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Scitep
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En cette fin de xixe siècle, Saint-Pierre est une ville lettrée au commerce florissant et à la vie mondaine trépidante. La fine fleur intellectuelle de la Martinique s'épanouit dans des joutes sans fin relayées par une presse à la plume acérée et féroce. La haine raciale divise, les amours aussi. Dans ce « petit Paris des Antilles », les différentes strates de la société se cô-toient, s'opposent et s'affrontent.
Dans ce contexte, les lueurs qui ensanglantent le ciel et les sursauts qui agitent la terre intri-guent et inquiètent, sans pour autant prendre le pas sur des querelles politiques exacerbées par l'imminence du scrutin le plus bipolarisé de la Troisième république.
Une famille de planteurs blancs, un député mulâtre ambitieux ainsi qu'une foule de person-nages, réels pour la plupart, s'acheminent vers un destin qu'ils n'imaginent pas : le 8 mai 1902, la montagne Pelée explose, effaçant le temps d'un souffle la ville et 30 000 de ses habitants. Cette tragédie, qui consternera le monde entier, marquera l'histoire au même titre que la des-truction de Pompéi en l'an 79.
« Une fresque impressionnante du Saint-Pierre d'avant l'éruption de 1902 »Raphaël Confiant
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De 1938 jusqu'en 1959, Joseph Zobel écrit pour Le Sportif de Fort-de-France des contes et des reportages. Le conteur amoureux du peuple de sa terre natale transparaît dès ses premiers textes, qui révèlent déjà un observateur lucide et un critique littéraire et artistique à la plume assurée.
Après son départ pour la France en 1946, Zobel devient reporter de sa découverte de Paris et de la France rurale. À l'instar de José Hassam, le jeune héros de La Rue Cases-Nègres, cet écrivain martiniquais, né le 26 avril 1915 à Rivière-Salée, est issu du milieu noir très pauvre des plantations du sud de l'île. Comme lui, il fait des études secondaires à Fort-de-France et y décroche son bac.
Mais si cette oeuvre célèbre est devenue un classique de la littérature antillaise, l'apprenti-écrivain Zobel restait à découvrir, la plupart de ces premiers articles n'ayant donné lieu à aucune publication ultérieure. C'est chose faite grâce au minutieux travail de collecte et d'assemblage de Charles W. Scheel, enseignant-chercheur à l'université des Antilles.
Le Sportif, « Hebdomadaire sportif, littéraire et d'information » fondé par Fierrès Élisabeth a, à la fois, procuré au jeune Joseph un coin de forge où travailler des textes qui révèlent l'étendue de son talent et contribué à forger l'image de l'écrivain Zobel, par l'écho qu'il a donné à son oeuvre naissante.
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En situant l'homme à l'interface-miroir entre un Océan d'îles ou eaux-du-dessous et un Océan d'astres ou eaux-du-dessus, l'auteur nous fait pénétrer au coeur de la civilisation océanienne.
Te Ma'o roa navigue entre le réel et l'imaginaire, rendant un constant hommage à la diversité et à la beauté d'une Création grandiose, où tout est lié.
Le lecteur découvrira aussi les secrets inédits d'un ciel tissé de chemins d'étoiles, atlas vivant de routes maritimes pour les Océaniens qui ne connaissaient pas l'écriture et n'utilisaient aucun instrument de navigation, sur leurs navires aux performances exceptionnelles.
L'arrivée des Européens va marquer une rupture brutale dans cette harmonie ancestrale. Le choc culturel qui en résulte est l'occasion de remettre en perspective deux visions du monde conçues par des esprits situés aux antipodes les uns des autres.
Le vice-amiral Emmanuel Desclèves a navigué une quinzaine d'années, notamment dans l'océan Pacifique et dans l'océan Indien. Le Peuple de l'Océan, préfacé par Michel Rocard, a reçu en 2011 le prix Éric Tabarly du meilleur livre de mer.
Il a publié de nombreux articles et contribué à plusieurs ouvrages consacrés à des sujets liés à la mer.
Il est membre de l'Académie de marine et de l'Académie des sciences d'outre-mer.
Illustrations de Max Moulin