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Sulliver
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Nous sommes en 2017. La « « littérature de consommation » envahit l'espace et le temps médiatiques. Amoindrissement du sens critique et appauvrissement de la sensibilité produisent la langue stéréotypée dont le Grand Consensus qui nous gouverne a besoin pour prospérer à marche forcée.
Pourtant, derrière cette parole soumise, une autre langue persiste en nous, elle attend son heure, et parfois affleure : une émeute émotionnelle alors bouscule le langage, y ouvre des chemins inexplorés, agrandit nos territoires sensoriels, émotionnels, intellectuels. Elle est poésie, au sens le plus authentique, s'étonne d'elle-même et fermente en son lecteur.
Deux aspirations contraires et complémentaires sont ainsi tour à tour à l'oeuvre dans ce livre :
- aspiration à la rupture avec la dictature du vacarme organisé ;
- aspiration à la réconciliation avec notre part la plus sensible et la plus créative.
Ce texte peut aussi être lu comme un manifeste en faveur de la littérature telle que l'auteur la conçoit, celle qu'il défend comme éditeur à travers la collection Littératures actuelles. Cette collection qui s'est fixé comme objectif, contre toute raison, de ressusciter l'albatros.
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Au pays des femmes cachées
Damien Desbordes
- Sulliver
- Litteratures Actuelles
- 1 Octobre 2016
- 9782351221587
Quasi amnésique, Ambre vit dans un foyer où la visitent des hommes de passage. Elle a perdu le fil de sa vie.
En quête d'elle-même et de sa dignité bafouée, c'est pour elle une évidence : elle s'envolera pour le territoire le plus chargé en mémoire et le plus souffrant du globe, la Palestine.
Un périple à travers les ruines de son passé (sa mère décédée à sa naissance ; son père abusif qu'elle ne peut s'empêcher d'aimer...). Et par ce voyage elle découvrira un peu de cette terre où s'affrontent depuis si longtemps « les infidèles et les mécréants ». Ainsi, réapprenant à se connaître, apprend-elle en parallèle le monde où il lui faudra exister.
Parcours de vie, mais surtout parcours de vie intérieure, tant cette héroïne toute de fragilité et de résilience illustre avec justesse la quête aveugle mais déterminée à laquelle est vouée chaque conscience.
Si la dépossession de l'héroïne évoque parfois celle de L'Étranger d'Albert Camus ; si la narration se rapproche parfois du conte, épousant alors le ton du Petit Prince de Saint-Exupéry ; le jeune auteur de ce roman d'une remarquable maturité littéraire se réclame d'abord de la spiritualité engagée d'un Hermann Hesse.
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À travers un récit imaginatif et lyrique, Anne Vernet décrit la mutation d'une civilisation humaine qui aurait choisi la voie de la division. Nous sommes en 2091 : la caste dominante jouit des "libertés ouvertes", la masse de la population étant assujettie aux "libertés fermées". Après un cataclysme écologique et deux guerres révolutionnaires avortées, la mondialisation est enfin achevée, les règles clairement affichées : "Toute communauté se partage entre l'élite et la multitude. La première se compose des créateurs de richesses et gens éclairés, la seconde de la masse du peuple".
Quand on sait que ce texte de Hamilton a effectivement servi. au XVIIIe siècle, à jeter les bases des États-Unis d'Amérique, on mesure combien le monde inventé par Anne Vernet plonge ses racines dans le nôtre, dont-il constitue une satire décapante.
Anne Vernet nous entraîne dans le tourbillon de l'espace-temps : son héros, qui vit en 2168, est un historien en quête de vérité qui reconstitue par fragments le monde de 2091 qui s'est brutalement effondré. Une vérité du passé qui pourrait inverser l'évolution du déclin de la civilisation.
