie propre. Ce refus, ce scepticisme hérité de son père, le poursuit dans les tumultes intimes de l'arrachement à la terre, de la mélancolie urbaine, des errances et des choix de vie. Quelle affirmation trouver dans ces pages où court l'écho des colères paysannes ? Traversant les périls mortels de la terre, la poésie est-elle encore soeur des chants d'oiseaux ? -
Je suis né dans un monde qui commençait à ne plus vouloir entendre parler de la mort, et qui est aujourd'hui parvenu à, ses fins, sans comprendre qu'il s'est du coup condamné à ne plus entendre parler de la grâce.
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Philoctète, ayant franchi l'enceinte d'un clos sacré, a été atteint d'une blessure purulente qui, désormais, le fait hurler et troubler les sacrifices ; après quoi il a été abandonné par ses compagnons d'armes sur une île déserte où il languit depuis de longues années.
Mais voici qu'il est requis maintenant par l'oracle pour conquérir Troie avec Néoptolème, fils d'Achille. Pardonnera-t-il l'impardonnable en échange de la guérison et de la gloire promises ou restera-t-il inséparable de sa rancoeur et, par là-même, de son mal ? Néoptolème, chargé de circonvenir Philoctète par des discours trompeurs, ira-t-il au bout de sa traîtrise ? Ou bien sa jeune droiture se révoltera-t-elle contre le rôle qu'on lui fait jouer et, au mépris de la raison d'État comme des lauriers que lui vaudrait plus de souplesse, prendra-t-il le parti du héros souffrant, deux fois trahi, qui lui fait confiance ? La tragédie se déroule toute dans le coeur de ces deux hommes et met en jeu des sentiments qui semblent bien être de tous les temps...
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«Bibliothèque tournante : ce titre m'est venu à l'esprit en pensant au meuble qui s'appelle ainsi, mais plus encore à l'analogie avec la porte à tambour. Du même coup, j'avais devant les yeux l'image d'une bibliothèque ouverte sur le monde, où l'on entre et d'où l'on sort librement. Qui tourne sur elle-même, pour s'ouvrir sur un autre réel, d'autres curiosités, et des vies qu'on soupçonnait à peine. » - G. M.
«Rassembler en un volume des entretiens, c'est transformer des mots de circonstance en livre pour dessiner rétrospectivement un parcours : les entretiens cessent alors d'escorter la parution d'un livre pour esquisser une trajectoire, donner à lire des inflexions et des continuités, apprécier une oeuvre en mouvement, avec ses accords et ses basses continues. Et par leur juxtaposition, les entretiens deviennent un livre supplémentaire qui s'ajoute aux précédents, mais sans les surplomber : s'invente là un autre régime de la parole littéraire, entre la spontanéité de la conversation et la recherche de l'écrit, entre la réponse vive aux injonctions du présent et le temps de la réflexion. Les livres de Gérard Macé sont déjà tout entiers dans cette alliance entre la souplesse de l'oralité et l'érudition livresque, les souvenirs des patois de l'enfance et la conquête de la bibliothèque. » - Laurent Demanze -
Solstice d'été, sur le versant nord de la Terre, en Bretagne, au coeur de l'archipel des Glénan, dans un vieux fort occupé par l'école de voile. Au fond d'une casemate glacée, quelqu'un veille, attendant qu'on lui prête un bateau, pour mener une enquête sur une île voisine. Vastes jours, où se tisse un réseau d'images furtives qui vont donner à l'aventure un tour inattendu.
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L'obscur tympan du monde
Gérard Mordillat
- Le Temps Qu'Il Fait
- Litterature
- 2 Février 2024
- 9782868537102
«Le poète est un voyant au présent et du présent, pas un mage ou un sorcier, interrogeant les signes et les visions. J'aime penser aux poèmes que j'écris comme des textes «d'intervention». C'est-à-dire des citations du temps, fixés dans l'histoire par des mots taillés en pointes. Interventions également sur le champ littéraire dans la mesure où ils ne s'enferment pas dans un code de lecture ; qu'ils ne peuvent se réduire au lyrisme individuel, à l'objectivisme, à la fable, au narratif, au didactisme, à la glossolalie. La poésie n'a pas de limites comme elle n'a pas de raison. Qu'elle ne soit pas « cadrée» ne signifie pas qu'elle soit sans règles, sans contrainte. Au contraire.
