Le Moyen Age n'a pas créé les alpages, mais il a produit les premiers documents écrits permettant de faire véritablement leur histoire. Dominant la vallée, avec ses villages et ses champs, au pied des roches sommitales, des neiges éternelles et des glaciers, les alpages constituent, selon l'expression de Charles Gardelle, "les terres de l'été" . Depuis plusieurs millénaires, ces pâturages d'altitude représentent la richesse de l'élevage montagnard et la contrepartie d'un milieu difficile.
Contrairement à ce qu'imaginent de nombreux randonneurs, il ne s'agit pas un espace naturel, mais d'une création humaine, résultat d'aménagements remontant pour l'essentiel à la fin de la Préhistoire. Le Moyen Age a donc hérité des alpages mais il a su entretenir, faire fructifier et transmettre cet héritage. En particulier les modes de faire valoir et les institutions créées pour leur conservation et leur exploitation se sont maintenus jusqu'en plein XXe siècle et sont encore partiellement en vigueur aujourd'hui.
Cet ouvrage comble un vide historiographique. Il est la première synthèse sur l'histoire médiévale des alpages des alpes françaises. Travail d'histoire "classique" , il s'appuie principalement sur les sources textuelles, en reprenant des travaux anciens et récents sur le sujet et en exploitant des documents d'archive inédits, mais il fait également une large place aux travaux des archéologues et des spécialistes des sciences paléoenvironnementales, notamment ceux qui oeuvrent au sein de l'université de Savoie Mont Blanc.
Comment est pensée ou repensée l'expérimentation à deux, en couple? Y-aurait-il à cet égard une spécificité liée au monde des avant-gardes ou des néo-avant-gardes? Qu'est-ce «deux»? Deux est égal à un plus un, l'unisson d'un multiple: la vie artistique n'est sûrement pas la même avant le couple, pendant la vie commune du couple et après, s'il y a séparation. Si deux est un tout, c'est sans doute aussi et surtout sur «l'entre deux» qu'il faut s'attarder, afin d'y observer les modalités de jaillissement de la création: quel type de relation suscite la créativité au sein de ces couples? Les questions autour de la création de deux, à deux ou au pas de deux sont complexes, et elles concernent également la réception des oeuvres, et notamment sur la reconnaissance et le regard extérieur posé sur le travail émanant du couple d'avant-garde. Nous présentons dans ce volume treize études de cas de créations à deux, issues d'un colloque consacré aux couples des avant-gardes organisé à Nice les 10 et 11 octobre 2019 dans le cadre du projet «Relire les Avant-gardes».
Paysages inhumains explore un paradoxe: les paysages toujours façonnés par l'homme peuvent cependant devenir inhumains, à force de dégradation, de pollution, de répression, de destruction. De la représentation de friches industrielles à celle de conflits armés en passant par des paysages toxiques mais aussi des forêts en apparence «vierges» qui repoussent sur des charniers, il existe un fil rouge, qui est celui de la présence puis de l'effacement, de l'absence de l'humain dans des paysages devenus inhospitaliers. Des historiens, historiens de l'art, géographes, urbanistes, chercheurs en littérature, mais aussi des photographes et des artistes ont contribué à ce volume pluridisciplinaire, car la représentation de tels paysages est un enjeu écologique, esthétique et politique. Nous devons prendre conscience de ces paysages devenus inhumains pour les limiter, ou les réparer et si possible avec eux nous ré-accorder.
Au cours des dernières années, l'oeuvre littéraire de Le Clézio a fait l'objet de nombreuses études monographiques, lesquelles ont souvent occulté ses liens ténus avec d'autres créations contemporaines, voire plus anciennes.
Ainsi de l'étonnante relation d'intertextualité observable avec les textes d'Edouard Glissant et de Victor Segalen, oeuvres qui mettent systématiquement en cause les concepts d'identité et de relation à l'Autre. Segalen était à la recherche d'un nouvel exotisme, d'une ascèse du corps et de l'esprit permettant l'accès à un ailleurs transcendé. Glissant a développé une poétique de la relation où l'identité ne peut plus se concevoir à partir d'une racine unique mais à travers une prise en compte du Divers.
Quant à lui, Le Clézio tire de ses séjours auprès de communautés amérindiennes une continuelle attention à des différences culturelles qui le conduisent à prendre des distances définitives avec une certaine Boxa de la pensée occidentale. C'est en considérant de telles convergences qu'a germé l'idée d'un colloque universitaire dont l'objectif serait d'exhorter le lecteur à emprunter les passerelles permettant d'enrichir la lecture d'une oeuvre au contact de l'autre selon l'esprit même de la poétique de Segalen nous invitant à faire reculer sans cesse les limites sémantiques apparentes des mots.
Dans le contexte des nombreux métissages contemporains, il devenait urgent d'ouvrir le dialogue entre ces corpus emblématiques placés sous le signe d'une commune errance où le voyage perd sa dimension aventureuse en vue d'une quête démystifiée de l'Autre.
L'Oural est célèbre pour sa métallurgie, dont l'histoire est ancienne.