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" Plus l'autre vous jette plus vous vous agrippez. Plus vous hait plus l'aimez. Et la force se multiplie par deux: l'autre dans la rage vous dans l'adoration. Elle vous tue tous les jours mais vous ne mourez pas. Et vous lui pardonnez. Elle est votre mère tout au monde et plus. Vous craignez le reste. Le monde vous fait peur. Mais je vous expliquerai une autre fois. " Une relation perverse mère-fille qui se nourrit de mal-être et aboutit à la destruction. Rozenn Guilcher, par la justesse de sa voix en équilibre sur le fil de la langue, en rend tout le tragique et toute l'ambiguïté, amour et haine mêlés, lutte incessante entre fatalité de la déchéance et aspiration à la délivrance. Un livre au bord de la folie.
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Le syndrome du caliméro dans la société postmoderne
Violaine Ripoll
- Sulliver
- Litteratures Actuelles
- 10 Janvier 2015
- 9782351221518
2009. Le jeune homme est à bout. «Trop. J'avais envie de crier, de hurler tout ce que je pensais d'eux, leurs arrangements et leur mocheté, [.] j'avais envie d'écrabouiller leurs visages sur la longue table ovale. » Il fuit. Retour aux sources, loin du travail cravaté, de l'avenir formaté : les copains d'antan. L'océan pour sa beauté. Et pour survivre, des chantiers de bricole.
Le temps passant, l'âge venant, sur quoi va déboucher l'accès de révolte de la jeunesse ? Suivent les années 2024, 2039, 2064 : trois instantanés de vie, dans un Sud-Ouest où tout vire au cauchemar. Relégués dans des mobil-homes près de l'océan, nos antihéros vivent des miettes d'une radieuse «Seacity » pour résidents aisés. Mais l'écart ne cesse de se creuser entre un monde voué au culte du paraître et du profit et ceux qui refusent de couler leurs vies dans le moule de cette idolâtrie. D'autres horizons s'ouvriront-ils pour celui qui ne veut pas renoncer à s'indigner ?
Prenant à contre-pied le roman d'anticipation qui nous chante d'hypothétiques lendemains, Violaine Ripoll rajoute avec une lucidité joyeusement désespérée de l'aujourd'hui à notre aujourd'hui et dessine ainsi non sans ironie un demain ordinaire glaçant de vraisemblance.
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Dernier délire du singe savant
André Bonmort
- Sulliver
- Litteratures Actuelles
- 23 Avril 2024
- 9782351223406
Il prend à témoin l'ancêtre Lucy, fragile mémoire d'un lien naturel qui aujourd'hui se délite entre nos mains.
Il invoque Lucifer, maître incontestable de notre monde dangereusement aspiré par les forces descendantes.
Il cherche dans d'hypothétiques futurs des raisons d'espérer contre toute raison...
Le singe savant, qui s'était forgé de lui-même « l'image glorieuse du double sapiens en pied », se voit confronté à la réalité de sa condition, primate du XXIe siècle désespérant de son humanité. Pour seul refuge la dérision, pour seul recours la poésie.
Élaborant le récit d'une conscience en rupture, proposant une autre grille de lecture de notre époque, les livres d'André Bonmort visent à briser les schémas mentaux dominants, appellent à rétablir dans ses droits la cohésion du vivant. -
Farfulettes à l'eau de mer
Marie-hortense Lacroix
- Sulliver
- Litteratures Actuelles
- 13 Avril 2013
- 9782351221426
Cet homme qui se transforme en produit d'entretien pour se rendre utile. Cette ville de verre qui ne cesse de grandir en mangeant ses habitants. Ce vieillard croisé dans le désert qui est peut-être Le Petit Prince de Saint-Exupéry 70 ans plus tard. Ce gros dormeur qui tombe amoureux du rocher où il fait sa sieste. À travers la cocasserie de situations improbables, ce livre brosse une galerie de portraits de personnages décalés, des hommes et des femmes égarés dans une condition humaine dont ils semblent avoir perdu le mode d'emploi.
Une tonique causticité ; un humour au scalpel ; une satire sociale à la fois décapante et désopilante. et une invariable pointe de tendresse : avec ses Farfulettes, Marie-Hortense Lacroix nous a concocté une savoureuse recette pour croquer joyeusement le cynisme contemporain.
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" Je suis parti. Je n'avais pas d'itinéraire. Je devais répertorier les peuples et leurs cultures. Je devais garder trace du monde et ses rites et ses croyances. J'ai visité plusieurs planètes et j'y ai séjourné. " Planètes insondées, parcelles du temps, enclaves de l'espace. Un voyage dans des univers étranges et pourtant si familiers.