[...] Écrire de la poésie, c'est avoir faim. C'est discerner le mot exact dans l'obscurité du temps, entendre le son juste au milieu des clameurs de la jungle, fixer un état incandescent de la conscience. Le poème signe toujours un éclair de lucidité.» - G. M. -
Le laisser aller des éliminés ; lettres à l'abbé Coutant, 1948-1950
Gaston Chaissac
- Le Temps Qu'Il Fait
- Litterature
- 19 Octobre 2017
- 9782868536297
Gaston Chaissac, peintre d'une rare originalité, faisait oeuvre d'art de toutes choses :
Pierres, souches d'arbres, outils hors d'usage et autres débris inutiles qu'il transfigurait à sa fantaisie. Avec le temps, il est devenu une sorte de notable de l'art brut, pour les critiques et les amateurs.
Découvert par Paulhan et Queneau, il fut aussi un écrivain remarquable. Son oeuvre littéraire, innombrable et facétieuse, est principalement constituée de sa correspondance :
Des milliers de lettres envoyées chaque jour depuis son village vendéen à toutes sortes de correspondants, notoires ou inconnus, auxquels il relatait les « nouvelles locales choisies parmi les moins sensationnelles », ne leur épargnant pas les « idées contradictoires ».
Ce volume groupe une vingtaine de ces lettres, adressées de 1948 à 1950 à l'abbé Coutant qui envisageait de devenir lui aussi artiste-peintre. Outre la savoureuse chronique villageoise, on y trouvera les surprenants avis du « marmiton de lart brut » ( comme il se nomme lui- même ) sur la peinture et sur la religion.
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« Il restera, malgré tout, l'énumération des anges (Blettange, Florange, Gandrange, Tressange ou OEutrange, pour n'en citer que quelques-uns), qui en ont tant vu qu'ils peuvent maintenant se contenter de rester à jamais postés, muets, à l'entrée des agglomérations. Il restera le fronton des forges de Joeuf, où des familles de corvidés continueront de s'affairer, avec des cris de nouveau-nés, parmi les branches et les boules de gui. Ou encore, sur les places et dans les grand'rues, ces wagonnets de mines repeints et vernis, posés sur deux tronçons de rails ; devenus pimpants bacs à fleurs pour proposer, du long, furieux et méthodique épisode de la révolution industrielle, une version bénigne et décorative, autant que les biches et faons tétant qui ornent, en fer filé, les façades récentes. Il restera, au lieu-dit Le Paradis, trois serrures d'or sur une porte de fer que personne ne pourra plus ouvrir. Et aussi, sur les trottoirs conduisant à l'écluse de l'Orne, les reflets d'une très fine poussière ocre que les pluies mettront longtemps à rincer tout à fait. [...] Il reste la nuit de Moyeuvre-Grande, avec ses coteaux vaguement éclairés au loin et, visible dans l'entrebâillement des rideaux, une procession de petits nuages tirant sur l'orangé. » Entré dans les services de traduction de l'Union Européenne en 1986, l'auteur a longtemps vécu à Luxembourg, quitté en 2012 au moment de la retraite. C'est de cet environnement particulier - où une certaine interrogation sociologique s'ajoute aux étonnements de l'espèce d'« exilé » qu'il fut durant cette période - que traite particulièrement cet ouvrage, d'abord paru en 2000, et qui reparaît ici dans une version augmentée.
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Les poèmes de ce volume ont été écrits entre 1917 et 1923 - date du départ de Fundoianu pour la France, à l'âge de 24 ans - et publiés de 1920 à 1930 dans différentes revues rou- maines. C'est donc de Paris que le poète compose son recueil, en effectuant un choix parmi de nombreux textes. On trouve dans Poèmes d'autrefois (Le temps qu'il fait, 2010) un certain nombre de « paysages » d'inspiration similaire.
Cette poésie n'est traditionnelle qu'en apparence ; les paysages, où la nature semble toute-puissante, sont minés de l'intérieur par une mélancolie, un désenchantement qui ne s'affirmeront pleinement que plus tard, dans les oeuvres à venir. Dans la singulière introduction que Fondane donne en 1929 au recueil de Fundoianu, le poète explique :
« En ce temps-là, j'étais nu et ne me savais pas nu » ; la poésie a révélé son impuissance à concurrencer le monde réel, ses laideurs et ses turpitudes. Mais il poursuit cependant :
« La poésie n'est pas une fonction sociale mais une force obscure qui précède l'homme et qui le suit. » Dans les vers de Fundoianu, que le Fondane de 1929 semble renier, percent les accents si justes et profondément humains du Mal des fantômes.