Dès le troisième millénaire av.J.C, la région possède une importante métallurgie de bronze et de cuivre. Ses ressources sont mentionnées par Hérodote. Quand les Russes arrivent en Oural, dès le XVIe siècle de notre ère, ils y trouvent nombre de vieilles mines abandonnées et des traces d'activité métallurgique. Au cours du premier quart du XVIII`' siècle, par la volonté de Pierre le, la construction d'un groupe d'usines hydrauliques de production de fonte, fer et cuivre marque la naissance d'une vaste région industrielle, capable de rivaliser avec les régions les plus avancées de l'Europe occidentale.
Peu connue chez nous, cette histoire, servie par une illustration inédite de grande qualité, est l'oeuvre de deux historiens russes de talent : Venyamin Alekseyev et Elena Alekseyeva.
Le grand mérite de l'ouvrage proposé par M. Martin Kouadio se reconnaît à la spécificité du corpus observé (littératures francophones du Grand Sud), à la mise en pratique de théories en sciences humaines appliquées à la littérature, à l'introduction d'une méthode initialement due à un premier maître l'anthropologue Gilbert Durand réadaptée, au caractère personnel du document élaboré qui allie finesse des analyses et connaissance du contexte.
Arlette Chemain La réflexion contenue dans cet ouvrage repose sur la poétique de l'Imaginaire de Jean Burgos. Dans Pour une poétique de l'Imaginaire, le poéticien français situe sa théorie dans le prolongement et le dépassement des Structures anthropologiques de l'imaginaire de Gilbert Durand. Cependant, l'application que Burgos en fait est circonscrite autour d'oeuvres d'auteurs français : René Char, Guillaume Apollinaire, Saint-Pol Roux, Paul Eluard et Saint-John Perse. Ces auteurs appartiennent à une civilisation presque exclusive de l'écriture, hormis Saint-John Perse, davantage marqué par l'oralité.
En raison des caractéristiques très orales de certaines oeuvres francophones, il nous a semblé opportun d'appliquer cette théorie de Burgos à quatre poèmes dont trois francophones et un franco-créole. Il s'agit d'« Au sommaire d'une passion » extrait d'Épitomé (Tchicaya U Tam'Si), de « Récit de voyage » in Déjà vu (Noël X Ébony), de Césarienne (Bernard Zadi Zaourou) et d'Éloges (Saint-John Perse). La proximité formelle et générique de cette dernière oeuvre avec les textes africains francophones choisis est très explicite.
Sur ces bases, le but d'un tel choix est d'appliquer la théorie de Burgos à un corpus jusque-là inexploré afin d'établir s'il existe ou non un Imaginaire de l'oralité.
Le présent ouvrage réunit l'ensemble des communications présentées par des chercheurs et des militants du pacifisme, qui ont conjointement participé au colloque international sur "The History of Pacifist Movements in France and the United States of America/Les mouvements pacifistes américains et français, hier et aujourd'hui", tenu les 5, 6 et 7 avril 2006 sur le campus Jacob-Bellecombette de l'Université de Savoie au sein de la fière cité médiévale de Chambéry, en France. Ce colloque de Chambéry sur le pacifisme s'est déroulé dans un contexte bien particulier: d'une part, du fait de l'occupation par les troupes américaines de l'Irak pour la troisième année consécutive, après l'invasion militaire du 20 mars 2003, de l'autre, dans le contexte plus général de l'histoire des guerres du XXe siècle et de leurs violents effets sur la société. Enfin, voilà près de cent ans, des enseignants militants pacifistes se sont rencontrés à Chambéry, le 16 août 1912, pour discuter de tactiques et de stratégies pacifistes. This book, edited by Professor Francis Feeley, should contribute to our understanding of the strengths and the limitations of anti-war movements past and present in the United States and in France.
Ce troisième volume publié sur le thème de la surface en littérature et dans les arts visuels, suite à La Surface (2005) et Jeux de surface (2006), est consacré à l'altération de la surface. Il a pour objet d'étudier les accidents qui défigurent toute surface diégétique ou artistique au point de la constituer en lieu de crise, afin de déterminer s'ils induisent une perte de sens ou au contraire une réparation. De par la variété des domaines de spécialité des auteurs, les vingt-deux articles proposés offrent un ample panorama des différents champs artistiques : littérature, poésie, peinture, gravure, photographie, cinéma, danse. De même, la nature des surfaces examinées présente une grande diversité, explorée à travers trois axes. Le premier est constitué par les paysages, étendues géographiques ou constructions humaines considérées dans leur altération historique. Le deuxième volet s'attache au corps humain souffrant ou à certaines parties plus spécifiques comme le visage ou la peau. Le dernier ensemble est formé par les différents supports de l'expression artistique à savoir la page ou le papier, la toile de peinture, la plaque de zinc ou de cuivre, le cliché photographique ou le négatif, l'écran de cinéma, et également par les différentes éléments constitutifs de l'oeuvre elle-même, récit littéraire, plan cinématographique, photographique ou pictural. Des surfaces qui interpellent les auteurs en raison même de leur altération aux surfaces intactes que l'artiste décide de mutiler en utilisant les procédés propres à son art, des techniques qui créent un surcroît d'absence à celles qui produisent un surplus de sens, du geste destructeur à l'acte fondateur, le recueil explore toutes les obsessions qui se disent sans s'avouer dans l'accident affectant la surface et décline sur tous les modes l'effort toujours recommencé de refiguration de l'objet et du sens.