Ces nouvelles lancent des passerelles insolites entre notre époque et les contrées du possible.
Bien plus qu'un simple livre d'anticipation, Futura dessine un cheminement qui relie notre histoire barbare, notre géographie abîmée et leur projection dans l'avenir. Un cheminement qui se refuse obstinément à désespérer, dans un hors du temps parfois cruel et inquiétant, mais aussi poétique et sensible.
Dans une langue qui se confronte à l'indicible, Rozenn Guilcher redonne ici toute leur place à l'audace, à l'imper tinence, à l'humour et à l'inventivité.
"Quand tu partiras n'oublie pas ton ciel. N'oublie pas de prendre la couleur de tes rêves. Quand tu partiras n'oublie pas n'oublie pas d'où tu viens. Transporte avec toi les petits morceaux que nous t'avons donnés. Et le jour aussi où nous avons vu le soleil ensemble emmène-le. Et le jour où la nuit est définitivement tombée emmène-le. "
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Deux femmes, Juliette et Pique-Lune, déclarées " phobiques, névrosées, aliénées" et enfermées pour avoir refusé de toutes leurs fibres l'aliénation du dehors. "Être dans les clous, toujours, dans le cadre, avec pour mot d'ordre le consensus heureux." "Entassées là " avec d'autres, sous le regard d'un gardien-psychiatre-narrateur (un " Ajusteur " !) qui essaie de les percer à jour et de les maintenir enfermées dans ses catégories, elles se racontent et se rebellent. Leur maladie, cette honte qui les mine, c'est peut-être d'avoir collaboré avec un ordre marchand qui a piétiné la beauté du monde. Et leur survie - ainsi que la nôtre, probablement - passe par ces échappées déchirantes qui les rappellent à elles-mêmes et à la permanence de l'aspiration à la communion avec l'Autre et avec le monde. Au-delà de l'exclusion, derrière les frontières floues de la normalité, se révèle alors, outre-noir, un territoire intérieur où nos vies réapprennent la lumière.
L'inventivité joyeuse et parfois rageuse de l'écriture introduit l'espoir d'une régénération dans les passages les plus sombres et sert superbement les passages les plus lumineux.
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Présentée sous la double forme d'un journal et d'une correspondance à une seule voix, l'exploration à la fois méthodique et impétueuse d'une déception amoureuse. Une femme mûre aime un jeune homme qui bientôt ne l'aime plus, s'il ne l'a jamais aimée, mais continue par intermittence à se rapprocher d'elle, par jeu ou par désoeuvrement. Pire qu'une brutale dépossession, cette histoire à éclipses, à laquelle elle ne peut se résoudre à se soustraire, plonge la narratrice dans une lancinante dépression et l'amène au fil des pages à s'interroger sur les versants les plus obscurs de l'âme humaine : comment un être peut il être dépourvu à l'égard de son prochain de la plus simple commisération ? (« C'est cela qui me taraude, l'absence de compassion. ») Et quelle est cette puissance plus forte que la volonté qui entretient jour après jour l'addiction à un sentiment qui vous détruit ? Et pourtant, même dans les pires moments - la narratrice finira par chercher refuge pour se protéger d'elle-même dans un hôpital psychiatrique dont elle restitue l'atmosphère de façon saisissante -, subsistera une part salutaire d'humour et d'autodérision. Cette part de lucidité qui parfois nous sauve.
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De balcon à fenêtre, une aérienne relation amoureuse se noue au-dessus d'une rue du XVe arrondissement de Paris. Deux voisins, à travers la découverte de leurs sentiments naissants, cheminent en douceur vers leur part essentielle.
Évacuées les pesanteurs et les angoisses que génèrent les attentes de la société (études, métier, mariage, famille...), le lieu et le lien amoureux s'allient en un immatériel mais irréductible foyer de résistance au monde et à son esprit de sérieux.