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Cette nuit est l'intérieur d'une bogue
Jean-Pierre Otte
- Le Temps Qu'Il Fait
- Litterature
- 31 Janvier 2019
- 9782868536556
De sa dix-neuvième à sa vingt-quatrième année, en un temps d'apprentissage, Jean- Pierre Otte écrivit bon nombre de poèmes et de courts récits. Comme s'il convenait d'abord de s'exercer, de pratiquer des sortes d'exorcismes, et de subir des influences pour progressivement s'en affranchir. Comme il le dit dans Entrée en écriture : « il s'agissait d'exprimer à chaque fois un univers devenu familier tout en laissant aux mots la liberté d'ourdir leurs propres images insolites et d'exprimer ainsi la saveur de ce qui, quoi qu'on fasse, nous reste insaisissable.» Beaucoup de ces poèmes furent détruits, l'écrivain en herbe les considérant, peut-être à tort, comme des « copeaux d'atelier ». D'autres, dispersés, furent publiés en diverses revues et un autre demeura inédit. Ce sont ces textes que l'auteur a réunis ici, les prémices étonnamment matures de l'oeuvre à venir.
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Tout ça n'a pas d'importance
Cécile Reims
- Le Temps Qu'Il Fait
- Litterature
- 3 Avril 2014
- 9782868536020
Cécile Reims poursuit la méditation débutée avec Peut-être sur le sens de l'existence, évoquant sa relation avec l'écrivain et dessinateur Fred Deux.
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À partir des Quatre saisons de Nicolas Poussin, en passant par le Chef-d'oeuvre inconnu de Balzac, ce livre interroge notre rapport au musée, en l'occurrence le musée du Louvre, qui devient le lieu d'un apprentissage, un apprentissage d'écrire, et d'une inquiétude d'être au monde. Durant douze mois, un peu comme un journal de pensées, les paysages de Poussin tracent un itinéraire, un voyage dans le temps et les âges qui rythment les différentes phases de notre vie. L'enquête, plus le livre progresse, se transforme en quête, celle peut-être d'un paysage perdu qui trouverait sa résolution dans la formule des Bergers d'Arcadie : Et in Arcadia ego...
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En douze récits très sobres, puisés à sa mémoire ancienne, georges bonnet parcourt les âges de la vie - de l'enfance inquiète à la vieillesse souffrante -, et interroge ses thèmes de prédilection parmi lesquels le sport et la solitude ont une large part.
Dans le décor sans éclat de campagnes oubliées ou de faubourgs anonymes, ses personnages sont des âmes pures, qui éprouvent des sentiments droits et profonds, qui agissent et s'expriment avec parcimonie. l'humilité de leurs vies est restituée avec une tendresse et une simplicité éblouissantes, simplicité de pensée autant que d'expression qui est la principale qualité de la prose de l'auteur comme la marque d'un grand art.
Au climat crépusculaire de ces histoires, à leur ton mélancolique, c'est un constant miracle d'émotion contenue qui répond et en éclaire la lecture.
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L'appartement de la rue Henri-Robert
Jean-François Berthier
- Le Temps Qu'Il Fait
- Litterature
- 21 Octobre 2022
- 9782868536877
Depuis l'immeuble, au bout de l'île de la Cité, «la vue sur la Seine était somptueuse». Tout jeune étu- diant, l'auteur avait eu l'audace de sonner à la porte de l'appartement de Madame Roland, figure de la Révolution française, femme exceptionnelle au destin tragique. Bien longtemps après, l'homme devenu mûr, se retrouvant au pied de cet immeuble, a l'idée d'écrire des «histoires où quelques personnages de sa vie, ou de son imagination, passeraient tout à tour dans cet appartement». Des années de la Terreur à aujourd'hui, ce sont six récits qui traversent le temps, et sont arrimés l'un à l'autre par leur lieu unique et par leur thème commun, celui de la mort évidemment, autrement dit celui de la fin (fin d'une légende, fin d'une illusion, fin du désir...) qui parachève toutes choses en une construction savante à la beauté consolante.
