L'entrelacement des conflits de classe et du racisme est une question très discutée. Très tôt, ceux qui se revendiquent de l'héritage de Marx prennent en charge ce problème; et parmi eux, C.L.R. James (1901-1989). C'est en Angleterre, où il est venu comme journaliste, qu'il prend la décision d'écrire un livre sur la révolution de Saint-Domingue, « l'unique révolte d'esclaves de l'histoire à avoir réussi ». Le livre sera publié en 1938 sous le titre: Les Jacobins noirs. Toussaint Louverture et la Révolution de Saint-Domingue. Contre les lectures raciales de l'événement, lectures alors dominantes, C.L.R. James met en lumière les dynamiques de classes à l'oeuvre au cours de la révolution.
Adolphe Gouhenant (1804-1871) fut un acteur aujourd'hui oublié du mouvement social au xixe siècle. Sa première réalisation fut la construction d'une tour dominant la ville de Lyon, dédiée aux arts et aux sciences. Après l'échec de ce projet, il s'engagea dans le mouvement social sous la bannière du communisme icarien d'Étienne Cabet. Accusé de complot communiste à Toulouse en 1843, il fut acquitté et vécut quelques années de son métier de peintre, avant d'être choisi par Cabet pour mener l'avant-garde de la communauté que ce dernier voulait fonder au Texas. Le fiasco de cette expérience le lança dans une nouvelle vie aux États-Unis où ses dons artistiques lui permirent de se réinventer.
Inscrits dans des systèmes dynamiques, les lieux de culte se définissent comme des espaces de tension et d'appropriation, où les rites prennent sens avec la pratique de cultores dont l'appartenance éventuelle à différentes communautés incite à s'interroger sur la manière dont chacun d'eux s'approprie ce paysage religieux. L'ouvrage vise à faire percevoir les logiques relationnelles à l'oeuvre autour des lieux de culte par l'examen des vestiges archéologiques et cultuels, des inscriptions religieuses et des sources littéraires afin d'observer la continuité, l'adaptation ou, dans la durée, la conversion de ces espaces, privés ou publics, à Rome ou dans les provinces.
Interrogeant l'articulation entre sexe, genre et sexualité, faisant la critique des processus de normalisation et d'exclusion, le queer a par excellence partie liée avec la scène. Par des études des scènes française, espagnole, latino américaine, des entretiens d'artistes tel Steven Cohen, et un Manifeste pour une lesbianisation du théâtre (Mag De Santo), le dossier central offre un parcours riche des formes scéniques contemporaines renouvelées. Le Cahier de la création médiatise la naissance d'Aux corps prochains de Denis Guénoun et s'ouvre à la dramaturgie de Zeca Ligiero. Les entretiens du Cahier des spectacles reviennent sur l'édition des oeuvres dramatiques de Dumas et sur Les Idoles de Christophe Honoré.
Cette édition critique de la première tragédie consacrée en France au personnage de Spartacus permet de situer Bernard-Joseph Saurin dans le milieu intellectuel des Encyclopédistes. Sa tragédie de 1760, remaniée en 1769, se propose « école publique de morale », s'inscrivant pleinement dans le programme idéologique et artistique des Lumières. Les trahisons faites par Saurin sur le Spartacus historique sont à replacer dans l'histoire de la construction de l'identité nationale portée par le Tiers-Etat à l'horizon de la Guerre de Sept ans. Elles sont à inscrire dans l'invention du grand homme proposée par le XVIIIe siècle, notamment par les tragédies à « propagande philosophique » post-voltairiennes.
Ruse et magie partagent une histoire millénaire au cours de laquelle elles ont souvent été en relation. Les différentes formes de magie pratiquées au fil des siècle - des rites des sorcières de l'Antiquité aux tours de prestidigitation des illusionnistes modernes en passant par les sorts de Merlin et la magie naturelle de la Renaissance - impliquent souvent une dimension 'rusée' qui se manifeste de diverses manières. Le présent ouvrage se compose de neuf chapitres qui analysent les rapports que la magie entretient avec la ruse dans des contextes différents et selon une approche à la fois diachronique et pluridisciplinaire, mêlant histoire des sciences, littérature et psychologie cognitive.
Ces neuf essais tentent de modifier notre approche des premiers siècles avant et de notre ère, à Rome et dans le monde romain, en abordant la notion de « République impériale », au moyen de l'étude des sources (littéraires, épigraphiques ou numismatiques) et des moments de transition entre la république et le principat, au travers d'analyses politiques, sociales et administratives. Le modèle impérial fait ainsi l'objet d'un nouvel éclairage à partir de définitions renouvelées de la res publica en tant que chose publique et État romain. Les figures de Cicéron et de Sénèque, des imperatores ainsi que d'Auguste ou de Tibère sont au coeur de cet ouvrage, fruit d'une recherche collective en cours.
Les légendes thébaines sont une riche source d'inspiration pour les Tragiques athéniens. Cité puissante, voisine et ennemie d'Athènes dans la réalité, Thèbes offre pourtant dans la tragédie une image contrastée: cité de l'hubris, servant de contre-modèle à Athènes, elle s'illustre aussi par des figures exemplaires, tels Ménécée ou Antigone; et, loin de constituer, dans ses aspects les plus sombres, un simple repoussoir pour Athènes, elle en fait apparaître aussi les traits marquants. Tout à la fois image inverse et miroir d'Athènes, la Thèbes tragique vient nourrir la réflexion sur l'Athènes classique, particulièrement celle de la guerre du Péloponnèse.
Depuis huit millénaires au moins, les sociétés agricoles ont considéré le sel comme une source de vie et de richesse dont l'origine s'inscrivait dans les mythes. Les approches croisées des ethnologues, des archéologues, des historiens et des environnementalistes permettent aujourd'hui de renouveler profondément nos connaissances sur l'exploitation généralisée de l'eau de mer, des sources salées, des terres salées et du sel gemme. Ainsi, d'extraordinaires techniques ont été mises en oeuvre, tandis que les logiques sociales plaçaient le sel au centre des systèmes de croyance, un peu partout dans le monde. Les vingt-quatre contributions regroupées dans cet ouvrage ont été présentées en octobre 2006 lors d'un colloque international du bicentenaire de la mort de Claude-Nicolas Ledoux, l'architecte génial de la Saline Royale d'Arc-et-Senans. Rompant avec les limites entre disciplines scientifiques et les cloisonnements géographiques, les auteurs proposent une nouvelle lecture de l'exploitation du sel en abordant la longue durée, depuis la Chine et le Mexique préhispanique jusqu'à l'Europe préhistorique, ou encore des salines médiévales continentales au sel antique méditerranéen. C'est donc d'histoire technique et sociale qu'il s'agit, en relation avec les modifications environnementales.