La fantaisie ouvre ici la voie à la liberté, et la poésie s'immisce par effraction naturelle dans la langue, car elle seule est habilitée à traduire les effets de l'amour en germe sur les psychismes (et sur les organismes !) de ces deux héros ordinaires.
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« Le savez-vous, oui ou non, que la planète est partagée en deux singulières moitiés ? L'une cent fois mieux nourrie, l'autre dix fois plus peuplée ! » L'Humanité se regarde dans le miroir et ne se reconnaît plus : qu'ont fait d'elle les hommes, ses enfants ? Elle les apostrophe, les fustige ou les implore, et dresse l'hallucinant inventaire des méfaits et misères de cette espèce engagée dans la spirale de l'autodestruction. Comment inverser ce mouvement qui ne cesse de s'accélérer ? Comment aider l'homme à retrouver la part de lui-même qui seule pourrait encore le sauver : sa part d'humanité ?
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Un Français rencontre à Paris une plantureuse femme noire américaine et se prend pour elle d'un violent désir. Celle-ci, Ninehanka Lokas, en réalité une black Indian séminole de Floride, l'emmène chez elle aux Everglades, lui fait connaître sa famille et découvrir ses marais, tout en lui narrant dans une langue aussi foisonnante que sa chair l'épopée de ses ancêtres, seule tribu invaincue des guerres indiennes. "On peut bien sauter regarde, tout un océan et redécouvrir ma Floride. Pareil on peut imaginer que la fusion a pas merdé, Cherokees-Nègres et toute la clique. T'aurais dans les quarante millions de métis. " L'ébattement des corps s'invite souvent dans le récit, montrant que si l'amour peut être fusionnel, l'écriture peut l'être aussi. Chaque page ici nous le confirme, tant se marient intimement, dans l'invention verbale la plus maîtrisée, la démesure de "Nine " et celle de l'histoire de son peuple, ou encore les états d'âme méandreux de son compagnon et les entrelacs de la géographie qu'il découvre. Une telle empathie entre l'écriture et son objet nourrit le charme entêtant de cette " symphonie-western ".
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" Un lent et raisonné dérèglement des sens ", préconisait Rimbaud, engagé dans une expérience poétique dont le lecteur trouvera ici des résonances.
Mais " Le Dérèglement " dont nous parle la voix vibrante de Yann Bourven, dans ce texte qui bouscule les limites du roman, est aussi celui du monde dans lequel nous vivons, les " suprêmes barbaries " pressenties par le visionnaire des " Illuminations ". Ce monde délibérément insensible et cruellement formaté, crispé sur son unique règle, celle de la pensée unique face à laquelle l'écriture poétique - déréglée, forcément - constitue l'un des derniers bastions de résistance.
" Je suis le révolté criblé de balles de dettes et de mauvaises pensées qui se glisse entre les mailles d'un filet-patrie oppresseur. ".
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Le décor : urbain, saturé de voitures, de publicités, de bruit et de fureur. L'époque : début de siècle, fin de cycle. Les protagonistes : des jeunes adultes, plus si jeunes en réalité, en dépit de leurs façons de vivre. Tous au travail mais se tenant - qui par choix, qui par orgueil, qui par peur, qui par inadaptation - en marge du flot majoritaire. Solitaires, isolés, y compris dans le foisonnement de leurs nuits citadines. Ils vont se renifler, s'attirer, s'opposer, se chercher, se quitter au fur et à mesure que la situation se tend autour d'eux et par l'effet de leur action.
Pour autant, cette histoire n'est pas tant celle de leurs relations que celle de leur confrontation rageuse au monde qui les entoure, à ce système qui leur laisse toujours moins d'espace, qui tend chaque jour à imposer la résignation comme idéologie de survie.
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Ce récit de la journée particulière d'un homme sous influences nous propose un singulier phénomène de contraction du temps et de l'espace : en quelques heures, le narrateur va en effet connaître, sans sortir de son appartement, une série d'expériences et de révélations qui vont l'amener insensiblement aux portes du savoir universel. A partir d'interrogations sur une mystérieuse femme aimée, d'observations sur la véritable nature du monde qui nous environne, des strates de réalités « autres » (plus denses, plus profondes ou plus amples) vont venir se superposer à la réalité courante. Si la parabole concentre en un lieu et sur une journée une expérience totale de connaissance, elle nous invite clairement à la transposer dans notre vie en utilisant au mieux notre conscience, en faisant fructifier nos acquis et nos rencontres. Le lecteur sera ainsi happé par ce « roman d'aventure intérieure » qui progresse en parallèle sur les deux versants de la conscience : le versant méditatif et le versant poétique. Et sur lui aussi ce troublant parcours initiatique ne sera pas sans effet.