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Dix petites pièces philosophiques
Giacomo Leopardi
- Le Temps Qu'Il Fait
- Litterature
- 19 Mars 2009
- 9782868535122
Mécompris, censuré, tout ensemble adoré et haï, le recueil des Petites pièces philosophiques (Operette morali) apparaît comme le revers implacable du lyrisme des Canti. Leopardi, négligeant dédaigneusement l'arsenal romantique, y déploie les ressources d'une prose à la fois délicieuse et terrifiante, dont la littérature européenne offre bien peu d'exemples.
Dans ce petit théâtre philosophique, fiévreusement élaboré à la fin du XIXème, le nihilisme moderne semble naître tout armé. Schopenhauer, Nietzsche, grands lecteurs de Leopardi, creuseront ce sillon; d'autres suivront celui du Désir.
Grosses d'un désespoir qui est déjà le nôtre, ces pièces témoignent aussi de la littérature comme activité frivole et nécessaire, comme exercice presque joyeux du sens contre le rien.
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Le linceul du vieux monde
Gérard Mordillat
- Le Temps Qu'Il Fait
- Litterature
- 20 Janvier 2011
- 9782868535481
Les romans que Mordillat a publiés, ses films également montrent combien il est un homme engagé, fidèle à ses origines populaires, radical à l'occasion et politiquement courageux - espèce rare par les temps qui courent, faut-il le dire ?
Son abondante production ne l'a nullement conduit à reléguer dans l'oubli son amour des poètes (Gilbert-Lecomte, Daumal, Larronde, Artaud, Dadelsen, et Prével par-dessus tout), ni à renoncer à la poésie. Il en écrit un peu, sans manières et à sa façon, rouge et noire, pleine de sourde colère et de tendresse insolente. Très incorrecte en somme.
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" Tu dis n'importe quoi, c'est tellement agréable, d'ailleurs n'importe quoi, ce n'est jamais n'importe quoi : tu es là, tu passes d'une chambre à l'autre, tu parles toute seule, et voilà ce que tu entends lorsque tu parles toute seule, de la chambre rouge à la chambre jaune, dans le passage : hier j'étais heureuse.
Aujourd'hui je suis amoureuse, et ce n'est pas pareil. Et c'est même tout le contraire. " C.B.
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Attendant comme presque chaque jour celui qui est devenu pour lui une sorte de grand frère à la mort de son père, le narrateur, un enfant pour qui les mots sont un recours contre sa solitude, se confie au pan de mur contre lequel il prend appui. C'est alors que chacune des pierres qu'il effleure de la main lui raconte une histoire, puis une autre, une autre encore... Toutes ayant trait à des personnages dont l'ombre un instant, s'attardant sur le mur, laisse derrière elle un pan de vie, réel ou fantasmé, ainsi qu'en véhiculent les histoires ou les contes. Autant de facettes qui s'entremêlent, autant de voix dont la polyphonie, qui ne manque pas de poésie, instaure un univers, celui d'une enfance à la campagne en un temps, pas si lointain, où les villages n'abritaient pas que des néo-ruraux. Toutes choses que l'enfant, devenu adulte et habitant en ville désormais, aurait oubliées, si la nouvelle de l'accident tragique arrivé à Yan, le grand frère, ne l'avait brutalement confronté à un autre mur - celui d'un couloir d'hôpital cette fois -, en même temps qu'à une autre attente, au cours de laquelle il revoit, mosaïque aux couleurs tantôt vives tantôt blessées, ce qu'a été pour lui, instant après instant, cette étrange amitié dont seule une langue qui s'approche au plus près des mots peut rendre compte.
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Visages d'un autre âge, visages d'un pays autre mais de quel âge, de quel pays au juste ? De quelle rive du temps, mémoriale ou immémoriale, de quel continent oublié ou caché sont-ils les habitants et les fantômes ? L'adjectif athonite ne figure dans aucun dictionnaire et pour cause : il s'applique à un peuple étranger, effacé, qui s'est volontairement retiré des siècles profanes, à une presqu'île et une montagne situées de l'autre côté des méridiens et des miroirs.
Longtemps ce mot athonite résonna en moi comme un mot secret, un sésame ouvrant toutes grandes les portes d'un royaume quasi impénétrable, baigné de fragrances mystiques, un enclos byzantin miraculeusement préservé dans l'écoulement de la durée profane. J. L.
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