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L'auteur se revendique " écrivain vagabond ", mais notre monde brutal lui renvoie une image en forme de sigle: SDF ! Le livre brasse les révoltes et les errances.
Il explore surtout les contrées de l'esprit où langage et pensée prennent forme et s'allient. " Lyrique, gouailleur, insinuant, sarcastique... Répétitions incantatoires, polémiques, ellipses, interruptions, ruptures, où se mêlent inserts, maximes, aphorismes. La question étant de glisser à travers. " Le rythme et l'invention verbale conjugués - et un humour désespéré toujours présent - portent la langue à un rare niveau d'incandescence.
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« Purger sa peine de tout ce qui y croupit. » Un homme revisite anxieusement les paysages intérieurs et extérieurs qui ont habité sa vie, hantés par les êtres qui les ont peuplés. À travers les élans parfaitement maîtrisés d'une langue inspirée qui trouve ici son accomplissement, Louis Mandler dévoile dans cette implacable Dévoration la personnalité souterraine d'un monstre ordinaire : un monstre victime de la monstruosité du monde, et qui tente de l'éradiquer. Et nous voici au coeur de la plus actuelle des paraboles : celle d'une société barbare confrontée à un terrorisme qui ne l'est pas moins.
Une critique radicale de la nature humaine et de notre époque vouée au culte de l'Argent. « L'homme du XXe siècle a inventé en structures ce qu'il a perdu en sensibilité. »
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« Car c'est bien le processus dans lequel nous sommes engagés, n'est-ce pas ? Une évolution. Et nous sommes bien en concordance quant au résultat auquel nous aspirons : changer d'ère ! » Ce conte contemporain donne la parole à notre mémoire la plus enfouie pour tenter de démêler les fils de notre avenir. Le questionnement moral et l'urgence écologique s'invitent non sans ironie dans le processus d'évolution de l'espèce. Émerge dès lors, incontournable, la nécessité de renouer avec la solidarité du vivant, de reprendre conscience de l'appartenance à « l'immémoriale unité ».
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Nous sommes en 2174. La Terre a vécu un profond bouleversement géologique, qui a fait naître un nouveau continent dans le Pacifique, à l'emplacement de l'actuelle Nouvelle- Zélande. Sur les hauteurs gelées de cette Zealandia coupées du reste du monde, un long hiver s'est installé : les saisons sont figées, le temps historique s'est suspendu. Dans cette parenthèse des années sans date, une communauté isolée tente de recréer des conditions d'existence et de réinventer une vie sociale apaisée... Cependant, les glaces fondent, et un printemps inespéré s'annonce. Mais avec lui les rumeurs du dehors, bientôt son hostilité. Et les résurgences d'un lourd passé qui ramène à notre époque, ces XXe et XXIe siècles qui avaient instauré « la démocratie mafieuse en gouvernement mondial ». Que faire de cette mémoire collective accablante qui refait surface ? Qu'en sera-t-il de la différence qui avait trouvé refuge ici ? L'humanité est-elle vouée à la compétition et à la violence dès qu'elle reprend le cours de son histoire ?
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Là-bas, aux antipodes, certaines personnes handicapées habitent en colocation de quatre ou cinq des maisons dispersées en ville, où des assistants se relaient pour les aider à appréhender la vie quotidienne.
À Dunedin, Nouvelle-Zélande, nous partageons avec le narrateur - un Français - les jours et les nuits de Melville Street et de ses habitants: Tommy-dans-son-fauteuil et Tommy-debout, Chesley, Jon, Carolyn. Au rythme des rites journaliers et des péripéties déconcertantes, aux frontières de « normalité » et d'« anormalité », des vies se croisent, se chevauchent ou se heurtent, et tentent de s'accommoder de l'hypocrisie persistante de la société.
Un humour tendre, ou plus corrosif, imprègne ce peu commun journal de bord de son parfum doux-amer. Et le cheminement du narrateur, qui découvre la complexité - et parfois la violence - de ses propres réactions, nous aide à décrypter le regard que nous portons sur la différence.
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Déshabiller nos solitudes
Rozenn Guilcher
- Sulliver
- Litteratures Actuelles
- 11 Novembre 2016
- 9782351221617
Les histoires : ici Azura, qui a perdu la moitié de son visage dans un attentat ; elle vit depuis lors derrière un masque... Là cette jeune femme qui ne peut cesser de dialoguer avec son bébé mort... Ici la précarité affective de l'immigré toujours en marge des regards et des existences ; l'incompréhension de l'aïeule qu'un fils aimé pousse vers la maison de retraite ;
L'attente et le désarroi de l'enfant dont la mère a quitté le foyer sans un mot... Mais là, deux êtres entrevoient la fusion de la plénitude amoureuse...
Les titres : « Tu sais, un jour, j'ai eu deux coeurs » ; « Ce qui a été emporté ne reviendra pas » ; « Nos géographies abîmées » ; « Lettre à celui du ciel et de la terre » ; « Dans la forêt des fleurs coupées » ; « Si loin de l'air »...
Se rejoignant autant par leur ton que par leurs thèmes, les vingt et une nouvelles de ce recueil rappellent combien nos vies sont incertaines et combien le « vivre ensemble » est à la fois prodigieux et fragile.
Par touches délicates, l'écriture impressionniste de Rozenn Guilcher dénude mot à mot ces régions mentales si vulnérables où s'assemblent - ou bien se délitent - les liens qui nous unissent.
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La narratrice, « écrivain de seconde zone », entame une correspondance avec une critique littéraire de renom à l'aura déclinante, mais toujours en quête d'une petite cour appliquée à faire miroiter son ego.
Une relation classique dominée-dominante, mais qui s'exacerbe lorsque notre romancière ose se prétendre amoureuse de son égérie et harcèle de ses avances cette femme d'un autre monde qui lui ferme résolument les portes de son milieu et lui interdit l'accès à son intimité :
« Considérez que je n'existe plus, achetez un pistolet, des comprimés pour dormir, une corde, que sais-je, et suicidez-vous. Mettez fin à vos jours - cessez enfin de nuire. » C'est tout le contraire qui va se produire. Le moteur passionnel s'emballe et avec lui celui de l'écriture, tout d'un coup régénéré, et qui trouve là son plus précieux carburant : désirs extrêmes et émotions intenses.
Par de fréquents flash-back, la narratrice renoue avec les personnages de Elle, son premier roman, dans lequel la toute jeune fille qu'elle était cherchait déjà à conquérir une aînée admirée.
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Une jeune femme fantasme sur un homme entrevu dans un bar. Le désir devient bientôt obsessionnel, et s'étend à tous les hommes...
Se pensant « possédée », la narratrice ne cesse d'imaginer, à partir de situations de la vie ordinaire, les scènes les plus osées : s'enchaînent dans son esprit enflammé provocations audacieuses, expérimentations amoureuses débridées, séquences torrides et scabreuses que l'on pourrait penser puisées dans l'univers du X, si ne venaient malicieusement se glisser l'expression décalée, le trait d'autodérision qui rappellent à l'humour et à la distanciation.
L'érotisme - pourtant livré à l'état brut - est ainsi comme clarifié, allégé, et ce cocktail de fièvre abrasive et de candeur limpide hisse vers les hauteurs de la littérature un texte où il n'est plus dès lors possible de voir un simple livre de genre.
Et entrecroisant dans son délire amoureux les fruits défendus de son imaginaire, des éclats de mémoire enfantine et le scénario d'une histoire qui s'écrit, Sarah dessine sous les yeux du lecteur, sous couvert d'une pseudo-confession intime, un authentique portrait du désir féminin universel, lorsqu'il s'abandonne sans tabou à l'éveil des sens.